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«Rendre obligatoire une école
où l'enfant rentre avec deux pieds et sort adulte avec quatre pattes»
Laboratoire d'expérimentations de toutes les idéologies matérialistes, l'Algérie a fait la preuve vivante de leur inefficacité et de leur perversité. La colonisation française est venue la «civiliser» avec «une guillotine», le communisme soviétique la «socialiser» avec «une faucille», le terrorisme «l'islamiser» avec le «sabre», le libéralisme la «corrompre» avec des «dollars», la démocratie la «poignarder» avec une plume. De la main à fusil à la main à clavier, la main à plume se fourvoie. L'école républicaine française produit des individus citoyens dotés d'un libre-arbitre, animés d'une rationalité cartésienne et accumulant des connaissances universelles. L'école algérienne imbibée d'idéologie religieuse importée du Moyen-Orient, rattrapée par ses racines millénaires, forme des sujets obéissants, malléables et manipulables à volonté, soumis « corps et âme » à l'autorité patriarcale de l'Etat à qui l'individu doit tout au prix de la perte de sa liberté et parfois de sa dignité et de son honneur. La mort du savoir a donné naissance à l'amour de l'avoir. L'argent facile fascine. Qui accroît son avoir appauvrit son être, un être que l'islam a mis sur un piédestal et que l'Etat providence a réduit à un tube digestif explosif. » Que faire pour sortir de l'impasse ? « On juge l'arbre à ses fruits et non à ses racines ». Un passé qui occulte le présent et barre le passage au futur. Un futur fait de tolérance, de solidarité et d'unité. La Terre est une, l'humanité est une, Dieu est un. Le diable est partout, il porte plusieurs masques. La révolution pacifique marche avec ses deux pieds : l'homme et la femme, le jeune et le vieux, l'Arabe et le Kabyle, le croyant et le mécréant, le riche et le pauvre, l'ignorant et le savant, le bien et le mal. Tous partagent le même idéal. La démocratie est une rose, elle ne dure qu'un temps, le temps d'une saison, le temps d'une élection; elle est fragile, son jardin nous envoûte, son parfum nous enivre, ses pétales sont nos rêves et ses épines sont nos réalités. « Nous marchons sur nos têtes et réfléchissons avec nos pieds ». Que penser de ces enseignants qui, durant toute leur carrière professionnelle, n'ont pas lu un livre et « recrache » d'année en année les mêmes cours, de ces professeurs d'université qui n'ont publié aucun article scientifique dans des revues de renom, ou de ces « experts » autoproclamés en tout genre qui se suivent et se ressemblent sur les plateaux de télévision, et de ces militants des « droits de l'homme » qui pullulent ici et là, ou sont militants des « devoirs de l'homme » envers lui-même envers son prochain, l'homme a des droits mais il a également des devoirs, il marche avec ces deux pieds, un pied droit et un pied gauche (l'homme et la femme, le gouvernant et le gouverné, le jour et la nuit, l'ombre et la lumière) et non pas deux pieds droits ou deux pieds gauches (la loi du gouvernement François Hollande n'est pas applicable en Algérie où le « copier-coller » fait des ravages par sa vitesse de propagation au même titre que le Covid-19 par ces temps de canicule et de confinement) ? « Il est révoltant qu'un homme dirige sur des sentiers faux un voyageur ignorant le chemin à prendre et le laisse ensuite seul dans son erreur. Cependant, n'est-il pas plus révoltant encore d'amener quelqu'un à se fourvoyer en lui-même » Soeren Kierkegaard. Le sociologue et politique Lacheraf avait prédit dans les années 70 : « Il arrivera un jour où l'Algérien ne saura même pas tenir un balai ». Ce jour-là est malheureusement arrivé plutôt qu'on l'imaginait, nos rues sont sales, nos villes un dépotoir, notre pays un « vide-ordure » du monde entier. Le Covid-19 pointe du doigt l'indigence des populations et la nullité des élites. L'Algérie a arraché son indépendance par l'emploi de la ruse, elle a raté son développement par manque d'intelligence. Elle n'a pas su « coudre la peau du renard avec celle du lion ». Elle ne pouvait pas le faire, elle ne disposait ni de fil ni d'aiguille. Aujourd'hui, presque un siècle plus tard, elle ne possède toujours pas d'aiguille et de fil pour se protéger contre la pandémie du Covid-19 (confection de masques). Malheur à un peuple qui ne se vêtit pas de ce qu'il tisse, et ne se nourrit pas de ce qu'il produit. Nous sommes peut-être le seul pays à ne pas disposer d'une véritable bourgeoisie entrepreneuse et créatrice d'emplois et de valeurs digne de ce nom après sept décennies d'indépendance pour servir de modèle au «petit peuple» que nous sommes. « A tous ceux qui se croient importants car ils sont très entourés, je rappelle que le lion marche seul alors que le mouton se déplace en troupeau ». C'est pour dire que l'on n'a pas besoin de prouver aux autres qui on est, à moins de ne pas l'être. « Riche ou pauvre, puissant ou faible, tout citoyen oisif est un fripon ». Un bon citoyen est un citoyen qui préfère les paroles qui réveillent aux paroles qui endorment. Nous avons assez dormi du berceau jusqu'à la tombe sur nos lauriers grâce au gaz et au pétrole que dame nature nous a dotés. Que Dieu soit loué. Dans la tourmente qui enfante de nouvelles sociétés ou qui les étouffe dans l'œuf, les situations semblables créent des jugements semblables. La faiblesse et le caractère artificiel des Etats-Nations du monde arabe n'assurent-ils pas leurs mises en orbite des intérêts des grandes puissances ? On accorde à l'Etat une toute-puissance bien imaginaire. Ce que l'on constate aujourd'hui, c'est l'accroissement du « déficit de rationalité de l'Etat ». Il est admis que le mouvement nationaliste a commis deux graves erreurs aux conséquences incalculables : la première, c'était de croire que l'aliénation historique, économique et culturelle disparaissait automatiquement avec le départ de l'occupant étranger; la seconde était de penser qu'il suffisait d'accaparer l'appareil de l'Etat, de promulguer des lois et des règlements, de se doter d'une armée pour maîtriser le processus de modernité, de développement et de l'émancipation, comme si les clés de la modernisation étaient entre les mains des détenteurs du pouvoir, c'est-à-dire de la force brutale qu'elle soit locale ou étrangère, « la faiblesse de la force est de ne croire qu'à la force », écrivait Paul Valérie au siècle dernier. La révolution algérienne qui a démarré avec la mort d'un instituteur français tué par le FLN dans les Aurès s'est terminée avec l'assassinat d'un instituteur algérien tué par l'OAS en Kabylie. C'est là tout un symbole qu'il va falloir décrypter un jour. L'école républicaine française produit des individus citoyens dotés d'un libre-arbitre, animés d'une rationalité cartésienne, et accumulant des connaissances universelles. L'école algérienne, imbibée d'idéologie religieuse importée du Moyen-Orient, forme des sujets obéissants, malléables et manipulables à volonté, soumis « corps et âme » à l'autorité de l'Etat à qui l'individu doit tout au prix de la perte de sa dignité et dans certains cas de son honneur. Dès l'école primaire, on apprend aux élèves plus à obéir qu'à réfléchir. Et plus tard, à l'âge de la raison, ils se rendent compte que dans la vie professionnelle, l'obéissance à la hiérarchie est un critère déterminant dans la promotion sociale. Dans ce contexte, les capacités intellectuelles et professionnelles acquises à l'école importent peu pour accéder et gravir les échelons de la hiérarchie administrative. Seul l'accès à un réseau le permet et l'obéissance aveugle dont il faudra faire preuve auprès de celui qui le contrôle. Le système tire donc sa véritable dynamique de la promotion d'un personnel politico-administratif médiocre, car il n'a aucune possibilité d'exercer son esprit critique, malgré pour certains le haut niveau intellectuel acquis à l'université. Cette promotion de la médiocrité visant l'accaparement des ressources nationales par la faction au pouvoir et leur redistribution obscure à travers les réseaux qui soutiennent le système crée ainsi par sa propre dynamique interne les conditions de son inefficacité notamment dans le domaine du développement économique où le système se contente de poser quelques réalisations prestigieuses n'ayant aucune emprise sur la dynamique sociale et économique mais donnent lieu simplement à une apparence du développement. L'organisation sociale ne connaissant pas les lois de l'économique (profit, compétence, concurrence...) fait que toute production interne propre est dévalorisée et ne donne aucun label de notoriété à son auteur. La société n'exerce aucune pression sociale sur la production mais tente d'agir sur la redistribution par le recours aux grèves sauvages et aux émeutes sporadiques et récurrentes. C'est pourquoi la compétence s'exile, se marginalise, ou s'enterre, alors que la médiocrité s'affirme, s'impose et se multiplie. La rente des hydrocarbures fonde l'Etat providence du fait de ses revenus extérieurs. La rente permet à l'Etat de procurer aux citoyens un niveau de vie minimum sans les taxer car les imposer sans leur fournir des sources de revenu risque de les voir se retourner contre le gouvernement. Tout simplement parce que les Algériens dans leur grande majorité ne disposent pas d'un revenu en contrepartie d'un travail productif mais en échange d'une allégeance politique au régime en place. En absence d'une démocratie en Algérie, l'enjeu politique ne sera plus la croissance économique et le plein emploi des facteurs de production de biens et services mais la répartition de la rente pétrolière et gazière à des fins de légitimation du pouvoir. La rente va alors irriguer tous les réseaux du système, et chaque réseau sera évalué et rémunéré en fonction de sa contribution à la stabilité du système. Ainsi, par ce mode de redistribution arbitraire et irrationnel des ressources nationales, l'Etat imposera une déresponsabilisation en profondeur, du sommet à la base, et de la base au sommet, à l'ensemble des acteurs économiques et sociaux, qui adoptent alors, sous l'effet de la pression sociale, l'idéologie du système, c'est-à-dire « la politique du ventre ». Cette politique a consisté à vider la tête des hommes et à remplir leur ventre. C'est dans ce contexte que nos enfants naissent et grandissent dans un climat de corruption qui fausse leur conscience dès leur jeune âge en leur faisant croire que le succès dans la vie s'obtient non pas par les études approfondies et le travail honnête mais par la tromperie et le vol. En effet, le pouvoir sur les individus (les notes, les diplômes, les promotions) et les ressources (les licences d'importation, les crédits bancaires) n'est pas une abstraction (une fiction juridique, des règles de droit, des procédures), il est avant tout une personne, un groupe ou un clan, d'où la nécessité pour domestiquer cette puissance, d'établir des relations personnelles avec elle. Un réseau pervers qui empêche toute compétence d'émerger et tout investissement productif de se réaliser. C'est le règne de la médiocrité et de l'impunité. La nationalisation du pétrole et du gaz et la hausse du prix du baril de pétrole vont faire des ressources en hydrocarbures la principale source de revenus en devises du pays. C'est ainsi que la rente pétrolière et gazière va rendre le pouvoir de plus en plus attractif. C'est donc l'Etat qui va contrôler la quasi-totalité des ressources de la nation. « On prend les hommes par le ventre et on les tient par la barbichette ». L'adage populaire qui dit « remplis-lui son ventre, il oublie sa mère » trouve là toute sa pertinence. Une politique financée intégralement par la « poche » saharienne. La prise en charge des populations sans contrepartie productive aboutit nécessairement à l'aliénation de leurs droits politiques. Tant qu'ils bénéficient d'une rente (un revenu, un fonds de commerce, des crédits, des immunités), les Algériens se détourneront de la politique et les gouvernements n'ont pas de compte à leur rendre sur leur gestion des deniers publics qu'elle soit rationnelle ou irrationnelle, cela ne les regarde pas. C'est une affaire politique, une question qui les dépasse. Ils sont inaptes à la politique. Ils sont déclarés immatures. Ils vivent des subventions de l'Etat. Ils ne gagnent pas leurs salaires à la sueur de leurs fronts mais ils leur sont octroyés par le groupe social au pouvoir. Ils tendent la main à l'Etat. Ils ne paient pas les produits à leurs justes prix). La fiscalité ordinaire est de peu d'intérêt pur l'Etat. La fiscalité pétrolière et gazière couvre largement ses dépenses de fonctionnement. Pour qu'un Etat puisse exister concrètement sur le terrain, il faut le doter d'un bras, c'est-à-dire d'une administration. Une administration protégée par un droit spécifique et animée par des agents recrutés sur des critères méritocratiques, formés dans des écoles spécifiques où ils intériorisent les valeurs de l'Etat, à savoir l'idéologie de l'intérêt général. C'est dans et par l'idéologie de l'intérêt général que se réalise le consensus nécessaire au maintien du tissu social dans le monde occidental. «Toute classe qui aspire à la domination doit conquérir d'abord le pouvoir politique, pour représenter à son tour son intérêt propre comme étant l'intérêt général» Karl Marx. L'Algérie postcoloniale a connu plusieurs présidents, un président «romantique», un président «nationaliste», un président «roi fainéant», un président «général», un président «libertin» et s'apprête à inaugurer un nouveau cycle de gouvernance imprégnée des réalités locales, des pesanteurs sociologiques, aguerris des arcanes du système et conscient des menaces géostratégiques qui pèsent sur les nations faibles et riches en ressources naturelles. «L'avenir de l'homme, c'est son cerveau». La famine sera le critère de sélection biologique du droit des peuples à la survie. Le Covid-19 n'est qu'un signe précurseur. Il faut se préparer mentalement et spirituellement, individuellement et collectivement. Un peuple, dit-on, est difficile à dominer quand ils sont trop nombreux à être trop savants. Le savoir n'est pas nécessairement académique réservé à une élite « éclairée » ayant fait la preuve de son échec recommencé. La pandémie du coronavirus Covid-19 a mis à nu la fragilité de notre système immunitaire collectif et dévoilé nos tares et nos insuffisances. Il détruit l'ordre et crée le désordre. On entre dans une nouvelle ère celle de la pyramide inversée des pouvoirs et des valeurs. « L'ordinateur va démolir la pyramide. A présent qu'il enregistre et garde en mémoire ces données, nous pouvons restructurer horizontalement nos institutions pour peu que nous gardions les idées claires » John Nesbitt. *Docteur |
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