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La situation
chaotique en Libye et la menace que l'instabilité politique dans ce pays puisse
se propager dans la région, était hier lundi au menu de la quatrième réunion
ministérielle des pays voisins de la Libye.
Sujet d'une grande préoccupation de la communauté régionale, notamment l'Algérie, qui craint le trafic d'armes et le transfert de terroristes à partir du territoire libyen et que l'instabilité politique et sécuritaire en Libye menace. La réunion du Caire doit en fait, selon un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères, «faire le point des dernières évolutions de la situation sécuritaire et politique en Libye», ainsi qu'un ?'examen approfondi des voies susceptibles d'aider les différents acteurs politiques libyens qui rejettent le terrorisme et optent pour le dialogue comme seul moyen de sortie de crise, à aller de l'avant dans la quête d'un règlement définitif garantissant l'unité du pays et du peuple libyen». Les ministres algérien, égyptien, tunisien, libyen, tchadien et soudanais se pencheront également sur «les rapports des commissions, sécuritaire et politique, instituées suite à une proposition algérienne lors de la troisième réunion ministérielle des pays voisins de la Libye qui a eu lieu à Hammamet (Tunisie) les 13 et 14 juillet dernier». En fait, la tenue de cette réunion intervient au moment où les combats près de Tripoli et Benghazi font rage entre les milices loyalistes et celles proches des groupes terroristes, dont l'un a pris l'aéroport de Tripoli. Le contexte politique également est exécrable avec deux parlements rivaux et un gouvernement qui n'a pas une grande emprise sur les événements dans un pays qui se dirige vers une partition dangereuse. Il s'agit en fait pour les pays voisins à trouver les moyens pour aider ce pays à retrouver sa stabilité politique, et, surtout, à éliminer les groupes djihadistes qui sont près de prendre le pouvoir, ce qui en soi est une grande menace pour la paix et la stabilité dans la région maghrébine. L'Egypte, qui abrite cette réunion, a ainsi mis en garde hier lundi contre un possible débordement des violences vers les pays voisins. Le Caire assure qu'il faut travailler pour «éviter des interventions» étrangères contre des «groupes terroristes», selon le ministre des Affaires étrangères égyptien Sameh Choukri, qui s'exprimait avant la réunion de lundi. «Depuis longtemps, nous avons constaté les répercussions de la situation en Libye sur la sécurité des pays voisins,» a indiqué M. Choukri. Les affirmations du ministre égyptien des Affaires étrangères ont été déjà développées par les observateurs politiques sur la base des graves événements actuels en Libye, en proie à des combats très violents entre forces loyalistes, soutenues par d'anciens militaires de l'ancien régime de Kadhafi, et des milices armées alliées au groupes djihadistes. Tout cela crée en effet une situation chaotique où le langage des armes a fait que des milliers de Libyens fuient le pays, la plupart vers la Tunisie, d'autres vers l'Egypte. Selon le ministre égyptien, «les groupes terroristes» en Libye ne «limitaient plus leurs activités à des opérations» dans ce pays, mais pratiquaient également «le trafic d'armes et d'êtres humains» et «violaient les frontières», «ce qui porte atteinte à la souveraineté des pays voisins et pourrait menacer leur stabilité». Il a également averti que la situation pourrait avoir des «répercussions sur les intérêts de pays en dehors de la région, ce qui pourrait conduire vers différentes formes d'interventions dans les affaires de la Libye et il faut œuvrer à les éviter». En clair, éviter une intervention militaire étrangère, dont celle de l'OTAN, en Libye d'où ont été évacuées dans la précipitation en juillet dernier les chancelleries occidentales. La guerre entre milices rivales s'est intensifiée au mois de juillet dernier, particulièrement à Tripoli. De son côté, le ministre libyen des Affaires étrangères, Mohamed Abdelaziz, avait indiqué peu avant la réunion que son pays «attendait du Conseil de sécurité des Nations unies une prise de décision et l'envoi d'un message fort concernant le conflit armé en Libye et la fin des combats». COMBATS ET RAIDS AERIENS Les violences se sont intensifiées depuis le 13 juillet, date des premiers combats entre milices rivales près de l'aéroport de Tripoli. Mais les affrontements avaient débuté dès le mois de mai à Benghazi avec l'offensive lancée par le général Khalifa Haftar, un ancien haut gradé du régime de Mouammar Kadhafi ayant passé de longues années en exil aux Etats-Unis, auquel se sont ralliés plusieurs militaires. A Benghazi, les forces du général Haftar affrontent depuis juillet dernier les milices islamistes alliées à Ansar Al-Charia. A Tripoli, les combats opposent les brigades de Zenten, un bastion de la résistance à Kadhafi en 2011, à celles de Misrata, autre fief révolutionnaire, et ses alliés islamistes, pour le contrôle de l'aéroport international. L'aéroport de Tripoli est en fait tombé aux mains des milices islamistes samedi. Les islamistes de «Fajr Libya» ont annoncé avoir pris l'aéroport de Tripoli à ceux de Zenten à l'issue de violents combats. Des images diffusées lundi par la télévision Annabaa, proche des islamistes, ont montré la salle d'embarcation de l'aéroport ravagée par un incendie et une dizaine d'avions de compagnies libyennes légèrement endommagés. Immédiatement, le groupe Ansar Charia, classé «terroriste» par les Etats-Unis et les autorités libyennes, a appelé les autres milices islamistes du pays à rejoindre ses rangs. Bien implanté à Benghazi, il a appelé «Fajr Libya» (Aube de la Libye), qui a pris l'aéroport de Tripoli à rejoindre ses rangs. «Unissez-vous avec les Moujahidine de Benghazi et défendez avec eux les mêmes objectifs qui sont le rejet de tout projet occidental», a proclamé, dans un texte mis en ligne dimanche sur internet, Ansar Asharia, à l'intention des autres milices islamistes. Tard dimanche dans la soirée, le Parlement libyen a choisi un nouveau chef d'état-major, après avoir annoncé son intention de donner à l'armée les moyens de mettre au pas les milices armées qui contrôlent des pans entiers du pays. C'est le colonel Abdel Razzak Nadhouri, qui a été choisi pour mener ce combat face aux milices surarmées. Il remplace à ce poste le général Abdessalam Jadallah Oubeidi, qui a été entendu le10 août par le Parlement sur l'incapacité de l'armée à faire régner l'ordre notamment à Tripoli et Benghazi, deux villes livrées aux milices armées. Ces groupes «sont une cible légitime pour l'armée nationale, que nous soutenons avec force pour qu'elle continue sa guerre jusqu'à les contraindre à cesser les tueries et à remettre leurs armes», a souligné le Parlement libyen, qui siège à Tobrouk, une ville jusque-là épargnée par le chaos. Pour autant, l''Assemblée libyenne sortante, le Conseil général national (CGN), qui a les faveurs des islamistes, a entamé une réunion à Tripoli en dépit de l'absence du quorum réglementaire. Les membres présents à la réunion du CGN, dont le mandat a expiré après l'élection du Parlement le 25 juin, ont répondu à un appel des islamistes qui contestent toute légitimité à la deuxième assemblée, qui siège à Tobrouk, à 1.600 km à l'est de Tripoli. La réunion devrait être destinée à examiner l'appel du Parlement de Tobrouk à une intervention étrangère pour protéger les civils, alors que le pays est en proie à l'anarchie et aux violences. Cet appel a été considéré par les islamistes comme un «acte de trahison nationale». |
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