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1.
SOURCE DE MES FONDEMENTS THEORIQUES UNIVERSELS
En science, c'est comme en santé, l'erreur est impardonnable. La pédagogie scolaire est l'application des résultats de plusieurs sciences, qu'il est possible, depuis une vingtaine d'années, de réunir, en termes de neurosciences cognitives, thématique du Laboratoire de recherches dont j'ai la charge depuis 15 ans, à l'Université d'Alger 2 et qui, tout récemment, vu son développement, a été promu Unité de Recherches. J'ai fait couler beaucoup d'encre au sujet de la dichotomie oral/écrit à l'Ecole algérienne, brusquement, devenue objet d'une problématique. J'ai, aussi, largement exprimé mes idées sur la question linguistique à l'école, lors des travaux du CSE et de la CNRSE et elles étaient, massivement, approuvées, parce que convaincantes. En effet, pour être crédible, il suffit de convaincre par une démonstration. Il faut prouver ses références, qui doivent avoir une valeur et une reconnaissance internationales, sans plus. Pas de politique ni d'affects en science, surtout qu'il s'agit-là, d'intelligence de l'enfant algérien, cette intelligence qui fait la santé de l'Homme. L'oral c'est de la phrase, c'est du langage d'avant 06 ans, âge de la scolarité. L'écrit c'est du texte d'auteurs consacrés, c'est de la langue, apprise après 06 ans, à partir du primaire. Il existe donc 02 moments dans la vie humaine : l'acquisition et l'apprentissage. De 0 à 6 ans, c'est le moment de l'acquisition, portée par le langage et de 06 ans à la fin de la vie, c'est celui de l'apprentissage, porté par la langue. On parle de langue arabe, de langue française et de langage enfantin, de langage des bains maures. Bien que puisés de mon expérience, elle-même fondée par des thèses universelles d'acquisition et du développement de l'intelligence, chez l'enfant, (universel aussi), mes arguments neuroscientifiques n'ont, jamais, été pris en considération, alors que je suis le premier expert en la matière, en Algérie. Mes idées ont été évaluées à l'internationale, elles ont donc valeur de référence. En voici quelques preuves tangibles, afin que soient mesurées l'ampleur et l'importance des dégâts, dus à la marginalisation de mon expertise (y compris dans mon propre domaine de fondation) : Les prolongements pédagogiques de la linguistique du texte ont prévalu sur le structuralisme phrastique, il y a plus de 30 ans. C'est Le Ny qui en fut l'un des instigateurs et actuellement, Denis Legros, son propre disciple, co-dirige avec moi-même un CMEP-TASSILI, sur la question. Mes travaux sont publiés chez Blacwell&Wiley et Direct Science et mon premier doctorat, inscrit dans l'acquisition, date de 1979. Il est préfacé par un savant, André Martinet, qui en présida le jury de soutenance à Paris 5 et il est publié en ligne, dans le site de l'Unité de Recherche Neurosciences Cognitives - Orthophonie - Phoniatrie (URNOP), première entité de recherches dans cette thématique, dans le monde arabo-africain. En Orthophonie (Historique de la Fondation en ligne), on soigne justement les troubles d'acquisition et d'apprentissage. Tout ceci veut simplement dire que mon expérience, dans le secteur, ne relève pas de l'improvisation ni du politique. C'est pourquoi, la non prise en compte des idées que je propose pour faire avancer le niveau de mon pays, demeure assez énigmatique, ce qui ne m'empêche pas d'en poursuivre la défense. Ainsi, je vais reprendre, en ce propos, une synthèse de mes arguments à ce sujet, car je suis, massivement, interpellée par ce que je lis dans la presse, de la part d'un personnel qui se dit « spécialiste », mais dont, en revanche, l'avis est pris en compte. Pour ce faire, nous allons, graduellement, progresser ensemble dans la démonstration et si contradiction, il y a, elle sera, elle aussi, alors, située au plan argumentatif, scientifique. Tout propos subjectif ou politique, n'aura pas droit de cité. La pédagogie c'est une science, je suis une scientifique et mon devoir c'est de servir mon pays. 2. L'ACQUISITION Que fait l'enfant de 0 à 6 ans ? Il joue. Les tenants des sciences du langage appellent ce premier moment de la vie « l'acquisition », parce que l'enfant s'approprie, par lui-même, « traite » cognitivement, par son intelligence personnelle, les faits d'environnement social. Il donne son « sens » à la vie, il crée son monde. Piaget père-fondateur de la psychologie du développement, parle, sans distinguer l'enfant chinois de l'enfant suisse ou kabyle (la science est universelle et non raciste), d'expérience, de résolution de problèmes de 04 à 08-10 ans. L'enfant raisonne, il acquiert la faculté d'abstraction. Ce théoricien décrit alors, chez tous les enfants du monde, la fonction hypothético-déductive. L'enfant pose l'hypothèse, qu'il va faire un bonhomme de neige, il l'imagine, il analyse neige, nez rouge, yeux noirs, ? et il en fait une synthèse, il en déduit « une thèse », il crée un sens, une idée. Puis, il argumente d'autres hypothèses et il passe, tout son temps, à créer des hypothèses et des thèses toujours nouvelles. Ces activités ludiques développent, donc, son propre espace-temps, sa propre intelligence et sa personnalité. Donc, la phrase de l'oral, le langage, la daridja, permet à l'enfant de structurer son espace-temps (droite, gauche, hier, demain?). Il nous pose des questions, il pense, il s'imagine une multitude de choses qui n'existent pas, au point qu'« encombré par trop d'hypothèses, il devient, même, instable. Cette période d'« acquisition » est donc très vulnérable : il ne faut surtout pas orienter l'enfant, c'est lui qui crée sa propre orientation, il faut le laisser libre de jouer et de construire ses thèses, comme il l'entend. Pas de structuralisme où on lui apprend à ânonner des mots, des structures phrastiques stupides, qu'il connaît déjà et qui vont donc l'empêcher de créer ses propres « idées ». Pas de matraquage : il est doué d'une formidable curiosité, il recherche la nouveauté, toujours la nouveauté, la nouveauté qui le remplit de joie. Il « découvre » grâce à l'expérience, qu'il fait du monde environnant. Il cherche et résout des difficultés. Ces difficultés qui feront toute sa vie. La nouveauté ne le traumatise, donc, pas, bien au contraire, il la recherche ! ? et voracement. Vous achetez à votre enfant une poupée, mais sitôt qu'elle voit celle de sa cousine, elle hurle, jusqu'à la lui prendre, fut-elle toute vieille. La nouveauté le séduit, c'est plutôt son contraire, l'habituel, le routinier, le stéréotypé, le préfabriqué, qui le traumatisent ! Deux implications pratiques sont déjà isolables, à partir de cette démonstration : l'Ecole universelle n'est pas traumatisante pour l'enfant, si elle lui apporte du nouveau. Ce nouveau s'appelle la liberté d'abstraction, de créer et de construire ses expériences créatives, ludiques. Le nouveau à l'école, c'est la langue. À 06, l'enfant passe à autre chose : il quitte le langage, l'oral pour accéder aux règles de l'écrit, qui, purement abstraites, sont au nombre de 02 : la cohérence et la cohésion. On est cohérent lorsqu'on est bien structuré dans le temps et dans l'espace. Quand on est bien structuré dans l'espace et dans le temps, on a la force d'inventer. L'analyse des événements est une opération cognitive passive et c'est leur synthèse qui est une opération active, qui se réalise dans le temps. C'est un exercice : plus on résout vite un problème, plus les solutions seront nombreuses et plus on est autonome et intelligent. La structuration spatio-temporelle c'est l'équilibre, l'assurance, qui permet à l'Homme de contrôler les événements, pour ne pas les subir, passivement. La langue, autrement dit, le texte d'auteurs consacré est intéressante pour l'enfant de 06-10 ans, justement parce qu'elle suscite l'abstraction, l'imagination, le rêve, la curiosité de l'enfant, l'hypothèse, l'argumentation, le raisonnement. Cela s'appelle la motivation par le schéma actanciel, en d'autres termes, dans le texte, quelque chose « va se passer », l'enfant attend cette chose, ? il va, alors, lui-même la chercher et la créer dès qu'il le lit ou écoute un conte. Dans la phrase de l'oral, autrement dit, dans le langage d'avant 06 ans, il n'y a aucun rêve, rien ne se passe, l'enfant n'a rien à traiter, elle est la même pour tous les enfants. Atinilkora, ? ne suscite aucun traitement cognitif chez l'enfant, c'est du concret, du quotidien, qui sert à l'enfant, pour structurer son espace-temps, prérequis cognitif de l'accès à l'écrit. Prérequis cognitif de la langue parce que l'esprit de synthèse est le résultat du classement rapide d'un maximum d'informations différentes. On résume un texte, un article lorsqu'on sait en synthétiser les idées pertinentes. On deviendra, alors, soi-même un producteur de textes : rapport d'activité, mémoire, livre, thèse de doctorat? La phrase, en elle-même, ne permet pas aux intelligences futures, d'émerger, elle en lance, pour tous les enfants du monde, les moyens cognitifs, les piliers. Elle est identique pour tous. Ce qui compte, c'est la qualité du développement spatio-temporel qu'elle permet et celui qui a 20/20 n'a pas 02/20, chacun a sa propre intelligence et ses propres thèses (de mathématiques, de physique, de philosophie?). La psychologie génétique enseigne qu'à 04 ans, l'enfant acquiert, justement, le schéma narratif, il faut, donc, lui narrer des histoires, qui vont aiguiser ses sens cognitifs et il peut alors créer de merveilleuses thèses qui subjuguent son entourage ! Piaget préconise, pour tous les enfants du monde, ceci : « mettez l'enfant en interaction positive et son intelligence se développera, quel que soit son milieu social ». L'élève intelligent d'aujourd'hui, fera la société intelligente de demain. À 06 ans, l'interaction positive pour l'enfant c'est la langue porteuse d'abstrait à rechercher à construire, à défaire et à reconstruire, c'est l'écrit dans ses règles. De très bons médecins d'aujourd'hui ont un baccalauréat Lettres. Avec un baccalauréat. Sciences expérimentales, j'ai fait une licence d'anglais, qui m'a fait découvrir la linguistique, la phonétique, puis a suscité une licence qui la poursuit, celle de Sciences du langage, qui, elle, me fera découvrir le processus d'acquisition dans une première thèse, pour ensuite atterrir, dans le domaine de la destruction de ce processus, l'Orthophonie, études médicales poursuivies dans une Faculté de médecine, aboutissant à une thèse soutenue devant un jury médical : ce parcours est dû à ce que, dans mon enfance, j'ai avalé des dizaines de livres, qui m'ont fait rêver des savoirs que je voulais contrôler, pour pouvoir, ensuite, les livrer à la société. Cela s'appelle l'épanouissement. L'Ecole algérienne n'épanouit plus, depuis les années 70, car elle a ôté le bonheur du rêve procuré par le livre. Cliquez, donc, avec moi sur ce lien que j'ai pris à l'instant, au hasard, dans Google: http://www.cndp.fr/crdp-creteil/telemaque/document/bibli-references.htm. Ce tableau indique le nombre d'œuvres littéraires absorbées par l'élève français en « C1/C2/C3 », de 06 à 11 ans : des dizaines. En Algérie, il n'y en a aucun. En France, d'où est importé le LMD, on gave l'élève de livres, de pièces de théâtre, de poésies. On n'enseigne pas le patois, tout simplement parce qu'il est déjà acquis et a appris à l'enfant à voler de ses propres ailes. À l'école, c'est la nouveauté qu'il veut. À la fin des années 50, début des années 60, à l'école Pasteur de Tlemcen, la maîtresse française ne m'a pas appris l'arabe de Tlemcen, ce qui ne m'a pas empêchée de décrocher un baccalauréat en sciences expérimentales et de réussir ma carrière, offrant à l'Algérie, dans un environnement de non science, mais grâce à l'assurance que m'a donné mon espace-temps, né à l'âge normal et universel, toute une Chaire académique, l'Orthophonie, avec ses prolongements neuroscientifiques. Ignore-t-on donc, à ce point, que parmi les meilleurs arabisants, nombreux ont pour langue maternelle le kabyle, qu'ils n'ont pas étudié à l'école ? À mon entrée à l'école, je ne parlais pas un mot de français du fait que nos parents rejetaient la langue du colon. Comment alors expliquer qu'en CM2, je créais des poèmes en français ? Ainsi donc, puisque la structuration spatio-temporelle se développe, depuis le cri de la naissance, jusqu'à la fin de la vie et puisque l'enfant de 04 à 08 ans commence à raisonner, cela veut dire, que si, lorsqu'il a 09 ans, on le fait régresser, vers l'espace-temps propre à la tranche d'âge de 02 à 03 ans, on compromettra, alors, son développement normal, il « avancera en reculant » et sera, donc, un retardé mental. Il marche à 01 an et s'il fait ses premiers pas à 03 ans, c'est qu'il est handicapé par un retard psychomoteur. Ainsi en va-t-il du cognitif. Si on lui donne la phrase de l'oral à 07 ans, alors qu'il l'a déjà acquise à 18 mois, ce sera alors une grave régression forcée. Ce sont les thèses d'acquisition universelles, qui l'enseignent et non une vue de l'esprit ni des bribes de propos lancés à l'emporte-pièce, sans référence à des thèses ni démonstration. Pour s'auto-soutenir, au lieu de se documenter et de se baser sur des références connues, on évoque même, curieusement, sans en donner d'explication scientifique ni les sources, au risque de se discréditer, ceci : les neurosciences, le cognitivisme, l'UNESCO?. Nous l'édictent ? Alors, on applique... Non, un débat scientifique sérieux s'impose, lorsqu'il s'agit de l'avenir du pays. J'aimerais d'ailleurs, bien savoir si ces tenants de la « daridja scolaire », auraient eux-mêmes fait leur primaire en dialectal et si, pour être pratiques, ils auraient prévu, pour réaliser ce « projet », de recruter des enseignants locuteurs, dans les dizaines de dialectes algériens, le tout, sur une base scientifique de leur classification géographique. 3. L'APPRENTISSAGE OU DE L'ANTINOMIE « DARIDJA SCOLAIRE » Je vais, à présent, démontrer le fait que le syntagme « daridja scolaire » est, en lui-même, une antinomie. L'enfant ne peut pas apprendre sans langue. L'apprentissage est un processus qui prend, à partir de l'âge scolaire, 06 ans, jusqu'à la fin de la vie, le relais du processus d'acquisition. Et c'est la langue, véhicule du savoir abstrait et non le langage, le dialecte, qui le permet. Les revues sont écrites en français, en anglais ou en arabe classique et non en daridja. Je me souviendrai toujours du livre (l'unique) intitulé : « aqra' wataâllem », si traumatisant, voire dramatique, que mes enfants me ramenaient, un livre rempli de structures phrastiques au contenu débile et abrutissant. À l'époque, je réfléchissais sur l'acquisition des oppositions des sens par la phonologie chez l'enfant arabophone, parce que tout est opposition dans la vie (nul/brillant ; noir/blanc ; grand/petit?) et je comprendrai plus tard, que pour opposer des sens, il faut en avoir la force. C'est l'esprit de synthèse. J'ai, alors, vite compris que la langue n'existait pas à l'Ecole algérienne et que donc, leur apprentissage et leur future capacité d'opposer des sens étaient menacés. J'ai pu contourner la gravité du problème, conseillant à tous les parents de donner de la lecture à leurs enfants et de recourir à la littérature enfantine, dans n'importe quelle langue. Dans n'importe quelle langue : j'y reviendrai. L'intitulé de ce livre est, en lui-même, une grossière antinomie puisque lataâlloum bi dounlissen ! Sinon, qu'on me dise ce que l'enfant a appris après avoir répété comme un perroquet : l'oummoufilmatbakhi. Dans ce livre, l'oral est tout simplement traduit en arabe classique : tchina est dit burtouqala. Or, ce n'est pas là, de la langue ni du texte, doté de son auteur, de sa période, de son registre, de sa typologie et de son genre. C'est du langage, de l'oral, de la daridja? rendant donc paradoxal, en lui-même, le syntagme « daridja scolaire » : l'école c'est la langue pour apprendre. Et aujourd'hui, remarquez-le, c'est encore « mieux »?, puisqu'on nous propose de reculer. La phrase de l'oral n'a même plus besoin d'être traduite, on va la livrer, telle quelle, orale, à travers la daridja, à l'état pur. Au moins là, relativement à ce qui se fait, depuis les années 70, la démarche sera plus franche et plus économique, on n'aura même plus besoin (à moins que je me trompe !) d'imprimer ni d'éditer, chaque année, à coût de gros budgets, le livre « aqra' wataâllem »? CONCLUSION Ainsi, pas de langue, donc pas d'abstrait et donc pas de projection dans le futur, pas de futurs chercheurs, porteurs de projets réels et d'hypothèses : l'âge cognitif, universel, physiologique et naturel d'acquisition de la thèse (04-10 ans) est, donc, clairement sacrifié en Algérie. Il faut, donc, d'urgence et au contraire, s'appuyer sur les arguments du spécialiste : il faut gaver de langue l'enfant à l'école. La si langoureuse et si mystérieuse poésie kabyle, les énigmatiques Fables de La Fontaine ou le bel arc-en-ciel des poèmes arabes, c'est cela qui motive l'enfant, voyez-vous, c'est cela qu'il aime. J'ai posé la question à nos autorités, dans un article paru dans ?Liberté' il y a plus de 15 ans, aujourd'hui, je la leur repose, qu'elles me le permettent : « Pourquoi, donc, aucun de vous ne m'a, jamais, demandé comment, alors que j'ai fait, depuis le primaire, toutes mes études en français et en anglais, j'ai procédé pour arabiser toute une science médicale, l'Orthophonie, qui, dans le monde entier, y compris en pays arabes, est enseignée en français, en anglais ou en allemand?». Il n'y a qu'à voir les thèses publiées en ligne dans notre site, soutenues depuis les années 1990, inscrites dans des thématiques de pointe, que les arabisants ne maîtrisent pas : thèses de phoniatrie, d'audiophonologie, d'acoustique clinique, de phonétique orthophonique, de neurolinguistique, ? Puisqu'elle ne m'a pas été posée, alors en voici la réponse. Les deux règles, cohérence et cohésion, suggestives de synthèses d'idées et de thèses, m'ont, en effet, été apprises en français, à l'école primaire, à l'âge cognitif normal de leur acquisition. Et comme ce sont deux règles abstraites, elles sont, alors, très aisément transposables et généralisables à toutes les langues du monde : le berbère, le chinois, l'arabe, l'allemand, ? Ce n'est là, qu'une question de lexique, de signifiant et de traduction. Je signale le fait que mes docteurs arabisants, commettent souvent des fautes d'idéation, morphosyntaxiques et de style en arabe, que je ne commets pas. Ils ont, aussi, un mal fou, à écrire correctement un abstract. Ils ont de graves difficultés de rédiger, correctement, des références bibliographiques, dans l'évolution de leur logique interne même, de présentation. Le mal cognitif est très profond, la rigueur est absente, bien que mes cours de méthodologie les captivent !La preuve en est que ceux qui parviennent à les assimiler font le grand bonheur d'encadrants qui se les disputent farouchement. Ainsi, dégager, grâce à la cohérence d'idées classées en principales et satellites dans un texte, chercher les arguments du propos qu'il contient, est un processus cognitif d'abstraction, commun à toutes les langues du monde. C'est la raison pour laquelle, j'ai dit plus haut « dans n'importe quelle langue » et c'est aussi la raison pour laquelle, j'ai pu arabiser toute l'Orthophonie, une science pluridisciplinaire, difficile donc, d'accès. L'abstrait c'est l'hypothèse de travail, laquelle ne deviendra thèse, c'est-à-dire réalité consommable, voire exportable, qu'une fois vérifiée et c'est cela la science, levier du développement, de l'indépendance d'un pays, car objet d'autonomie intellectuelle et économique. La structuration spatio-temporelle, qui en permet la création, est synonyme d'autonomie ; autonomie = bonheur = sérénité et un pays importateur n'est pas autonome : l'être humain normal n'aime pas dépendre d'autrui, il est frustré, malheureux et peut même devenir violent. En termes simples, structuration spatio-temporelle = aisance = assurance - stabilité - équilibre = contrôle sur les événements. Quand l'homme est en mauvaise disposition psychologique, il dit bien : « je ne sais plus où je vais, je perds mes mots, mon self contrôle, mes fils sont entremêlés, je vais donc mal agir? ». Pour l'heure, nous importons le fruit de l'équilibre cognitif et des thèses des pays du Nord, parce que les thèses algériennes sont très précocement, préventivement donc, compromises dans leur développement naturel, un peu comme on tue l'œuf dans sa coque. En psychologie, tout est genèse et tout se passe à une tranche d'âge précise, qu'il faut respecter. En Algérie, l'âge de la « thèse » de l'enfant algérien est brisé, puisqu'il est reporté à celui du lycée, il est alors trop tard. La pédagogie scolaire est donc une affaire de spécialistes en psycholinguistique, en psychologie cognitive et en neurosciences, triple domaine duquel j'ai puisé ces quelques concepts, pour en rendre compte. Je pourrai revenir sur ces mêmes concepts à travers, cette fois, un angle d'attaque purement neuroscientifique, en expliquant comment est construite, à l'Ecole algérienne, une pernicieuse forme d'aphasie ou syndrome cognitif de la perte, à des degrés différents, du double processus acquisition-apprentissage, à travers une déstructuration spatio-temporelle, visible à travers le comportement : depuis l'émission du phonème, jusqu'au geste, en passant par le mot, la phrase, le récit, l'écrit et la mélodie de la parole, à ceci près qu'il n'y a pas de lésion cérébrale. D'ailleurs la thèse thérapeutique neuropsychologique (en ligne dans notre site) consiste à remonter le cours du temps en restructurant l'espace-temps du cérébro-lésé, depuis son enfance, ce qui lui permet de retrouver son langage, puis sa langue. Lors de sa conférence d'ouverture de la semaine-CMEP-TASSILI (9-15/11/2014), le Pr Hamidi, Recteur de l'Université d'Alger 2, a évoqué l'histoire de ce patient aphasique rééduqué par son propre fils, qui lui a réappris à ramper, puis à s'asseoir, puis à marcher et enfin à parler. N'est-ce pas là, lorsqu'on théorise la démarche de ce fils, pourtant profane en la matière, un moyen de permettre à son père, de retrouver son espace-temps pré-morbide ? Les troubles cognitifs, rencontrés chez la plupart de nos jeunes, sont des troubles fonctionnels, occasionnés par la pédagogie dont il est victime, voire prisonnier. * Professeur d'Orthophonie Département d'Orthophonie de la FSS - U. Alger 2 |