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L'absence de la nomination
d'un nouveau ministre du Tourisme depuis le 18 mai et jusqu'au 12 juillet
dénote le peu de crédit, l'insouciance et l'indifférence des pouvoirs publics à
l'endroit de ce secteur économique névralgique chez nos voisins et ailleurs
dans beaucoup de pays. Les gisements touristiques énormes et diversifiés
demeurent une richesse dormante non exploitée depuis plus d'une trentaine
d'années. On raconte que le Premier ministre Tebboune,
selon la presse, aurait déclaré ou sous-entendu devant l'APN que «la personne
compétente pour diriger ce secteur n'a pas été trouvée, ce qui explique le
retard pris dans sa nomination !»
C'est une dérobade politicienne car les compétences touristiques existent, c'est le tourisme qui est inexistant dans le Larousse de nos décideurs. Je dois souligner que depuis 1962, sur une trentaine de ministres qui sont passés, seuls six avaient le profil de la fonction et l'envergure pour gérer ce secteur qui demande un savoir-faire, un savoir-être et notamment une bonne culture générale qui permet d'avoir une ouverture d'esprit. Nomination tardive du ministre La nomination du nouveau ministre Mermouri qui semble de prime abord introverti, a provoqué sur les réseaux sociaux l'enthousiasme des opérateurs en tourisme du Sud et du Grand-Sud (Tassili, Hoggar, Gourara, Touat) car il est un enfant de l'extrême Sud. Ils attendent beaucoup de lui pour les extirper de leur précarité qui perdure depuis 2008, peu de visas sont délivrés aux quelques touristes étrangers qui souhaitent venir dans le Sahara où beaucoup de sites prisés sont fermés. Nombreux ont fermé leur agence qui nourrit trois ou quatre familles. Une situation critique sur le plan des retombées socio-économiques sur cette immense région désertique. A l'échelle nationale, il sera confronté à un immense retard sur les plans formation, investissement, promotion de la destination et des territoires et surtout de la normalisation-régulation des activités touristiques et hôtelières qui évoluent dans un environnement anarchique et de non-tourisme ! Concernant la saison estivale Il échouera dans sa tâche comme ses prédécesseurs, car le tourisme est par essence, territorial, c'est-à-dire pris en charge et exploité par les collectivités locales (wilayas, daïras, mairies). Ces dernières, hélas, n'ont pas daigné apprendre ce que c'est le tourisme et son importance. La situation de nos plages est catastrophique depuis le début des années 90. Il faut préciser que dans les années 70-80, nous étions moins nombreux, 15 à 20 millions d'habitants, et il existait une volonté politique adossée à une culture touristique prégnante sur une adhésion citoyenne. Nos plages d'est en ouest étaient cosmopolites pleines d'étrangers résidents et non résidents (touristes) qui côtoyaient nos compatriotes (bien entendu) qui respectaient les notions de civisme et d'hygiène. C'est une triste vérité amère. De nos jours, hélas, nos plages, jadis lieux de détente et de thérapie (antistress face à la grande bleue aux horizons infinis), sont devenues rédhibitoires et répugnantes pour certaines, où la saleté se conjugue avec l'incivisme d'une jeunesse sans repères, mal éduquée (cellule familiale) et (école). Au lieu de se reposer, se recharger les accus, la famille algérienne se stresse davantage. La mise en tourisme de chaque wilaya côtière Afin que la situation s'améliore à moyen et long terme, graduellement, il faudrait une mise en tourisme des wilayas côtière et elles sont au nombre de quatorze. Cela impliquerait durant toute l'année, les directions du tourisme de wilaya et celles de la culture, des transports, de la communication des collectivités locales (DRAG), de l'éducation (pédagogie touristique), des offices locaux de tourisme etc. Car une saison estivale ne se prépare pas la veille et ne sera réussie que si localement tous les intervenants directs ou indirects sont imprégnés par la culture touristique qui doit cohabiter avec les mentalités douze mois sur douze. Il faudrait aussi beaucoup de moyens financiers et logistiques aux communes auxquelles il faudrait restituer leurs prérogatives importantes qui les ont démotivées et réduites à de rôles de comparses. Le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales semble ignorer que le tourisme se développe territorialement par les acteurs locaux confrontés aux dures réalités du terrain. En est-il de même pour le ministère du Tourisme ? Ces deux tutelles doivent se délester de leur vision jacobines, très centralisées qui se répercutent négativement, localement sur les communes désœuvrées. Car les carences et les lacunes bureaucratiques dégoulinent du sommet et ligotent pratiquement les bonnes initiatives locales. Au niveau communal, il faudrait un Monsieur Tourisme, diplômé dans la filière et expérimenté, dévoué et motivé, animé d'une grand conviction du rôle socio-économique que peut jouer le tourisme. Le tourisme est une activité économique de premier plan, créateur de richesses et dont les effets induits, notamment en haute saison, en font le poumon qui fait travailler les autres secteurs annexes (Alimentation générale, transports, petits commerces saisonniers, etc. Et les wilayas, daïras, communes côtières gagneraient à réapprendre le tourisme et ses retombées financières et sociales. Car dans leur majorité, elles ont désappris depuis très longtemps à faire des activités liées au tourisme, attractives et attrayantes. Elles ne savent pas communiquer et faire la promotion de leur ville et de leur région. Pour l'anecdote, dans les années 70 une commune balnéaire comme Cherchell, située à 100km à l'ouest d'Alger, grâce au dynamisme de son syndicat d'initiative du tourisme (devenu office local de tourisme), de concert avec la poste de la ville faisait apposer sur chaque enveloppe oblitérée par un timbre, à destination d'une autre ville ou d'un pays, un cachet rectangulaire portant la mention suivante : Visitez Cherchell, ses plages, son musée, son phare ! En somme, c'est un problème de fond, ce n'est pas seulement une question de parkings, de location de parasols forcée, car c'est l'inconscience collective adossée à l'impunité et le laxisme de l'Etat qui dégage cette image apocalyptique de notre littoral livré aux actes répréhensibles. Avant de faire changer la taille et la couleur des maillots de bain, il faudrait étudier les possibilités, comment faire changer les mentalités rétrogrades et nuisibles ! Le ministre du Tourisme Amar Ghoul était-il déconnecté de la réalité du terrain ? «Il y'a comme ça des annonces creuses, agréables à entendre, qui ne coûtent rien à celui qui les proclame, qui prolongent l'illusion de grandeur et qui vont rester lettre morte». Mohamed Benchicou. Ce ministre déclarait le 27 septembre 2015 à la Journée mondiale du tourisme que l'Algérie construira et atteindra les capacités litières de 500.000 lits à moyen terme (2020), inclus les 96.000 lits existant en 2015. Il répétera une seconde fois, le 14 novembre 2015 lors la rencontre nationale des agences de voyages à Sidi-Fredj, ce projet pharaonique (sans les pharaons), utopique avec beaucoup de vacuité dans le discours par des formules déconnectées de la réalité du terrain. En effet, jamais au grand jamais ces chiffres galactiques puisés dans les lits d'oueds asséchés de prospective drastique ne seront réalisés, ni à moyen terme, ni à long terme (2030), ni au-delà de 2050 ! Je m'explique, notre pays a construit près de 11.000 lits entre 2007 (86.000lits) et 2015 (96.000 lits). C'était la période bénie des cieux qui arrosèrent notre pays d'une embellie financière jamais vécue auparavant grâce à l'or noir et à son baril à plus de 115 dollars! Ces 400.000 lits supplémentaires, projection stratosphérique, sur quelles ZET seront-elles construites ? Avec quel financement ? Par ces temps hugoliens de disette (par références aux «Misérables») Surtout lorsqu' on a appris en décembre 2015 par la presse que les projets de cinq hôpitaux modernes et bien équipés aux normes internationales, prévus à Annaba, Constantine, Oran, Ouargla, Alger, sont gelés faute d'oseille. Comment l'Etat osera-t-il faire construire (sur fonds publics et privés nationaux ou étrangers) 2000 hôtels à 200 lits ou 1000 hôtels à 400 lits ? Soit en moyenne un hôtel par jour qui sortirait de terre sur le moyen terme, même avec l'apport de la fourmilière chinoise on n'y parviendra pas ! La Tunisie (72.000 lits en 1984) et le Maroc (60.000 lits en 1984) ont mis près de trente années pour achever en 2015 le premier, la construction de 150.000 lits et le second 170.000 lits, œuvres adossées à une volonté politique et à une culture touristique indéniables. En outre, avec quel personnel qualifié, formé, ces 500.000 lits seront-ils gérés ? Quand on sait qu'il faudrait ce ratio admis d'un employé pour un à deux lits d'hôtel, donc il faudrait 160.000 nouveaux employés formés. Comment et où ? il faudrait ouvrir plus de 100 nouveaux instituts hôteliers et touristiques pour répondre aux besoins ! En 1985, l'Algérie possédait 40.000 lits et 95 .000 lits en 2015 soit 55.000 lits en 30 ans ! En outre, le ministère du Tourisme avait projeté la construction en 1986 de 150.000 lits à l' horizon 2000. Seulement 42.000 lits furent réalisés en 14 ans pour un total de 82.000 lits. Et en 2005 un plan de développement horizon 2015 (décennal) prévoyait 120.000 lits supplémentaires. 10.000 lits seulement (dix mille) furent réalisés ! Incorrigible ministère qui ne sait pas manipuler les bûchettes ou c'est un adepte de l'ivresse chiffrée ! Amar Ghoul -qui ne boit pourtant pas- les dépasse tous ! Seul un état d'ébriété profonde peut expliquer l'absurdité de ses propos ! Ce ministère doit sérieusement passer de l'ébriété touristique à la sobriété touristique. «Si tu veux du succès, tu dois respecter une seule règle : ne ment jamais à toi-même» Paolo Coelho. Parmi ces 500.000 lits, il avait évoqué à Timimoun fin janvier 2016, en posant la première pierre du projet du village touristique saharien de qualité de l'ONAT, qu'une centaine de ce type d'hébergement seront construits au Sud Algérien. Vision utopique qui ne se réalisera pas, car seules des villes comme Taghit, Beni Abbes, Kerzaz, Adrar, El Menea, Ghardaïa, Ouargla,Touggourt, El Oued, Biskra, M'chounéche, Bou-Saada, Illizi, Djanet, Tamanrasset, Timimoun, Tinerkouk, Igli, In-Amenas, In-Salah, soit une vingtaine au maximum qui peuvent générer une rentabilité avec une bonne gestion adossée à une bonne approche marketing car la saison saharienne va du mois d'octobre au mois de mai pour le moyen Sud (Les Oasis) et au mois d'avril pour le grand Sud. Une saisonnalité pénalisante de quatre à cinq mois sans activités touristiques compte tenu des fortes chaleurs. Par contre, il faudrait envisager et encourager la construction d'une centaine de relais et gîtes sahariens de 30 à 40 lits chacun, soit 15 chambres à 20 chambres, (petites capacités gérables ) répartis, après une étude socio-économique, à travers des villes et villages sahariens attractifs, notamment dans l'extrême Sud. Le projet invraisemblable du ministre du Tourisme est une démarche qui s'apparente à un cautère sur une jambe en bois. En avril 2016, il annonce le chiffre galactique de 18 millions de touristes à atteindre et que l'Algérie traitera en 2020 (TV Ennahar). Il reviendra à la charge à Zeralda, début juin 2016, lors de la deuxième rencontre nationale du tourisme sous le thème «Feuille de route pour la relance du tourisme». Il précisera que les 18 millions prévus se décomposeront ainsi,10 millions de touristes nationaux, dans le cadre du tourisme domestique, 3 millions de nos émigrés et 5 millions de touristes étrangers (Comment ? avec quoi ? avec qui ?) Cela relève de la cosmogonie absconse. Ce n'est pas sérieux cette inflation incontrôlée des chiffres ! car notre pays ne pourra même pas atteindre les trois millions de visiteurs (entrées) et moins de 200.000 véritables touristes par an via les tour-opérateurs avant 2030. Quant à la fameuse feuille de route, aucun document ne fut remis aux participants pour s'y référer, le ministre fit un discours pompeux et triomphaliste. C'est d'une impudence allergène et d'une indigente pensée. L'instance faîtière du tourisme, en l'occurrence le ministère doit arrêter de nous bassiner les oreilles et trêves de balivernes ! Ah, cette mal-pensance officielle de cette décennie passée, enlisée et prisonnière de ses certitudes imprégnées d'un conformisme panagèrique et panurgique ! «Il est difficile d'attraper un chat noir dans une pièce sombre, surtout quand il n'y est pas !» Proverbe Chinois. Son successeur en juin 2016, Nouri Abdelwahab, déclara d'emblée, réaliste et pragmatique : «J'ai hérité d'un secteur catastrophique?nous avons des infrastructures hôtelières qui ne peuvent recevoir plus de 100.000 touristes !». Fougueux, il déclarera quelques jours après, concernant le scandale décrié par la presse locale au sujet de l'octroi illégal à cinquante commerçants ou entrepreneurs des licences d'activité dans le site destiné au tourisme et aux loisirs, le Parc Dounia situé à Dely-Ibrahim, Alger. «C'est un crime économique !». Trois jours après, le Premier ministre Sellal déclarait à la cantonade : «Arrêtez d'évoquer cette affaire, c'est une erreur qu'on a réparée !». Rien que cela ! Quelle inaptocratie pour reprendre le concept que l'académicien, Jean d'Ormesson à mis en exergue. Quand la langue est une langue de bois, quand le mensonge devient loi, les catastrophes ne sont pas loin ! Un adage dit : «Dans le monde d'aujourd'hui, quand l'argent parle, la vérité se tait !». Les Grands Vents du Parc Dounia dégageaient une odeur de stupre ! Quant au nouveau ministre Mermouri, lors de sa première interview le 22 juillet 2017, il dérapa lui aussi en balançant un chiffre utopique de faire venir un million de Chinois par année. C'est une projection inepte, peu sérieuse, sans aucune étude de marché. Ce ministre a été d'emblée induit en erreur par une tête pensante mauvaise conseillère car l'Algérie n'est pas en mesure de recevoir plus de 10.000 touristes chinois par année sur les 10 années à venir 2017-2027. Toujours cette ivresse des chiffres au ministère du Tourisme ! Sans une véritable volonté politique réelle et effective, exprimée par des faits concrets et constants (ce qui n'est pas le cas de nos jours), sans une prise en charge sérieuse et motivée, du SDAT (Schéma Directeur d'Aménagement du Territoire), élaboré en 2007 et validé lors des assises nationales et internationales du tourisme, réalisées sous la houlette du ministre Chérif Rahmani. Un document de référence qu'on attendait depuis une trentaine d'années et qui nous a coûté beaucoup de dépenses d'énergie et surtout de milliards de centimes. Cette boussole touristique, le SDAT, végéte toujours depuis sur les limbes de l'indifférence des pouvoirs publics (Administration centrale, wilayas, daïras, communes, école nationale supérieure de tourisme). Il faut amener les citoyens à aimer leur ville (insalubrité), leur région et leur pays. *Expert en tourisme |
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