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Le débat actuel sur la population et le peuplement du Sud devrait porter
sur les défaillances dont certaines restent à déterminer et d'autres sont à
corriger. Pour cela, et dans le cadre des processus de pilotage du
développement durable, la mise en pratique, d'une part, des projets qui
tiendront compte des perspectives sociales et d'autre part, l'installation des
infrastructures et des conditions favorables pour faire face au dur climat du
Sud sont inéluctables.
En effet, parmi ses défaillances, essayons pour une fois, tout en se référant aux civilisations et à l'ascension de certains pays et en laissant le volet politique et économique aux seuls spécialistes, d'analyser subsidiairement certaines données souvent occultées, qui découleront sûrement sur les nombreuses occasions ô combien ratées, aussi bien sur le plan socio-humain que naturel. Opportunités, qui auraient pu donner, en dehors des hydrocarbures, une stabilité sociale, une embellie financière, voire même de l'envol au Pays. Et loin d'être un orfèvre en la matière, ses données pourront être élucidées, entre autres, par des experts en sociologie et par la valeur scientifique du doute et de l'exactitude. A vrai dire, il s'agit à travers le comportement des collectivités de chercher les motifs " sociaux " et " humains " de l'attachement des Algériens au rivage et leur refus du Sud. Cela concerne aussi les habitants du Sud qui, de leur côté, ne perdent pas le Nord lorsqu'il s'agit de le regagner définitivement. Dans un autre registre, la dureté du climat au Sud et l'absence d'infrastructures pour y faire face, les longues distances et l'absence de moyens de connexions «sociales» des villes du Sud entre elles et celles du Nord au Sud semblent avoir contribué au marasme actuel. LE CLIMAT DES DESERTS «DE FEU» ET «DE GLACE» Il semble que le climat «infernal» du Sud ne permet pas aux gens, en particulier les natifs du Nord, à s'y adapter et encore moins à y vivre, sauf de façon intermittente (salaire motivant oblige). Ce motif de la dureté du climat, avancé par l'opinion générale, qui ne serait pas propice au développement des affaires et des investissements au Sud est non fondé. Il est même irrationnel ! En effet, sans évoquer les Etats secs et arides de l'Arizona et du Nevada aux USA, mais aussi bien les pays arabes, naguère désertiques, que les vastes territoires stériles des pays asiatiques et latino-américains ou encore le désert «diamanté » du Kalahari africain nous prouvent que les conditions atmosphériques, aussi extrêmes soient-elles, n'ont jamais été un frein au peuplement des lieux hostiles et au développement de l'homme sur tous les plans. Dans certains pays, même les régions «anhydres» sont désormais, dans un souci de recherche d'espaces à l'égard d'une population de plus en plus croissante, bien «remplies». Ainsi, au Qatar et au Koweït, où la température dépasse souvent les 45 °C, des occidentaux venus des contrées réfrigérantes se sont bien adaptés au climat local, ceci en construisant de nouvelles villes modernes et des trusts avec toutes les commodités nécessaires pour faire face à la sévérité du milieu. Concernant l'industrie «agricole», l'Arabie Saoudite a érigé en plus d'un méga-centre de production avicole (dont la chaleur est un facteur limitant), un des plus grands complexes au monde de production laitière dans un lieu où le mercure descend rarement sous les 40 °C, adaptant aux degrés de chaleur les individus et les sensibles bovidés. La Guelmoise et la Brune de l'atlas ont de quoi mugir car dresser la plus grande ferme du monde avec ses 130.000 vaches (et leur alimentation) en plein désert, représente l'extrême. Il s'agit là d'un défi de taille ! Le folklore et le divertissement ne dérogent pas à la règle du climat. De grands défilés de mode sont depuis peu organisés aux Emirats Arabes Unis dans des villes suffocantes avec de surcroit un taux d'humidité important, quant on sait que notre Sud dispose d'un climat sec même s'il est de plus en plus humidifié par la remontée des liquides et pollué par l'émission des gaz. Dans le domaine du sport, des matchs de football se jouent à Djeddah et à Dubaï (véritables fournaises) sur des pelouses plus verdoyantes que celles de San Siro et du New Camp. De même des tournois du grand chelem de tennis et des rallyes internationaux se déroulent entre les dunes et les pierrailles du Bahreïn. Plus à l'Est, le grand désert du Thar (le Mârusthali), qui est le désert le plus densément peuplé au monde révèle d'une vie sociale très active et d'une intense économie en dépit des conditions de vie insupportables. Que dire des trente millions d'habitants du Pendjab Pakistanais où le fournil persiste jusqu'au mois d'Octobre. Plus au Sud, l'été Indien, d'ailleurs bien chanté, continue d'attirer les touristes du monde entier ! A l'opposé, dans le Val d'Or québécois et plus au Nord au grand lac de l'Ours, côtés où le thermomètre dégringole parfois jusqu'à - 35 °C, le pays de l'érable a entrepris de grands chantiers pour occuper cette partie «aurifère» de l'archipel arctique, attirant ainsi des populations dont certaines sont originaires de pays torrides à l'exemple des nombreuses familles algériennes natives des régions de Biskra et de Laghouat qui se sont installées dans ces lieux et qui depuis se sont bien accommodées à la rudesse du climat. De même, non loin du pôle nord, la Laponie séduit de plus en plus les scandinaves qui défient la glace pour s'y établir. L'investissement dans les métiers du tourisme et de l'élevage de Rennes, aidés en cela par la politique de leurs Etats y a beaucoup contribué dans ce néo-peuplement. ACCLIMATATION ET ACCLIMATEMENT: LA CONFIRMATION PAR LA SCIENCE Partant de là, la science nous démontre que l'une des caractéristiques les plus impressionnantes de la matière vivante est sa grande adaptabilité aux conditions extrêmes de température et d'humidité (indices primordiaux de l'aptitude à vivre) mais aussi de pression, de salinité, d'acidité et de sécheresse. Ainsi, tout être humain peut graduellement résister et survivre sous des conditions climatiques excessives, bien évidemment à l'abri d'une exposition continuelle aux effets de celles-ci ou en créant les conditions favorables pour les affronter. Au final, à l'instar des autres êtres vivants (faune et flore), il finira par s'adapter à un climat foudroyant ou incandescent. Par ailleurs, l'homme ayant une température interne normale de 37°C, en dehors des pics et des chutes de la température saisonnière qui peuvent lui être désastreuses surtout en cas de vulnérabilité, il s'adapte aisément à des températures zonales aussi bien de - 20 °C qu'à celles de 45 °C, ceci pour dire que l'acclimatation à la chaleur est plus facile qu'au froid ; en deçà ou au-delà, des mesures préventives (sanitaires entres autres) doivent être prises. Dans le cas d'un long séjour dans une région opposée à son environnement habituel, l'acclimatement d'une personne n'intervient que 12 à 15 jours après le début de l'exposition à la chaleur ou au froid. Ce délai est beaucoup plus long lorsque l'altitude et l'humidité interviennent. D'autre part, il faut savoir que la température ne suffit pas à caractériser un environnement de froid ou de chaud. En effet, l'activité de l'homme, le type et le lieu de celle-ci, interviennent dans la caractérisation de l'environnement. Ainsi, en dehors du climat ambiant, des températures inférieures à 15 °C ou supérieures à 25 °C peuvent, en fonction de l'activité de l'individu, mais aussi de son âge et de son état de santé, provoquer de la pénibilité à des postes de travail sédentaires. Pour cela, divers pays prennent en considération les paramètres physiques et physiologiques dans la législation du travail: il s'agit notamment du rayonnement thermique (infrarouge et ultraviolet), de la température cutanée, de la fréquence cardiaque, de la sudation, de l'effort produit et de la dépense énergétique. D'autres paramètres sont considérés pour le froid qui, faut-il le signaler, lorsqu'il est négatif peut provoquer des engourdissements, des gelures altérants la qualité de vie et plus grave encore, une hypothermie dont les conséquences peuvent être dramatiques. De ce fait, puisque chez nous un crachin ou quelques flocons de neige suffisent à paralyser le pays et à proclamer l'arrêt de travail au Nord et puisqu'on est dans un pays chaud où les gens travaillent sous des températures dépassant parfois les 50 °C à l'ombre au Sud, il est substantiel de déterminer des normes " régionales " du seuil (maximal et minimal) de résistance à la température pour annoncer la journée chômée et payée pour causes climatiques. Pour cela, l'administration chargée de la législation du travail doit s'appuyer sur le travail des médecins et autres scientifiques. L'AMBIANCE DE L'HOMO SAPIENS, DES PHARAONS ET DE GENGIS KHAN Sur un autre plan, la préhistoire et l'histoire nous enseignent que ni le climat, ni le relief n'ont été des obstacles à l'essor de l'homo sapiens et beaucoup plus tard à l'extension des civilisations. Au cours de son développement et à travers les ères, l'ancêtre de l'homme s'est proliféré sur la quasi-totalité du globe, colonisant des territoires (régions polaires, Sahara, altitude?) dont les conditions climatiques sont pour le moins incommodes. Les aborigènes d'Australie ont ainsi colonisé le nœud du continent, le grand désert de Victoria, il y a de cela plus de 600 siècles. Contrairement aux néo-colonisateurs qui se disséminèrent sur les côtes verdoyantes et aérées du pacifique et de l'océan Indien, la grande tribu des «Mirning» a choisi ou plutôt été obligée de fuir vers les vastes territoires salés et ensablés pour vivre et préserver ainsi la lignée. Non loin, en Nouvelle Calédonie, une communauté d'origine algérienne, dont les arrières grands parents ont été déportés, est bien établie. Le génotype n'a pas intercédé pour un retour aux terres de leurs ancêtres : l'Algérien confirme la science ! Pour passer de la préhistoire au cœur de l'histoire, la civilisation Maya et l'empire Inca de l'Amérique précolombienne ont vu le jour sur les cimes de l'Amérique latine quant aux peuples Aztèques, l'altitude n'a aucunement freinée l'expansion de l'empire de la Mésoamérique postclassique, atteignant même un niveau de civilisation parmi les plus avancés d'Amérique. D'ailleurs, les Algériens gardent un souvenir de «Guadalajara», principale ville à cette époque: ce fût lors d'un certain mondial où le problème du climat et de?l'altitude a éclipsé les résultats des héros de Gijon ! De même, en Asie, l'immense désert de Gobi a non seulement vu le «rayonnement» de l'empire Mongol, un des plus vastes empires ayant jamais existé, mais a constitué, à travers ses pierres et ses vastes étendues de sable et de dunes, l'un des points de passage de l'historique «route de la soie». C'était bien sur des caravanes de chameaux et d'équidés, et c'était bien aussi dans un endroit où la température varie selon la saison de - 30 °C à + 40 °C avec une amplitude entre le jour et la nuit de 30 °C. Plus au nord, la Sibérie a vu ses nombreux peuples indigènes dont les esquimaux se sédentariser. Pour survivre dans les plaines glaciales du cercle polaire, en dehors de la fourrure qui attira aussi les cosaques, les nombreuses ressources de la Taïga et plus au Nord de la Toundra leur sont aujourd'hui d'une grande utilité. Non loin de nos terres, le fin filet du Nil, longeant de vastes terres sevrées de toutes sources du sol et du sous sol, fut le berceau de la civilisation pharaonique, une des plus grandes qu'a connue l'humanité. Le fleuve a gratifié la dynastie et son peuple d'une récolte qui, à son tour, alimenta le développement social et culturel durant plusieurs siècles jusqu'à l'actuelle Egypte qui nourrit quatre vingt millions d'âmes! ADAPTABILITE : DU BERCEAU DES RELIGIONS A LA CONQUETE SPATIALE On dit bien que le désert n'est pas le néant et que le désert n'existe que dans les esprits. Parabole qui nous guide, à la fois, du Nil à la spiritualité et du berceau du prophète Moussa au grand désert de l'orient qui a vu la naissance des trois principales religions dont l'Islam. Ainsi, il est opportun de rappeler que notre prophète QSSL a rempli sa mission «le message divin» après tant d'épreuves et de souffrances dans les déserts d'Arabie, pour nous léguer une religion qui fut sauvée grâce à la traversée, par une poignée de personnes, d'un désert inhospitalier (Hijra); religion qui conquit par la suite l'humanité aux quatre coins de la terre. La Kaâba étant la boussole (la Qibla) pour tout musulman de la planète et le pèlerinage étant le cinquième pilier de l'Islam, aussi bien des personnes âgées que fragiles s'acclimatent parfaitement et prodigieusement, pendant un mois, au soleil de plomb de la Mecque lors du pèlerinage (Hajj). Prodigieusement, ils le sont autant et en plein mois de jeûne durant la Omra. Les statistiques avancent que le nombre de décès du aux conditions climatiques durant ses deux périodes ne dépassent pas les 0,01%. Nonobstant, l'instant présent étant un concept en rapport avec la philosophie de l'espace et du temps, la présente déduction peut donc être controversée, puisque tout au long des derniers millénaires si les changements climatiques n'ont pas connu de grands bouleversements qui auraient affecté l'homme et influencé son mode de vie (à part les minimes variations cycliques rapportées par des études), ils le sont autant actuellement, notamment avec un réchauffement climatique qui, conséquence de la vapeur, s'est amplifié à partir du dernier siècle. De ce fait, les données climatiques et atmosphériques entre les époques précitées et celles de notre époque ont bien changé, pour corroborer la similitude. Néanmoins, il faut bien admettre que parallèlement à ce réchauffement, le développement phénoménal de la technologie et des techniques pour faire face aux aléas du climat, en offrant à l'homme les conditions d'existence et de vie dans n'importe quel endroit de la planète, conforte l'induction. Ainsi, du nomadisme forcé autrefois par le climat, l'homme s'est vu par la suite se tenir presque toujours chez soit notamment avec le développement de la technologie du «chaud» et du «froid» pour enfin recouvrir sous l'effet de la globalisation, un autre mode de nomadisme cette fois-ci transcontinental. Beaucoup plus et sous d'autres cieux, l'homme, colonisateur insatiable, vient d'initier la conquête de l'espace cosmique. Nul doute qu'il va devoir, dans cette entreprise, affronter de nouvelles conditions «spatiales» extrêmes. En effet, l'apesanteur et l'exposition prolongée aux radiations cosmiques sont loin d'égaler (en risques) l'altitude et les ultraviolets de ses champs habituels. Pour clore ce chapitre, dans plusieurs pays la prise en compte de «l'adaptation aux changements et dérèglements climatiques» est devenue obligatoire dans les processus d'aménagement du territoire et de pilotage du développement durable. En résumé, aux limites extrêmes du climat de l'Algérie, qu'il soit natif, résidant ou habitué du Nord ou du Sud, l'Algérien peut s'adapter, habiter et travailler dans n'importe quel endroit du territoire national sous des températures allant de- 5 °C à 50 °C avec des précautions au-delà de ces limites plus au moins excessives pour les habitants de la région considérée. Pour la productivité, l'aménagement des horaires et de la législation du travail réglera l'affaire ! TRAVAIL ET LIEU DE NAISSANCE : POINTS D'ATTACHE AU SOL ! Chez nous, il faut reconnaître qu'en dépit des nombreux avantages garantis par l'Etat à ceux qui veulent rejoindre le Sud et dernièrement à ses habitants, l'Algérien résidant au Nord reste prisonnier de son lieu de naissance et de son quartier d'enfance, et s'il lui arrive de se déplacer c'est toujours horizontalement puisque le sens perpendiculaire est limité au Nord par la barrière maritime et par l'inespéré visa. Pour la direction méridionale le mouvement fait souvent suite à la sanction administrative, synonyme d'affectation, qui lui tombe dessus tel un couperet. Touriste, l'Algérien (ne) n'est attiré que temporairement par l'envoutement de l'Assekrem et les dunes de Taghit ; après la cure, il (elle) retournera à la pression du septentrion. Quant au chômeur, il n'y pense même pas : l'Ansej est une...providence! Par ailleurs, en dehors des raids cycliques des pétroliers qui investissent, périodiquement et par équipes alternées, le Sud tandis que d'autres groupes le désertent pour aller retrouver la famille et les amis au Nord, l'Algérie n'a jusqu'à présent pas enregistré le grand rush de sa population vers l'intérieure de ses terres comme ce fut le cas pour les neuf pays qui l'a précédent en superficie. Et même si, depuis la décennie noire, une timide migration australe a bien eu lieu, elle s'est faite exclusivement vers les quatre principales villes du grand Sud. Villes où l'on continue, inconcevablement, à planter des cités " dortoirs " et des bâtiments à étages pour contenir le flux bienséant dans de véritables clapiers ( les éternels F 3) alors que l'infini pointe juste à côté ; ceci sans parler du mercure qui enregistre des records durant cinq mois de l'année, amplifiant ainsi la consommation d'énergie et les révoltes causées par les coupures récurrentes du courant. D'ailleurs, ce mode d'urbanisme dans le Sud a été décrié à maintes reprises par des responsables, mais en vain ! Sur ce dernier point et à titre d'information, au pays de l'oncle Sam les gratte-ciels du désert de San Francisco servent de bureaux, d'agences et de centres (commerciaux, affaires, loisirs) mais rarement comme gite. Pour l'habitat, le commun des fonctionnaires peut, selon le rang et la bourse, disposer d'une résidence, avec à la clé pour faire face au climat une piscine. Le même constat, en Australie, où le fonctionnaire de Canberra quitte, en fin d'après midi, la «tour» administrative ou d'affaires pour rejoindre son «vaste» foyer situé à plus de 100 km à l'intérieure des terres et «à niveau» de celles-ci. D'autre part, il faut convenir que malgré la bonne volonté des pouvoirs publics, le mode de gestion socioéconomique adopté depuis l'indépendance n'a aucunement contribué à la sédentarité des communautés activant au Sud dont la plus part d'entres elles sont originaires du Nord. Quant à la gestion administrative où les mêmes procédures sont appliquées aussi bien auprès des côtes que pour l'extrême Sud, elle a fléchi les plus téméraires. Gestion d'autant plus dommageable que nous avons raté l'occasion de retenir au Sud trois (03) générations qui depuis l'indépendance se déplaçait du Nord pour venir gagner sa vie dans l'Eldorado. Retraite ou fin de contrat oblige, elles sont, successivement, toutes retournées près des bords septentrionaux, passant à côté de «l'attachement social» au sol. Pourtant des études et des enquêtes sociales ont démontré que la fréquentation intermittente d'un lieu donné, soit pour exercer un métier soit lors des voyages d'agrément, est un facteur qui favorise la permanence et la pérennité d'un individu dans ce lieu. Un autre sondage mené auprès des mineurs sud-africains révèle que le lieu de travail, la qualité de leur environnement et l'ambiance en dehors des horaires de travail (infrastructures de détente et passe temps) sont beaucoup plus importants pour eux que le besoin du travail et autres avantages financiers recherchés à travers leur rétrogression des deux côtes océaniques «vitales» vers les régions minières «rébarbatives». Déplorablement, en Algérie, c'est plutôt les parkings des infrastructures qui retiennent les jeunes chômeurs au Nord, si ce n'est pas le gardiennage de celles-ci qui fixe l'armada d'agents de sécurité, puisqu'en plus de la fainéantise acquise tous les ingrédients leur sont offerts ! ASSURER LE LIEN SOCIAL ET AU SOL PAR L'ENFANT ET LA FEMME Certes, travailler au Sud s'avère être une chance inouïe pour certains surtout lorsqu'on n'y demeure pas ; cependant, les lourds décaissements consentis dans les interminables congés de récupération et le payement des billets de transport aérien mobilisant la flotte aérienne auront pu servir pour un autre type d'investissement comme les maternelles, l'école, l'hôpital et le divertissement. En effet, l'agencement d'équipements à caractère social de ce type, aurait pu encourager les pères de familles à ramener leurs enfants près de chez eux, au lieu de les en priver de cette affection durant quatre longs mois de l'année. La famille étant le socle de la société, il est donc clair que le lien social se construit à travers ses membres : les femmes et les enfants en premier. Pour ses derniers, les amis d'enfance, les rencontres entre femmes, les alliances et autres liens familiaux sacrés entre des personnes issues de régions lointaines sont parmi des liens auxquels les Algériens ont toujours été très attachés. Des sociologues affirment que même le cimetière est parmi les liens sociaux. Malheureusement, transporter au Bled du «haut» le corps du membre d'une famille résidente en «bas» est un reniement du sol bienfaisant. Par contre rester près de la tombe du père ou de l'époux, attachera au sol non seulement les enfants mais aussi les futurs enfants des neveux ; c'est ainsi que toute une filiation sera ancrée au Sud. Pourtant, on n'en est pas aux fractures familiales liées à la migration forcée et aux traumatismes des grands exodes de la 1ere et 2eme guerre mondiales. Pour prouver que le lien «social » est d'autant plus fort que les politiques «froides» des Etats, la chute du mur de Berlin a bien réuni les amis d'enfance des deux camps, et actuellement on chuchote des rapprochements entre les familles des antagonistes Corées. Que dire alors du Chili, pays étendu sur plus de 4000 km de longueur, lorsque des familles entières se déplacent du Nord au Sud à travers des régions maigres mais riches en minerais, dés que le chef de famille trouve un travail dans le désert de l'Atacama ? De son côté, l'américain se déplace avec sa famille sur des milliers de kilomètres lorsqu'il «déniche» un emploi ; l'Etat, loin de mettre à sa disposition un logement, contrairement au notre, il trouvera promptement dans son nouveau village toutes les ressources pour créer une ambiance dans le sol d'accueil. On est donc forcé de poser la question suivante: que veut l'Algérien de plus ? Qu'il soit fonctionnaire, enseignant ou médecin, pourquoi l'habitant du Nord refuse t-il le Sud du moment qu'il est logé et mieux payé qu'auprès des côtes ? Vraisemblablement, ce n'est pas à cause du climat, c'est plutôt l'ambiance en dehors du travail (et de l'école pour ses enfants) qui motive sa hantise. Et même si les multiples cafés lui offrent la relaxation, qu'en est-il pour sa (la)?femme et ses enfants ? Concomitamment, alors qu'on a tous déploré et même dénoncé la marginalisation des habitants du Sud, force est de constater que ses derniers sont de plus en plus nombreux à rejoindre le septentrion, accentuant l'encombrement du Nord et la vacuité du Sud. Le jeune d'Adrar et de Timimoun, qui grâce aux dispositifs d'aide mis par l'Etat aux profit des jeunes, peut gagner dignement sa vie dans l'agriculture, l'artisanat ou dans les métiers de la technologie du siècle, préfère aujourd'hui migrer au Nord avec comme bagage une théière bouillonnante, et trimballer entre les files de voitures donnant un aspect négatif des gens du Sud qui, il faut l'avouer ont toujours été très admirés par leurs concitoyens du Nord de par leurs valeurs, leur probité et leur habilité aussi bien dans le domaine littéraire pour l'ancienne génération que technique pour la nouvelle. En résumé, les gens du Sud ont un rôle à jouer dans ce sens car le jeune du Nord ne pourra pas partir au Sud du moment que ses propres habitants le déserte ! Venir au Nord, soit pour des études ou des soins spécialisés en attendant la migration des professeurs émérites vers les universités et les hôpitaux du Sud, soit pour rendre visite à la famille ou juste pour changer d'air est, en somme, tout à fait compréhensible pour notre concitoyen du Sud, mais habiter un taudis alors qu'il peut disposer d'un spacieux logement rural, relève de l'utopie. C'est aux jeunes mariés du Nord de venir dans cette partie de son pays, au lieu d'attendre durant douze longues années l'octroi d'un logement «social» de 60 m2 alors que la famille s'est entre temps agrandie. LA CONTRE-REVOLTE DU SUD PAR L'INFRASTRUCTURE ET LE DIVERTISSEMENT A y voir de près, le refus du Sud et la révolte des jeunes du sud est due beaucoup plus au manque de moyens «d'accompagnement» permettant une vie «enthousiasmée» qu'à l'emploi revendiqué, car à El Oued où les jeunes Soufis ont trouvé une manne dans la pomme de terre, denrée qui a produit toutes sortes d'activités allant de la plantation au transport, et où l'Etat a concède toutes sortes d'aides, il y a bien eu du chahut. De là, nous concevons que le problème est donc autre : on est plutôt dans l'introspection! Les ainés diront qu'il est intolérable que les structures hospitalières ne disposent pas de certaines spécialités médicales, les obligeant à recourir aux lointaines structures d'Alger, d'Oran et de Constantine. En effet, mis à part l'affectation (pour une ou deux années) des jeunes spécialistes dans les hôpitaux du Sud dans le cadre de l'accomplissement du service civil leur permettant de s'installer à titre privé au Nord, il est inadmissible qu'aucune structure sanitaire des douze Wilayas du Sud et du grand Sud ne dispose d'un service de dermatologie ; spécialité liée au « soleil », traitant le plus grand organe de l'organisme de l'homme et qui lui permet de se sentir bien dans sa?peau ! Pour revenir à l'indiscipline, le problème de l'emploi étant national et ne concerne pas uniquement les jeunes du Sud, par conséquence, le manque de moyens de culture et de loisirs aurait généré chez les habitants du Sud, pourtant réputés pour leur calme, toutes sortes de problèmes «sociaux», aidés en cela par la révolution numérique qui a bouleversé leurs habitudes socioculturelles. A ce titre, le jeune de Touggourt ou d'Adrar tiens, de nos jours, des mêmes ambitions que son concitoyen algérois et à la limite du culte et du niveau de vie national, souhaiterait jouir des mêmes hobbies que le new yorkais et le parisien qu'il côtoie grâce à la démultiplication des médias audiovisuels. Notons que pour les autres domaines (galeries d'exposition, musées, théâtre, cinéma, spectacle), le rôle de l'école étant fondamental, l'Algérien (du Sud et du Nord) est devenu indifférent aux violons d'Ingres jadis très prisées par ses grands parents : sous l'effet de l'endoctrinement, ils ne sont nullement appréciées alors qu'ils le sont bien pour leurs jeunes idoles anglais et français de même confession que la sienne. Aussi, la récréation collective étant marquante pour la communauté, il est temps pour les pouvoirs publics de programmer des matchs de l'équipe nationale à Béchar, à Ouargla ou à Tamanrasset, la fête du corps social n'en sera que grande et générale car pour l'évasion individuelle, la «lecture» reste le moyen impérissable pour se distraire et pour avancer. A titre d'exemple et pour étayer les effets de l'amélioration de l'ambiance locale dans les déserts d'autres lieux, la fréquentation des supermarchés qui se sont répandus un peu partout en Arabie Saoudite, est devenue une forme de loisirs pour les familles autrefois bédouines. De même, le développement tout autour d'établissements de restauration rapide pour les adolescents et de grandes salles et aires de jeux pour les enfants agrémentant l'environnement, dénote une évolution des styles de vie et des habitudes socioculturelles de ce pays et de ses générations pourtant réputés très conservateurs. A noter que cette évolution « sociale» s'est accrue notamment avec l'arrivée des femmes sur le marché du travail. A propos de divertissement, dans un Pays chaud comme le notre, il est inconcevable que certaines communes du Sud ne disposent même pas d'une piscine alors que les vacances scolaires durent plus de?trois (03) mois. Les structures nautiques devraient être érigées dans toutes les régions de l'Algérie et pas uniquement à Alger ou à Oran, cela fera certainement oublier aux jeunes et moins jeunes de Béni Abbes la lointaine plage de Béni Saf. Dans ce sens, l'exemple des Etats enclavés des USA, notamment les plus chauds, est édifiant. Ils ont décelé dans l'implantation de piscines publiques, d'aquaparcs et autres centres de loisirs hydriques, qui offrent des moments de défoulement et de fraicheur pour les gens de tout âge, une alternative à l'atlantique et au Pacifique ainsi qu'au coûteux bord Sud; fuyant les pinacles des côtes et soucieux de l'épanouissement de leurs enfants à moindre coûts, beaucoup de parents sont aspirés par les terres intérieures. Près des nôtres, alors qu'au Maroc de véritables « royaumes» de l'eau et d'aquaparcs (avec de gigantesques toboggans) voient le jour, chez nous on continue comme chaque année à compter le nombre d'enfants emportés dans les retenues et autres flaques d'eau. Il est temps d'investir dans ce type de créneaux, de construire des complexes hôteliers et de tourisme (pour les étrangers et pour l'organisation des innombrables congrès). Il est certain que placés en plein Sahara dont le sous sol est bien trempé, les aquaparcs donneront, tel un «mirage», une impression paradisiaque au désert. Impression qui agit sur les sens et l'esprit et dont Antoine Saint Exupéry en fut marqué, qui dixit: «ce qui embellit le désert, c'est qu'il cache un puits quelque part!». Avouons qu'à son époque, l'insinuation du «puits» était une surnaturelle prédiction ! Conclusion Face au climat (sa dureté et ses changements) et tenant compte des adaptations de l'ensemble de la population Algérienne, il devient nécessaire pour les dirigeants de mieux caractériser les perceptions et l'aspect «socioculturel» à ce sujet; ce qui renvoie à une analyse factorielle des prétendus problèmes «sociaux» du Sud. Un pays comme le notre deux cent (200) fois plus grand que le Qatar, avec des composantes climatiques, sociales et humaines, bien disposées par rapport à cet Emirat et qui de plus se partagent la même ressource, aurait nécessité une certaine «flexibilité» et une décentralisation tangible de l'administration et de la décision; par conséquence, il s'agit bien d'une «défaillance» de gouvernance dans son volet socio- humain et ses composantes structurelles, infrastructurelles et comportementales, et ce n'est nullement un problème de compétences humaines individuelles ou collectives, locales ou centrales : il s'agit beaucoup plus de volonté et de?vision ! Toutefois, cela reste corrigible par une revitalisation des grandes villes du Sud et non pas par la création de nouvelles villes prônée actuellement par des responsables car n'oublions pas que l'expérience des villages agricoles a été bien un échec. La «colonisation» intelligente et continuelle des provinces désertiques se fera par une «surpopulation» local ; l'Etat de son côté doit dés à présent aménager les territoires futures. Enfin, pour raviver les villes actuelles, chefs lieu de Wilayas et de Daïra, cela impose l'instauration des mécanismes tenant compte de la complexion sociale, de l'allure sociologique et surtout de la température et autres conditions atmosphériques. A ce moment, à la place d'une carte météo qui nous renseigne sur l'ambiance dans les territoires secs et vides, la différence de température entre les régions sera bien perceptible en compétitivité et en primeurs. Il est dit qu'avec un Sud plus verdoyant, le sirocco soufflera comme toujours sur le Nord ! Note : - Un adage bien de chez nous dit : « win khobeztek, hiya bladek ! ». - Pour les mêmes motifs, j'ai du quitter le Sud dans lequel j'ai exercé durant quatre ans - Les données sociales sont évoquées de mon vécu - Remerciements à M. A. Mestour ancien Directeur de l'action sociale (DAS) aux Wilayas d'El Oued et de Ouargla durant vingt dont je me suis inspiré pour ce travail. * Universitaire Journalisme scientifique |