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Pour développer un élan qui
soit authentiquement salvateur au plan de la formation des enseignants, des
chefs d'établissements et des inspecteurs d'enseignement, il ne suffit pas de
mettre en évidence les facteurs qui ont déclenché son échec et de les éliminer.
Il serait utile de ne pas faire table rase des points morts en chaîne qui ont défiguré ce qui devrait être un réseau de formation performant. Autrement dit, il serait judicieux de prendre acte de l'état des lieux des Instituts de « Technologie » de l'Education, de ne pas faire table rase des causes qui sont à l'origine des points morts en chaîne constatées, d'en défaire l'attelage qui en a fait des espaces budgétivores qui ne servent quasiment à rien parce que la formation professionnelle qui y est dispensée est médiocre et sans portée, parce que la réussite y est sans effort ni mérite et parce sue le diplôme qui sanctionne par conséquent, la fin du « cursus » est un mauvais prédicateur de compétences générales et de qualifications professionnelles. Inconsistants, ni la formation ni le diplôme ne sont à la hauteur des promesses attendues. Le tout est cautionné par un encadrement administratif et pédagogique qui a « l'air d'avoir l'air, mais qui n'a pas l'air du tout » - J. Brel-. La baisse du niveau des compétences et des qualifications escomptées, est par conséquent, l'expression de la médiocrité qu'enregistrent les pratiques pédagogiques, du morcellement que connaissent les objectifs ou, carrément de leur absence, de la précarité qui relativise la mission de l'évaluation, de l'encombrement et de la désarticulation qui affectent les programmes d'études. Elle est, en somme, le produit d'une organisation délitescente et d'une recherche pédagogique qui « broute dans des maquis desséchés. A ce propos et au risque de me répéter, les Instituts de Technologie de l'Education, connus sous la fameuse abréviation ITE chargés de promouvoir et d'engager les réflexions pour améliorer et performer, de mieux en mieux, la formation de celles et de ceux qui sont appelés à gérer la mission éducative, (Inspecteurs d'enseignement et Chefs d'établissements) et l'acte pédagogique, (Enseignants), sont « des espaces qui ne servent pratiquement à rien ». Aucune recherche n'y est engagée, aucune édition d'idées-forces ne se fait, aucune contribution n'y est permise encore moins, considérée, encore moins encouragée». On y vient, tout compte fait, pour passer le temps. Aussi, il serait judicieux de définir un attelage technico-pédagogique créateur de performances et qui s'exprimera à travers un plan de formation qui se refusera de se soumettre au diktat du révolu et par des buts qui se refuseront de se soumettre à celui de l'inertie, force motrice de l'ineptie et surtout, qui inciteront les stagiaires à vivre leur apprentissage comme une expérience où ils interrogeront leurs relations avec la vérité, une expérience qui leur permettra d'apprécier la faisabilité et la portée de l'effort intellectuel authentique, (cet effort auquel collaborent le raisonnement logique, le jugement méthodique en tant que composants de la mentalité scientifique) et qui leur enseignera la persévérance dans la voie dans laquelle ils s'engageront en développant leur sens de la responsabilité et en apprenant à effectuer des percées dans l'actualité professionnelle. Cependant, pour faire aboutir ce réajustement structurel, la formation professionnelle dispensée par les ITE ne doit plus être considérée comme un simple appendice de l'Enseignement universitaire. Elle doit avoir sa finalité propre mais en complémentarité avec celle de celui-ci. Au-delà du fait que cette formation constitue un processus formationnel* qui, en plus d'une instruction générale, implique l'étude des techniques d'enseignement (l'acquisition des capacités pratiques, d'attitudes, d'aptitudes et de connaissances en rapport avec le métier d'enseignant) et des sciences connexes, (Psychologie de l'enfant, Psychopédagogie, sociologie de l'éducation), elle doit répondre à une attente sociale réelle. A ce titre, elle doit être davantage valorisée. *Processus formationnel : Nanti d'objectifs, de buts et de finalités, suscite la curiosité de réflexion et par conséquent, structure la mentalité scientifique ?Raisonnement logique et jugement méthodique - . Il vitalise l'instinct de rechercher pour découvrir. Il incite à la création. Notons que la Formation professionnelle en matière d'Education nationale connait, jusqu'à l'heure actuelle, une crise d'identité. Elle est considérée comme la voie destinée aux jeunes en quête d'emplois bien que n'ayant aucune prédisposition pour le métier d'enseignant. Un stéréotype discriminatoire est donc, d'emblée, éloquemment affichée à l'endroit de cette formation et qui a fait qu'elle ne parvienne pas à se définir de manière rigoureuse, ni dans sa forme ni dans ses contenus, ce qui a eu pour effet de nuire à son efficacité. Elle est, à ce jour, considérée par l'opinion politique comme une filière de dégagement. D'ailleurs dans les propos politiques et administratifs sur la formation dans les ITE, le slogan remplace l'analyse, ce qui a fait que le mépris pour le métier s'érige en norme, (la déconsidération multidimensionnelle de l'enseignant par les décideurs est patente). Il est donc grand temps que l'enseignement de la profession d'enseignant cesse de signifier « mettre l'individu dans une salle de classe et en face d'une assemblée d'élèves et sans plus» et devienne opérationnel parce que sous-tendu par une pédagogie appropriée à la psychologie de ceux auxquels il se destine. Cela signifie que cet enseignement ne les enfermera pas dans un carcan où ils auront peu de possibilités à évoluer ; la formation permanente devant suivre son cours. Les qualifications professionnelles et les compétences générales que s'efforce à développer la formation actuellement dispensée par les ITE, en font un produit semi-fini qui, précipité dans le marché du travail, ne saura s'adapter aux besoins exprimés, encore moins aux contraintes. Cependant et pour que ce produit soit fini, tant bien que mal, des efforts complémentaires devront être consentis en matière d'organisation du cycle de formation où la recherche pédagogique et la prospective devront en être le socle. En matière de prospective, l'organisation du réseau de la formation des Enseignants, des Chefs d'établissements et des Inspecteurs d'enseignement devra être revue, qu'il s'agisse du choix des disciplines à proposer, du niveau cognitif des candidats à recruter, du redéploiement budgétaire à consentir par l'Etat, de la compétence et de la qualification des managers appelés à la piloter. A propos de ces derniers, avant de vouloir dépenser plus, ils devront apprendre à dépenser mieux. Ils devront pour ce faire apprendre à se réformer. Les principes directeurs à engager alors, à l'adresse de cet enseignement professionnel, seront la cohérence et la souplesse. La finalité de celui-ci sera de permettre à chaque stagiaire d'atteindre le plein épanouissement de sa personnalité. Il devra être donc novateur dans sa pédagogie, résolument tourné vers l'avenir dans ses contenus et efficace dans son mode de gestion. Ce sera, par conséquent, sur l'ensemble, (encadrement administratif et pédagogique et programme d'étude), du système de formation où l'échec y a élu domicile, qu'il faudra agir. Notons que cet échec qui tend à se rigidifier depuis la décision de ce ministre décérébré, Benghabrit en l'occurrence, qui a fait en sorte et au même titre que le Collège des Inspecteurs d'enseignement, que les ITE n'aient plus de tutelle locale, (à savoir les directions de l'Education de wilaya). C'est dire que les uns comme les autres sont libres d'errer à l'aventure et sans gouverne. Quelle prouesse !!! Il est, tout à fait clair, que le plan de formation devra, dorénavant, se livrer à des défis sérieux, qu'il ne lui sera pas aisé de relever sans efforts, sans engagement et sans conviction des gestionnaires tant administratifs que pédagogiques des Etablissements de formation. La complaisance n'étant plus de mise. Ces derniers ne devront pas perdre de l'esprit que dans le monde d'aujourd'hui, marqué par le développement prodigieux de la communication qui efface les frontières, dans ce monde caractérisé par la rapidité des changements et l'acuité de la compétition dans des contextes incertains, le savoir prend une dimension cruciale dans tous les aspects du développement des sociétés et des nations et dont ils devront être la rampe de lancement. C'est dire la gravité des menaces pour l'Algérie si elle tarderait trop à s'adapter à ces réalités, chaque jour plus présentes ; des menaces qui s'expriment en termes de régression économique et sociale, d'assujettissement culturel et d'abolition de la volonté nationale. C'est dire par ailleurs, l'importance à attacher à notre système d'enseignement et à ceux qui l'orchestrent ainsi qu'aux exigences qui pèsent sur eux pour qu'ils deviennent pleinement et efficacement, dans le nouveau contexte national et mondial, un facteur de progrès social, un facteur de l'affirmation de soi et du renforcement de la personnalité nationale. Facteur de développement économique, le système d'enseignement et ceux qui le parrainent doivent s'adapter par une meilleure qualité des prestations, (administratives et pédagogiques), puis par la pertinence, la diversité et l'actualisation permanente des contenus à l'évolution des savoirs et des techniques ainsi qu'aux besoins de la mondialisation en matière de compétitivité internationale et d'extension du tissu économique. Ils doivent aussi être en mesure de soutenir et de stimuler la recherche promotrice d'innovations adaptées aux particularités du cadre national. Facteur du progrès social, le complexe système d'enseignement et ceux qui l'encadrent doivent pouvoir accompagner et soutenir les évolutions en cours de notre société. Dans cette perspective, ils sont appelés à contribuer à la promotion des valeurs de citoyenneté et de civisme, de démocratie, de pluralisme et de solidarité dans le cadre de notre éthique islamique. Instruments de la valorisation de la personnalité nationale, enfin, ils doivent contribuer, mieux et plus, à la préservation de la mémoire nationale dans toute sa continuité historique. Ils doivent aussi favoriser l'ouverture sur le patrimoine universel et sur le mouvement des idées dans le monde, comme ils doivent être en mesure de mieux stimuler le débat intellectuel et d'en favoriser le débat. Dans le cadre de la vaste entreprise inhérente à sa réforme, la formation des cadres de l'Education nationale devra conduire à des évolutions multiples impliquant une forte mobilisation des ressources de réflexion, d'imagination et d'initiatives, de concentration, de mise en œuvre et de suivi. Dans cette perspective, la mise sur pied d'un cursus spécifique de la formation de ces cadres et par conséquent, l'instauration d'un diplôme « professionnalisé », sont une impérativité. Cette formation devra rompre avec une conception devenue obsolète qui, actuellement l'isole du monde professionnel et qui a fait en sorte que l'échec ait élu domicile dans les ITE. L'objectif est de faire du gestionnaire de la mission éducative et de celui de l'acte pédagogique l'élément central du processus de développement de l'éducation, de l'instruction et de la qualification du citoyen, en somme un investissement au sens propre du terme. Cela suppose un encadrement idoine. L'échec y a élu domicile Faire échec à cet échec qui a élu domicile dans les ITE, c'est procéder à une étape importante dans la définition de la réforme de la formation qui y est dispensée. Il s'agit donc d'établir, sans complaisance aucune, un diagnostic de qualité et objectif de la gestion de la mission éducative et celle de l'acte pédagogique. Ce diagnostic devant être aussi précis et exhaustif que possible, il faudra se garder d'engager une réforme de cette formation juste pour « amuser » la galerie. Autrement dit, il faut se garder de légiférer uniquement sur l'organisation et très accessoirement sur le financement. Légiférer sur les missions de celle-ci, (sur les contenus des programmes d'études et leurs niveaux), est aussi important. Il importe donc de placer le débat sur le terrain des buts à atteindre davantage que sur celui des moyens à mettre en œuvre. Pour circonscrire cet objectif, il faut commencer par circonscrire les raisons du malaise qui affecte le réseau de formation des cadres de l'Education nationale. Il s'agit principalement de : - l'incapacité notoire des gestionnaires administratifs qui, comme sous narcose, passent le plus clair de leur temps à « déguster » leur charisme désarticulé et à s'investir pleinement et entièrement dans des tâches périphériques, (tâches d'ornement principalement), au détriment de la mission pour laquelle ils ont été désignés et qu'ils ont non seulement reléguée à un second ordre mais surtout, à un rôle accessoire. « S'emmitouflant » dans leur règlement qu'ils ont par petites touches orchestré afin de satisfaire ce charisme qui, hélas, ne leur ressemble pas, prendre des initiatives c'est trop leur demander. - la dégradation du niveau des études et par conséquent de celui des stagiaires ; - la dégradation de l'image des ITE qui résulte de la mauvaise prestation pédagogique de ceux qui en sortent « diplômés » ; - la dégradation psychologique, de la lassitude générale des formateurs et de l'inquiétude des stagiaires qui ne sont ni satisfaits du présent ni confiants en l'avenir. Cela est dû au fait que : - l'évolution de la formation en termes de contenus des enseignements, n'est pas maîtrisée ; - le rôle de l'ITE en matière de recherche ou dans la préparation du métier d'enseignant est le grand absent ; - les différents ministres qui s'étaient succédé, faisant dans la tentation à la facilité, n'ont pas su développer le système de formation des cadres de l'Education nationale. C'est dire que nul responsable, de ce niveau, au-delà des incantations démagogiques sur l'accroissement annuel du nombre des candidats au concours de recrutements de ces cadres et des inscrits aux ITE, n'a pris la peine de réfléchir à un projet rigoureux. A donc, cruellement manqué le sens de la responsabilité, éclairé par un courage politique évident qui aurait permis aux Instituts de formation de faire dans cette clairvoyance qui devrait être la leur. Ce diagnostic portera donc sur les insuffisances générées par l'incompétence et la désinvolture de beaucoup de ceux qui pilotent les Etablissements de formation, (ITE), en mesurant toutes leurs implications. Il s'agit, en l'occurrence, de situer les responsabilités des uns et des autres. Le souci est d'avoir une rigoureuse connaissance de l'état actuel de notre système de Formation et de conscientiser la réalité de la situation du terrain en vue d'y apporter les correctifs qui s'imposent. Au jour d'aujourd'hui, ce qui est supposé être l'efficacité du système de formation des Enseignants, des Chefs des établissements scolaires et des Inspecteurs d'enseignement est mis à l'index parce que le but qu'il s'est fixé, (instruire, former et qualifier), subi une crise de confiance et les repères auxquels il devrait se référer, ont été falsifiés. Alors que le système de Formation en question devrait évoluer au plan du pédagogique authentique, développer chez chaque stagiaire son avoir cognitif, ses potentialités intellectuelles, ses dispositions psychologiques et le comportement du futur gestionnaire de la mission éducative et de l'acte pédagogique porte-parole de sa profession et l'initier à l'action solidaire du progrès ; alors qu'il devrait l'approcher avec optimisme et respecter sa condition d'apprenant, en canalisant ses espoirs et en faisant aboutir ses aspirations ; alors qu'il devrait prospecter avec perspicacité et vitaliser ses virtualités cachées, (ses aptitudes, ses attitudes et ses inclinaisons) et exploiter, avec pertinence, celles qui sont apparentes, il s'est inventé « machine à former » sans pour autant former et qualifier. Piloté au juger, il a eu à former en peu de temps davantage de personnels mal formés. Il a fait fi de la régression patente des capacités de celui-ci et de sa motivation. Encore moins, il ne l'explique pas. Il a de la sorte, dévié autant l'élémentarité de sa mission, que son but : le développement professionnel. Autrement dit et bien qu'il sache, quelque peu, exposer les connaissances, bien qu'il sache quelque peu intéresser ceux auxquels elles s'adressent, il demeure à ce jour mal armé en matière de plans formation. Ceux-ci devraient être animés par des programmes d'études pertinents mais allégés et développés par des gestionnaires de l'acte pédagogiques capables de dispenser de la pédagogie au lieu de « la jeter » et par des gestionnaires de la mission éducative, soucieux de développer les compétences et les attitudes indispensables à la gestion des exigences imposées par un monde en constante mutation, au lieu de faire dans « le semblant ». Conséquence, au lieu de s'investir dans la structuration de la mentalité scientifique qui acquise à l'esprit, permettra à l'aptitude à l'autonomie et à l'adaptation aux circonstances de s'exprimer ; il (le système de formation), a fait dans le développement des attitudes passives. Au lieu de promouvoir le travail en équipe et la coopération entre stagiaires, c'est toujours la compétition individuelle et l'émulation qui y sont encouragées. Au lieu de leur apprendre à évaluer leur travail, ils subissent une évaluation chiffrée qui, quand bien même, elle se veut impartiale, couve souvent l'arbitraire. (Mieux encore, les critères selon lesquels celle-ci est appréciée, échappent souvent à ceux qui en sont en charge). Piloté au « jugé », il a tendance à se refermer sur lui-même. Dogmatique et profondément tronqué, il a pratiquement relégué à un rôle accessoire la formation des capacités d'analyse et de synthèse, (ces composantes de l'intelligence pratique), quand bien même, l'effort d'instruction qu'il consent enregistre quelques résultats. L'action formative quant à elle, reste timide. En effet, le développement culturel, le sens civique, l'assimilation des valeurs professionnelles ne sont pas au niveau souhaité et la capacité de les exploiter est modeste. Faisant, par ailleurs, dans une massification, (une démocratisation), de la formation mal pensée et mal réfléchie, il n'est pas favorable à la formation des élites. S'agissant du niveau de qualification des encadreurs tant administratifs que pédagogiques. Il est faible. Bien que l'on relève au plan quantitatif des ratios d'encadrement qui paraissent relativement suffisants, la sous- qualification des personnels n'est que l'expression de l'insuffisance notoire de la motivation, de la vocation et de la formation particulièrement pédagogique dont ils devraient être nantis, (cette dernière est, à ce jour, une formation dite d'appoint qui ne dépasse guère une année). Elle est aussi, celle de l'inefficacité des opérations supposées être de recyclage et de perfectionnement engagées par des visites d'inspection et des séminaires. Conséquence, le déficit cognitif, psychopédagogique et professionnel ne peut, donc, qu'être au rendez- vous. Moralité, les Inspecteurs d'enseignement, les Chefs des établissements scolaires et les Enseignants, mal formés pour la cause, n'accomplissent pas leur mission de façon pleine et entière conformément à la déontologie. A) Les Inspecteurs d'enseignement, incapables de prospective, errent à l'aventure et sans gouverne Se soumettant à des directives administratives sans pour autant oser apporter leur point de vue ou donner leurs avis et faisant dans un mutisme complice, ils cautionnent l'échec scolaire. Par ailleurs, non motivés pour la cause et surtout dépourvus de courage professionnel, ils abandonnent l'école aux caprices de ceux qui veulent en faire le lieu de tous les enjeux. Ils contribuent, de la sorte, à la promotion de ce discours-carotte des uns, de ce discours-passion des autres, de ce discours-rotatoire de tous. La mission éducative qu'ils sont censés encadrer, profitant à la promotion d'une école à laquelle lui sont tracées les limites de son expression, l'échec et la déperdition scolaires, la difficile adaptation des bacheliers à l'Enseignement supérieur et la dégradation des comportements et des réflexes au profit de l'émergence d'instincts insolites sont à ce jour comme normalisés. Ils applaudissent, aujourd'hui et demain, comme par le passé, des réformettes « éclairs », (ficelées en deux temps trois mouvements). Ils n'agissent pas. Ils ne réagissent pas. Ils ne donnent pas le coup de pied dans la fourmilière qui a fait que l'échec scolaire s'érige en normes alors qu'il devrait être l'exception. Ils ne débattent avec les enseignants émargeant à leurs circonscriptions pédagogiques des objectifs de celles-ci, (réformettes), pour en cerner la signification, circonscrire la pertinence des principes qui les animent et celle des finalités auxquelles elles doivent aboutir. Emboîtant, systématiquement, le pas à ce genre de réformettes, ils pilotent leur mission au jugé. Ils n'arrivent pas à se réformer eux-mêmes et à se forger des aptitudes professionnelles. Ils se complaisent dans ce qu'ils croient être ce charisme qu'ils délectent telle une narcose et sans plus. Incapables de prospective, ils ne s'érigent pas en force de proposition pour extraire l'Ecole algérienne à la logique de l'inertie qui est en phase de la laminer. Ils prêtent main-forte à tous ceux qui s'ingénient à creuser le ghetto de « l'absurde ». Mieux encore et inaptes à discerner les urgences ou à prendre » les « virages » qui s'imposent, ils s'investissent dans la recherche d'accommodements provisoires, d'aménagements transitoires, de formules suffisamment « biscornues » pour, en fait, ne rien changer au désordre des choses. Incapables de se réformer, ils théâtralisent le drame à coups de bilans quantitatifs, histoire d'anesthésier les opinions. Incapables de se réformer, ils s'obstinent à légiférer l'incohérence administrative qui sévit, si bien que la pédagogie qui, ayant du mal à se frayer un chemin, est devenue cette pédagogie de « l'urgence » qui a eu le mérite de former en peu de temps, davantage d'esprits mal formés. Cautionnant ce genre de réformettes qui se sont succédé, ils favorisent cette émergence de pans entiers de la société qui, nourrissant une platitude éducative et culturelle démesurément indigente ; répriment voire méprisent la réflexion et ses objectifs ; sacralisent l'ignorance et les maux qu'elle engendre ; refusent d'élaborer leur intuition. B) Si les Inspecteurs d'enseignement cautionnent l'échec scolaire, les Chefs des établissements scolaires font dans sa promotion Il est à noter que beaucoup d'entre les Chefs des établissements scolaires sont ceux dit de la 25ème heure, ceux qui mal armés intellectuellement, manquent de ce savoir générateur du savoir-être et du savoir-faire et ceux qui, mal armés culturellement, sont convaincus qu'ils sont parfaits, irréprochables, puissants, au-dessus de tout soupçon. Ils s'enlisent alors démesurément dans un bureaucratisme exacerbant, comme pour dissimuler leur tare professionnelle. Ils font dans le wait and see, ou se terrent quand l'argument à opposer leur fait défaut. Ils se limitent à rendre compte de quelques activités entreprises sporadiquement au gré de l'humeur, ou se contentent de faire semblant. Mesurer l'impact réel de celles-ci en vue d'améliorer l'activité du service, c'est trop leur demander. (Le reflexe à l'initiative est le grand absent). Inféodés au professionnalisme contingenté, (accessoire), ils adoptent cette attitude de défense contre tout ce qui ne leur ressemble pas, contre ce qu'ils ne peuvent gérer. Démotivés et mal formés pour la cause, ils s'appliqueront à rajouter du désordre au désordre. Et pourtant, s'appliquer à mettre de l'ordre dans le désordre des choses, devrait être la pierre angulaire de leur mission et celle de la mission des Inspecteurs et des enseignants et pourquoi pas, celle des parents d'élèves qui devront impérativement cesser d'être un vulgaire applaudimètre et de donner leur progéniture aux injures du temps en démissionnant de leur responsabilité. Inféodés au professionnalisme contingenté, ils ne peuvent affronter le rigorisme de la raison, la sévérité de la vérité, l'impartialité de la justice et la rigueur de la justesse. Ils « s'emmitouflent » dans une espèce de rationalisme morbide et jouent à, faire dans une espèce de fierté très mal placée. Se contentant de confondre le bien avec leur volonté, ils nourrissent cette platitude professionnelle démesurée par laquelle ils se distinguent. Ils donnent l'impression de promouvoir une école lépreuse. La dégradation exponentielle de l'immobilier, des mobiliers et des équipements scolaires ne les inquiète pas, outre mesure, à telle enseigne qu'ils se limitent à informer la tutelle et sans plus ; ils considèrent que veiller à leur entretien ne relève pas de leur mission. Les élèves abusés par l'échec scolaire qui les taraude et les enseignants désabusés et abandonnés sur la pente de leur imagination féconde en subtilités superflues et qui se renvoient, les uns les autres, l'image dévalorisée d'eux-mêmes, est le benjamin de leurs soucis. Et quand des reproches leurs sont faits sur leur gestion, ils vous renvoient et toute honte bue, à ce minable expédient, « c'est la formation que j'ai reçue ». Sic !!! Cela dit et dépourvus manifestement de compétences générales et de qualifications professionnelles, ils peinent à réhabiliter leur autorité si elle se verrait, quelque part, carencée. A propos de l'autorité, ils l'exhibent à travers des sursauts théâtralisés, en débridant simplement leurs instincts de rédempteurs. Ils éprouvent ce triste besoin de vouloir donner un semblant d'allure pédagogique à la gestion de la mission éducative dont ils ont la charge. Au final et agissant de la sorte, ils s'inventent ce reflexe monopolistique qui ne leur ressemble pas. Ils évoluent dans cet espèce de narcissisme professionnel. Ils broutent, tout compte fait, dans des maquis desséchés en se « ghettoisant » dans ce simplisme qui, hélas, est le propre de beaucoup d'entre eux. Par ailleurs, et par souci de se complaire dans la routine, ils ne prennent pas acte des progrès pédagogiques qui se précipitent à travers le monde. La formation permanente et un recyclage continu recommandés, ne battent pas la mesure de la partition supposée animer leur cursus professionnel. S'enlisant, motus et bouche cousue, dans un fonctionnariat indigent et s'y investissant pour que le spasme de la régression persiste et génère plus de désordre social, ils n'arrivent pas à apprendre à être « des chefs d'établissements scolaires » au lieu de le « paraître » Ne se mettant pas au diapason des découvertes scientifiques et technologiques que livre chaque jour, ils n'admettent pas que la manière de concevoir aujourd'hui ne sera plus de mise demain et que les plans de stratégie de développement devront se conformer aux paramètres qu'impose de facto l'embrayage sur le troisième millénaire et sur son corollaire immédiat, la mondialisation de l'idée et du comportement. C) Si les Inspecteurs d'enseignement cautionnent l'échec scolaire, si les Chefs des établissements scolaires ne cessent de le promouvoir, les Enseignants s'évertuent à le fossiliser Non convaincus, démotivés et non qualifiés beaucoup d'enseignants en poste, (tous cycles confondus), se sont investis dans la reproduction de l'inertie. Ils se complaisent dans un paradigme déphasé. Ils ne font pas dans la promotion de la créativité. Faisant de la routine une hygiène de vie, ils n'incitent pas leurs élèves à l'épanouissement. Non convaincus, démotivés et non qualifiés et donnés en pâture aux injures du temps, beaucoup d'enseignants en poste, (tous cycles confondus), ont été par ricochet, cet outil qui a fait que le système éducatif et culturel algérien, supposé être le lieu où doivent s'opérer le sens de l'effort et du mérite, l'épanouissement intellectuel, l'ouverture de la pensée, la structuration de la mentalité scientifique, la promotion de la connaissance, l'élévation à la culture universelle, s'est écarté de son objectif cardinal, former l'homme du monde, celui qui ne s'enlisera pas dans ses préoccupations. Non convaincus, démotivés et non qualifiés, beaucoup d'enseignants en poste, (tous cycles confondus), conviennent que l'échec scolaire est une fatalité à laquelle ils ne peuvent que faire des courbettes. Non, il n'en est rien de cela. Ils peuvent le prévenir pour peu qu'ils cessent de croupir dans cette léthargie et d'en faire une affectation définitive, pour peu qu'ils se décident de dispenser un enseignement « intelligent », un enseignement qui ne poursuivra plus des objectifs disparates et fugaces, mais qui recherchera l'optimum d'ensemble, un enseignement qui « jettera » les bases de la formation du citoyen capable de se mouvoir, sans gêne et sans complexe dans un monde sans cesse actualisé, du citoyen autonome et responsable, de l'individu qui sera l'artisan de son évolution et l'architecte du progrès social et non, la promotion du « sujet » appelé à se fondre dans cet esprit étriqué qu'on a taillé, pour lui, dans la roche de la dérision. L'échec scolaire qui mutile la Société algérienne, n'est rien d'autre que l'expression de la déliquescence qui macule l'Ecole algérienne et que génère la délinquance de la gestion de la mission éducative et la délitescence de celle que subit celle de l'acte pédagogique. Il peut être aisément endigué pour peu qu'il ne soit plus le produit conjugué de la société civile qui le couve, du pouvoir politico-administratif qui l'élève au rang de norme, des parents d'élèves qui acceptent de composer avec l'école parallèle qui le cristallise, de l'institution scolaire elle-même parce qu'elle ne fait pas l'effort nécessaire et suffisant pour que les enseignants soient convaincus de leur mission. Pour peu que l'absence d'objectifs clairs et lisibles, l'absence de l'évaluation systémique, formative et sommative et la faillite du système de l'orientation scolaire, n'aient plus droit de cité. Pour peu, en somme, que les Inspecteurs d'enseignement ne le cautionnent plus et cessent de faire dans ce mutisme complice. Pour peu que les Chefs des établissements scolaires cessent de le promouvoir en faisant dans cette désinvolture sous-tendue par l'incompétence et la non-qualification pour la cause. Pour peu que les Enseignants, désormais, engagés cessent de le fossiliser. A propos de l'engagement des enseignants. Pour s'engager à éduquer, à instruire, à former et à qualifier, ceux-ci devront choisir ce métier par intime conviction et non plus, par simple souci de subsistance, par simple souci de s'extraire des griffes du chômage. S'engager donc pour accomplir leur mission conformément aux principes de la déontologie et pour qu'elle aboutisse, avec le maximum de chances de succès, les enseignants devront être qualifiés, pour être qualifier, ils devront être motivés et pour être motiver, ils devront être foncièrement convaincus. C'est aussi simple que cela !! Ainsi, bien que l'échec scolaire tende à s'ériger dans des allures quasi incontrôlables, il ne demeurera plus cette tendance lourde à dissiper. Par souci de dissiper cette tendance lourde, il serait judicieux de prendre acte de cette vérité, lors des futurs recrutements. Ne pourront donc enseigner que des titulaires de licences d'enseignement. Les titulaires d'autres diplômes ne pourront être rentables dans des salles de classe parce que non formés pour la cause et non formés pour la cause, ils ne feront qu'entretenir des points morts en chaîne et on n'aura alors rien changé au désordre des choses. Convaincus, formés pour la cause et motivés, les enseignants, (tous cycles confondus), ne conscientisent pas l'échec scolaire comme étant l'expression de la fébrilité des élèves qui leur sont confiés, mais comme celle de la gestion de l'acte pédagogique dont ils sont en charge parce qu'elle n'aura pu enrayer leurs difficultés d'apprendre, parce qu'elle n'aura pu permettre, à chacun d'eux, de circonscrire ses faiblesses d'abord et de développer ses atouts intellectuels, ensuite. Convaincus, formés pour la cause et motivés, les enseignants, (tous cycles confondus), nantis d'une formation psychopédagogique sérieuse, n'ignoreront plus que l'échec scolaire peut être partiel ou total, comme il peut être permanent ou momentané et n'admettront pas, bien que dramatique, il soit irréversible et qu'il est dans « leurs cordes » de lui faire échec, ils n'ignoreront plus que les aptitudes de chaque élève sont perfectibles pour peu que cette tentative de perfectibilité ne se heurte à une conception erronée qu'ils se font de la sociologie scolaire. En matière de psychologie, ils s'accrocheront tantôt à une psychologie de laboratoire, tantôt à une psychologie faite sur le tas. L'important est qu'ils mettent en évidence les valeurs saillantes des profils psycho-intellectuel et psycho-mental de tout un chacun. Le souci est de répertorier les atouts de tout un chacun pour les promouvoir et ses faiblesses pour les corriger. Ne se référant surtout pas au subjectif et par conséquent, à l'empirisme, (méthode qui se fonde sur la seule expérience sans recourir au raisonnement), ni à l'apriorisme qu'il sous-tend et soucieux d'éclairer sur l'essentiel, ils s'investiront dans le rigorisme de la raison, la sévérité de la vérité, l'impartialité de la justice et la rigueur de la justesse. Ils ne se limiteront plus à théâtraliser leurs analyses et leurs évaluations en se contentant de les stériliser à coups de fantasme et en se livrant à de vulgaires appréciations approximatives. En soumettant les aptitudes de leurs élèves à des sélections désordonnées, ils ne pourront concevoir et élaborer une stratégie pédagogique pouvant être innovante, c'est-à-dire celle qui leur permettra de prendre connaissance des faiblesses de ces derniers et de susciter leurs capacités de réussir. Education de l'engagement par excellence, cette stratégie pédagogique émoussera la résistance au changement. Education de la motivation, elle les incitera à être sensibles à la souveraineté du progrès. Si par conséquent les enseignants arrivent à conjuguer l'éducation de l'engagement dans celle de la motivation, ils embrayeront alors sur l'amélioration du comportement intellectuel de leurs élèves. Former des Inspecteurs d'enseignement qui ne cautionneront plus l'échec scolaire, des Chefs d'établissement qui ne feront plus dans sa promotion et des Enseignants qui ne s'évertueront plus à le fossiliser, cela suppose une professionnalisation des ITE, entendre par là, faire de ceux-là des professionnels de haut niveau. Cela signifie, en clair, que la recherche pédagogique devra être leur apanage. Cela veut dire, par conséquent, que la qualité de ces Instituts dépend de l'activité de recherche pédagogique qui y sera entreprise. Cette activité devra répondre à un niveau d'exigences plus élevé des travaux d'étude qui eux, génèreront les expertises techniques escomptées. Or, il se trouve que dans ces établissements, la recherche pédagogique est, hélas, peu attrayante parce qu'elle n'est pas récompensée en termes de carrières et de rémunérations. Elle est également peu attrayante parce que l'utilité pédagogique de la formation est, non seulement dévalorisée mais aussi, mal exploitée. Cela est du au fait que l'esprit de prospective appelé à renforcer la capacité d'analyse et de synthèse du professionnel sortant, fait défaut chez les dirigeants de l'administration qui ne font rien pour définir et préciser le statut de l'enseignant chercheur à former. De ce statut hautement valorisant et qui permet d'assurer la consistance et la stabilité d'un rayonnement qualitatif qui élèverait ces Instituts au niveau d'excellence, ils en font le benjamin de leurs soucis. Ce qui leur importe, c est la dotation budgétaire et sans plus. Le constat est on ne peut plus éloquent. Beaucoup d'entre ces dirigeants et particulièrement ceux qui ont profité de la générosité de Benghabrit qui, au nom de tous les liens les a élevés à ce rang, sont non seulement, d'un niveau culturel faible mais aussi, ne maîtrisent qu'approximativement les techniques de la formation. La plupart d'entre eux et bien qu'ils aient à leur actif des années d'études supérieures, se distinguent par une approximation inquiétante dans le raisonnement logique et le jugement méthodique ainsi que par un style de comportement et un vocabulaire indigents, d'où l'idée de leur consacrer, au moins, une année à un rattrapage des lacunes de la formation générale. Cette opération de rattrapage engagée après un filtrage assurera à ceux qui seront retenus un maximum de chance de succès et de meilleures perspectives professionnelles. La formation des personnels de l'éducation nationale dans ces centres de formation, élevés désormais en centres de recherche pédagogique et de prospective, prendra acte des aptitudes, des attitudes et des inclinaisons de chaque candidat à la formation. Désormais, chaque candidat retenu, le sera avec la certitude de poursuivre un avenir professionnel nanti de qualifications professionnelles réelles. Dispenser une formation spécialisée de haut niveau devra donc être la mission fondamentale de ces Instituts appelés à participer à la lutte pour la compétitivité de l'économie, entre autre. Une maîtrise accrue de leur gestion devra être de mise. Cette gestion passera par le développement de la capacité d'anticipation, une meilleure prévision, une planification plus rigoureuse des besoins, une utilisation optimisée des infrastructures et des équipements et une organisation qui définisse plus nettement les responsabilités et les rôles. Erigés en « Centres d'excellence », ils seront les lieux privilégiés où s'élaboreront les débats sur des problèmes culturels, sociaux et philosophiques, engagés par des spécialistes, entre autres, des chercheurs des universités, des créateurs et des analystes. Ils mériteront, dès lors et sans prétention aucune, leur appellation d'Institut de technologie de l'Education. *Directeur de l'Education de Wilaya - Ancien Professeur INRE |
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