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Simple évidence triviale ou bien exercice de style, mais pour revenir, il faudrait y avoir été. Pour ce faire, je choisis de rentrer en Tunisie par voie terrestre, et je me décidais pour le poste du petit village qui fait frontière entre le Sud révolté de la Tunisie et son Nord-Ouest trop souvent marginalisé sous l'autocratie Ben Ali: Kalaat Sennan, au Sud du gouvernorat de la ville historique du Kef. C'est un petit village bien orienté, mais où la désolation qui couvre l'espace vital et le désoeuvrement de ceux qui y vivent sont criards et manifestes. Au centre du village, se dresse le minuscule siège de la cellule du Rassemblement Constitutionnel Démocratique, embrasé, demeure encore presque fumant depuis plus de six mois après la révolte du 14 janvier 2011, et son incendie par les révoltés du village. Presque mitoyen le siège de la municipalité quant à lui a subi quelques dégâts et peu de dégradations. Dirigé par un comité provisoire communal accueille des citoyens de la commune, ce vendredi 15 juillet. Par contre en face, le siège de la Mou'tamadia- la délégation-, ou ce qui équivaut à la Daïra, en Algérie. Porte toujours les stigmates de la violence de l'attaque. Il a du recevoir moult furieux assauts, pour que les dégâts qui en témoignent, soient aussi éloquents et expressifs. La bâtisse, toutes ses portes et toutes ses fenêtres sont noires de suie. Elle était avant sa carbonisation, peinte de blanc et de bleu. Toute la rage de la marginalisation, de l'exclusion, du déni des plus simples droits de la personne humaine est inscrite sur ce qui reste de la présence de la représentation de l'Etat central affirmer par cette battisse. La cour de l'édifice qui fut sûrement, dès le 14 janvier 2011, le théâtre du défoulement de deux générations victimes de d'exactions, de privations, de méconnaissances, de répressions physiques et surtout morales, garde les flétrissures. La Tunisie est indépendante depuis le 20 mars 1956, cependant, celle-ci ne vaut équitablement pas pour tous les tunisiens. Il y a d'un coté, la Tunisie utile, celle du Sahel et de la manne touristique, celle des régions agricoles à hauts rendements comme Béja, et celle des privilégiés du bassin phosphatier de Gabès, et enfin l'exception sfaxienne, cette mégapole portuaire du centre Est du pays, qui compte près de 500 000 habitants avec sa proche périphérie et qui a toujours concurrencer Tunis, jusque que dans ses plates bandes, par l'habileté entreprenariale de ses habitats et de leur diverses richesses. Et de l'autre, celle qui ne l'est pas : la Tunisie des laissés pour compte. Juste après le carrefour placette du village d'El Kala'a, comme l'appellent ses résidents, sur la route qui mène vers Tadjerouine, un véhicule de l'armée tunisienne, avec à son bord un officier et ses hommes, est stationné. Mais la tension semble quelque peu émoussée. En chemin vers la ville du Kef, je croise un autre véhicule militaire de même type que le premier, avec le même équipage en patrouille. À Tadjerouine c'est une journée de souk hebdomadaire, où les traces de la révolte, du moins sur l'artère principale, sont minimes. Réputé pour ses cavaliers cette petite ville, avait à son entrée Nord érigé une statut, en leur honneur. Le fier cavalier sur sa monture, qui leur rendait hommage, avait été étêté, durant les émeutes. Et il le demeure. Arrivé au Kef, j'emprunte la côte qui mène vers les bâtiments officiels les plus importants de la ville. Première image frappante, celle du commissariat principal de la grande ville du Nord-Ouest de l'Etat policier de Ben Ali avait été saccagé et incendié avec férocité. Une dizaine de véhicules de police aux carcasses calcinées sont entassés les uns sur les autres dans la cour intérieure du bâtiment, dont la porte principale d'accès avait été et reste murée grossièrement avec des parpaings. Aucun travail de réhabilitation n'y a été entrepris. Est-ce faute de moyens financiers, sinon la peur de la réaction de la population, ou bien une catharsis ? En tous les cas l'édifice a subi des dégâts proportionnels, à ce que les révoltés du 14 janvier, lui attribuent, comme sources et outils de toutes les répressions policières, qu'ils ont endurées des années durant. Le siège du gouvernorat -wilaya- qui le jouxte presque, ne semble avoir souffert d'aucun dégât visible. Il a dû être protégé. Mais en artistes les Kefois ont exprimé leur mécontentement par des centaines de tags et de graffitis sur ses murs blancs. Les deux grandes portes du bâtiment sont fermés et protégées par des mètres de fil barbelé. Dans la cour sont stationnés deux véhicules militaires, et la tension demeure perceptible. Un peu plus se dresse majestueux l'hôtel phare de la ville, dont il porte le nom romain: Sica Veneria. Cet établissement hôtelier, géré par un particulier avait été la cible des révoltés du 14 janvier 2011, et il en garde les marques de la fulgurance de la calcination de tout ce qui s'y trouvait. Y aurait-il eu des règlements de comptes à l'ombre de la révolte, dans l'antre de l'antique ville, qui durant la guerre de libération de l'Algérie, fut une zone de transit et de repos de centaines de milliers des moudjahidine de l'A L N ? A coté de ce décor post révolte, la vie se déroule normalement, avec, et c'était nettement visible, la pression policière en moins. Cette partie frontalière de la Tunisie a toujours entretenu une économie souterraine, avec sa vis-à-vis algérienne, qui a évolué selon la demande du marché local. Ce qui m'a rassuré, moi qui venais d'Algérie la tête pleine de rumeurs de braquages et d'agressions de touristes, sur les routes de Tunisie. Après l'agneau algérien, contre la fripe et les pâtes, elle s'est reconvertie depuis quelques années, dans la contre bande des carburants venus d'Algérie. Ces dernières années des cortèges incessants de jeunes et moins jeunes tunisiens à motocyclette à moteur de moins de cinquante centimètres cubes, caparaçonnées de quatre jerrycans de 25 litres chacun, font le va et vient, entre Kalaat-Sinan et Taderjouine pour livrer ces carburants algériens, qui alimentent un marché parallèle en Tunisie et qui aux dernières nouvelles confirmées fournit également le marché libyen déstabilisé par ce qui s'y passe, comme troubles. Depuis la révolte tunisienne les carburants d'Algérie ne sont plus chargés sur des petites motos, mais sur des véhicules utilitaires d'une grande marque japonaise, j'ai vus pleins à craquer de ces bidons en plastique de 50 litres, faire ces mêmes ininterrompues rotations, au su et au vu des services de police tunisiens. Dans un petit village entre le Kef et El-Krib, dénommé Bohra, au moins la quantité que peut stocker uns station service normale de distribution de carburants, est exposée à la vente sur le bas côté de la route, aux automobilistes, dans ces jerrycans. Le marché algérien des carburants, de surcroît importés, est bel et bien et sauvagement saigné à blanc, par des trafiquants frontaliers. Je l'ai personnellement vérifié. Sur la route en chantier, jusqu'à Medjez-El Bab, pour rejoindre l'autoroute, Béja-Tunis, peu de véhicules algériens contrairement aux années précédentes. Tunis par le Nord, semble préoccupée par ses embouteillages, ses klaxons, et le non respect de la signalisation routière encore moins de la priorité. Il y a de l'indiscipline et de l'incivilité dans les comportements, qui n'ont auparavant jamais étaient aussi manifestes et ostentatoires. Si l'Etat tunisien à un genou à terre, la presque totalité de ses institutions sont K.O debout à l'image de sa police, jadis fortement présente en uniforme et en civil, elle a disparu. Elle éprouve du mal et émerger après la révolte, tellement elle traîne un lourd passif répressif et beaucoup de bruyantes casseroles. Elle continue de culpabiliser. Durant la pose à Tunis, j'ai vainement cherché des signaux, des discours qui donneraient un sens à la révolte du jasmin. Vers la ville de Sousse par l'autoroute, et pour prendre la température, l'escale à l'aire de repos de Sidi Khelifa, m'informa sur l'ambiance. J'ai rencontré beaucoup de tunisois, et de tunisiens vivants à l'étranger, se rendant dans les nombreuses stations balnéaires de Nabeul, Hammamet, Sousse et Mahdia. La Tunisie en été est en villégiature, les traditions et les usages sont respectés. Arrivé à la perle du Sahel, plusieurs indicateurs m'interpellent. Il a peu ou presque pas d'algériens, par contre la présence des libyens est forte. Des véhicules immatriculés dans la Jamahyria, ont envahi la cité, c'est le rush. Mais la ville parait insouciante et semble s'en accommoder. La révolte n'a pas la même teneur, ni les mêmes parfums encore moins les mêmes odeurs comme dans le Nord-Eest du pays, que je venais de traverser. Si ailleurs la révolte a effectivement été réelle, sa perception à Sousse est conceptuelle. D'ailleurs la seule trace des évènements dans la capitale du Sahel, se résume en l'incendie de villa de la sœur de Zine El Abidine Ben Ali, Hayet, située à Chatt Mériem, dans la banlieue Nord de la ville de Hammam Sousse. Ainsi que celles mitoyennes de ses deux enfants qui se font face. les portes des trois villas ont depuis été sommairement murées avec des parpaings. L'attaque, le pillage et l'incendie des trois villas avaient commencé selon des témoins de 23 heures, le 14 janvier 2011 jusqu'au lendemain, 15 janvier, treize heures. Un autre signe qui rappelle le passage de la révolte, c'est l'austérité qui entoure la propriété de Ben Ali, située sur le grand boulevard du 7 novembre de Hammam Sousse, rebaptisé boulevard du 14 janvier 2011, qui jadis était gardée 24 heures sur 24, par des hommes à forte corpulence, aux costumes sombres et portant des lunettes noires, et où stationnaient en permanence des limousines noires. Le gazon qui ornementait l'entrée de la villa, a jauni et flétri, faute d'entretien depuis le départ de ses occupants. Selon des indiscrétions, la maison était occupée par la première épouse du président fuyard, Naima El Kéfi, fille du premier général de l'armée tunisienne Mohamed El Kéfi. Selon des discussions que j'ai eues, avec des gens du pays, la révolte au Sahel est idéalisée. Partis Ben Ali et les consorts Trabelsi. Tout semble subitement devenu à portée de mains. Toutes les libertés et mêmes les transgressions deviennent accessibles. Les hôteliers, à la tête de ceux qui font l'économie de la ville de Sousse, ne sont pas inquiets, ils sont entrain de se liguer, contre les deux extrêmes me dira l'un d'entre eux. Contre les islamistes qui feraient fuir les touristes et contre les communistes qui déclencheraient des grèves intempestives et au plus fort de la saison touristique. Court sur pattes, cette approche, mais ils y tiennent, au sein de leur alliance démocratique républicaine. Pour le moment en pleine saison ils essaient de canalisés les riches réfugiés libyens, qui s'installent pour la période estivale. Et qui retourneraient en héros en Libye dès la fin des hostilités, et qu'importe qui en sera le vainqueur. Pour ceux de la profession touristique à Sousse, c'est un dilemme, ils ont besoin de l'argent des libyens, pour sauver leur saison, mais ils contestent leurs comportements. A ce propos l'hebdomadaire Réalités dans son numéro double 1335/1336 du 28 juillet au 11 août 2011, rapporte dans sa page 60, sous le titre: « Djerba à l'heure libyenne». Ceci :«?, selon les djerbiens, le comportement des libyens laisse beaucoup à désirer. Leurs jeunes se soûlent et vont draguer les filles et les femmes autochtones sur la corniche. Certains conducteurs envahissent les rues et font des manœuvres dangereuses et des zigzags mettant en péril la sécurité des automobilistes. Une fois un serveur tunisien a refusé de servir un libyen. Furieux, ce dernier a pris sa voiture et a foncé sur le restaurant dans une tentative d'écraser le bon homme. Il l'a sérieusement blessé». A Sousse même, le commissariat central de la ville ne désemplit pas de plaignant de ce genre de tracasseries. Dans un bureau situé à son entrée, un policier en civil qui entendait sur procès verbal, deux jeunes gens menottés et une jeune fille, donc présumés potentiellement coupables, n'a pas hésité un moment, quand l'un des deux jeunes avait demandé une cigarette. Il en offrit de son propre paquet aux deux et se leva de son bureau pour leur donner du feu. Scène inimaginable, il y a, à peine quelques mois, en plus du fait qu'il est interdit de fumer dans à l'intérieur des bureaux des institutions publiques. Toujours présent dans ce commissariat, quand se présenta à ce même bureau des auditions, un homme qui s'annonça, comme haut fonctionnaire algérien, en vue de déposer plainte pour agressions physiques et verbales,contre un groupe de jeunes,qui l'avaient outragé, pour un banal accident de la circulation. Quand il avait formulé le vœu de s'entretenir avec un officier de police, un policier lui demanda de s'asseoir sur le banc de la salle d'attente, en fait le hall d'entrée, et d'attendre son tour pour déposer plainte. Façon de lui signifier que tous ici, étaient traités pareillement sans distinction aucune. En réalité ce n'était pas du mépris de la part de ce policier, mais à l'image de son institution, il demeurait tétanisé par ce qu'avait produit la révolte subite du 14 janvier 2011, comme effets paralysants sur toutes les institutions du pays, et l'institution policière de triste mémoire en particulier. Les policiers tunisiens semblent être prêts à toutes les concessions, pour se faire pardonner, se repentir et faire pénitence. Surtout se faire oublier, par les tunisiens, malmenés, il cherche du répit à n'importe quel pris. Exercice difficile de passer du jour au lendemain, avec la même composante humaine, les mêmes réflexes, les mêmes attitudes d'une police lourdement répressive et liberticide, à une police républicaine respectueuse des lois et règlements, protectrices des libertés publiques et individuelles. Ce schéma ne produira que des effets négatifs, sur l'institution et sur ses missions sensées désormais être protectrices des droits de la personne humaine. D'ailleurs les conséquences de cette léthargie se déclarent un peu partout sur le territoire tunisien. Des fermetures de routes par des citoyens ont eu lieu pour manque d'eau dans les robinets durant cinq jours. Une recrudescence de constructions illicites d'habitations sans pareille est signalée un partout à travers tous les coins de Tunisie, alors qu'auparavant, rien ne se faisait en matière de construction, sans l'aval des municipalités. Egalement des conduites que l'on croyait disparues, depuis 1956, refont surface. Il s'agit des affrontements tribaux, que la Tunisie pensait avoir éradiqués. Des violences inter-claniques, qui ont vu l'utilisation de part et d'autre d'armes à feu et d'armes blanches, se sont soldées par la mort de 11 personnes et par une centaine de blessés, des deux tribus, à Metlaoui, dans le bassin minier de Gafsa. Ce qui avait nécessité l'instauration d'un couvre en juin 2011, dans la ville de 16 heures à 06 heures locale. La gestion de plusieurs fronts peut mettre à mal, la période transitoire que traverse la Tunisie. S'attaquer au politique et à l'économique de cette phase, est déjà pour l'équipe au pouvoir, compliqué, faire face à une demande sociale, par définition grandissante, ne peut que rudoyer et fragiliser le gouvernement. La Tunisie a-t-elle les ressources nécessaires, pour engager ces combats, qui lui sont finalement imposé ? La plus insignifiante des carences, la moindre défaillance dans ce domaine, sera exploitée, par les 100 nouveaux partis déclarés, les islamistes y compris, dont les affaires sociales, sont le terrain de prédilection et la sphère propice aux recrutements. C'est pareil pour les promoteurs des 145 autres formations politiques, qui n'ont pu avoir d'agréments pour diverses raisons, d'exploiter en leur faveur, ce filon des mécontentements populaires. L'espace politique tunisien connaît l'effervescence, la frénésie et l'agitation des lendemains de bouleversement de l'ordre établi ancien. Mais de l'avis des meilleurs observateurs et de certains acteurs de la vie politique, la Tunisie, ne peut-être gouvernée qu'au centre, c'est-à-dire qu'elle n'acceptera aucun des extrémismes. C'est une façon de voir combien même cautionnée par des connaisseurs, elle demeure soumise à plusieurs inconnues. Le pari à tenir semble difficile dans un pays, où jusqu'à hier tout était amalgamé et se confondait avec la personne du président : la République, l'Etat, la Nation et le Parti. Qu'il s'agisse de Bourguiba ou bien de Ben Ali, le système s'était reproduit. Par ailleurs la nouvelle loi électorale tunisienne prévoit un mode de scrutin à la proportionnelle, c'est-à-dire un mode de scrutin qui vise à donner à chaque parti politique participant à l'élection, un nombre de sièges proportionnel au total des suffrages qu'il aura obtenu sur l'ensemble d'un territoire donné. Ce qui ouvre la voie à tous les partis d'espérer être représentés, à la constituante lors des élections du 23 octobre 2011.Dans son essence ce mode de scrutin n'est exclusif puisqu'il a été inventé pour permettre une large représentation de différents courants politiques. Cependant il sera réellement difficile dans une pareille assemblée constituante issue de ce mode de suffrage, de trouver un consensus minimum, des ententes, des accords et des convergences quant au projet de société que devrait refléter la prochaine constitution tunisienne, considérant les différences idéologiques et philosophiques qui y seront représentées. Ne préjugeant de rien et attendant pour voir. Car en tunisie, la société civile bien que longtemps bâillonné, existe et se fait entendre. D'ailleurs, même si la majorité des tunisiens tente de se convaincre et de convaincre, que c'est tout le peuple qui a fait la révolte. L'histoire qui ne peut se refaire et se réécrire, atteste que ce sont les avocats de tunisie, qui au péril de leurs vies, avaient affronté le système Ben Ali, avant que le peuple ne suive. Les femmes également dans leurs diverses associations et corporation pèseront assurément sur la configuration du prochain projet de société tunisien. Par ailleurs l'élite et l'intelligentsia dans ce pays ne sont pas en reste. L'élite même expatriée, n'a jamais coupé les ponts avec son pays, même aux pires moments de la chasse aux sorcières. Qu'il s'agisse de Mohamed Talbi, de Hichem Djaïet, du regretté Mohamed Charfi, de Abdelmadjid Charfi, de Yadh Benchour, de Hammadi Redissi, de Fethi Benslama, de Radja Benslama, de Saloua Charfi, et bien d'autres plus nombreux encore, de renommée internationale, et qui ont suivi dans leurs parcours la tradition intellectuelle de Tahar El Haddad, pour participer efficacement dans les débats publics nationaux. Quant à l'intelligentsia, elle contribue et anime à travers les trois chaînes de télévision publiques et privées des débats de haut niveau, et à des tables ronde d'une facture intellectuelle et académique savante et experte, mais pratiquement accessibles à tous. Cela va du philosophe Youcef Seddik à l'érudit poète Moncef Louhaïbi. Pour ne citer que ceux là. Tous ceux là feront sans doute contre poids à toutes les dérives qui se présenteraient au nom des divers jusqu'auboutismes et excès doctrinaux et dogmatiques, pour asseoir une société démocratique en Tunisie. Sur la route du retour, après avoir de visu, vérifié que la rumeur démesurément colportée par le qu'en dira-t-on, par le téléphone arabe et par téléphone portable aussi, avait privé des Algériens de se rendre en Tunisie. Je passais à rebours, chemin faisant, de la Tunisie utile à celle du dénuement, de la détresse et des privations qui attend que se réalisent tous rêves et toutes ses espérances par la grâce de cette révolte. Dans un café à Tadjerouine, en ultime halte de rafraîchissement, avant de retourner en Algérie chez moi, des jeunes en rigolant me disaient attendre que Monsieur Béji Kaïd essebsi, daigne leur partager le mur de liasses d'argent et tous les trésors découverts chez Ben Ali, que la télévision avait montré au monde entier. Mais quand je leur avais dit, que le premier ministre lui-même, avait refusé d'être rétribué pour sa fonction, et qu'il remplissait sa mission bénévolement. La rigolade fut plus bruyante, qu'elle tira tout le café de sa torpeur de l'heure de la méridienne. Et tous me dirent qu'il était fou. C'est cela aussi la jeunesse, à fortiori recluse dans une région où il ne se passe presque rien, et dont le seul horizon est l'expectative. Heureux de rentrer et de retrouver mon pays même de retour de vacances, j'eus un mal fou à me procurer un demi plein de gasoil, ni à Ouenza, encore moins à Souk-Ahras où toutes les stations service, sont prises d'assaut par une queue d'automobilistes qui attendent une hypothétique arrivée de carburant. Fallait-il faire le plein en Tunisie avec du mazout venu d'Algérie, pour arriver chez moi? |
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