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Il n'est pas normal, estiment
les experts, que les points d'éclosion de grands feux reviennent à intervalles
réguliers dans certaines de nos régions et les changements climatiques n'en
sont pas les causes principales !
Ils pointent du doigt le nombre croissant des habitants en prise directe avec la forêt même si les années noires de grands feux sont des scénarios sans cesse répétés. Ils sont surtout exacerbés par la pression démographique et l'interpénétration croissante des espaces forestiers et de l'habitat qui font que les enjeux s'accroissent considérablement. L'analyse des feux passés, survenus dans les 40 wilayas les plus boisées du nord du pays, fait ressortir que durant la période 1985-2010, l'Algérie a enregistré 42.555 incendies qui ont parcouru une superficie totale de 910 640 ha. L'Algérie est l'un des pays où le problème des feux de forêt doit être pris en rapport avec le modeste tissu végétal, car si en valeur absolue les superficies brûlées restent, relativement, modestes comparativement à certains pays du Bassin méditerranéen, la rareté des forêts et les menaces de désertification font que les incendies ont un impact particulièrement désastreux. De plus, notre pays ne possède que 4,1 millions d'hectares de forêt, soit un taux de boisement de 1,76 % ! Chaque année donc, des milliers d'hectares de forêt sont dévorés par les flammes. Les incendies se déchaînent surtout entre les mois de juin et septembre. La faune, la flore, le tourisme et l'air ambiant sont les principales victimes des feux de forêt qui ont ravagé ces dernières années les massifs montagneux de l'Algérie. En Kabylie, dans l'Ouarsenis, Skikda et beaucoup d'autres contrées ! Il n'existe pas de «programme institutionnalisé d'enquêtes sur les motifs des incendies» ! Ces catastrophes ont, bien-sûr, fait réagir d'autant plus que derrière les récents incendies, des criminels pyromanes ont agi pour leur propre compte ou pour des lobbies. Le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a fait état de l'interpellation, dans la wilaya de Batna, d'individus «en train de mettre délibérément le feu dans des forêts et de l'enregistrement de 4 à 5 incendies en même temps et au même endroit», faisant savoir qu'une enquête est en cours afin d'élucider les circonstances de ces incidents. Si les causes directes des feux sont le plus souvent humaines, que ce soit par des départs de feu accidentels ou criminels, les études tendent à prouver que l'augmentation de l'étendue des dégâts est une répercussion sur le changement climatique qui assèche la végétation et entraîne une augmentation du risque des feux des forêts. Les températures plus élevées favorisent la transpiration des plantes et assèchent l'eau contenue dans les sols. Ces deux faits conjugués rendent plus propice le risque d'incendie. Mais les spécialistes sont allés plus loin en affirmant avoir identifié 29 motifs d'incendies possibles pour l'Algérie ! Ils les ont divisés en trois catégories : naturels, accidentels par malveillance, et/ou négligence. Ces experts sont arrivés à la conclusion qu'en Algérie, il n'existe pas de « programme institutionnalisé d'enquêtes sur les motifs des incendies » ! Ce qui réduit, selon eux, l'efficacité potentielle des initiatives de prévention, par manque d'actions ciblées sur les groupes humains responsables. La prévention, disent-ils, restera donc vouée à l'échec. Et ancrée à des modèles maintenant dépassés qui ne s'appuient que sur des infrastructures du type pistes, points d'eau et pare-feux. Des maffieux tirent profit des hectares dévastés ! Le ministre de l'Intérieur s'en est tenu, quant à lui à son idée, à savoir que des nombreux incendies qui ont ravagé, l'été dernier, des milliers d'hectares de forêts, dans les wilayas du pays, ont été causés par des «mains criminelles» ! Et la motivation de cette «pyromanie» est avant tout pécuniaire! Il rejoint en cela les riverains des massifs forestiers qui avaient estimé que l'on est en face de prédateurs du foncier ; c'est une opération politique, une vengeance orchestrée par des centres prédateurs dérangés visant à garrotter la prédation, récupérer le foncier agricole détourné de sa vocation ou utilisé, exclusivement, comme garantie pour l'obtention des crédits bancaires qui ne donnent lieu à aucun projet». C'est maintenant établi : des maffieux tirent profit des hectares dévastés qui sont récupérés pour les besoins des promoteurs immobiliers sans scrupules. Il y a aussi l'escroquerie à l'assurance pratiquée par certains pour retaper leurs maisons ou se faire rembourser leurs plants ! Il y a également les chercheurs de miel sauvage qui n'hésitent pas à enflammer les branches pour récupérer le produit. Que font, entre- temps, les collectivités locales ? Disposent-elles, par exemple, d'un système d'alerte rapide pour signaler tout départ d'un feu ? Ont-elles conçu et mis en œuvre des aménagements adéquats pour faciliter l'intervention des services compétents, en matière de lutte contre les feux de forêt ? Ont-elles procédé, en temps et en heure, aux débroussaillages nécessaire des endroits à risques ? Ont-elles identifié les moyens humains et matériels à mobilier rapidement en cas d'incendie ? Ont-elles un plan de communication destiné aux fumeurs négligents ? Le laisser-aller et les interventions conjoncturelles d'un personnel non formé pour la circonstance, aggravent la situation, quand la catastrophe se produit. Mais force est de constater qu'en l'absence d'une stratégie d'intervention à moyen et à long termes, les mêmes erreurs et les mêmes défaillances se reproduisent de manière cyclique, avec leur lot de drames humains et de dégâts matériels. Autre question : nos communes disposent-elles d'un plan ORSEC ? Oui avait répondu, par exemple, un élu de l'APW de Tizi-Ouzou en ce qui concerne le plan ORSEC; il affirme toutefois que « les plans de lutte contre les incendies sont très mal adaptés et vraiment dérisoires dans une wilaya telle que Tizi-Ouzou dont le boisement occupe 38 % de sa surface totale». Et à l'élu d'asséner : « Le plan ORSEC a démontré tout au long de cette calamité exceptionnelle, qu'il était tout simplement obsolète, car il n'a pas répondu à l'urgence du moment ! ». Il en est ainsi des 600 autres communes dont les plans ORSEC nécessitent, pour le moins, et de l'aveu du responsable de la Délégation aux risques majeurs dépendant du ministère de l'Intérieur, des opérations de mise à niveau de moyens d'intervention et de lutte contre les risques majeurs. La mise à niveau concerne aussi les responsables des collectivités locales, et leur formation à la gestion des risques majeurs. Dans une époque pas si lointaine les présidents d'APC avaient bénéficié d'une formation de 5 semaines, à l'ENA, en matière « de management opérationnel et de gestion des risques ». De plus, les communes étant sommées de fonctionner comme des « entreprises » ; elles ont été dotées de tous les équipements et autres engins à même de leur permettre de suivre et de réaliser leurs projets, mais aussi, en cas de besoin, pouvoir intervenir pour dégager les voies de circulation et réaliser les opérations de secours. En plus de ces dotations, les 1.541 communes du pays ont bénéficié de l'apport de cadres techniques de haut niveau : 1000 architectes et ingénieurs ont été ainsi recrutés et déployés, dans les collectivités locales. Où sont passés ces moyens humains et matériels ? Le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement territorial serait bien inspiré de lancer « un audit » à ce sujet ou pour le moins, dépêcher une inspection pour connaître les causes de ce gâchis ! Les étés meurtriers et les incendies ont marqué profondément les populations durement touchées dans leur chair et leurs biens. Elles s'attendaient, pour le moins, et devant la gravité de la situation, à ce que le gouvernement classe leurs régions « zones sinistrées ». C'est cette insolente torpeur, le manque de réactivité, voire l'indifférence des institutions, tant centrales que locales, à l'égard de la détresse des populations qui a provoqué, par le passé, la désaffection de ces dernières à l'occasion des élections, qui a fait réagir Abdelmadjid Tebboune qui, dans l'urgence, a convoqué le Haut Conseil de Sécurité. La réunion a été consacrée à l'examen de l'accumulation, au cours de ces dernières semaines, d'un certain nombre de dysfonctionnements graves qui ont impacté négativement la vie du citoyen et pris la forme, dans certains cas, d'actes de sabotage destinés à nuire à la bonne marche de l'économie et des institutions du pays. Le président de la République a insisté pour que des enquêtes approfondies soient menées avec la plus grande célérité sur de tels agissements, entre incendies de forêts, ruptures en alimentation en électricité et eau potable, indisponibilité brutale des liquidités dans les centres postaux et dégradation des bouteilles et citernes d'oxygène dans les hôpitaux, à l'effet de déterminer avec précision les véritables responsabilités. Un durcissement de la loi est-il envisageable ? Pour les incendiaires, qui agissent ou non de manière délibérée, la loi doit-elle durcir les peines prévues dans le but de s'adapter aux évolutions de la criminalité et à l'aggravation des conséquences ? Ailleurs, les pyromanes étaient punis de deux mois d'emprisonnement ferme. Depuis, les incendies volontaires de bois et forêts sont désormais passibles d'une peine allant de 15 ans de réclusion criminelle et 150.000 euros d'amende à la réclusion criminelle à perpétuité et 200.000 euros d'amende ! Abdelmadjid Tebboune qui, sur un ton péremptoire, a parlé de « dysfonctionnements graves et d'actes de sabotage ayant impacté la vie des citoyens», ne pourrait être que d'accord. |
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