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Le mysticisme de
ce patriarche biblique serait-il à l'origine de ce conflit israélo-palestinien,
vieux de quelque 4.000 ans (?) d'histoire, savamment orchestré par une glose
discriminatoire mettant en scène le général philistin Goliath et son rival
David, un enfant de 12 ans ?
Pour tenter de saisir la genèse de cette inique histoire de dépossession d'un peuple de sa terre, notre argumentaire se veut restrictif aux arguties de l'irrédentisme mythique et, évidemment à sa matrice religieuse dans laquelle celui-ci se meut, la bible. Une voix arrache Abraham à son pays natal Ainsi écrivait André Chouraqui, ce natif de Tiaret, portant à la fois l'écharpe et le chasuble «l'histoire du judaïsme sera celle d'une trinité : le message, ici, est inséparable du peuple qui le reçoit et, celui-ci ne se conçoit que par rapport à sa terre. Alliance d'autant plus contraignante qu'elle est indissoluble... l'histoire trahirait en sacrifiant l'un des termes de l'alliance.» (A.Chouraqui, Histoire du Judaïsme. Ed. PUF. rééd. 1986. pp 5-6). Cette effusion lyrique de notre cher Chouraqui, auteur d'une thèse de Doctorat de droit en 1948 sur :»La création de l'état d'Israël», part de cet onirisme euphémique : «Une voix arrache Abraham à son pays et à ses idoles pour le conduire vers la terre sainte, et faire de lui, le père d'une révolution décisive». (Id. p.10). Les cinq premiers livres de la bible, le pentateuque : la genèse (Gn), l'exode (Ex), le lévitique (Lv), les nombres (Nb) et le deutéronome (Dt), furent, semble-t-il, rédigés par le prophète Moïse entre l'an 1657 et l'an 1473 avant notre ère dans le SINAÏ pour la quasi totalité des quatre premiers, et le dernier dans les plaines du MOAB, portes du Sud-est de la Philistine antique. Cependant, ce pentateuque est considéré comme une oeuvre apocryphe par une diserte exégèse. Selon l'encyclopédie : «Dès le XVIIe s. de notre ère, des exégètes, notamment Richard Simon, estiment impossible d'attribuer la composition de ces cinq livres à un seul auteur. On en est venu à considérer le pentateuque comme résultant d'une fusion de quatre traditions ou «documents hébraïques», d'âges différents, élaborés entre le IXe et IVe s. avant JC.» Sigmund Freud, ce génie juif, père de la psychanalyse, dénia toute hébraïté à ce prophète et écrira dans «Moïse et le monothéisme» (Ed. PLON. 1939) que celui-ci est égyptien, c'est-à-dire de descendance pharaonique, et ne peut être assimilé aux sémites. Il fait remonter son existence vers le XIIIe - XIe s. avant notre ère. Au plan étymologique, le mot «Hébreu» pour Freud et Chouraqui, ne provient pas de la même source linguistique. Pour le premier, «Hébreu» est substantivé du verbe arabe « ?ABARA», franchir, passer. Pour le second, il dérive de sources cunéiformes «HABIRU» et, désigne ces groupes sociaux «d'émigrants, de laboureurs, d'esclaves et de mercenaires, qui apparaissent en Babylonie, en Assyrie, en Asie mineure, en terre sainte...» (Id. pp 10-11). En fait, tous ces déclassés sociaux ou ce lumpenprolétariat de l'époque, chassé par les famines, les maladies et l'oppression politique dans le Moyen-Orient de la protohistoire, est à la quête d'une terre d'asile. Le substantif «hébreu» surgit subitement pour une première fois dans la bible (Gn.14:13) : «...un homme qui s'était échappé, vint informer Abram, l'hébreu. Il résidait alors parmi les grands arbres de Marmé, l'Amorite ...». On le retrouvera avec la quatrième génération d'Abraham, dans le pays des Pharaons, avec notamment Joseph, fils de Jacob. Pour Chouraqui, ce chantre du sionisme, au commencement était Abraham : «... l'histoire religieuse et nationale d'Israël commence avec Abraham, vers l'an 1750 avant notre ère.» (Ibid.) L'encyclopédie situe l'existence de ce personnage biblique vers le XIXe s. avant notre ère, quant d'autres le font remonter encore plus loin. Mais, qui est en fait ce père géniteur d'Israël ? De son nom initiatique Abram, Abraham est né selon la bible à UR en Chaldée (Babylonie) : «...et Térah vécut soixante-dix ans, après quoi, il devint père d'Abram, Nahor et de Haran.» (Gn.11:26). Et c'est au verset 11:31 de la genèse, que le récit biblique cite clairement l'intention du père d'Abraham d'aller au pays de Canaan. «Après la mort de Haran à UR, Térah prit Abraham son fils, Lot, fils de Haran, et Saraï, sa belle-fille, femme d'Abraham, pour aller au pays de Canaan.» Cette intention va se transmuer par la suite, après la mort du père, en oracle pour le fils. Le père d'Abraham, Térah mourut à Haran, une région au Nord de Chaldée, selon une graphie biblique. C'est à ce moment là, qu'un Dieu du nom de JÉHOVAH (YAHVÉ) dit à Abram dans des termes durs, à peine voilés : «Va-t-en de ton pays et de ta parenté et de la maison de ton père vers le pays que je te montrerai.» (Gn.12:1) Lequel ? Dieu ne le dit pas pour l'instant. Mais cet oracle venu du ciel, arrive un peu tard, pour un Dieu omniscient et omnipotent, car notre compère Térah l'a bien devancé dans ce sens et notre fabuleux patriarche est déjà loin de chez lui, en route vers le pays de Canaan. «Et ils finirent par arriver au pays de Canaan; puis Abram traversa le pays jusqu'à l'emplacement de Sichem, prés des grands arbres de Moréh, et en ce temps-là, le cananéen était dans le pays.» (Gn.12:5-6) Et le récit biblique annonce alors cette sentence criminelle :»À ta postérité, je donnerai ce pays, du fleuve d'Egypte jusqu'au grand fleuve, le fleuve Euphrate.» (Gn.15:18) Mais de quelle postérité d'Abraham parle la genèse ? En effet, elle est précise à ce sujet. Abraham avait cent ans quand il eut un fils de Sara, Isaac. Sara dit à Abraham :» Chasse cette esclave et son fils, car le fils de cette esclave ne va pas hériter avec mon fils, avec Isaac.» (Gn.21:10) Agar, l'égyptienne, esclave d'Abraham et son fils Ismaël seront répudiés sur injonction de JÉHOVAH : «Que rien de ce que Sara ne cesse de te dire, ne te déplaise au sujet du garçon et au sujet de ton esclave femelle! Ecoute sa voix, car par le moyen d'Isaac que sera ce qui sera appelé ta postérité.» (Gn.21:12) Cependant, une question toute simple vient à tout esprit sain :» Pourquoi ce Dieu JÉHOVAH, esclavagiste de surcroît s'acharne-t-il à vouloir donner à Abraham ce pays de Canaan, sans le nommer évidemment, et non, son pays natal Chaldée, l'Assyrie, la Phénicie ou mieux encore l'Egypte, pays du prophète Moïse ? «Ecoutons à ce sujet, notre ami Chouraqui, ce spécialiste du sionisme, bien que ce dernier soit né tardivement :» Une histoire qui s'inscrit là comme une écharde dans la chair des hommes; si bien que le matérialisme historique devant l'énigme et le mystère, a pris le parti d'ignorer ce qu'il ne pouvait expliquer; tandis que des historiens comme Spengler ou Toynbee, ne voient dans l'affaire que déviations ou séquelle fossilisées d'âges révolus.» (Id. p. 09) Poursuivant dans ce style à vau-l'eau, notre ami Chouraqui exulte»Un peuple est ainsi élu pour en promouvoir l'ordre dans l'univers.» (Id. p. 13) Ces apophtegmes, aussi cyniques soient-ils, ont le mérite de signifier urbi et orbi l'exclusivité de la nature divine et de sa relation univoque avec ses élus humains ou vicaires, en tant qu'intercesseurs dans le système cosmique. «Israël naissant, surgit au carrefour des civilisations avancées de Chaldée et de l'Egypte.» (Id. p. 10) «Cette référence à un lieu géographique, et à une humanité bien définis, va au fond des choses : cette religion se caractérise par le mariage d'un Dieu celui du Sinaï, d'un peuple Israël et d'un pays, la terre sainte.» (Id. p. 05) La Palestine biblique était en ce temps-là atomisée entre une multitude de communautés rivales, en querelles internes permanentes, et dirigée par 31 roitelets. (Jos.12:02-24) Le pouvoir de chaque roitelet s'exerçait sur de minuscule territoire. Cette atomicité politique et sociale mènera le pays de Canaan à la catastrophe et à une histoire des plus sanglantes de l'humanité. À Babylone, la civilisation est à son summum, et le Dieu JÉHOVAH, jaloux de la réussite des hommes, décida: «de descendre voir de près la ville et la tour bâties par les fils des hommes». Il dit alors: «... et là confondons leur langage pour qu'ils n'écoutent pas le langage l'un de l'autre.» (Gn.11:07). S'agit-il d'un Dieu ou d'un Diable ? Ou tout simplement de circonvolutions linguistiques ? Que vaut de la sorte cette maxime chère au dogme chrétien: «L'arbre se reconnaît à ses fruits.» L'obsession de JÉHOVAH à spolier le cananéen de sa terre historique pour la sanctifier au profit de la postérité d'Abraham, jalonnera tous les déroulements des récits de ce qu'il est convenu d'appeler «l'ancien testament». «Lève-toi, s'il te plaît, et regarde de l'endroit où tu es, vers le Nord, et vers le Sud, et vers l'Est, et vers l'Ouest. Car, le pays que tu vois, je vais le donner à toi et ta postérité pour des temps indéfinis.» (Gn.13:14-15) «Lève-toi et parcours le pays dans sa longueur et dans sa largeur; car c'est à toi que je vais le donner.» (Gn.13:17) Obnubilé par la dépossession du cananéen de sa terre natale, le Dieu JÉHOVAH parvint ainsi au comble de l'hystérie «Je suis JÉHOVAH qui t'ai fait sortir d'UR des Chaldéens pour te donner ce pays afin de l'occuper» (Gn.15:07). Remarquons que dans ces deux versets, la postérité d'Abraham est éludée... simple omission ou amnésie de circonstance ? Il est clair cependant que l'extermination des communautés autochtones de la Philistine antique, est en cours en ces temps bibliques. JÉHOVAH interpelle à nouveau Abraham «... et on ne t'appellera plus Abram, mais ton nom devra devenir Abraham, car je te ferai père d'une multitude de nations» (Gn.17:05) Dans ce croissant biblique: Egypte - Babylone - Assyrie -Phénicie, seule la Palestine réunissait les conditions nécessaires et suffisantes pour une colonisation humaine durable: parcellisation extrême de son système socio-politique et luttes fratricides structurelles. En quittant Haran, dans le Nord de la Babylonie, vers l'an 1675, notre patriarche Abraham avait 75 ans et, était à la tête d'une armée de quelque 318 esclaves entraînés à guerroyer. Au cours d'une bataille rangée entre 9 roitelets de Philistine, le neveu d'Abraham, Lot, fils de son frère Haran, fut pris comme butin par les vainqueurs. Une fois averti de l'évènement, Abraham «passa en revue ses hommes exercés et se lança à la poursuite jusqu'à Dan. Et de nuit, il divisa sa troupe, lui et ses esclaves contre eux, et ainsi, il les battit et les poursuivit jusqu'à Hobah qui est au Nord de Damas. Alors, il reprit tous les biens et il reprit aussi Lot, son neveu et ses biens, et également les femmes et le peuple.» (Gn.14:14-15) Voici donc notre père biblique, bien aguerri pour dominer et assujettir les minuscules royaumes de Canaan. En l'an 1785 avant J.C, c'est-à-dire quelque 110 ans avant l'arrivée de notre mythique Abraham, des sémites, selon l'encyclopédie, venus de Palestine, les Hyksos, envahir l'Egypte pharaonique. Chouraqui les assimile à des hébreux «l'effondrement des Hyksos, supplantés par les pharaons Thébains, amena une ère de persécutions pour ces «misérables étrangers» qui se souvinrent de leurs origines et de la promesse qu'avaient reçue leurs pères» (Chouraqui. op.cit. p.12) On voit bien ici que notre ami Chouraqui, connaissant bien sa leçon biblique, anticipe sur les autres promesses qui seront faites plus tard à Isaac, fils d'Abraham, à Jacob, fils d'Isaac qui deviendra par la suite Israël et enfin Moïse le «libérateur» du peuple de l'esclavage pharaonique. Nous sommes bien loin d'une thèse rationnelle dans ces dédales mythiques où le fil d'Ariane comme pour Thésée dans la mythologie grecque, reste cependant déroulé pour les esprits pourvus de lumière universelle. Avant de s'éteindre à l'âge de 175 ans au pays de Canaan, Abraham dit à l'un de ses serviteurs «_ il faut que je te fasse jurer par JÉHOVAH, le Dieu des cieux et de la terre que tu ne prendra pas pour mon fils, une femme d'entre les filles des cananéens parmi lesquels j'habite, mais tu iras dans mon pays et dans ma parenté, et tu prendras assurément une femme pour mon fils, pour Isaac.» (Gn.24:03-04) La ruse de Rébecca Isaac avait 40 ans lorsqu'il épousa Rébecca, petite fille de Nahor, frère d'Abraham. À 60 ans, Isaac eut deux enfants jumeaux: Esaü et Jacob. (Gn.25:25-26) L'affection des parents était partagée. Isaac, le père préférait son premier né Esaü et la mère, Rébecca, aimait par contre Jacob, le cadet. Nouvelle famine au pays de Canaan. Isaac décida de se rendre à Guérar, pour demander de l'aide au roi des Philistins, Abimélek. Mais, le Dieu JÉHOVAH est toujours là; il veille à la quintessence de la lignée «ne descends pas en Egypte. Réside comme étranger dans ce pays, et je demeurerai avec toi et te bénirai, car à toi et ta postérité, je donnerai tous ces pays, et j'exécuterai la déclaration sous serment que j'ai jurée à Abraham, ton père.» (Gn.26:02-03) Notre Dieu est-il un piètre géographe ? Le père JÉHOVAH semble en effet ignorer que Guérar selon la carte biblique, est au Sud-est de Ghaza, à quatre heures de marche à pieds environ de celle-ci. Cette culture de clocher, de type cléistogame et d'exclusion de l'autre, est une pratique idéologique, éminemment stratégique pour préserver l'identité des groupes lignagers. Elle vise à raffermir les liens de sang, et à consolider le système clanique. Pour avoir enfreint cette loi du groupe, Esaü le premier né d'Isaac, sera évincé a fortiori de la bénédiction divine. Il prit en effet pour femmes, selon la bible: «Judith, fille de Beéri, le Hittite, et aussi Basémath, fille d'Élon, le Hittite. Elles furent une source d'amertume d'esprit pour Isaac et Rébecca.» (Gn.26:34-35) Le récit d'Esaü dans cette logique contique est similaire en certains points à celui d'Ismaël, fils d'Agar l'égyptienne, servante de Sara. La genèse raconte à ce sujet « Jacob faisait cuire un ragoût quand Esaü revint de la campagne, et il était fatigué.» Aussi dit-il à Jacob «s'il te plait, donne-moi à avaler de ce roux, de ce roux-là, car je suis fatigué.» Jacob lui dit alors «vends-moi d'abord ton droit de premier-né» (Gn.25:30-33) Et ainsi, Esaü vendit à son frère cadet, Jacob, pour une assiettée de lentilles, son droit d'aînesse. Affaibli par l'âge et devenu aveugle, Isaac dit à son fils aîné, Esaü «... prends ton attirail et chasse du gibier pour moi ...fais-moi un plat savoureux comme j'aime... afin que mon âme te bénisse avant que je meure.» (Gn.27:03-04) Cette conversation fut écoutée par Rébecca. Elle alla donc de ce pas, voir son fils Jacob et lui raconter ce qu'elle venait d'entendre. «...va au troupeau et apporte-moi de là deux bons chevreaux de chèvres, pour que j'en fasse un plat savoureux pour ton père, comme il aime.» Jacob rétorqua alors à sa mère «Mais Esaü, mon frère est un homme velu et moi je suis un homme glabre.» «...va les chercher.» lui ordonna Rébecca (Gn.27:09 et 13) Après avoir placé sur les parties glabres de Jacob des morceaux de peau chèvre, Rébecca revêtit son enfant chéri des habits de son frère Esaü, et lui mit dans les mains le plat de mets. Jacob pénétra chez son père et dit «...j'ai fait comme tu m'as dit. Lève-toi... et mange de mon plat, afin que ton âme me bénisse.» Devant l'étonnement du père à propos de la célérité des choses, Jacob répondit «C'est que JÉHOVAH, ton Dieu, l'a fait venir devant moi.» (Gn.27:19-20) Isaac fit observer «La voix est la voix de Jacob mais les mains sont les mains d'Esaü.»(Gn.27:22) Après avoir humé l'odeur des vêtements d'Esaü portés par son frère Jacob, le père Isaac dit à ce dernier «Que les peuples te servent et que les groupements nationaux s'inclinent profondément devant toi. Deviens Maître sur tes frères et que les fils de ta mère s'inclinent profondément devant toi. Maudit soit chacun de ceux qui te maudiront et béni soit chacun de ceux qui te béniront.» (Gn.27:29) Puis il le sermonnera solennellement» Tu ne dois pas prendre une femme d'entre les filles de Canaan. Lève-toi, va à Paddan-Aram, à la maison de Béthuel, père de ta mère, et prends-toi une femme de là-bas, d'entre les filles de Laban, frère de ta mère.» (Gn.28:01-02) Pour s'opposer à cet ostracisme insidieux, notre inconsolable Esaü épousa»Mahalath, une fille d'Ismaël, fils d'Abraham.» (Gn.28:09) En route vers la maison de son oncle maternel Laban, Jacob s'arrêta en cours de chemin pour y passer la nuit. Et à JÉHOVAH alors de prôner hic et nunc»Je suis JÉHOVAH, le Dieu d'Abraham, ton père, et le Dieu d'Isaac. La terre sur laquelle, tu es couché, je vais te la donner ainsi qu'à ta postérité.» (Gn.28:13) Voilà notre seigneur JÉHOVAH récompensant l'imposture par la promesse de vol d'une terre. Si certains illuminés, comme ce fut le cas de Baruch Spinoza et autres, ont suffisamment analysé et montré la portée pernicieuse du pouvoir religieux, soulignons une nouvelle fois que la religion reste socialement ségrégationniste et politiquement une doctrine démentielle. Après avoir épousé les soeurs Léa et Rachel, filles de son oncle Laban, Jacob reçoit l'ordre de partir»Je suis le vrai Dieu de Béthel où tu as oint une colonne et où tu as fait un voeu. Maintenant, lève-toi, sors de ce pays et retourne au pays de ta naissance.» (Gn.31:13) Arrivé à quelque lieue du point de confluence du Jourdain et de l'ouadi Jabboc, selon la carte de la genèse, Jacob fit traverser à ses deux femmes, à leurs servantes, et à ses onze enfants, le gué de Jabboc. Finalement il resta seul. «Alors un homme se mit à lutter à bras-le-corps avec lui jusqu'à ce que fût l'aurore.» «Lorsqu'il vit qu'il ne l'avait pas emporté sur lui, alors il le toucha à la jointure de la cavité de la cuisse, et la cavité de la cuisse de Jacob se démit.» (Gn.32:22-25) Il lui dit donc»quel est ton nom ?» Et il dit»Jacob.» Alors il dit»tu ne sera plus appelé du nom de Jacob mais Israël, car tu as lutté avec Dieu et avec les hommes, si bien qu'à la fin tu l'as emporté.» (Gn.32:27) Cette idée de victoire de l'homme sur Dieu, sur lui-même en fait, sur ses profondes psychoses, charrie un tumulte à forte tonalité mégalomane. «...Nul humain ne doit se mesurer avec les Dieux. S'il se hausse jusqu'à toucher de son front les étoiles, ses pieds incertains n'ont d'appui nulle part et de lui se jouent nuages et vents.» Ainsi parlait GOETHE, cet «homme qui avait tout.» (Limites de la condition humaine 1779.) Poussés par de dures famines à quitter le pays de Canaan, Jacob et sa maisonnée s'établirent en Egypte. Il y passa 17 ans selon la bible. À sa mort à l'âge de 147 ans, Jacob dit à son fils Joseph»quand à toi, je te donne de plus qu'à tes frères une épaule de pays que j'ai prise de la main des Amorites par mon épée et par mon arc.» (Gn.48:22) De l'épaule aux jarrets, rien ne sera épargné pour charcuter au nom de JÉHOVAH, le malheureux pays de Canaan. Notre patriarche Jacob laissa derrière lui au pays de Goschen une descendance de 12 fils. Sa première épouse Léa lui aurait donné 6 enfants : Ruben, Siméon, Lévi, Juda, Zabulon et Issacar; les servantes de ses deux épouses, Bilhah et Zilpah 4 autres: Dan, Gad, Aser et Nephtali; enfin sa seconde épouse Rachel, soeur de Léa, deux enfants : Joseph et Benjamin. Ces 12 enfants constitueront par la suite les 12 tribus d'Israël. Une épopée de mythes s'achève, une autre se lève, mais en sus cette recrudescence de l'idéologie fascisante pour chasser le cananéen de sa terre biblique. Josué dépèce le pays de Canaan Et vint Moïse ou «C'est que je l'ai tiré des eaux.» Comme eût dit la fille de pharaon (Ex.02:10) Moïse tua un Egyptien et s'enfuit au pays de Madian (le Moab) chez le prêtre Ismaélite, Jéthro. Un jour qu'il gardait le petit bétail du Madianite dans la montagne de Horeb, il vit une flamme dans un buisson, mais voici»que ce buisson ne se consommait pas. Moïse s'en approcha pour examiner de près le «phénomène». JÉHOVAH intervint «n'approche pas d'ici. Retire tes sandales de tes pieds car le lieu où tu te tiens, est un sol saint. Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, et le Dieu de Jacob.» Pour tout de suite ajouter «sans conteste, j'ai vu l'affliction de mon peuple qui est en Egypte, et j'ai entendu sa clameur à cause de ceux qui le poussent au travail car je connais bien les douleurs qu'il endure. Et je me mets en devoir de descendre pour le délivrer de la main des égyptiens et pour le faire monter de ce pays vers un pays bon et vaste, vers un pays ruisselant de lait et de miel, vers l'endroit où se trouvent les Cananéens, et les Hittites et les Amorites et les Périzzites et les Hivites et les Jébusites.» (Ex.03:02-08) Evidemment le seigneur JÉHOVAH omet d'aviser son prophète que ce pays est constamment soumis à de terribles famines. Notre Moïse va être mué en Dieu par JÉHOVAH et son frère Aaron en prophète «voici que je t'ai fait Dieu pour pharaon, et Aaron, ton frère deviendra ton prophète.» (Ex.07:01) De miracle en miracle, du bâton transformé en serpent, à l'eau du Nil changée en sang, aux plaies, grêles, sauterelles_au décès des premiers-nés, tout est fait par le divin JÉHOVAH, y compris la noyade de Pharaon dans la mer rouge pour délivrer son peuple élu de l'esclavage égyptien. Des cailles et de la manne dans le désert pour nourrir le peuple de JÉHOVAH. Moïse passa de la sorte une quarantaine d'années pour former surtout une armée professionnelle de quelque 12 mille hommes entraînés et équipés selon les techniques pharaoniques. Les Madianites (les gens du Moab) dont leur prêtre Ismaélite était le beau-père de Moïse, seront les premières victimes d'actes génocidaires systématiques et séculaires de l'une des plus meurtrières colonisations de l'histoire de l'humanité. Écoutons pour cela, la bible»Et ils firent la guerre contre Madian, comme JÉHOVAH l'avait ordonnée à Moïse, et ils se mirent à tuer tout mâle. Mais les fils d'Israël emmenèrent captives les femmes de Madian avec leurs petits et tous leurs animaux domestiques et tout leur bétail et tous leurs moyens de subsistance, ils les pillèrent. Et leurs villes où ils s'étaient installés et leurs campements murés, ils les brûlèrent avec le feu.» et Moïse leur dit»Avez-vous gardé toutes les femelles ?... et maintenant tuez tout mâle parmi les petits, et tuez toute femme qui a eu des relations avec l'homme et gardez en vie pour vous toutes les petites filles parmi les femmes qui n'ont pas connu l'acte de coucher avec un mâle.» (Nb.31:07, 09-10, 15, 17-18) La bible parle bien de Moïse; il s'agirait peut-être d'Attila, ce roi des Huns, du début du Ve siècle de notre ère, qui dévasta la Gaule, l'Italie excepté Rome, et tout l'empire d'orient. Madian, ce coin paisible du fin fond de Palestine, était-il semblable en ce temps-là déjà à Chio, l'île des vins, l'île chère à notre poète Victor Hugo, ou bien pis, car tout Canaan sera dépecé par la horde sauvage. Et le Dieu JÉHOVAH dit à Moïse» Relève le total des prises des captifs humains et animaux domestiques... et tu devras partager les prises par moitié entre ceux qui prenant part à la bataille, sont partis en expédition, et tout les reste de l'assemblée.» (Nb.31:27) Quelques chiffres de cette razzia divine» 675.000 têtes de petit bétail, 72.000 têtes de gros bétail, 61000 ânes, 32000 femmes qui n'avaient pas connu l'acte de coucher avec un mâle... 13.750 sicles d'or...» (Nb.31:32-52) Ces passages de la bible mettent bien en relief une extermination des populations civiles sans défense. Les guerriers dirent à Moïse»Tes serviteurs ont relevé le total des hommes de guerre qui sont sous nos ordres, et pas un parmi nous n'est porté disparu.» (Nb.31:49) Pour coloniser la terre de Palestine et la purifier pour sa propriété spéciale Israël, tout est bon pour JÉHOVAH: rapts, pillages, massacres, terreurs, exterminations et esclavage. Moïse mourut au pays de son beau-père Jéthro, le madianite, mais ceci ne l'avait guère dissuadé de ne pas ravager ce pays tranquille. Ici s'achèvent les récits du pentateuque. Et c'est au prophète Josué, fils de Nun; successeur tout désigné de Moïse de poursuivre l'oeuvre de JÉHOVAH. L'ordre divin fusa alors» Lève-toi, traverse ce Jourdain toi et ton peuple pour entrer dans le pays que je leur donne à eux, les fils d'Israël.» (Jos.01:02) L'extorsion de terre Palestinienne et son partage entre les différentes tribus d'Israël seront achevés par le prophète Josué»Ainsi Josué prit tout le pays selon tout ce que JÉHOVAH avait promis à Moïse; puis Josué le donna en héritage à Israël d'après leurs parts selon leurs tribus.» (Jos.11:23) Pour clore ces pages sombres de la bible, ce passage de cruauté divine «Il (Josué, ndlr) ne laissa pas un survivant, et voua à la destruction tout ce qui respirait, comme l'avait ordonné JÉHOVAH, Dieu d'Israël.» (Jos.10:40) Dans les années 80, tandis que je me trouvais dans un espace nodal, dans le Sud-ouest français, une charmante créature me mit la bible dans les mains. À ma surprise, cet ange me dit «Elle vous sera bien utile un jour.» Elle pensait évidemment au salut de mon âme. Plus de 20 ans après, j'espère que l'idée ne lui en fût pas venue de... *Ancien élève de la fondation Juliette Gachon Faculté de géographie Constantine |
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