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Le problème de l'emploi des jeunes est un phénomène qui touche avec acuité les pays en développement. La non maîtrise des paramètres démographiques et l'inefficacité des politiques d'emploi conduisent au chômage qui touche particulièrement les couches juvéniles. Les pouvoirs publics s'attaquent à ce fléau social mais les effets de la récession économique et l'absence d'investissement ne permettent pas de l'endiguer. Cependant il est à noter que dans ces conditions, l'emploi dans le secteur structuré est en régression permanente et tend à céder le pas à l'emploi dans le secteur informel qui s'impose de plus en plus comme secteur dominant. Par ailleurs, la question des conditions de vie des jeunes en général et des jeunes diplômés en particulier a souvent été considérée comme l'une des préoccupations des pouvoirs publics dont quelques-unes sont inscrites dans les plans de développement. Malheureusement, le constat révèle un déphasage entre cette volonté et la pratique réelle. Depuis plus de vingt ans, les pays du Sud sont victimes de la récession économique qui a conduit la plupart d'entre eux, à adopter des programmes d'ajustements structurels imposés par la communauté financière internationale. Ces programmes s'inspirent de la théorie néoclassique de l'emploi, opposée à la théorie sociale. La dominante de ces programmes est la réduction des charges de l'Etat, particulièrement dans les secteurs sociaux. Ce qui a eu pour effet la suspension des recrutements à la Fonction Publique. Seul le secteur privé, déjà réduit, devait prendre le relais. Malheureusement, la situation a été aggravée par les conflits sociopolitiques qui ont occasionné la destruction du tissu économique qui existait. Le chômage et le sous-emploi ont alors pris des proportions importantes, surtout parmi les jeunes diplômés. Les jeunes diplômés sont des personnes des deux sexes, âgées mois de 35 ans qui ont obtenu un diplôme universitaire et/ou professionnel et qui se présentent sur le marché du travail. Ainsi, la montée du chômage après tant d'années de plein emploi montre à quel point le marché du travail est tributaire des enjeux macro-économiques. L'ampleur de la rupture intervenue dans le rythme de la création de l'emploi, suite à l'entrée en vigueur des programmes d'ajustements structurels, puis au désengagement accéléré de l'Etat de la sphère de production tout au long de la décennie 90, a mis en évidence les faiblesses d'un modèle économique fondé sur la rente pétrolière. A l'heure de la reconstruction socio-économique engagée par le gouvernement, une stratégie de réduction de la pauvreté a été élaborée et adoptée. Dans ce contexte, le but est de chercher à savoir et à comprendre les conditions et les contraintes liées à l'insertion des jeunes diplômés dans le monde du travail, lorsque les deux grands pourvoyeurs d'emplois connaissent des contre-performances. Nonobstant l'évolution du PIB, notre pays reste confronté à un chômage de masse qui place la question de l'emploi et de la formation professionnelle au centre des préoccupations de la vie politique, économique, sociale, culturelle et technologique des décideurs, des partenaires et acteurs du développement. L'emploi qui a été longtemps dilué dans le travail retrouve ses lettres de noblesse avec la création des dispositifs de création d'activité et au Dispositif d'aide à l'insertion professionnelle. En effet, le service public de l'emploi a évolué ces dernières années dans un environnement institutionnel et économique instable qui n'a pas toujours permis la continuité de ses programmes, le conduisant ainsi à un perpétuel recommencement. De même, le manque d'une politique nationale de l'emploi est un handicap majeur car l'absence de ce cadre institutionnel ne permet pas de faire des prévisions à long terme sur les emplois catégoriels en général et ceux des jeunes diplômés en particulier maos aussi l'environnement instable dans lequel l'entreprise algérienne active en plus de l ?absence de politique de gestion de ressources humaines au niveau de l'entreprise. Aussi, permettrait- elle l'adéquation entre la formation et l'emploi. A l'image des autres pays pauvre en investissement, le secteur informel, en Algérie, constitue un très fort gisement d'emplois pour les jeunes diplômés ou sans qualification. L'éducation et la formation se sont dégradées au cours de ces vingt dernières années alors que l'appareil de formation était auparavant l'un des plus efficaces au Maghreb voire en Afrique. LA SITUATION DU TRAVAIL, DE L'EMPLOI ET DU MARCHE DU TRAVAIL Elle est abordée à travers les cinq rubriques suivantes: la définition des concepts, l'évolution de la situation de l'emploi, les secteurs économiques et non économiques, les limites et les contraintes de l'emploi et enfin le chômage. A travers le terme emploi, on peut comprendre par ailleurs, l'accès à ce que le vocabulaire courant nomme «le marché du travail» : ses formes, ses modalités et ses résultats (précarité/stabilité, chômage, etc.), d'une part ; la traduction de l'activité laborieuse en terme de statuts et des rôles sociaux pour un individu comme pour un groupe socioprofessionnel clairement identifiable, c'est-à-dire la distribution des gratifications réelles symboliques qui accompagnent l'exercice d'une activité de travail reconnue comme socialement utile, d'autre part. Cette distinction entre travail et emploi peut paraître à première vue schématique et d'une certaine façon, elle l'est. Tout se passe en effet comme si les chercheurs s'étaient mis spontanément d'accord pour établir une ligne de partage séparant les sociologues, qui traitent à peu près exclusivement des problèmes du travail, et les économistes, qui excellent à peu près sans exception dans le traitement des problèmes d'emploi. Le constat peut sembler caricatural. Mais il faut reconnaître que pendant longtemps la réflexion sociologique s'est située, au moins pour l'essentiel, à l'intérieur de l'activité professionnelle salariée, alors que l'accès à l'emploi, les modalités d'accès à l'emploi ou d'éviction du marché du travail n'ont pas été constituées en objets sociologiques, même s'il existe des recherches sur le vécu du chômage, sur l'insertion des jeunes, sur les préretraites, sur l'activité féminine. L'offre et la demande de travail, l'offre et la demande d'emploi, l'achat-vente de la force de travail donnent quelques idées sur l'ampleur des divergences théoriques entre les courants de l'analyse du marché du travail. Cette absence de consensus porte aussi bien sur l'objet que sur les règles de l'échange. - L'insertion professionnelle classique Les entreprises privées sont le second pourvoyeur d'emplois après la fonction publique. Il y a eu une diminution de l'ensemble du secteur qui n'offre plus d'opportunités d'emplois salariés et qui ne cherche que le bénéfice. Avec même l'octroi d'avantage surtout parafiscaux ; ce secteur n'a pas adhérer à la stratégie de l'Etat, et cherche de plus en plus « le gratuit» sans effort et sans contre partie. Le désengagement du secteur privé a entraîné la dégradation des grands équilibres macro-économiques, aggravé par les contre-performances réalisées par la plupart des entreprises assistées et bénéficiaires de contrats d'insertion professionnelle ou de diplômés. Aussi, la tendance globale du marché du travail moderne se traduit-elle par un très fort recul de l'emploi surtout des jeunes diplômés. Ainsi, le gouvernement a entrepris, dans ses engagements, une politique nationale importante sur le plan théorique qui n'a pas pu se traduire sur le terrain en raison du complexité du phénomène de réduction du chômage de masse basé beaucoup plus sur l'assistanat que sur l'insertion via l'activité économique et cherchant plus la paix et la stabilité politique que le développement économique. Le diagnostic de la situation de l'emploi nous renseigne sur les limites et les obstacles du marché du travail et de l'emploi. Ils sont davantage structurels que conjoncturels. Il s'agit de: - le manque de politique nationale de l'emploi dont l'élaboration est encore au stade théorique uniquement du fait d'importer des modèles de solutions qui ne s'adaptent aucunement à la réalité algérienne. -la restriction du volume d'investissement destiné à rendre le territoire attractif, le sous-équipement des collectivités locales, l'incohérence des politiques sectorielles non guidées par une coordination technique forte, l'insuffisance des crédits à l'économie dissuadent les promoteurs des Petites et Moyennes Entreprises (PME) et des petites et moyennes industries. - la prolifération d'organismes privés de formation professionnelle non coordonnés ne cesse d'augmenter la « flotte » des jeunes diplômés sans emploi. - la faible productivité des entreprises comparativement à celles des pays qui ont le même environnement. - le refus d'investir des profits accumulés par certaines personnes pendant les périodes fastes a pour conséquence l'affaiblissement du tissu des PME/PMI. En privilégiant l'immobilier spéculatif au détriment des unités de production, ces personnes ont laissé à la traîne de nombreux jeunes diplômés. Ces derniers végètent et se livrent aux petits « boulots » précaires qui leur ôtent le désir d'apprendre. L'AUTO-EMPLOI DEVIENT UNE SOLUTION D'ATTENTE La création d'activité notamment des micro- entreprises est devenue, par la force de politisation des procédures et des décisions bancaires, de simples arrêtés de profit qui échappent à toutes études technico-économiques et par voie de conséquence ces décisions ressemblent à des activités de loisirs sans effet significatif sur l'emploi et sur l'économie locale ou nationale. - le déséquilibre au sein du système économique est l'une des causes majeures de la restriction du volume d'emploi. En effet, le secteur de service notamment individuel est le secteur dominant en matière de création mais aussi en matière de dépôt de compte- fermeture-. Un tel choix ne peut que se solder par l'étiolement des offres d'emplois. - le maintien des pratiques culturales ancestrales- malgré les subventions de l'Etat- limite la capacité à produire davantage des biens agricoles en conformité avec les normes internationales. Les initiatives économiques conduites par les néo-ruraux ne bénéficient pas encore de progrès techniques suffisants. Elles se déroulent dans des zones non aménagées, sans ressources financières adéquates et sans salariés assurés. Elles ressemblent à des activités de loisirs sans effet significatif sur l'emploi ; - l'auto-emploi ne s'étend pas davantage du fait aussi du non modernisation des ateliers. Il n'y a pas de garantie ou d'ambition structurée pour que les unités de production dans le domaine de la menuiserie, de dépannage du matériel informatique, électronique passent du stade artisanal actuel au stade de PMI ; - le manque d'anticipations rationnelles des acteurs économiques et le désengagement prématuré et désordonné de l'Etat de certaines activités économiques qui avaient des effets multiplicateurs sur l'emploi sont à l'origine en grande partie de l'effondrement des emplois modernes ; - La majorité des recrutements à la Fonction Publique, qui ont repris en 2001, et qui portent sur les secteurs sociaux, sont subjectifs et ne tiennent pas toujours compte du mérite. De même, la Fonction Publique est une « Fonction Publique de carrière » au lieu d'être une « Fonction Publique d'emploi ». L'accord de financement aux projets de jeunes est devenu plus politique que de rentabilité économique. l Propositions Pour tourner définitivement la page de ces années de rente pétrolière, de politique passive en matière d'emplois des jeunes diplômés, les pouvoirs publics devraient : - adopter et mettre en application une politique nationale de l'emploi visant, entre autres objectifs, l'employabilité des jeunes diplômés, notamment : le façonnage de l'environnement des affaires, la structuration des bassins d'emplois, l'encouragement des idées de projets d'entreprise émises par les jeunes diplômés, l'élaboration des plans de mise en valeur des zones d'aménagement en vue de la création des bassins d'emplois des jeunes diplômés sur l'étendue du territoire national ; - engager la nécessaire mutation de la fonction publique de carrière vers une fonction publique d'emploi lors des recrutements qui passeraient par les étapes suivantes : la définition du poste, la définition du profil du titulaire, l'identification des sources de recrutement, la mise en place des moyens de recrutement, la campagne de recrutement, la sélection, la décision d'embauche et l'intégration. Ainsi donc le recrutement des jeunes diplômés à la fonction publique se réaliserait exclusivement par voie de concours et non par cooptation ; - réaliser une réforme éducative en faveur de la formation professionnelle et technique. On peut envisager d'intégrer par exemple l'université au monde du travail. Dans ce contexte, l'action des services publics de l'emploi devrait être : producteur de formation qualifiante ; observateur et régulateur du marché du travail ; informateur de ses partenaires éducatifs et un appui à l'orientation professionnelle des jeunes diplômés de l'enseignement général ; - prospecter les offres d'emplois en proposant une réglementation stricte en la matière ; - élaborer un statut favorisant la création de vrais emplois de proximité en faveur des jeunes diplômés, c'est-à-dire la valorisation des activités aux domiciles des particuliers tel l'encadrement pédagogique au domicile des parents ; - instaurer un contrat de travail à durée indéterminée exonéré des cotisations sociales, assorti d'une période d'essai et d'une simplification des formalités de recrutement des jeunes diplômés; - adopter une déclaration pour plus d'emplois des jeunes diplômés, engagement solennel qui vise une forte mobilisation des acteurs de développement. L'emploi ne devrait plus être perçu comme relevant de la seule responsabilité d'un ministère. Il est la résultante de la conjugaison des efforts à tous les niveaux. Etat, entreprises, collectivités locales, structures de développement devraient partager la même vision sur la manière de réduire le chômage galopant. Même si le plein-emploi n'est plus un objectif réalisable, il importe néanmoins de ramener le chômage à un niveau résiduel. Conclusion Le plein-emploi des jeunes par l'équilibre du marché du travail a toujours été une préoccupation majeure des différents gouvernements, de l'indépendance jusqu'à ce jour. Ce plein emploi reste illusoire parce qu'il a été la conséquence de l'économie de rente, mais aussi de l'exécution de plusieurs expériences improductives d'insertion des jeunes. Les réformes macro-économiques mises en œuvre, sous forme de Programmes d'ajustements Structurels ont imposé des restrictions budgétaires drastiques à l'Etat et au secteur privé, mal préparés à les appliquer. C'est ainsi que l'Etat a été obligé de se désengager des charges sociales directes, de procéder à la suppression d'emplois et de décider de l'arrêt des recrutements automatiques dans la Fonction Publique. Le sous-emploi et/ou le chômage des jeunes diplômés sont, de ce fait, apparus après. Ces restrictions ont complètement désillusionné les primo demandeurs d'emplois au regard de la décrue des demandes non satisfaites enregistrées. Le chômage et la pauvreté des jeunes diplômés ont été aggravés par les conflits sociopolitiques qui ont détruit le tissu économique et social. Pour atteindre cet objectif, il est prévu : outre l'élaboration d'une politique dynamique de l'emploi, la promotion des programmes d'emploi centrés sur l'auto-emploi et les petits métiers, la création d'un cadre incitatif, la réalisation d'une enquête exhaustive sur l'emploi, la création d'une institution de financement de microprojets et la réhabilitation des centres de formation et suivre les besoins réels du marché du travail. |