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La
notion de crise s'applique à un phénomène passager qui se circonscrit dans
l'espace et dans le temps. Mais le phénomène de celle qui se profile à
l'horizon risque de produire une rupture de certains grands équilibres avec leurs
effets dévastateurs sur les populations dont l'économie est dépendante de la
rente du pétrole et du gaz.
L'analyse du phénomène de la chute brutale des cours du pétrole permet, en effet, d'observer qu'il y a un risque sérieux de crises multiples qui peuvent menacer plusieurs domaines : rupture des équilibres économiques, contestation des institutions, déclin des discours purement idéologiques balayés par une mondialisation conquérante? Dans beaucoup de pays concernés, des dirigeants politiques, des économistes et des sociologues mettent en garde contre les effets dangereux et pervers de cette crise prévisible et peut-être «programmée » pour « mettre à genoux » certains pays. Il devient donc urgent de mettre un terme à des habitudes de consommation prises pendant toute la période où le baril du pétrole n'a cessé de grimper jusqu'à dépasser les 100$. Désormais, une nouvelle redistribution de la richesse nationale pour imaginer de nouvelles formes de relations sociales dans certains pays devient à la fois une urgence et une nécessité pour éviter de sombrer dans le chaos ou l'anarchie politique. Cette crise aidera-t-elle les peuples concernés à bouleverser leurs habitudes et remettre en question leurs certitudes pour accélérer les mutations nécessaires à un développement réfléchi et rationnel de leurs économies nationales? Ou bien, leurs dirigeants continueront-ils à gérer avec «l'algèbre des adaptations» et du replâtrage facile pour éviter le caractère radical de certaines transformations qu'impose toute situation difficile, qui permet le rétablissement de l'économie sur des bases saines et sérieuses pour la rendre compétitive et créatrice d'emplois et de richesses? Ceux des pays touchés par cette crise, qui feront preuve d'audace et de courage, réussiront à coup sûr leurs mutations économiques et sociales et rejetteront le caractère illusoire et dangereux des changements uniquement conjoncturels. En effet, cette crise entraînera des effets sociaux, culturels et politiques. Son ampleur ne sera pas la même pour tous les pays. Les économistes ont pour habitude de répéter que la puissance d'un pays se mesure à son taux de croissance. Or, à n'en pas douter, cette crise affectera sérieusement la croissance des pays concernés par la chute des cours du pétrole et du gaz et ne manquera pas d'accroître le fléau du chômage qui, au-delà d'un seuil critique variable d'un pays à un autre, favorisera l'émergence de problèmes sociaux tels que la délinquance et la violence criminelle. Par ailleurs, les effets de cette crise risquent d'être également culturels et politiques, susceptibles de provoquer ou de déboucher sur une autre crise, celles des institutions : contestation du pouvoir représentatif et des institutions politiques, décrédibilisation de la médiation syndicale, négation du rôle des partis politiques.Tout cela peut conduire à une société extrêmement émiettée et morcelée socialement, à une impasse dangereuse et favorable aux projets les plus extrémistes. C'est pourquoi il est de la responsabilité et du devoir des dirigeants des pays concernés de produire un discours de vérité et de proposer rapidement une politique alternative susceptible de redonner confiance et espoir à leurs peuples, même s'il faut leur promettre « des larmes, des privations et de la sueur » pour dépasser l'orage qui s'annonce terrible pour beaucoup. En effet, cette crise, certainement prévisible, semble avoir été « programmée » puisqu'elle permet aux principales puissances industrielles du monde de profiter d'une sorte d' « aubaine », conjuguée de la baisse des cours du pétrole, du gaz et du dollar, pour accentuer la politique d'assainissement de leurs finances publiques. Toutes ont, en effet, opté pour une réduction de l'inflation et une plus grande rigueur budgétaire. Les résultats de cette politique sont de plus en plus probants et positifs pour les économies américaines et européennes : leur taux d'inflation a très nettement baissé et les montants de leurs déficits budgétaires déclinent progressivement. Compte de ce qui précède, la crise engendrée par « la chute brutale » des cours du pétrole et du gaz doit être mise à profit pour adopter sérieusement des changements structurels et industriels. Elle doit être également utilisée comme un élément de transformation dynamique sur le plan économique, sur le plan culturel, voire institutionnel, et au niveau des rapports sociaux entre les citoyens. Cette crise servira aussi à mieux «objectiver» l'attitude, aujourd'hui de plus en plus douteuse et péjorative, des individus à l'égard de la possession ou du gain d'argent. A terme, il faudrait que celui qui a de l'argent ne puisse plus apparaître comme l'ayant forcément acquis grâce à des escroqueries dans la mesure où, citoyen responsable, il l'investit dans des activités susceptibles de contribuer au développement économique et la création d'emplois dans son pays. Sur le plan institutionnel des pays qui vivent de la rente pétrolière et gazière, cette crise devrait être également l'occasion pour la puissance publique de réviser de manière positive le mode de ses relations avec les citoyens. Cette révision passe par la simplification des démarches administratives, l'humanisation de l'administration dans ses rapports avec les citoyens, une meilleure transparence dans la gestion publique accompagnée d'une « dé-bureaucratisation », en donnant plus de responsabilités aux élus locaux mais aussi aux citoyens à tous les échelons où ils sont susceptibles d'intervenir. Il serait ainsi judicieux et profitable d'exploiter positivement cette crise pour provoquer de nouvelles formes de solidarités et d'expression. Les modes d'expression pourraient ainsi être élargis et diversifiés à la fois, avec un rayonnement du phénomène associatif social et culturel capable d'oxygéner l'idée d'un « consensus national et citoyen» pour des solutions aux principaux problèmes qui se posent à la Nation. Parmi ces problèmes, figure au premier plan, dans certains pays, la nécessité de comprendre que la crise suppose que chacun consente à faire des sacrifices, en fonction de ses moyens, et admette que l'État ne peut pas tout faire parce que chaque citoyen représente aussi une parcelle du pouvoir de l'État. Ce pouvoir lui conférant démocratiquement la liberté d'exprimer son attachement aux causes d'intérêt national et international. * Alliance Nationale des Associations des Algériens de France |
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