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« Misère ! Misère
! Ton sang n'a plus de valeur chez les peuples qui n'ont jamais cru en toi ou
misé sur ton immortalité comme nous. Sa valeur ne cesse de dégringoler et avec
elle, nos espoirs à une vie gratis et assistée s'évaporent. Nos fiches de paie,
qui faisaient des jaloux, courent un grand danger; nos primes de rendement,
jamais réalisé, de risques jamais encourus et de déplacement jamais fait sont,
elles aussi, menacées. Nous vous aimons tellement vénérable Pompe ! Louange à
toi, gloire à ta puissance et maudits sont ceux qui vous haïssent».
Salut à toi, vénérable, puissante et bienfaisante Pompe ! Tout le monde attend avec enthousiasme et impatience les fruits bénéfiques de tes entrailles. Tout le monde se frotte les mains pour recevoir de la manne que ton sang (le pétrole) nous offre si généreusement. Boumediene n'avait-il pas dit le premier, que le pétrole est le sang rouge de nos martyrs ? Après avoir nationalisé notre sang un certain 24 février 1971, et malgré le manque de transparence de l'Algérie boumedienienne, au moins les Algériens savaient où ce sang était injecté; dans la construction d'usines et d'écoles, etc. Le sang des Algériens étant redevenu 100% algérien, et que pour les Algériens, ces derniers qui, depuis, ne cessent de contempler les pupitres de leur pompe, émerveillés, stupéfiés par sa puissance et par les bienfaits magiques de ses exploits envers la nation; au point d'avoir oublié que ce sang ne leur durera pas indéfiniment. Mais ils continuaient tout de même, de rêver. Sacrée Pompe ! Tu as fait tout ce que tu voulais de ce pays, tu nous as complètement enivrés et étourdis, au point d'oublier que tu n'étais pas éternelle et que, finalement, tu n'étais qu'un faux dieu, adoré par des hypocrites qui ne cessent de le prier. Que le jet de ton sang, disent-ils, nous dispense et nous délivre définitivement du travail, de l'effort, de sa fatigue et de sa sueur. Notre paresse, nos bras cassés, notre manque d'intelligence et notre égoïsme mortel vous seraient redevables pour l'infini des temps ! Tout dépend de ton sang, vénérable Pompe ! Notre économie de bazar, notre gestion bizarre, ainsi que notre politique de prestige «Echna». Nos One Two Three, nos vivats et nos «Tehya» n'étaient en fait que pour toi, car tu es notre maman qui nous fait téter de ses mamelles, quand bien même sommes-nous devenus grands et vigoureux. Le sevrage ne s'est donc jamais produit, pour la simple raison que l'aliénation au lait maternel ne s'est jamais arrêtée ! Ne t'arrête surtout pas de pomper vénérable Pompe ! Car de ton pompage dépendent nos logements sociaux, nos écoles, nos hôpitaux, nos Ansej, nos Cnac, nos Angem, nos routes, nos gares, nos aérogares et ceux de notre import/import; ceux-là, surtout, Pompe ! Ne les déçois pas. Nous avons tous besoin de toi pour vivre et faire vivre ce pays. Nos factures dopées, notre développement loupé et nos projets non démarrés qui réclament sans cesse des avenants vous doivent beaucoup. Grâce à toi Pompe ! Le pays s'est résumé à des budgets à bouffer et à des enveloppes à consommer. Nos professeurs, qui cherchent encore et toujours sans rien trouver, nos infirmiers et nos chômeurs souhaitent longue vie à la pompe. Même notre agriculture a besoin de toi, rien qu'à toi, vénérable Pompe. Sans toi, rien ne pousse, sans toi pas de «flous», sans toi, nos terres seraient arides, nos assiettes vides et nos visages livides. Le voleur, plus que tout, serait perdu sans toi, dans un pays où il n'y aurait rien à gratter. Même nos mendiants, nos écrasés, ceux qui bouffent encore dans la «zoubiya» (les poubelles) de cette Algérie libre et indépendante vous doivent leur pauvreté et leur misère, car dans ce pays, c'est toi qui enrichit le peuple d'en haut et appauvrit le peuple d'en bas. Misère ! Misère ! Ton sang n'a plus de valeur chez les peuples qui n'ont jamais cru en toi ou misé sur ton immortalité comme nous. Sa valeur ne cesse de dégringoler et avec elle, nos espoirs à une vie gratis et assistée s'évaporent. Nos fiches de paie, qui faisaient des jaloux, courent un grand danger; nos primes de rendement, jamais réalisé, de risques jamais encourus et de déplacement jamais fait sont, elles aussi, menacées. Nous vous aimons tellement vénérable Pompe ! Louange à toi, gloire à ta puissance et maudits sont ceux qui vous haïssent. Que le son de ton moteur ne s'arrête point de résonner dans nos oreilles, et nous enivrer de toutes les mélodies. Que les tuyères, ces veines qui font circuler ton sang à nos raffineries, qui fument sous nos yeux sans que nous puissions y travailler ne se bouchent jamais. Vous êtes le cœur de ce pays et son âme. Tout le monde se lève donc en louange à la Pompe et pour la gloire de ses œuvres bénéfiques et miraculeuses. Ce cantique n'est que pour elle, pour les temps qui lui restent à pomper encore... Amen ! |