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La guerre est la poursuite
logique de la politesse capitaliste par d'autres moyens. La politesse
capitaliste n'est que l'autre moyen idéologique de la guerre.
Le capitalisme a transformé la vie en champ de bataille où chaque individu est devenu un soldat en guerre permanente contre tous les autres humains également métamorphosés en soldats individuels du capital. Si autrefois le champ symbolisait pour nos aïeux un havre de paix de l'existence et de nourriture, le capitalisme a transformé le champ d'existence en guerres permanentes détruisant la nourriture relationnelle humaine. L'homme contemporain, rassasié matériellement, a faim d'humanité, dévorée par le capital qui se nourrit uniquement de la production anarchique de marchandises, de l'extraction effrénée de la plus-value, de l'accumulation insatiable des profits. Loin des champs de guerres réelles répandues dans de nombreux pays, on croit vivre en temps de paix au sein d'une communauté humaine pacifiée. En vérité, sous le capitalisme, c'est la guerre permanente : au sein des entreprises, entre entreprises, au sein des pays, entre pays, au sein de la famille, entre familles, au sein de l'individu (rendu dépressif par le système), entre individus. Comme en temps de guerre où les soldats partent combattre la fleur au fusil, heureux d'être équipés de la technologie de mort, au mépris de leur vie et, surtout, de celle des autres, pareillement chair à canon joyeuse, les individus de la société moderne sont dressés, à leur insu de plein gré, à vivre en guerre permanente. Avant tout, ils sont ravis d'être de la chair à exploiter. Pour preuve : ils consentent à sacrifier un demi-siècle de leur vie dans le travail aliénant. Certes ils ne partent pas au bagne industriel ou tertiaire pour besogner la fleur au fusil, mais allégrement et benoîtement avec l'antidépresseur et l'anxiolytique dans les veines, ces béquilles du bonheur chimique, pour lubrifier les rouages ankylosés de leur machine existentielle détraquée. Comme en temps de guerre où tout le monde communie dans la fibre patriotique, sans avoir conscience d'être l'objet de manipulation politique par leurs gouvernants, ces individus vivent leur exploitation et leur oppression dans la ferveur et la liesse, au grand plaisir et bénéfice du capital. « La guerre est la souffrance des humbles, le divertissement des puissants. » Si, en temps de guerre, la norme c'est la guerre, où la promesse c'est la victoire, le moyen la chair humaine, en temps de répit d'économie « pacifiée », la règle c'est la guerre économique, la promesse c'est les gains (la plus-value pour le capital, la consommation, l'acquisition des biens pour le soldat-salarié), le moyen c'est tout un chacun (chair à exploiter). La corrélation entre les deux moments de vie similaires se niche dans l'endoctrinement culturel et pédagogique ayant balisé le chemin vers la guerre, la normalisation de la mentalité belliciste. Dans les deux contextes, la vie est un champ de bataille. Tous les matins, chaque soldat-salarié se lève pour partir (faire) à la guerre économique. Comme en temps de guerre où les routes pullulent de soldats prêts à livrer bataille, en temps d'économie « pacifiée », les soldats-salariés envahissent quotidiennement les routes avec leurs voitures (ou dans les bus) pour aller prendre position dans l'entreprise afin de mener la bataille de la production effrénée et des parts de marché, au grand contentement de sa Majesté le Capital. Si, en temps de guerre, le soldat est l'outil et le moyen de la violence déchaînée, en temps d'économie « pacifiée », les travailleurs sont l'instrument et le moyen du capitalisme débridé. Sans ces soldats salariés interchangeables, ni la guerre ni le capitalisme n'existeraient. On nous assène qu'il faut gagner sa vie à la sueur de son front. Cette maxime péremptoire consonne comme un obus avec cette recommandation militaire : il faut être fier de perdre sa vie sur le front. Dans les deux circonstances, on gagne ses galons une fois seulement avoir sacrifié sa vie sur les fronts respectivement de la sueur laborieuse exsudée par l'exploitation, et du suaire oblatif vomi par les guerres : la tombe de l'inconnu pour le soldat, la retraite tombale pour le salarié. C'est avec les prolétaires que les riches se font poliment la guerre. Mais c'est avec les guerres quotidiennes que les riches défont politiquement les prolétaires. Sous le capitalisme, l'ancien esprit de combativité a été détourné de ses fins. Comme l'avait écrit Guy Debord : « maintenant l'homme cesse de pouvoir ressembler aux combats de son père ou de son grand-père, il doit être étroitement accordé à l'image prosternée du présent éternel de la soumission à l'argent ». Victimes de cet esprit oblatif (militaire) inhérent à toute société de classe, dominée par la mentalité grégaire, les soldats salariés perdent leur vie à la gagner sur le front du travail aliénant et destructeur. Pourquoi acceptons-nous de nous lever chaque matin pour partir joyeusement à la guerre capitaliste ? Car elle est devenue la norme et la culture communes. Par la puissante force de l'endoctrinement idéologique, l'individu ne conçoit pas une autre réalité, un autre mode d'existence humain (sous le capitalisme, la barbarie, par le conditionnement idéologique des esprits, a pris le visage de l'humanité : aussi tout le monde croit que la barbarie capitaliste est la normalité). Tout un chacun appréhende la réalité uniquement par le prisme du capital logé et incrusté dans son cerveau, si on peut appeler cette chose cerveau, malléable à souhait, pour qui la promesse d'une maison, d'une voiture, d'un smartphone justifie toutes les compromissions, trahisons, dépravations morales. Même si, la maison, la voiture et le smartphone ne lui appartiendront réellement jamais, mais à la banque (qui nous vend notre existence à crédit). À l'instar de l'entreprise où il trime comme un esclave du matin au soir, elle ne lui appartiendra jamais. Au contraire, à la moindre conjoncture financière ou fluctuation économique l'entreprise le congédie comme un kleenex usagé. Pourtant, il arbore toujours de la fierté d'aliéner sa vie à une entreprise qui lui vend l'espoir d'avoir la possibilité de s'endetter pour acheter sa vie à crédit pour le grand profit des banquiers. Pauvre prolo ! Il se croit libre. En réalité il est pressuré par son patron, ses banquiers, ses créanciers. À la guerre comme à l'usine. Acheter son existence à crédit est le summum de l'aliénation. Tu crois posséder des biens, mais en réalité tu es possédé par les biens. Tu es doublement esclave de la marchandise. Tu la produis sans te l'approprier (elle demeure propriété du capitaliste détenteur des moyens de production). Tu l'achètes ensuite à crédit (elle demeure potentiellement la propriété du banquier en cas de défaillance de paiement). L'avenir incertain et chaotique est la seule perspective existentielle offerte dans le monde capitaliste. Dans cet univers impitoyable de l'économie libérale anarchique, les promesses n'honorent jamais l'avenir de leur présence. L'avenir se languit toujours de l'absence des promesses au banquet de l'existence qui rate constamment son rendez-vous avec le bonheur, valeur inconnue dans le monde capitaliste. Car il ne reconnaît qu'une seule valeur, la valeur marchande, un seul bonheur frelaté, la solvabilité. L'insécurité est le mode d'existence du capitalisme. Le capitaliste vit constamment avec la peur de la mévente, l'absence de réalisation de la plus-value. Le travailleur vit avec la hantise de la rupture de son contrat d'esclavage-salarié, nommé par euphémisme chômage. Ces épées de Damoclès suspendues au-dessus de la tête de tous les individus aiguisent leur tempérament agressif en le rendant encore plus tranchant, plus sanglant. La société devient à leurs yeux, emplis de hargne et de haine, une arène de combat, où tous les coups (bas) sont permis. La méfiance et la défiance leur sert de bouclier dans leurs frontales relations. Les échanges entre individus (car l'expression courante millénaire « relations humaines » est inappropriée pour qualifier le mode de communication usuel au sein du capitalisme) sont marqués par des rapports mercantiles. L'intérêt encadre leurs relations. La cupidité anime leurs intentions. Le profit guide leurs attentes. Comme sur un marché où dominent uniquement les échanges marchands, dans la société les relations sont également régies par des rapports marchands. On se juge. On se jauge. On évalue nos valeurs pécuniaires respectives pour décider si la relation est profitable et rentable. La suspicion commande toutes les relations. L'innocente fraternité, la gratuité sentimentale, la pureté amicale sont suspectes aux yeux de la majorité d'individus façonnés par la mentalité cupide. Pour eux, tout échange suinte le parfum d'une transaction lucrative, sent l'odeur monétaire. Y compris les relations conjugales sont désormais polluées par les rapports marchands, gangrenées par les rapports de force. Entre l'homme et la femme la guerre est déclarée. La femme veut sa revanche. L'émancipation de la femme s'apparente à un travestissement sexuel (ce sera l'objet de notre prochain texte consacré au féminisme). La belle escroquerie féministe que de célébrer l'engeance des Tchatcher, de glorifier la nomination d'une femme ministre, officier de l'armée ou de la police, directrice d'une entreprise. On découvre de quoi elles sont capables. Elles exercent leurs fonctions avec la même perversité sadique que les hommes, le même esprit de domination, les mêmes méthodes humiliantes et dégradantes à l'égard des subalternes, du peuple pour ce qui est des femmes ministres, préfètes, officiers de police. Au sein du capitalisme, la femme n'a pas accouché d'une nouvelle femme originale pétrie d'humanité et de sentimentalité féminine, mais elle s'est muée en homme. Au lieu de conserver ses légendaires affects pacifiques féminins, elle a endossé l'horrible armature prédatrice et guerrière masculine. Bien loin d'entraîner l'homme brut sur son affectueux terrain féminin, elle a occupé le territoire belliqueux mâle pour s'approprier ses funestes caractéristiques violentes et agressives. Au lieu de dépasser l'homme par le haut, elle l'a surpassé par la bassesse. Faute de pacifier l'homme par son humanité féminine, elle s'est déshumanisée par sa corruption masculine. Depuis que la femme ressemble à l'homme, l'humanité s'est dégradée et a perdu tout espoir de progrès, de rédemption, de révolution. Car la femme était l'avenir de l'homme. L'humanité devait se bâtir sur les douces et affectueuses valeurs millénaires de la femme. Même le foyer conjugal s'est métamorphosé en champ de guerre. La bataille est quotidienne. Tout est prétexte à conflits. L'amour et la paix ont été délogés du foyer conjugal. Les conflits intergénérationnels, heurts entre parents et enfants, ont également envahi la famille. La famille explose, implose, se recompose, se décompose. Le couple est devenu de nos jours une simple association entre deux partenaires, plus soucieux de fructifier pécuniairement leurs investissements sentimentaux que d'accroître leurs réciproques passions amoureuses. La rentabilité relationnelle fonde leur association maritale, fondée sur une relation martiale. Le gain financier structure leur vie de couple. Chacun est sommé de fortifier le compte bancaire conjugal au moyen de revenus mirobolants pour assouvir leurs addictions consuméristes. L'émulation financière est le carburant du couple, et non pas la ferveur sentimentale. La réussite sociale maritale prime le bonheur sentimental conjugal. Le manque d'argent impacte davantage le couple que l'absence de sentiments. Le tarissement des revenus de l'un provoque le dessèchement érotique de l'autre. À croire que sa libido ne s'alimente qu'au moyen de l'énergie pécuniaire fournie par son partenaire aux bourses financières turgescentes de fertilités consommatrices. L'argent est le stimulant des étreintes sensuelles, l'adjuvant lubrique indispensable à la copulation charnelle. La défaillance professionnelle de l'un des conjoints entraîne souvent le licenciement conjugal. L'association maritale est rompue. Le partenaire chômeur subit ainsi une double peine : licencié par « son » entreprise (à laquelle il s'est dévoué passionnément), puis répudié par sa conjointe (qui le désavoue). Quand ils daignent concevoir un enfant ou, au pire, deux (pas plus : pour ne pas perturber leur vie consumériste), ce n'est pas pour les élever et les éduquer à plein temps, c'est pour les confier, à peine expulsés du ventre, à des nounous ou des crèches en vue de se charger de cette ingrate et dégradante tâche (sic), à des écrans de télévision ou de smartphone, ces troisièmes parents de substitution. Surtout, en fidèles serviteurs du capital qui ne désertent jamais de leur combat pour la bataille des parts du marché, pour retourner s'occuper de leur patron, choyer affectueusement son entreprise, fructifier passionnément ses profits. Durant ce temps-là, livrés à l'idéologie dominante capitalistique-libertaire-libertine, leurs progénitures évolueront désormais dans une société où l'indistinction (l'extinction planifiée ?) sexuelle est valorisée dans l'enceinte des établissements scolaires comme sur les écrans de télévision, en vertu des nouvelles représentations normatives indifférenciées sexuelles schizophréniques décrétant que la femme (la fille), au nom de la théorie du genre, doit s'apparenter à l'homme (le garçon), tandis que l'homme (le garçon) doit ressembler à la femme (la fille). L'école, pareillement, n'est plus un lieu d'apprentissage scolaire, mais d'affrontements, d'émulation guerrière. De même, la rue n'est plus cette école de socialisation collective entre pairs moralement enrichie aux contacts des adultes, mais un champ de dévastation relationnelle désormais colonisé, en particulier en Occident animalisé, par les seuls chiens tenus en laisse par leurs « maîtres » désœuvrés (objet de notre prochain texte). L'enfant, autrefois enfant de toute la famille élargie et de tous les habitants du quartier, est devenu la propriété exclusive d'une famille nucléaire condamnée à vivre en vase clos dans des logements bétonnés pourvus de toutes les commodités et biens matériels modernes, mais dénués de l'essentiel : d'humanité. Le capitalisme offre tous les biens matériels aux personnes solvables, mais jamais il pourrait procurer des rapports authentiquement humains. Car la bourgeoisie a noyé les relations sociales « dans les eaux glacées du calcul égoïste ». De même qu'en temps de guerre, la culture et la sémantique rétrécissent leur champ de créativité et d'activité, devenant de simples instruments d'embrigadement idéologique belliqueux, de même en temps d'économie capitaliste « pacifiée », la culture et la sémantique empruntent le discours managérial du capital. Dans le premier contexte de guerre réelle les maîtres mots polémologiques sont : défense de la patrie, ennemis, combattre, abattre, tuer, massacrer, conquérir, etc. Dans le contexte de guerre économique « pacifique », la rhétorique est : compétitivité, rentabilité, concurrence, part de marché, profit, performance, etc. Dans les deux modes d'existence, l'objectif est constamment de combattre contre l'adversaire, se battre pour remporter la victoire de la guerre (militaire ou économique), gagner du terrain, des parts de marché, d'écraser le concurrent, l'ennemi, d'écrouler mortellement le maximum de soldats, d'écouler le maximum de ses produits, de faire couler beaucoup de sang, d'amasser beaucoup de profits, etc. En résumé : la soif de sang dans la guerre militaire ; l'appétence de profit dans la guerre économique. Le capitalisme est un système vampirique : il suce le sang de l'humanité et la sève de la terre. Excepté qu'à la différence du Vampire, le capitalisme opère jour et nuit, sans répit, sans dépit. Rien ne demeure de l'humanité de l'homme quand la société est organisée autour de la guerre économique permanente, la guerre de tous contre tous, exacerbée par l'individualisme forcené, dès lors que la société est soumise à l'aliénation, aux déprédations, aux dépravations, dégradations relationnelles et destructions écologiques. Nous menons non seulement la guerre contre nous-mêmes par notre servitude volontaire, par notre soumission à l'exploitation et l'oppression opérées dans ces abattoirs pathologiques de la vie, ces mouroirs graduels nommés entreprises, mais nous menons également la guerre à notre Mère nourricière Terre. Aujourd'hui, la terre ne supporte plus la guerre écologique tragique que lui livre le capital. Pour nourrir sa pathologique nécessité de valorisation, le capital affame la terre, la dégrade, la pollue, la dévaste. Le capitalisme est synonyme de destruction du monde, de dégradation de l'humanité. Le capital saccage l'écosystème, brise des vies humaines, propage la guerre, les virus, décime les cultures. Le capitalisme est un système mortifère. Quand nous résoudrons-nous à écouter le cri de la vie, cette vie qui sommeille en nous dans le lit de notre mort existentielle quotidiennement programmée. Oui, l'authentique vie humaine se meurt en nous à force d'avoir manqué de souffle spirituel, d'oxygène relationnel, d'essence communicationnelle, de révoltes salutaires. Après des milliers d'années d'évolution de l'humanité dans la misère, sur fond de spiritualité et de la noblesse du cœur, nous vivons aujourd'hui dans une misère humaine et spirituelle au sein d'une abondante richesse matérielle hautement technologique sans cœur. Aujourd'hui, Dieu est mort, tué par le capital, seul système à être parvenu à le déloger du Ciel. Mais, c'est pour lui donner refuge sur terre, en invitant chaque individu à devenir dieu. Notamment par la folle ambition de l'homme à vouloir (devoir) concentrer et accumuler l'argent, les pouvoirs, le savoir, les technologies. Tous les attributs de la guerre. Chaque homme étant devenu son propre dieu, nous sommes entrés dans l'ère de la guerre des Dieux. En termes modernes, de la guerre interindividuelle, de tous contre tous. Jusqu'au triomphe du dernier dieu vainqueur, le dieu unique (inique), symbolisé par l'argent. On croit vivre à l'époque de la guerre des religions. Mais c'est plutôt l'époque de la guerre des dieux, ces monades modernes, individus narcissiques du monde capitaliste, vecteur de guerres économiques et militaires. L'heure est venue de bâtir une nouvelle culture collective débarrassée des catégories marchandes, de la guerre, du pouvoir autoritaire. Pour être en phase avec la vie, en symbiose avec notre terre nourricière, pour ressourcer notre humanité, ressouder notre solidarité humaine universelle. Emboîtant le pas des Lumières aux intelligences visionnaires qui ont éclairé l'humanité depuis la nuit des temps, mais demeurés dans l'obscurité faute de clarté des esprits, avant que nous sombrions définitivement dans les ténèbres de l'obscurantisme marchand et le néant de la vie. Souvent, ces lumineux hommes d'antan n'ont éclairé de leur vivant que quelques rares hommes désireux de propager la lumière autour d'eux. Étendons cette lumière à l'humble et souffrante humanité plongée dans l'obscurité intellectuelle et la misère matérielle. Notre époque éclairée par le savoir nous permet aujourd'hui d'embraser et d'enflammer toutes les intelligences délibérément rejetées dans l'ombre et l'obscurité par le capitalisme moribond, pour survivre sur notre ignorance institutionnellement entretenue, délibérément maintenue. L'écho des révoltes et révolutions des temps anciens ne parvient plus aux oreilles du monde contemporain, rendu sourd par la silencieuse manipulation mentale opérée par le capital et la pédagogique falsification de l'histoire des peuples opprimés. Faute d'une nouvelle œuvre politique collective, d'une nouvelle économie coopérative humaine, d'une nouvelle culture inspirée par la vie et reliée à l'humanité, en lieu et place du capitalisme, la barbarie persistera à creuser ses sillons dans notre univers mental, à enfoncer ses griffes meurtrières dans notre schème comportemental belliqueux. Et notre déchéance morale sera monumentale, notre dégénérescence psychologique abyssale. Refusons la vie de champ de bataille façonnée par l'idéal mortifère capitaliste. Renouons avec le champ (chant) de la vie par une dernière bataille salutaire contre ce système destructeur, pour construire notre propre idéal humanitaire. À défaut de transformer le monde capitaliste, le monde capitaliste nous transmettra ses mortifères défauts, autrement dit il nous contaminera avec ses virales mœurs belliqueuses létales. Relions-nous pour le meilleur, puisque le pire nous le vivons présentement. Nous sommes entrés, dit-on, en pleine époque des crises : économique, politique, sociale, crise sanitaire, culturelle, existentielle, morale, psychologique, éducative, crise identitaire, etc. L'histoire nous enseigne que les crises du capital accouchent souvent d'horribles dictatures ou de monstrueuses guerres. Si nous ne réagissons pas à temps par un sursaut d'émancipation collectif, le capital enfantera la vermine, la famine. La peste brune, la peste noire (la peste verte dans les pays islamiques). Des guerres locales, communautaires, ethniques, religieuses, familiales, interindividuelles : un génocide planétaire. Aujourd'hui, le capitalisme nous livre une véritable guerre sociale et économique par la dégradation de nos conditions d'existence, le démantèlement de nos «acquis sociaux». Santé, éducation, secteurs publics : autrefois activités d'utilité sociale exercées loin des lois de la rentabilité, sont devenues à la faveur de la crise objets de convoitise pour le capital. De là s'explique la politique de privatisation tous azimuts de ces secteurs. Ces établissements sont désormais gérés selon les lois de la rentabilité du système dominant. Autrement dit, selon la logique de la guerre économique capitaliste. Il ne faut pas s'étonner que tous les secteurs publics deviennent rapidement des cimetières, comme on le constate aujourd'hui avec la crise sanitaire du Covid-19 où les hôpitaux sont transformés en mouroirs, les maisons de retraite en hospices d'euthanasie. Sans conteste, si, pour les classes populaires, la crise a le visage hideux de la mise à mort social, pour les financiers, en revanche, elle symbolise la renaissance de leur capital, la garantie d'une longévité financière, comme le prouve notre sinistre époque marquée par la propagation de la paupérisation à l'ensemble de la population mondiale, et l'enrichissement faramineux des puissants, généré par la lucrative pandémie de Covid-19 (abréviation de Compte vide pour 19 sur 20 de la population, le 1 vingtième restant rafle la mise de la richesse). La mort sur le champ de bataille capitaliste pour les premiers. Le chant de la victoire de leur guerre capitaliste pour les seconds. S'indigner individuellement, c'est bien. Se révolter collectivement, c'est mieux. |