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Conflit israélo-palestinien : «Paroles de fedayin»

par Ghania Oukazi

La victoire politique du Hamas sur l'armée israélienne devra convaincre les Etats arabes de croire en la cause palestinienne et d'aider fermement sa résistance.

Plus les forces sur le terrain militaire sont disproportionnées, plus la victoire est au plus faible. C'est ce qui se produit à chaque fois qu'Israël tente de faire avaler à la communauté internationale qu'il réagit en légitime défense. Une défense contre les roquettes du Hamas dont les plus sophistiquées ont une portée très limitée. Elles n'atteignent que les villages avoisinants à Ghaza. Avec ça, Israël a encore perdu une bataille, celle de juillet, devant la résistance palestinienne incarnée par un Hamas confiant et convaincu de la justesse de son combat. Aujourd'hui, le nombre de juifs israéliens, et même ceux à travers le monde, qui appellent à la reprise des négociations de paix augmente largement. Ils ont peut-être compris que le déséquilibre entre les deux parties en matière de forces de frappe militaires fait perdre la face au plus fort. D'ailleurs, les gouvernants israéliens mettent toujours un grand nombre de préalables à ces négociations, La levée du blocus contre Ghaza, la construction d'un port et un aéroport dans cette même zone relève dans leur esprit de l'utopie tant ils y opposent leur refus catégorique. Mais ce n'est pas cet entêtement qui fera perdre la face aux Palestiniens. Ils sont habitués à ce genre de rejet de leurs revendications depuis de longues années. Ils font ainsi preuve d'une endurance sans pareille face à la machine de guerre qui, à chacun de ses passages, les laisse en train de ramasser des lambeaux de chair de leurs proches sous les décombres de leurs demeures écrasées, entre autres, par des chars de dernière génération. Non, rien de tout cela ne semble ébranler la volonté des Palestiniens de continuer le combat, aussi inégal soit-il. Justement, tout est dans cette inadéquation et inégalité des forces, des positions et des soutiens qui les diffèrent des Israéliens. Ces derniers ont les grandes puissances avec eux, avec tout ce que cela suppose comme compromis et compromissions dans des attaques pourtant engendrant des crimes contre l'humanité ou des génocides, qualificatifs consacrés par les tribunaux internationaux. C'est certainement parce que cette vérité est frappante que la CPI (Cour pénale internationale) a préféré rejeter la plainte du gouvernement palestinien déposée contre les Israéliens. C'est une sorte de fuite en avant que de reconnaître qu'Israël est une entité terroriste. C'est même le flagrant délit. Au-delà du fait qu'ils sont toujours en quête d'un semblant de compromis avec les pays arabes face à une communauté internationale qui leur reproche de «faire peur» à Israël et de placer ses citoyens dans une constante insécurité, les Palestiniens ont juré de ne pas plier l'échine. Sans ça, Ghaza aura été déserte après ces massacres cycliques de ses populations. Les populations des territoires palestiniens ont choisi l'arme la plus redoutable dans un conflit armé, celle de la résistance physique et morale contre l'ennemi.

UNE PETITE PALESTINIENNE NOMMEE EL DJAZAÏR

Les Palestiniens restent sur les lieux des massacres, quitte à monter des tentes. Ils disent eux-mêmes qu'ils sont habitués aux camps de toile. Malgré la souffrance de leurs enfants, ils les maintiennent sur place, sur leur terre. On apprend d'ailleurs que des familles algériennes ont demandé à en adopter ceux qui ont perdu leurs parents mais les autorités palestiniennes refusent que ça soit à l'extérieur des territoires palestiniens. «On ramène les blessés, enfants, femmes et hommes en Algérie mais ils ne resteront pas ni ici ni ailleurs, une fois guéris, ils rentreront chez eux», a affirmé un responsable palestinien à une jeune femme algérienne qui a exprimé le vœu d'adopter un enfant palestinien. Seul bémol des autorités palestiniennes, c'est le parrainage des orphelins. Dans ce cas, les familles qui souhaitent le faire doivent verser des aides financières qui iront directement à l'enfant qu'elles auront choisi de parrainer.

La présence du peuple palestinien sur ses terres est une force de résistance que les sionistes n'ont pas réussi à vaincre ni à détruire. Si 48 a été une année où un grand nombre de Palestiniens a fui ses terres en raison de la violence que les Israéliens ont exercé sur eux, ces dernières années, l'exil a cédé la place à l'Intifadha. Des enfants palestiniens affrontant des blindés israéliens, avec en main des frondes et des pierres, est l'une des plus grandes défaites d'une entité qui veut se construire sur l'histoire de tout un peuple. Il n'a jamais été dit que les peuples abdiquaient devant les souffrances.

Quelques Etats arabes et musulmans ont compris que l'aide à la résistance palestinienne et son renforcement par les moyens qu'il faut est la meilleure forme de solidarité qu'ils peuvent et doivent exprimer à l'égard du peuple palestinien.

Les Algériens ont bien remporté une sale guerre contre la France coloniale. Des «couffins» pour faire face au napalm utilisé par une des plus grandes forces de l'Alliance atlantique. Une petite fille palestinienne née au milieu du désastre causé par les Israéliens à Ghaza a eu comme nom El Djazaïr. Un nom qui raconte l'une des plus belles «Intifadhas» dans l'histoire du monde. Elle se raconte aujourd'hui en résistance à Ghaza et dans tous les territoires palestiniens occupés. Paroles de fedayin.