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Pendant le mois sacré, nos soirées ont été égayées par un film assez intéressant intitulé la Classe où les rôles sont inversés de tous les artistes: le mécanicien redevient enseignant ?.etc. Et la vie continue..etc. On ne trouve un tel phénomène que chez nous. Il est certes vrai que c'est amusant que l'ENTV nous gratifie d'un pareil film qui met en valeur toutes les fonctions sociales actuelles, autrement dit, tout ce qui ne doit pas se faire au niveau social. Le héros du film se présente comme un mécanicien, mais se trouvant dans l'obligation de prêter secours à son ami, un instituteur qui devait signer son contrat de logement et pour ne pas le perdre, il invite le mécanicien à qui il lui a confié la réparation de la voiture, de le remplacer momentanément. Il tombe en comma et le mécanicien n'a pas envie de se faire dévoiler, il assume la fonction d'instituteur. Comme par enchantement, il parvient toujours à bien répondre en tant qu'enseignant d'histoire. Est-ce que tous les enseignants d'histoire peuvent être remplacés par hasard et réussir admirablement ? Le système social algérien fonctionne ?t-il ainsi sans que les gens ne s'en aperçoivent de l'erreur ? Où tout simplement, le système se trouve fonctionnant à l'envers sans que personne ne tente de rechercher les raisons du pourquoi ? LA SOCIETE, D'ABORD QU'EST-CE QUE C'EST ? La société est un rassemblement de personnes qui veillent à leurs propres intérêts. La société est donc un rassemblement de personnes qui s'entendent sur leurs intérêts ; ils doivent veiller à tout ce qui peut les aider pour vivre en paix. Une société a donc choisi ce qui l'intéresse et à mis de côté ce qui nuit à ses intérêts. Tous les membres ne cherchent qu'une chose : c'est que la vie de cette société soit en adéquation avec ce que cette société a choisi comme mode de vie. La société est loin de constituer un troupeau qui dans les moments rudes et difficiles ses membres se serrent pour mieux se protéger et dans les moments de paix, et d'autres moments, ils se déclarent la guerre et se déchirent entre eux. Une société ne peut réellement devenir une véritable société qu'au moment où celle-ci applique la loi dans toute sa rigueur. Appliquer la loi, c'est d'abord avoir conscience que ce que nous faisons ne nuit pas à autrui. C'est aussi chercher à faire du bien à autrui pour pouvoir recevoir, à son tour, le bien que l'on souhaite pour vivre heureux dans cette société. LA SOCIETE HUMAINE QUI DESIRE VIVRE DANS (EN) LA PAIX : La société qui aimerait vivre en paix doit préparer la paix : elle doit tout d'abord rechercher la paix sous toutes ses coutures. Mais pas la paix à n'importe quel prix. Comme il ne faudrait pas essayer d'acheter la paix pour être tranquille. Il faudrait apprendre aux membres de cette société à savoir comment se conduire pour susciter chez les autres le même engouement. En général, les membres d'une société se copient mutuellement et agissent en fonction des uns et des autres. N'a ? t -on pas dit : «si tu désires le bien pour toi, désire-le aussi pour ton voisin» Ceci nous ramène à dire que toute société doit avant tout avoir une école solide pour préparer ses membres à vivre dans la paix, en communauté. C'est pourquoi nous découvrons en Charles Péguy, un exemple qui veut que toute société doit être capable de créer une école forte, sûre dont l'enseignement adoucisse les relations entre tous les membres. Pour Charles Péguy, toute société humaine pour qui «enseigner, au fond, c'est s'enseigner; une société qui n'enseigne pas une société qui ne s'aime pas, qui ne s'estime pas ; et tel est précisément le cas de la société moderne «(Charles Péguy, 1904). NOTRE SOCIETE SERAIT ?ELLE DEVENUE INCAPABLE DE TRANSMETTRE UNE CONVICTION A SES GENERATIONS? En général, l'esprit de citoyen ne peut être inculqué aux enfants qu'à partir de l'école. Le souci premier de notre société est de créer cet esprit qui fera de l'enfant d'aujourd'hui, l'homme de demain. En effet, à l'âge de la consécration du village planétaire, l'éducation et la formation de l'homme est une garantie de survie seulement. Rappelons que l'Algérie s'est engagée depuis plusieurs décennies dans le processus de démocratisation avec de vastes réformes qui lui ont permis d'atteindre un sens aigu sur le point de la formation de la société civile. Il est vrai que ce processus mis en marche dès les années 70, notamment en matière d'éducation civique et patriotique, a quelque peu fonctionné pendant un certain temps, mais il est tombé en désuétude, dès le début des années 1990. C'est pourquoi, certaines valeurs sociales se sont renversées au détriment d'autres valeurs que nous ne retrouvons que dans les milieux marqués par la tradition ancienne. Ajoutons que même l'école ne joue plus le rôle qui lui fut assigné comme école de la république. Actuellement, nous assistons à une véritable désarticulation du système où la violence règne en maitresse, sans démesure. Cette violence a envahi notre quotidien qui a conduit à une déconfiture du social marqué par l'incivisme, l'intolérance. La vie civile perd de plus en plus de la vigueur et laisse place à la désobéissance quand elle ne devient pas la seule manière de se défendre. C'est alors qu'elle devient la seule loi de référence que brandissent les gens quand ils sont acculés par les nombreux problèmes. En fin, actuellement, c'est la rue qui éduque et non l'école. Dans certains quartiers, le soir, et notamment pendant ce carême, la population enfantine envahit les rues pendant les trois quart de temps de la soirée, sans qu'il y ait quelqu'un qui leur reproche le fait. Souvent, lorsque la gêne devient intolérable et que vous voulez intervenir, ce sont les parents qui se mettent de la partie en vous faisant rappeler que la rue appartient «à tout le monde». Il m'arrive de lire certains écrits de notre éminent Mustapha Cherif «le but de la civilisation musulmane» (Jeudi 01 septembre2011) où il décrit d'une manière élogieuse les savants de la période de l'âge d'or de la civilisation musulmane, de me poser la question suivante : est-ce que ces gens ont ?ils existé ? Il nous suffit de voir la conduite des gens de notre période actuelle pour dire est ?ce que nous appartenons à cette civilisation ? Notre éminent écrivain parlant de l'homo-islamicus en lui attribuant trois qualificatifs qui résonnent dans l'esprit, à savoir : la juste mesure, la modération et la communauté médiane. Car toute personne ayant bu à cet esprit de tolérance, à cette communauté médiane, respecte autrui et ne lui veut point de mal. L'être humain s'ouvre au monde moderne, à la communication avec autrui, recherchant donc la paix pour lui et pour ses concitoyens. C'est peut ?être là que nous pouvons dire que notre école devrait être humaniste pour pouvoir former l'homme de demain. LE BON CITOYEN ET SON CIVISME: Les critères d'une bonne éducation devrait imprimer chez tout citoyen d'une manière indélébile, un civisme qui est donc un respect de la chose publique, de la chose de tout le monde; enfin, c'est la chose la mieux partagée. En somme, le civisme est la dimension hum aine que nous devons tous respecter pour nous approcher des autres humains. C'est aussi la connaissance des lois de la république : on est citoyen que si on respecte ces lois. Un citoyen est un homme libre. Toutes les constitutions algériennes ont mis l'accent sur l'humain et l'ont placé au centre de toutes les préoccupations sociales. Le système éducatif devrait se pencher sur la création d'un homme libre, démocrate et non vassal. Comme il faudrait surtout faire un choix judicieux des programmes (curricula) qui pousse l'individu vers la communauté et non vers l'isolement. Le civisme doit apprendre à l'homme comment vivre au sein d'une société, comment comprendre les autres sans devenir leur ennemi. Comment savoir excuser certaines erreurs qui ne touchent pas au fondement de la loi, comment se comporter au sein du groupe social dans lequel, l'homme vit. Il faudrait que le civisme soit un véritable rideau qui bloque les idées malsaines, les idées mauvaises qui sont au centre de toute divergence et qui pourraient disloquer le groupe social. Tout ce travail devrait être entrepris à l'école afin d'habituer l'individu au comportement social louable. L'école et la société pour la formation d'un homme honnête civilisé, travaillant dans le but d'adoucir la vie en communauté. 1.- L'école: Pour que l'école soit une école formatrice d'une bonne société, il est nécessaire qu'elle puisse avoir un curricula approprié. Les programmes de l'école doivent répondre au besoin de la société désirée : ils doivent être des programmes qui sont partagés par l'ensemble de la société dans le but de répondre à l'intérêt de chaque membre, plus ou moins. Nous savons que les programmes ne peuvent pas répondre à cent pour cent aux intérêts de chaque individu, mais ils doivent au moins être à la hauteur du convenu pour permettre à cette société de vivre en communauté responsable et non en communauté désorganisée propageant la discorde et ayant pour force la violence. L'école devra être le moteur de la société, formant des individus humains et non des animaux capables de se bouffer entre eux. Il est donc nécessaire que cette école puisse avoir des enseignants qui soient capables de la faire fonctionner, sur le plan pédagogique, sur le plan administratif. Ces enseignants doivent être choisis et triés sur le volet : ils doivent être le modèle de cette société et ils doivent exécuter les curricula selon les vœux de la société. En aucun cas, ils ne doivent apporter des aménagements à ces curricula et ce, parce qu'ils ne sont point responsables devant la société. Les disciplines essentielles, notamment l'histoire ne doivent point porter d'autres jugements que ceux déjà insérés dans les programmes. C'est d'ailleurs ainsi que l'on peut affaiblir l'esprit de cette discipline ou la renforcer par d'autres critiques qui peuvent la remettre en cause. L'enseignant devrait donc se garder de porter d'autres types de jugements que ceux énoncés par les programmes de la société. L'enseignant peut intervenir dans la modernisation de l'acte d'enseignant et non dans le fond de cet acte. J'entends par là que l'enseignant peut faire évoluer sa méthodologie d'enseignement et non faire évoluer les curricula. Car une société est généralement basée sur certains principes inaltérables qui font d'elle une société qui se différencie des autres types de société. Nous savons aussi que la majeure partie des programmes des écoles des autres types de société est créé pour une décennie, au moins et revue ensuite pour soit son allégement ou son approfondissement puisque les découvertes scientifiques vont à une allure exceptionnelle. La communauté doit suivre pour pouvoir être en adéquation avec les autres types de société. La vie démocratique se perd de plus en plus dans la société et même dans l'école. Il est donc très impérieux que l'école instaure et développe une culture démocratique à toutes les instances de la société. Comme il est aussi impérieux que nos institutions scolaires aient à développer en leur sein cette culture démocratique et que celle-ci devienne la raison de leur vie. Nous devons donc apprendre à l'enfant ce qu'est la citoyenneté, au sein même de l'école. Comme il est souhaitable que nos écoles soient dotées de programmes mettant en valeur la citoyenneté pour que nos enfants s'en empreignent. Les programmes actuels de nos écoles ne contiennent point de programme inculquant la citoyenneté, car il n'en existe pas. Il serait peut ?être normal que la nouvelle charte scolaire en propose au moins une ébauche de programme pour permettre aux futurs élèves de s'y adapter le plus rapidement. Le citoyen doit pouvoir adhérer à la collectivité et en plus il doit participer à la gestion de la cité tout en étant impartial et honnête. En effet, pour Rousseau, être citoyen «n'est pas coexister d'une manière pacifique », mais « manifester à leur égard » un véritable partage des valeurs que la société se veut pour principe et mode d'existence. Comme, il est aussi nécessaire que l'école forme l'autre face qui est la solidarité. En effet, la vie démocratique ne suffit pas, il faut aussi qu'elle soit accompagnée d'une forte solidarité humaine et non pas raciale ou ethnique. Cette éthique bien apprise par l'enfant algérien fait de lui un être humain capable d'aimer tous les autres humains. Il ne faudrait pas que l'école algérienne se mette aux inégalités sociales, car c'est là qu'apparait la fracture sociale qui menacera la cohésion sociale et qui créera la fragmentation culturelle et éthique. LA SOCIETE D'AUJOURD'HUI : La société d'aujourd'hui, notamment la nôtre, a perdu tous les repères que nous avions, hier, quand nous étions colonisés, et nous n'avions point atteint les nouveaux repères que nous nous sommes proposés comme société nouvelle ayant pour régime la république. Le concept de république a été vidé de son sens, c'est un mot vide. Si nos avons gardé ce concept, c'est peut-être pour nous donner une certaine allure commode, mais cette dernier e a fait de nous des républicains de seconde zone et non d'authentiques républicains. C'est à partir de tristes événements qui se sont déroulés dans notre pays, à un moment de son histoire que je m'interroge sur l'esprit de citoyen que nos enfants doivent avoir pour être effectivement d'authentiques républicains. Il faut apprendre à notre enfant à respecter l'amour de la patrie depuis son prime âge. Ce n'est qu'à partir d'une telle pensée que l'enfant pourra devenir un citoyen et non un sujet. (D'une façon générale, soyons courageux et choisissons le modèle qui nous convient le mieux. Si nous acceptons d'être l'un ou l'autre, au moins allons jusqu'au bout?) De toutes les manières, la majeure partie des pays du monde ont opté pour la démocratie, il nous semble que seule cette forme de gestion convient le mieux à nos enfants, puisqu'elle prône l'égalité entre tous les êtres humains. L'amour de la patrie doit être le corollaire à l'amour paternel et à l'amour maternel. L'individu ne doit pas opérer une distinction entre les trois amours. C'est ainsi que nous pouvons nous dire que notre école a réussi à faire de l'enfant un homme sociable, capable de se fondre dans la société et peut en être le moteur même de notre société. La société algérienne a failli à l'application de certaines lois inhérentes au civisme qui doivent, en général, l'ériger à la dimension d'une société ordinaire, comparable à une société moderne où la vie est partagée par tout le monde. En effet, une civilisation est composée de simples lois qui appliquées permettent aux individus de vivre en symbiose. Or, c'est ce qui manque à notre chère Algérie ! Nous ne pouvons nous accepter en tant qu'individus que lorsque nous participions d'une manière correcte à l'application de toutes ces lois. Il ne faudrait pas qu'il y ait des passe-droits, du favoritisme et autre penchant capable de réveiller les courroux de chacun de nous. Nous sommes persuadés que chaque algérien, voyant l'application régulière des lois, s'y conformera sans hésitation et de bon cœur. L'Algérien est peut-être brusque et zélé, mais il refuse surtout l'injustice. L'égalité lui inspire plus de dévouement pour autrui, et aimerait surtout se pavaner devant les applications de lois justes et cohérentes. Il devient bestial devant l'injustice. L'application des lois ne peut se faire sans une justice claire et sûre. Pour cela, il faudrait que l'on veille à son applicabilité par le principe de justice. Sachant pertinemment, que celui qui doit appliquer la loi, doit au moins être sage et honnête. En général, l'homme algérien ne se révolte que lorsque l'application de la loi a été déviée et qu'il le constate de visu. En fin, nous devons apprendre à nos enfants que la légalité est le maitre mot entre toutes les personnes, membres de notre société. En un mot, nous devons montrer à tous ces jeunes que les passe-droits n'ont pas le droit d'exister dans notre société. Nous devons les bannir à jamais. C'est à ce prix que notre école relèvera la tête et deviendra, à coup sûr, une école formatrice d'hommes, désirée et adulée par tout le monde Notre Algérie retrouvera sa place dans le concert des nations grâce à son école qui a repris de l'altitude, en tant qu'école de formation de l'honnête homme. C'est à ce prix que la société algérienne deviendra une véritable société où la vie sera acceptable et tolérée comme dans toute société digne ce nom. C'est à ce moment que nous pouvons certainement nous considérer comme des humains formant une société capable d'être montrée du doigt. Là sera la joie de tous nos enfants. * Ex-inspecteur de l'éducation, vacataire à l'université de Blida II |