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Le pays est
endeuillé, les Algériens se sentent accablés par ce crime qui a bouleversé
leurs âmes, attristé leurs cœurs, nouer leurs tripes et mettre leur conscience
à rude épreuve. Face au sourire innocent de cet ange aux cheveux roux et
relâchés, les Algériens ne peuvent plus retenir leurs émotions.
Chacun voit Nihal dans ses propres enfants. Ces crimes abominables, pour le moins que l'on puisse dire ! Perpétrés contre l'innocence, nous renvoient, plus fort que nous, aux années rouges. L'époque où les enfants des Algériens se faisaient fracasser leurs petites têtes sur les murs, les bébés placés dans les fours ; les corps si fragiles, piégés par des bombes. Oui ! C'était l'autre Algérie, celle qui cultivait la haine de soi et moissonnait la mort à tour de bras et où des milliers d'enfants ont péri par les mains de la lâcheté, de la barbarie et de l'horreur. La faucheuse était aveugle, indifférente, froide et cynique. Elle semait la destruction à tout vent et ne distinguait pas entre bébés, enfants, femmes ou vieillards À travers ces crimes, l'ombre de ces années de folie humaine persiste à nous faire rappeler, malgré nous, les atrocités qui ont marqué nos esprits à jamais. La génération post 1990 ne sait pas vraiment ce qui s'est passé, son ampleur leur est totalement inaccessible. Ou du moins, elle ne le sait que de bouche à oreille, une sorte de « emkharfa » : contes de l'horreur racontée par la génération antérieure qui a vécu ces événements dans sa chair et son esprit. L'Algérie est sortie du gouffre du terrorisme de masse qui semait la mort et la destruction là où il passait et brisa le cercle vicieux que certains semblaient vouloir nous y pérenniser à des fins bien connues. Le temps des enfants kidnappés, égorgés et des bébés cuits, semblait révolu à jamais. La génération d'avant 1990 est presque vieille maintenant. Malheureusement, le tic sanguinaire semble persister. De l'enfant Yaser à Nihal, d'à peine quatre ans d'âge, tant de questions restent en suspens ! Vivons-nous une métamorphose du terrorisme vers une sorte de violence urbaine non contrôlable ? Séquelles psychologiques du terrorisme idéologique et structuré qui s'exprime, maintenant, à travers une délinquance urbaine qui prit emprise de nos cités? Serait-ce donc une conséquence de la violence des années noires qui s'exprime autrement ? Sommes-nous un peuple violent par nature? Ou tout simplement, un changement radical dans la mentalité de certains Algériens qui trouvent dans la faiblesse de l'État, « Etlig » une aubaine pour déployer sa loi et étaler ses règles pour les imposer à l'ensemble de la société? L'État, avec sa stratégie de rachat de la paix sociale à n'importe quel prix, en est la cause principale. La délinquance urbaine prend des proportions inquiétantes, voire dangereuses, plus encore que ne l'était le terrorisme idéologique. Maintenant, c'est l'argent qui devient le facteur aggravant, pour lequel on commet toutes sortes de crimes et parfois même, c'est lui qui les commandite allègue-t-on. Si cette situation ne s'arrête pas, on arrivera certainement à la formation de groupes armés de protection individuelle légalisée ou pas, des milices de gros bonnets qui auront peur pour leurs mômes. Les autres n'auront pas cet avantage. Mais d'où provient toute cette violence ? L'Algérien, et depuis l'aube de son histoire ou de ses histoires, a fait preuve de comportements disparates. Il en est capable de nobles et de belles choses, comme de plus abominables et des plus atroces. Repose en paix ange Nihal, rejoins les autres. Celles et ceux qui t'ont devancée. Cours, joue, là où nulle main, nulle mauvaise intention ne sauront te nuire pour l'éternité dans l'Éden de Dieu et les jardins de Sa Miséricorde. |