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En suivant, la semaine passée, le plaidoyer-show de l'ancien président
égyptien Hosni Moubarak je me demandais si un magistrat de la grande sœur arabe
puisse se regarder dans un miroir, même pour se raser... la moustache !.
Le plaidoyer réalisé, semble-t-il, par un metteur en scène malin, conçu, peut être, par le fameux avocat au cigare cubain, pouvait être un acte banal s'il n'a pas été précédé, il y'a quelque semaines, par le procès honteux du président kidnappé, Mohamed Morsi. Morsi a été arraché de son bureau présidentiel par l'officier qui lui a prêté serment de loyauté quelques mois auparavant. Il a été présenté au juge dans une cage métallique, doublée d'une cage en verre insonore, entouré par des dizaines de barbouze, comme si il s'agissait d'un procès du king-kong, le fameux gorille du cinéma américain. Ce " deux poids et deux mesures " a été une honte pour une justice, présentait souvent comme une justice de grande valeur, intègre, honnête, et culminante (CHAMIKHA, à rappeler le qualificatif des montagnes algériennes citées au premier refrain de notre hymne national) Ce qui s'est passé au pays frère depuis juin 2013 n'est qu'une Contre Révolution en bonne et du forme, quelques soit la garniture tape-à-l'œil qui cache sa réalité, qui n'est qu'un décore démocratique conçue pour faire plaisir aux supporteurs occidentaux et faire taire les O.N.G. des droits de l'homme. Un flash back rapide s'impose pour rappeler les dessous de la carte. C'est le 11 février 2011, le jour de la fin de règne de Hosni Moubarak Le vice présidant de l'époque, feu Omar Souleimane, n'avait pas prononcé, dans sa très courte déclaration radiotélévisée, le mot " démission " ou " abdication ". Il avait indiqué seulement que le président a décidé de " se décharger " (Takhalli) de la " fonction " présidentielle, et il a " chargé " le Haut Conseil des Forces Armées de " gérer les affaires du pays ". Moubarak, toujours donc président de la République, il aura passé quelques semaines à sa résidence officielle de Charm El Cheikh, en attendant l'avortement de la révolte, grâce à une manipulation machiavélique des hommes d'affaires archi-milliardaires et super puissants, des chefs de la police politique impliqués dans la répression, des bribes du parti gouvernemental pourris jusqu'au cou, et, bien entendu, sous la protection et même l'orientation du HCFA. Ce scénario n'est pas loin du scénario suivi par Ben Ali avant le sursaut des valeureux juristes tunisiens, parce qu'il y'a des juristes et des juristes. Moubarak s'est installé à Charm, entouré par toute sa famille, pour suivre les événements de près, mais en étant suffisamment assez loin. Les proches collaborateurs du président, car il était toujours le Président, n'avaient pas quitté le siège de la présidence au Caire. Le super puissant, Zakaria Azmi, s'est cloitré dans son bureau, pour rester en contact permanent avec Moubarak d'un coté, et les centres de pouvoir de l'autre. Il pouvait se débarrasser, éventuellement, de tout document compromettant Le cafouillage qu'a connu le pays pendant les premiers mois de 2011 était bien orchestré par le " HCFA ", qui n'a pas ordonné des mesures adéquates contre les assassins de manifestants, commençant par des examens judiciaires appropriés. C'était une bouffée d'oxygène qui a permis aux ténors de l'ancien régime de se réveiller du coma causée par le tsunami du 11 février. La justice, en tant qu'institution, faisait la sieste prolongée, et répéta l'image de célèbres statuettes des trois singes. Des compagnes médiatiques ont été soufflées par certains membres du HCFA, pour dénigrer, diffamer et calomnier les jeunes révolutionnaires, en les accusant d'être à la solde des puissances étrangères, tout en essayant de conclure un marché avec certains dirigeants du courant islamiste qui ont pris le train en marche, et des pseudo Salafis infiltrés par la police politique. Après plusieurs mois, et grâce à la pression sans relâche de la jeunesse révolutionnaire, Moubarak a été présenté au tribunal, mais avec des chefs d'accusation presque humoristiques. Le procès a été conçu essentiellement pour servir d'éponge qui absorbe la tension populaire et calme la colère de la place Al Tahrir. Il semblerait que certains hauts responsables arabes ont intervenus en faveur de Moubarak, peut être, murmure-t-on, par des manipulations médiatiques et politico financières. Conformément aux données révolutionnaires, les chefs d'accusation contre Moubarak devaient être conçus pour se limiter à une charge principale, celle qui a causé la révolte populaire contre son règne, à savoir, ne pas avoir honoré son serment solennel de protéger l'intérêt supérieur de la nation. Déduction, la charge serait : " la haute trahison ". En passant en revu l'exercice du président Moubarak, notamment dans les deux dernières décennies, nous constatons qu'il a réduit l'Egypte en un petit pays qui se contente de jouer le rôle de gendarme qui protège Israël des immigrées africains, en appliquant, au même temps, une politique d'étranglement de la résistance palestinienne. Les israéliens ne se gênaient pas en déclarant que Moubarak est leur trésor stratégique. Au début des années 90, Moubarak a joué un rôle principal pour assurer la couverture arabe de l'invasion américaine de l'Irak. Son rôle au sommet de 10 août a été plus que dégoutant. Je dois signaler ici, pour mémoire, que le président Chadli Bendjedid a essayé, seul, à éviter la destruction de l'Iraq. Certains pays arabes avaient saboté sa démarche, au point qu'un pays frère n'a pas autorisé l'avion présidentiel à atterrir à son aéroport. Sur le plan intérieur, et sans évoqué le désastre économique, Moubarak a réduit la grande Egypte en une pseudo-république royale, en préparant son fils à sa succession, suivant l'exemple de Hafez El Asad, Omar Bongo et Kim Il Song. Tout cela montre le rôle vicieux joué par le HCFA, avec la complicité du système juridique corrompu jusqu'au cou, et de l'ensemble des médias, trop bien connues par son attitude mercenaire. Mais les charges retenues contre Moubarak étaient beaucoup plus loin de la haute trahison. Les centaines de martyrs et de victimes des tirs ciblés, qui visaient précisément les yeux et les poitrines, seraient donc des bavures, ou des suites regrettables !! dues à des excès de zèle policiers, difficiles à éviter en cas d'émeutes. Parce qu'il s'agissait d'une émeute, comme a dit l'avocat au cigare cubain. A croire que certains voulaient que l'Egypte, non seulement fasse preuve d'indulgence envers le président, mais le félicite de son courage, en le suppliant de rejoindre son fauteuil à " Kasr El Ouroubah ". C'était le sens du dernier plaidoyer de l'ancien Raïs Faut-il rappeler que des sommes colossales ont été dépensées pour organiser des manifestations devant le tribunal de Moubarak, avec des banderoles géantes qui demandâmes, non pas les excuses du président mais son pardon. L'expression " Assfine ya Raïs " (nous sommes désolée monsieur le président) frôlait le ridicule, mais il était bien évident que les organisateurs de ces manifestations ont reçu le feu vert, ou même des instructions formelles d'une instance supérieure influente, qui ne pouvait être que le HCFA. Pour rester dans la ligne de cette analyse, il faut se rappeler que les supporteurs de président Morsi étaient toujours sujets à une chasse à la sorcière. Des massacres ont été perpétrés contre les manifestants pacifiques. Des condamnations à mort par centaines dans un quart d'heure. Des condamnations de 10 ans fermes pour des lycéennes de 16 ans. Un autre exemple d'une justice qui a perdu le sens de la justice L'autre élément de cette trilogie métisse était le comportement mesquin de Moubarak, qui était une honte même pour un président d'une république bananière. Avant le jour du procès, les égyptiens étaient bombardés par des informations indiquant que les jours du Raïs sont comptés. Moubarak est arrivé au tribunal sur un brancard, encadré par ses gorilles. Dans la cage prévu pour les accusés il resta allongé pendant toute la duré du procès. Ça a été tellement évident qu'il s'agissait d'une tentative maladroite d'apitoiement, qui espérait la sympathie du public et qui tentait d'encourager les manifestants larmoyants devant la cour. Même ceux qui n'aiment pas Moubarak souhaitaient pour le successeur de Ramsès II et de Gamal Abdel Nasser d'entrer au tribunal, marchant, même péniblement, la tête haute, un comportement digne du héro de la guerre d'octobre, comme le présentait souvent les mercenaires de la presse égyptienne. C'était malheureux de constater que l'ancien président, bien qu'il fût, médicalement, en bon état de santé, était, politiquement, inconscient de ses obligations présidentielles, jouant une comédie indigne de l'officier supérieur qu'il fût, et de l'Egypte toute entière. L'état de santé de Moubarak n'a pas été pire que l'état de santé de Göring à Nuremberg, de Pétain à Paris ou même de Saddam Hussein, torturé et humilié à la zone verte de Bagdad, mais qui a tenu à avoir la tête haute devant la potence, en récitant " al Chahadataïne ". Ceux qui ont suivi le procès de Morsi, et son attitude digne et militant, ont gardé de ce procès misérable des souvenirs amers de l'attitude du magistrat, qui n'avait rien d'un juge impartial, mais plus tôt d'un adversaire grossier qui profita de l'enchainement d'un prisonnier sans défense pour l'insulter, oubliant que celui là, et avant d'être son ancien chef d'état, est un professeur universitaire. Le sinistre juge avait l'air d'un bourreau qui réglait des comptes personnels. Après la chute morale et professionnelle des média et de l'opposition de parade vient la chute de la justice, qui n'est plus " Chamikhate ". Dommage, cette contre révolution a éclaboussé l'image du coup de Pinochet 1973, qui avait, au moins, un projet de société. * Docteur |
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