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Comment comprendre ce qui se passe aujourd'hui en Irak et en Syrie, depuis le déclenchement du «Printemps arabe» en 2011 ? Comment comprendre l'absence de consensus entre les grandes puissances pour trouver une solution aux crises et conflits sanglants qui frappent la Syrie, l'Irak et les autres pays du monde arabo-musulman ? Combien d'écrits, d'analyses, de conférences et de tables-rondes ont tenté d'expliquer les " révolutions arabes " qui ont vu une reconfiguration politique quasi totale de la région qui va de l'Afrique du Nord au golfe Persique ? L'Irak et la Syrie sont déchirés par des guerres civiles, et un risque d'éclatement plane sur eux, comme ce qui s'est déjà produit pour l'ex-Yougoslavie. Et celui-ci peut s'étendre à d'autres pays, la Libye se trouve la première cible. Les peuples d'Irak et de Syrie depuis 2011 vivent leur plus grave crise de leur histoire. Les " printemps arabes " se sont transformés en " hiver arabe ". Tous ces dangers qui guettent les nations arabes font apparaître qu'un long processus historique qui a commencé depuis les années 1970 est en train de prendre une dimension nouvelle, absolument inconnue et qui pourrait changer l'ordre de puissance dans la région et le monde. Il y a dans les crises des germes apparents et des germes cachés (ou en sommeil), et souvent ceux-ci lorsqu'ils se réveillent transforment complètement le cours de l'histoire. Quelques manifestations en Tunisie suite à l'immolation de Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid, le 17 décembre 2010, ont changé en quelques mois la configuration politique de la plupart des pays arabes, alors que ces régimes étaient considérés comme des plus stables. Le même processus a joué en Irak depuis la guerre déclenchée contre ce pays par les États-Unis, en 2003. Cette guerre a bouleversé complètement l'ordre politique, économique, culturel et religieux de l'Irak. Ainsi, il y a des événements qui paraissent au début insignifiants puis dans la foulée de l'histoire se transforment en événements redoutables. Voire même en cauchemar. Comme cela a été en Irak, la libération de l'occupation américaine devait normalement être célébrée comme une victoire, elle l'a été par des attentats aveugles contre une population qui fut progressivement divisée par la guerre. Il y a évidemment des raisons, et celles-ci relèvent des antagonismes communautaires et confessionnels qui n'ont pas discontinué durant toute la lutte armée menée contre l'occupant, et auxquels se sont greffés les antagonismes des puissances sur la mainmise des grands gisements de pétrole des pays du Golfe. Aussi pose-t-on une question légitime sur ces conflits fratricides atroces, car au fond chiites, sunnites et kurdes, malgré les différences, ont longtemps coexisté pacifiquement : " Qu'adviendra-t-il de cette région du monde ? Et quelles conséquences fait-elle peser sur le reste du monde ? " AUX ORIGINES DES GUERRES INTERCONFESSIONNELLES EN IRAK Tous les supposés armes de destructions massives détenues par l'Irak ou les formules de " démocratiser l'Irak " pour justifier l'entrée en guerre des États-Unis contre l'Irak sont tombés à l'eau, après 2003. Le monde entier prit conscience que le vrai de motif de l'offensive américaine était de mettre la main sur les gisements irakiens, surtout que, depuis la fin de l'année 2000, Saddam Hussein a décidé de " libeller les exportations pétrolières en euro ". Ce qui était inacceptable pour les États-Unis qui tirent du dollar, leur puissance économique, financière et militaire sur le reste du monde. Aucun pays n'a le " privilège exorbitant " qu'ont les Américains d'émettre de la monnaie sans contreparties, seule la demande des dollars pour les transactions commerciales sur les matières premières en particulier le pétrole des pays arabes servent de compensations physiques aux émissions monétaires américaines pour financer leurs déficits commerciaux avec les pays du monde. Cependant, au-delà des intérêts stratégiques de la superpuissance, l'offensive en alliance avec le Royaume-Uni contre l'Irak, en 2003, a eu cette même caractéristique qu'elle a eue durant la guerre du Vietnam. Les États-Unis et la Grande-Bretagne sont arrivés aux " limites de leur puissance " dans le conflit en Irak. En chassant les sunnites bassistes du pouvoir et en s'appuyant sur les chiites irakiens, ils ont provoqué une guerre interconfessionnelle au point que toute la guerre s'est changée en conflit généralisée. " Une guerre dans la guerre s'est enclenché au point que les guérillas chiites et sunnites ne laissaient comme ordre militaire à l'occupant que le chaos ". Et où les Américains et Anglais, cibles en permanence des insurgés, ne devaient leur salut qu'à trouver le plus vite possible une sortie du bourbier irakien dans lequel ils se sont enlisé. C'est ainsi qu'une commission bipartisane coprésidée par James Baker, ancien secrétaire d'Etat, et par l'ancien parlementaire démocrate Lee Hamilton, ont préconisé une nouvelle stratégie à l'équipe Bush pour sortir de l'enlisement et dégager les forces armées du conflit. Elle consiste : 1) d'associer l'Iran et la Syrie au processus de stabilisation de l'Irak, 2) résoudre le problème israélo-palestinien et pousser Israël à restituer le Golan à la Syrie en échange d'un accord de paix, 3) établir un échéancier pour le retrait des forces américaines. La nomination, le 7 janvier 2007, du général David Petraeus, nouveau commandant de la coalition en Irak, va permettre l'application de ces recommandations. Mettant en pratique des méthodes anti-insurrectionnelles, son plan opérationnel reposait sur trois points. 1) Un renfort de 30 000 soldats américains, le " Surge ", 2) un rapprochement américain avec l'Iran (série de rencontres officielles à Bagdad), 3) financer et armer les tribus sunnites de la province d'al-Anbar pour les rallier aux forces américaines contre les insurgés d'Al-Qaida, 4) préparer un plan de désengagement des forces armées américaines d'Irak. Ce que l'on croyait impossible à réaliser en 2006 s'est concrétisé en 2008. En effet, grâce à la nouvelle politique des États-Unis en Irak, les attaques contre les troupes américaines ont diminué de 80% en deux ans. Cependant, s'il y a eu abaissement des attaques, le changement dans l'insurrection armée doit être recontextualisé pour être compris. Tout d'abord ce ne sont pas les méthodes contre-insurrectionnelles de Petraeus qui ont joué. " Les Sunnites n'ont pas été retournés comme on l'avait fait croire ". Tous les insurgés chiites, kurdes et surtout sunnites qui ont été marginalisés depuis la chute de Saddam Hussein, se préparaient à l'après-évacuation des forces américaines d'Irak. Par conséquent, un financement et un armement gratuit au bénéfice des Sahwas, permettaient à la force sunnite de 100 000 miliciens (les Sahwas) de s'aligner face aux 90 000 hommes chiites de l'imam Moktada al-Sadr et les 90 000 hommes de la force militaire kurde, les Peshmergas. Il était évident que les chefs sunnites ont opéré un " ralliement tactique " pour se préparer, lé désengagement américain venu, de " peser sur le partage du pouvoir politique et économique " du pays, après-occupation. L'approche tactique des Sunnites, comme celle réciproque des États-Unis qui cherchaient à s'assurer d'une baisse de violence et une " sortie honorable de l'Irak (sans défaite) " peut se comprendre dans cette alliance scellée avec les Sunnites qui relevait essentiellement de la Realpolitik, donc de la conjoncture politique et militaire qui prévalait à l'époque en Irak. Quant au désengagement lui-même des forces américaines, il a été opéré conformément à l'accord-cadre du 16 novembre 2008 (Status of Forces Agreement ou Sofa). Les dernières forces américaines se retirèrent de l'Irak au mois de décembre 2011. DE L'EXTENSION DU CONFLIT A LA SYRIE AU RISQUE D'ECLATEMENT DE LA SYRIE ET DE L'IRAK Que peut-on dire de cet épisode américain en Iraq ? Humiliant ? Une sortie sans trompette ni fanfare certainement et qui aura donné à réfléchir à Washington et à l'état-major de l'armée américaine que, quelles que soient leurs forces, ils ne peuvent rien contre les peuples. En l'occurrence, le peuple irakien qui, après vingt années de guerres cumulées entre la première, la deuxième et la troisième guerre du Golfe et 12 années d'embargos, était considéré comme " fini " et pouvait être " asservi " comme du temps de la colonisation. Ce peuple a démontré qu'il n'est pas seul dans l'arène géopolitique mondiale, qu'il a derrière lui le monde arabo-musulman et des puissances qui ne sont pas d'accord avec la politique impérialiste des États-Unis. Les États-Unis n'ont pas compris que le monde a changé, il ne recule pas. Et le problème aussi, et c'est là où le bât blesse, le monde arabo-musulman recule. Mais recule-t-il réellement ? Ceci étant, l'évacuation des forces américaines d'Irak n'a pas réglé pour autant la fin des hostilités. Avec les guerres interconfessionnelles, il s'est créé un fossé presque insurmontable entre les communautés chiites et sunnites. La guérilla sunnite s'est poursuivi contre le gouvernement irakien du premier ministre irakien Nouri al-Maliki que la politique sectaire qu'il a menée a contribué au pourrissement de la situation entre les communautés. Attiser les conflits interconfessionnels, octroyer un strapontin aux sunnites dans le gouvernement et répartir inégalement les revenus pétroliers entre communautés étaient prévisibles que les Sunnites ne baisseraient pas les bras, entraînant les attaques à se poursuivre. D'autant plus que la guerre menée par les États-Unis en Irak a " renforcé l'axe chiite ". Désormais, l'Iran, qui s'est ménagé une " percée chiite en Irak " aura à opposer à l'Arabie saoudite une ligne chiite ininterrompue qui va de l'Afghanistan passant par l'Irak, la Syrie, le Liban pour aboutir au Bahreïn et au Yémen. L'Iran de plus tient un bras de fer avec l'Occident sur le problème de l'enrichissement nucléaire sur lequel la Russie et la Chine n'ont pas la même approche que les Américains et les Européens. Des donnes qui ne laissent aucune alternative à l'Occident sinon de compter avec la puissance régionale qu'est devenue l'Iran dans le Golfe persique. Et surtout elles mettent sous pression l'Arabie Saoudite qui, en tant que chef de file spirituel des pays sunnites, craint de perdre le leadership dans la région. Mais que peut opposer l'Arabie saoudite à l'Iran ? Les pays sunnites d'Afrique du Nord sont, depuis le " Printemps arabe ", dans une situation de déliquescence. Le pays le plus puissant, l'Egypte, vit une grave crise islamiste. La Libye qui est traversée par des conflits entre milices armées est devenue un pays ingouvernable. La Tunisie qui semble sortir d'une crise politique majeure reste toujours confrontée aux problèmes économiques et sociaux. L'Algérie ne doit son salut qu'à sa prudence dans les conflits à ses frontières et surtout à la hausse des cours des prix du pétrole et du gaz. Le Maroc qui dépend de ses ressources intérieures (tourisme, industrie légère, exportations de matières premières) et aussi de l'aide des pays monarchiques du Golfe sous forme d'investissements semble comme ces derniers peu touché par les conflits armés entre islamistes et gouvernements locaux. Le Yémen fait face, depuis 2004, à une insurrection armée des tribus chiites zaïdites dans la région du Nord-Ouest du pays. Le départ de son président suite au " Printemps arabe " n'a pas résolu le conflit entre les chiites yéménites et le gouvernement central du Yémen. Seule la Turquie, en tant que pays sunnite et frontalier avec les deux pays, reste un pôle important dans les crises irakiennes et syriennes. Quant aux pays monarchiques du Golfe eux-mêmes, " ventre mou " de l'Axe sunnite, ils constituent, sous la houlette de l'Arabie saoudite, le principal donateur en moyens financiers et militaires pour le soutien des groupes djihadistes sunnites engagés en Irak et en Syrie. Il faut rappeler que le déclenchement du " Printemps arabe " en 2011 et l'évacuation des Américains d'Irak qui a coïncidé fortuitement avec celui-ci, ont amené fatalement le conflit irakien à s'étendre en Syrie. En effet, les mêmes caractéristiques qui existent en Irak existent en Syrie. La Syrie est aussi gouvernée par un régime politique issu de franges alaouites, une branche chiite. Et ces conflits armés par leur durée et leurs antagonismes confessionnels et politiques font peser un risque d'éclatement de ces pays. L'ENJEU FONDAMENTAL DES GUERRES INTERCONFESSIONNELLES: LE «PETROLE» Dons ces conflits armés, deux fronts armés se sont distingué. L'" Etat islamique en Irak et au Levant " (EIIL) , né d'une alliance de plusieurs groupes djihadistes irakiens, et soutenu par la plupart des tribus sunnites des provinces d'al-Anbar et de Ninawa. Le second groupe, le " Front al-Nosra " ou, en arabe, " jabhat an-Nusrah li-Ahl ash-Saham " (Front pour la victoire du peuple du Levant), né aussi d'une alliance de groupes sunnites syriens et de groupes rebelles d'Irak venus renforcés l'insurrection en Syrie. Tous ces groupes ont des accointances avec Al-Qaida. Il est connu que Al-Qaida est en fait la création des Américains, des Pakistanais et des Saoudiens depuis l'irruption de la République islamique en Iran en 1979, et l'intervention militaire de l'URSS en Afghanistan, la même année. Pour l'Arabie Saoudite, il fallait lutter contre la république islamiste d'Iran, venu concurrencer son leadership spirituel sur le monde musulman. Pour les Américains, Al-Qaida ou la " Base " devait mettre en échec les forces soviétiques en Afghanistan. Pour les Pakistanais, en conflit avec l'Inde, les Soviétiques mettaient en péril la mainmise qu'ils avaient sur l'Afghanistan. L'éclatement de l'URSS en décembre 1991 a pratiquement sorti Al-Qaida de la scène internationale. Même en 1996, ce sont les Talibans qui ont été aidés par ces mêmes pays pour prendre le pouvoir en Afghanistan. Al-Qaida, un mythe, une nébuleuse à qui on lui attribue toutes les fonctions pour les besoins de la conjoncture susceptibles d'aider ces pays dans leurs plans géostratégiques. Et ces plans sont compréhensibles. L'Occident et l'Arabie saoudite pour l'axe sunnite, la Chine et la Russie et l'Iran, pour l'axe chiite. Et la ligne de fracture du monde arabo-musulman va de l'Afghanistan aux conflits des chiites du Bahreïn et au Nord du Yémen (chiites zaidistes). L'enjeu fondamental dans ces guerres interconfessionnelles, en réalité, est avant tout " économique ". Le pétrole est la clé de voûte, le religieux n'est que le " pendant de l'économique ".Si on éliminait le pétrole de ces conflits, c'est-à-dire le Moyen-Orient est dépourvu de pétrole, cette région n'aurait suscité ni convoitiseentre les grandes puissances ni guerres interconfessionnelles. Celles-ci n'auraient aucun sens sans un enjeu qui les motive. Ces régions, sans pétrodollars, seraient restées probablement très pauvres, et dont les gouvernements auraient concentré leurs efforts pour attirer des investissements pour la création d'emplois, la recherche de stabilité, etc. Comme le Maroc, la Tunisie, le Bangladesh... Le problème de l'enrichissement nucléaire iranien n'aurait jamais existé. Sans pétrodollars, la révolution islamique en Iran n'aurait pas été fomentée par les puissances occidentales, le shah d'Iran aurait probablement continué à régner. Il n'y aurait pas eu de grands changements géopolitiques dans la région, après la décolonisation. Tous les pays arabes, sans pétrole et distancés sur le plan technologique et industriel par rapport à l'Occident et à l'Asie, seraient dans une situation de stagnation économique. Si on regarde l'humanité, aujourd'hui, peuplée de plus de 7 milliards d'êtres humains, un Occident, talonné par une Asie et une Chine en pleine croissance, et malgré une relative avance qu'il a sur l'Asie sur le plan industriel et technologique, l'Occident a toutes les difficultés pour soutenir sa croissance économique. Et le monde arabo-musulman, qu'en aurait-il eu de lui sans pétrole ? On peut donc dire, sans l'ombre d'un doute, que le pétrole a été une " bénédiction " pour le monde arabo-musulman, contrairement aux voix qui prétendent que le pétrole a annihilé toute volonté d'émancipation de cette donne. A penser seulement qu'il toucherait à sa fin ou que les cours des prix du pétrole baisseraient drastiquement, les pays musulmans auraient toutes les peurs du monde pour appréhender le futur. Evidemment, le pétrole n'appartient qu'à une conjoncture historique et ce monde doit s'affairer à trouver un substitut à cette manne. LE MONDE ARABO-MUSULMAN, A LA FOIS «VECTEUR GEOSTRATEGIQUE» ET «GRENIER DE L'ENERGIE» Et si le " destin-monde " a fait que c'est dans le monde arabo-musulman que se trouvent les plus grands gisements de pétrole du monde, c'est que ce " destin-monde " n'a pas agi sans raisons. Aussi doit-on entrer dans l'" herméneutique du destin-monde ", avec ces facultés humaines que l'" intelligence-monde " nous a octroyées : la " pensée humaine dans la Raison du monde ". La première raison, le pétrole n'a pas été comme on l'invoque souvent, une " malédiction ". S'il n'avait pas existé, comme on l'a dit, on voit mal comment les pays musulmans, très en retard sur le double plan technologique et industriel, et dont nombre de pays sont encore englués dans des systèmes politiques féodaux, pourraient s'en sortir. Comment, sans pétrole, ils pourraient s'intégrer au marché mondial. Il faut se rappeler l'Inde dans les années 1950 et 1960 confrontée à la misère, avait de véritables mouroirs, et la violence était à son comble. Les pays de l'Afrique noire dans une misère noire, Ethiopie, Sud du Soudan, etc. Le Brésil, dont les villes sont entourés de favélas, gigantesques bidonvilles qui entourent des villes modernes, des villes dans des villes. Les pays arabes n'auraient pas vécu ce faste grâce au pétrole. Il n'y auraient eu ni villes modernes (Dubaï, Doha?) ni des infrastructures grandioses réalisées par les Occidentaux et les Asiatiques en Arabie saoudite, aux Emirats arabes Unis, au Qatar? Le pétrole a donc été, après les indépendances, un formidable agent de développement et d'enrichissement pour ces pays. Il a aussi été un puissant stimulant dans la consommation et la création d'emplois dans le monde. Il a permis enfin d'insérer le monde arabo-musulman dans les grands enjeux géostratégiques du monde. On peut dire que si l'Occident et l'Asie ont avancé au double plan technologique et industriel, le monde musulman qui a enregistré un retard dans cette direction a bénéficié en revanche de ses sous-sols pour devenir le plus grand " grenier de l'énergie " du monde. Il y a donc une complémentarité entre les trois mondes. La deuxième raison est pendante de la première. C'est grâce au monde arabo-musulman et les guerres menées en son sein, en particulier la guerre soviéto-afghane entre 1979-1988, qui ont permis d'affaiblir l'Union soviétique dans les années 1980. Grâce aussi aux " pétrodollars arabes " mis à la disposition des banques occidentales que le bloc socialiste de l'Europe de l'Est s'est trouvée endettée. La guerre soviéto-afghane et l'endettement du bloc Est qui a suivi ont mis fin au " bras de fer " entre l'URSS et les USA sur les missiles balistiques nucléaires de moyenne portée américains Pershing et SS-20 soviétiques installés en Europe. C'est le pétrole arabe ainsi que les conflits armés dans le monde arabo-musulman qui ont joué un rôle de " vecteur " dans ce dernier round de désespoir - l'affaire des missiles - d'une l'Union soviétique qui s'est senti " encerclée " par une ceinture verte et qui aurait pu? rendre apocalyptique le conflit pour l'Occident. L'Union soviétique et du bloc Est qui se sont écroulé comme un château de cartes sans conflit majeur entre les États-Unis et l'URSS montre si besoin la portée historique qu'ont constitué à la fois la république islamiste d'Iran et l'Arabie Saoudite dans le développement de l'Histoire. Le problème n'est pas dans les régimes politiques islamistes du type absolutiste de ces pays mais dans leur rôle et portée qu'ils ont dans l'Histoire. " Tel événement a surgi parce que cet événement était nécessaire pour faire avancer l'histoire " (Le sens herméneutique). La troisième raison n'est pas dépendante de la première mais vient en amont. Il faut s'interroger sur le sens des gisements de pétrole du Moyen-Orient dans la stratégie planétaire des États-Unis. Pourquoi cette volonté américaine de dominer à tout prix le Moyen-Orient? Le Moyen-Orient est-il une région vitale pour la puissance économique, financière et militaire américaine ? Comme on l'entend souvent dans les déclarations américaines. Pourquoi Washington place cette région du monde au centre de sa politique planétaire ? Pourquoi Israël reçoit un soutien indéfectible des États-Unis ? Et dans un certain sens même pour l'Europe et le Japon qui appuie la stratégie américaine dans cette région. Le problème n'est pas le conflit israélo-palestinien, qui est certes important mais reste à plus d'un titre secondaire pour la superpuissance. Il est certain que les États-Unis, malgré son impérialisme, auraient aimé qu'une paix s'installe entre Palestiniens et Israéliens et que deux États coexistent. Mais ce choix ne peut être imposé, il revient à Israël, et ce pays profite eu égard aux objectifs géostratégiques que la superpuissance poursuit dans la région. Et c'est à ces objectifs américains qui visent les gisements de pétrole des pays arabo-musulmans qu'il convient de comprendre la stratégie américaine. Sans leur compréhension, la situation du moyen en Orient comme elle a évolué et évolue encore reste inextricable, indéchiffrable et donc incompréhensible. " Des guerres dans les guerres seraient sans sens ". Attribuées à Al-Qaïda, au djihad islamique, aux guerres interconfessionnelles, aux rivalités pour le leadership religieux entre l'Iran et l'Arabie saoudite, etc., tous ces acteurs en fait ne sont que la face visible de l'iceberg. Les vraies donnes résident dans l'imbrication des grandes puissances et leur antagonisme sur les enjeux géostratégiques de la région. Et pour les États-Unis, le Moyen-Orient est une région vitale pour sa puissance. DES DOLLARS, DES «BONS D'ENLEVEMENT DU PETROLE» Posons-nous la question : " Pourquoi les États-Unis luttent-ils pour maintenir leur emprise sur le Moyen-Orient ? " Est-ce que pour assurer la libre circulation du pétrole moyen-oriental nécessaire à l'économie des pays industrialisés ? Pourtant les pays pétroliers de la région n'ont posé et ne posent aucun problème aux pays importateurs de pétrole et de gaz pourvu que ces pays payent le prix au cours des marchés internationaux et en " dollars ". Mais pourquoi en dollars, et non en euros, en yen, en real brésilien, en yuan chinois, etc. ? Pourquoi cette " clause absolue " que seuls l'Iran et quelques rares pays en conflit avec les États-Unis enfreignent ? Ce point sur la vente du pétrole en dollars paraît anodin, en réalité, " c'est sur lui que se focalisent toutes les forces, tous les enjeux entre les grandes puissances ". Chaque puissance industrielle aspire à libeller le pétrole en sa monnaie. Il faut se rappeler ce qui s'est passé lorsque Saddam Hussein a commencé à libeller le pétrole irakien en euros. Des vols humanitaires d'Europe et des pays arabes se sont multipliés à destination de Bagdad, portant un coup sans précédent à l'embargo anglo-américain sur l'Irak en 2001. Et ces vols ont continué à enfreindre l'embargo jusqu'à ce que se produisent les attentats du World Trade Center, le 11 septembre 2001. Des attentats qui ont rebattu complètement les cartes non seulement de la région mais du monde. Il y a là, et on ne peut en douter, un problème à la fois économique, financier et monétaire. L'argent est le nerf de la guerre. On voit mal les États-Unis se lancer dans des guerres au Moyen-Orient sans qu'ils n'aient des intérêts économiques considérables à retirer. Comment comprendre le puzzle des pétrodollars, non pas leur recyclage et celui-ci vient en aval et concerne les excédents des balances de paiements des pays pétroliers, mais leur rôle dans les transactions pétrolières internationales ? Si la vente du pétrole est libellée en dollars, les États-Unis sont tenus de créer des dollars. Non pas des dollars pour financer leur économie comme le font tous les pays du monde qui tentent de financer les leurs sans inflation, mais par un surplus de dollars que ne font pas les autres pays parce qu'ils n'ont pas le " libellé monétaire du pétrole moyen-oriental ". Si ces derniers créaient un surplus de monnaie, les marchés internationaux réagiraient aussitôt en dépréciant leurs monnaies. Car, ce surplus crée est sans contreparties. Ce qui n'est pas le cas pour les États-Unis qui détiennent un contrat sur la facturation en dollars avec les pays monarchiques du Golfe en échange de leur protection. Que représentent commercialement ces dollars ? Puisqu'ils obligent tous les pays importateurs de pétrole du Moyen-Orient à acheter des dollars soit en échange de leurs monnaies, soit directement des revenus en dollars issus de leurs exportations de biens et services vers les États-Unis. Ce sont donc ces " dollars " qui permettent aux pays consommateurs d'" enlever " les quantités de pétrole nécessaires pour leurs économies. Et comme ce terme d' " enlever " l'indique, les " dollars " constituent en fait des " bons d'enlèvement " du pétrole. Et ces mêmes " bons d'enlèvement ", des dollars, permettent en retour aux pays pétroliers arabes d'" enlever " des marchandises d'Europe et d'Asie. Pour la superpuissance, que ces bons reviennent sur les marchés ne poseront pas de réels problèmes. En effet, ces liquidités pourront toujours être recyclées, de plus octroient un " pouvoir de duplication " aux puissances monétaires en cas d'appréciation de leurs monnaies. Il s'agit bien sûr de la Grande Bretagne, de l'Union européenne monétaire (UEM) et du Japon. De plus, la consommation pétrolière est continue. Année après année, les pays consommateurs importent du pétrole du Moyen-Orient. Par conséquent, la création monétaire américaine est " continue " et doit toujours répondre aux besoins des pays importateurs de pétrole. Les " bons d'enlèvement " du pétrole resteront donc une constante dans les transactions internationales pétrolières, sauf, bien entendu, si un ou des pays arabo-musulmans entraient en conflit avec la superpuissance, ce qui était le cas de l'Irak, et ensuite de l'Iran. Ainsi se comprend pourquoi les États-Unis sont dépendants du pétrole moyen-oriental, et explique tous leurs efforts pour garder la mainmise sur la région. Il apparaît donc que les États-Unis ont, à travers les dollars, une " part dans la propriété " sur le pétrole moyen-oriental. Une " propriété bien qu'indirecte " reste une réalité et qui, il faut le souligner, n'est pas sans conséquence pour l'Amérique. Ce point n'est pas à expliciter dans l'actuelle analyse. Cependant, force de dire que ce libellé monétaire du pétrole par le dollar américain n'est pas négatif en soi. Puisqu'il a permis aux États-Unis de s'asseoir en " première locomotive économique " du monde. Précisément, c'est par ces déficits commerciaux devenus structurels depuis la fin des années 1960, que l'économie américaine dope l'économie mondiale par sa consommation. C'est en référence à la monnaie-centre qu'est le dollar que fonctionnent les plus grandes Bourses mondiales. La politique monétaire de la Réserve fédérale américaine a une influence directe sur toutes les grandes Banques centrales du monde. Cependant, il y a une ombre dans la politique extérieure américaine. Si le système économique, financier et monétaire international, dominé par les États-Unis, paraît cohérent, l'Amérique ne peut indéfiniment tirer sur la corde du libellé par les guerres. Les guerres contre le monde arabo-musulman remettront tôt ou tard ce consensus, qui déjà se délite via les guerres confessionnelles. Et c'est déjà là un début de bouleversement de la région, ce qui explique la fébrilité de l'Occident et des pays monarchiques de tenter de lutter coûte que coûte contre les forces qui cherchent à changer le rapport des forces dans la région. Conclusion On comprend pourquoi le Moyen-Orient est une région vitale pour la première puissance du monde. Et ce processus a commencé depuis que le dollar, après 1945, est devenu la première monnaie internationale, et recherchée par l'ensemble des pays du monde. Les deux krachs pétroliers de 1973 et 1979 au cours duquel le libellé monétaire du pétrole en dollar s'est substitué en quelque sorte à l'étalon-or (Gold Exschange Standard) l'a encore rehaussé. Evidemment, cette donne a permis une certaine stabilité à l'économie mondiale, mais la montée en puissance des pays émergents (Brésil, Russie?), surtout la chine devenue deuxième puissance économique mondiale, aura certainement à terme à remettre en question l'ordre financier et monétaire américain dans le monde. L'influence la Russie et la Chine est considérable au Moyen-Orient. A voir seulement les quatre veto que la Russie et la Chine ont opposé conjointement au Conseil de sécurité aux projets de texte relatifs à la Syrie où le nombre de tués est estimé à 150 000 depuis le début de l'insurrection, en mars 2011. Il est clair que Russes comme Chinois ne sont pas des samaritains, mais défendent leurs intérêts géostratégiques dans la région. Il n'est pas acceptable pour la Russie comme pour la Chine que " la Syrie tombe ". Si la Syrie tombe, il y aura fatalement une rupture de l'axe chiite. Le Hezbollah se retrouvera isolé. Le gouvernement chiite d'Irak, attaqué par les djihadistes sunnites au nord-Ouest et au Sud, se retrouvera lui aussi dans une posture difficile, et qui ne devra s'appuyer que sur l'Iran. Même l'Iran se retrouvera affaibli. Si la situation évolue en faveur de l'axe sunnite, les Russes perdront forcément la base syrienne de Tartous, et les Chinois se trouveront en difficultés au Moyen-Orient. Il faut rappeler que la Chine ambitionne d'" internationaliser son yuan ", et l'utilisation de la monnaie chinoise dans les transactions commerciales avec ses partenaires et " du libellé monétaire sur les matières premières et surtout le pétrole lui donnera forcément une nouvelle stature de grande puissance économique, financière et monétaire ". Et on peut penser que si la Chine s'est joint à la Russie par quatre fois au Conseil de sécurité en opposant son veto aux résolutions contre la Syrie - le dernier, en date du 22 mai 2014 -, c'est qu'elle a de grands intérêts dans la région. Et on peut penser qu'il concerne le " libellé monétaire du pétrole iranien, irakien et syrien ". Et il est même possible qu'il soit partagé avec la Russie. Les Russes aussi ambitionnent d'" internationaliser le rouble ".Dès lors se comprend l'importance de l'axe chiite dans la stratégie de la Russie et de la Chine. Cependant, Il est évident que ce qui se passe dans le monde arabo-musulman n'est que conjoncturel, que tous ces conflits fratricides qui se jouent entre un même peuple musulman, qu'il soit sunnite, chiite ou kurde, vont tôt ou tard se résoudre par épuisement entre les parties. " Il ne pourrait y avoir de solutions militaires car un peuple ne peut vaincre un autre peuple ", d'autant plus que nous avons affaire à trois peuples qui ont tous des droits et qui revendiquent leurs droits à l'existence. Et si la guerre a été déclarée entre eux, on peut dire que le conflit, avant même l'intrusion de l'Iran, de l'Arabie saoudite et des grandes puissances dans le soutien des parties, se trouve au sein même de ces peuples. S'il y avait une égalité des droits entre les peuples, que les systèmes politiques qui géraient ces pays étaient justes et accordaient aux peuples d'Irak et de Syrie, dans toutes leurs composantes, les droits qui leur revenaient, les conflits n'auraient certainement jamais eu lieu. Et ni la Syrie ni l'Irak et surtout l'Irak qui sortait d'une guerre qui a commencé en 1979 - depuis trente ans, elle est traversée par les atrocités de la guerre -, n'auraient succombé aux conflits intercommunautaires. Sinon pourquoi les pays frontaliers n'ont pas succombé aux guerres fratricides. Ce n'est pas que dans ces pays il y a un ordre politique idéal, les mêmes problèmes se posent, sauf qu'il y a une entente et un sentiment national qui font que les différentes communautés coexistent et se respectent mutuellement. On peut donc dire que ces pays traversent une phase extrêmement difficile de leur histoire. Et ils ne sont pas les premiers. Des pays aujourd'hui qui sont des pays modernes, y compris les deux superpuissances mondiales et la Chine l'ont traversé avant eux. La révolution bolchevique en Russie a duré plus d'une décennie, la Chine, durant la Grande Marche, les États-Unis, le Nord contre le Sud? L'Algérie a traversé une décennie noire. Et toute guerre, tout conflit relève de causes historiques, et ces causes doivent être résolues par l'Histoire même qui les a générées. En d'autres termes, ces conflits sont appelés à se dénouer, d'une manière ou d'une autre. Et si le sang versé est trop fort, et que les dissensions intercommunautaires le sont aussi, et qu'il y a fracture, le sentiment national à défendre ayant perdu son sens, il est évident que la seule solution est la séparation. Ces peuples ne pourront pas vivre ensemble. Se rappeler la fracture de l'Inde qui s'est scindé, le 15 août 1947, en deux nations, l'Inde et le Pakistan. Quelle que soit l'aide apportée par l'Arabie Saoudite et l'Occident aux groupes armés sunnites, ou l'Iran, la Russie et la Chine, aux gouvernements chiites, les guerres interconfessionnelles ne règleront pas le problème des gisements de pétrole. Les États-Unis n'auront pas l'emprise totale sur les gisements de pétrole syrien, irakien ou iranien. Trop de sang a été versé. De plus, chaque peuple sunnite, chiite ou kurde aura droit aux champs pétrolifères et au choix de la monnaie de facturation des exportations de leur pétrole. Il est évident que chaque peuple choisira la monnaie de l'Etat qui l'a soutenu. Ce qui signifie que la Chine comme la Russie auront un poids sur les problèmes monétaires internationaux. Donc, à terme, ils auront à influer sur le " système monétaire international ". C'est inéluctable. Et la fin définitive de ces conflits n'interviendra que lorsque ce processus commencera à apparaître et ira concomitamment avec l'épuisement qui aura de plus eu raison des protagonistes. Comme cela fut le cas, lors de la guerre entre l'Irak et l'Iran. L'URSS s'est épuisée aussi dans la guerre en Afghanistan. De la même façon, l'Occident s'épuisera dans cette " guerre par procuration " sans issue. Mais cet épuisement, s'il ouvrira un règlement définitif des conflits interconfessionnelles en Irak et en Syrie, ouvrira aussi une nouvelle ère pour l'humanité. " Même le conflit israélo-palestinien aura à changer de contexte. La politique agressive d'Israël envers les Palestiniens et le monde arabe perdra de son intérêt. " En effet, les bouleversements dans la région et le changement d'attitude de l'establishment américain obligera Israël à prendre une nouvelle direction dans sa politique envers les Palestiniens. Il est évident que ce conflit vieux de plus de 60 ans est intimement lié aux intérêts géostratégiques de la superpuissance. Non seulement ce conflit ne peut perdurer indéfiniment, mais si la région moyen-orientale perdra de son intérêt pour les Américains, cette perte d'intérêt déteindra forcément sur ce qui a prévalu jusqu'à présent : le soutien indéfectible des États-Unis envers Israël. Il y aura accélération d'un processus pour le règlement de la question palestinienne. Israël, privé de soutien et probablement de l'aide financière annuelle - les États-Unis devront désormais financer leurs déficits extérieurs par leurs propres ressources (impôts) puisées sur leurs contribuables - sera forcé à rechercher d'autres voies plus pacifiques pour trouver une solution définitive au conflit qui l'oppose aux Palestiniens. De la même façon pour les djihadistes qui ont instauré dans les régions libérées en Irak un califat islamique. Si l'Irak et la Syrie seront éclatés en trois entités, chaque entité cherchera à se faire reconnaître internationalement. Et le califat islamique, probablement annoncé pour des besoins de la guerre psychologique contre les chiites, ne plaide pas pour une reconnaissance internationale. L'exemple du régime des Talibans en Afghanistan qui a été reconnu par deux ou trois Etats, et qui ensuite a été chassé de la scène internationale, est suffisamment révélateur qu'il y a des normes internationales minimales à respecter si l'on veut faire partie du concert des nations. Enfin, sur un plan plus général, les crises et les guerres dans cette région ont contribué à maints égards à la stabilité et au développement du monde, sur le plan économique, financier et monétaire. En effet, la guerre par exemple en Irak de 2003 à 2011 a profité à la Chine et aux pays émergents par leurs exportations vers les États-Unis grâce aux formidables déficits jumeaux (budgétaires et commerciaux) américains durant toute la durée du conflit. Et les dépenses militaires de la superpuissance ont joué beaucoup dans ce paradigme. En arabe, on dira " ouahed eill-eeres, lakhor thhee-res ", traduit " l'un fait la noce, l'autre est brisé ". Evidemment, cette affirmation peut paraître incongrue, mais si ce n'est pas le cas, comment comprendre l'intrusion des grandes puissances et les atrocités commises dans ces conflits? D'évidence, il y a des intérêts planétaires qui ont nécessité quatre veto au Conseil de sécurité contre les résolutions sur la Syrie. Et cela en dit long sur le conflit moyen-oriental. Et si le monde est entré dans une nouvelle " phase de son histoire ", qui n'est encore qu'à ses débuts. |