Des médias
français se sont fait l'écho, cette semaine, de la mauvaise qualité de la
récolte de blé cette année dans l'Hexagone, obligeant ce pays à recourir à
l'importation, du Royaume-Uni et de Lituanie notamment. En effet, la France,
premier exportateur européen de blé, a dû acheter du blé britannique et
lituanien pour pallier la mauvaise qualité de sa récolte et pouvoir ainsi
fournir ses grands clients étrangers, l'Algérie en tête. Le port de Rouen, le
premier pour l'exportation de céréales en Europe, a reçu cette semaine un
chargement de 27.000 tonnes de blé en provenance de Lituanie et un autre de
4.400 tonnes venu du Royaume-Uni, selon un porte-parole du port cité par l'AFP.
Il y a habituellement «très peu d'importations de ces pays», a-t-il noté. A
Dunkerque, 3.000 tonnes de blé britannique ont été déchargées en début de
semaine et d'autres livraisons ne sont «pas exclues», selon Damien Vercambre, de
la société de courtage Inter-Courtage, basée dans la ville portuaire du Nord.
Selon ce dernier, il ne s'agit pas d'utiliser ce blé pour la consommation
intérieure dans l'Hexagone, mais «d'améliorer la qualité des chargements vers
les pays clients de la France, Algérie en tête, avec qui de nombreux contrats
avaient déjà été passés en prévision de la récolte de cet été», a-t-il affirmé.
La récolte française de blé pour la meunerie a été gâchée cet été par une
conjugaison exceptionnelle d'intempéries, qui ont dégradé la qualité des
grains, lui laissant peu d'espoir de trouver des acquéreurs sur le marché
international. Pour honorer leurs contrats, les exportateurs français «doivent»
donc mélanger du blé de bonne qualité au blé plus médiocre livré par les agriculteurs.
Le Royaume-Uni, qui produit habituellement du blé fourrager utilisé pour
nourrir les animaux, a bénéficié d'une météo moins mauvaise, qui lui permet de
récolter du blé apte à être transformé en pain, souhaité par les pays
importateurs. Mais la récolte n'y est pas encore terminée et «tout ne sera pas
bon en Angleterre», prévient Damien Vercambre, qui souligne que les échanges
continuent à se faire dans les deux sens. «Deux bateaux de 5.000 tonnes de blé
sont prêts à partir de Caen vers les meuniers anglais», a-t-il affirmé. En
dépit des mesures prises par le ministère de l'Agriculture pour améliorer la
production nationale en blé tendre et dur, les quantités importées de ces
céréales demeurent élevées et ont enregistré, durant les quatre premiers mois
de l'année en cours, une forte hausse de 28,24%. Selon le Centre national
d'informatique et des statistiques (CNIS) des Douanes, les quantités de blé
(tendre et dur) importées ont atteint 2,411 millions de tonnes contre 1,880
million de tonnes durant la même période de comparaison. Ces importations sont
évaluées en valeur à 780,73 millions de dollars durant les quatre premiers mois
de 2014 contre 702,41 millions de dollars à la même période de 2013, en hausse
de 11,15%, a ajouté le CNIS. Même si elles sont en régression en valeur de
0,25%, les importations de blé tendre restent nettement supérieures à celles du
blé dur. L'Algérie demeure l'un des premiers pays importateurs de blé au monde
pour couvrir une demande locale qui reste importante. Les besoins nationaux en
céréales sont estimés à environ 8 millions de tonnes/an. Le défi est de hisser
le rendement à l'hectare à au moins 30 quintaux durant les cinq prochaines
années contre 18 q/ha en moyenne actuellement, sachant que la superficie
céréalière n'a pas changé (3,4 millions ha).