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Les éditeurs
égyptiens ne participeront pas à la 15e édition du Salon interna-tional du
livre d'Alger qui se tiendra du 26 octobre au 6 novembre prochain. C'est ce
qu'a confirmé Smaïn Ameziane, le commissaire du Sila, lors d'un point de presse
improvisé, à la Bibliothèque nationale d'Algérie à El Hamma. "Ma
conscience ne me permet pas d'inviter les Egyptiens, aujourd'hui, bien que parmi
eux, il y a des amis. C'est par respect au peuple algérien et aux gens qui ont
été maltraités au Caire lors de la rencontre entre l'Equipe nationale de
football et son homologue égyptienne que cette décision a été prise, le
con-traire aurait été de la pure provocation...", a tranché Smaïn
Ameziane, avant d'ajouter sans hésitation aucune: "En tant que
commissaire, je n'investirai pas un centime pour leur sécurité, ni à la
sécurité de leurs biens."
C'est très grave, ce que dit Mr. Smain Ameziane, dans ce point de presse im-provisé. J'espère que cette improvisation ne sera pas incluse dans son pro-gramme définitif et que les autorités du pays sauront le rappeler à l'ordre, car en tant que commissaire, il est tenu de s'investir pour la sécurité de tous et à la sécurité des biens, comme tout algérien devrait le faire pour quiconque. En plus, il répond à la provocation par la provocation. A la violence du coup de pied de foot par la violence d'un coup d'esprit ce qui est plus grave. Dans son intervention, M.Ameziane a précisé qu'il n'a reçu aucune instruction lui interdisant d'inviter des éditeurs égyptiens. "Le commissariat est souverain! Il invite qui il veut. Et quand vous n'êtes pas invité à une fête, vous n'allez pas vous imposer quand même", a-t-il lâché. Non, Mr. Améziane, vous n'invitez pas qui vous voulez. Vous devriez d'abord vous entourer de conseillers compétents et soucieux de la réputation du pays et de la réussite du Sila. En écoutant les avis divers, en mesurant le pour et le contre, vous ne vous serez par laissé aller à des improvisations qui nuisent autant au pays qu'au Sila qui doit être une fête et une réussite par son côté cul-turel et économique en n' y incluant pas le chauvinisme, la haine et la violence verbale. Vos propos et vos intentions sont des dérives politiques contraires aux intérêts du pays. Nous devons éduquer et combattre le sous-développement culturel dans le quel nous baignons. Hélas ! Vous ajoutez une couche. Comme l'a si bien dit l'écrivain Bachir Mefti " le livre ne doit pas payer le prix des ma-lentendus liés au football et cela ne nous empêche pas de lire les livres égyp-tiens " Par ailleurs, qu'on le veuille ou non, nous sommes membres de la ligue Arabe et sommes donc tenus au respect des accords, de nos engagements et au respect des peuples et des pays membres dont font partie l'Egypte et l'Algérie. Qu'on le veuille ou non, nos deux pays sont liés par un destin commun même si, et à juste titre, nous avons été excédés en subissant les malheurs d'une rencontre de football. En interdisant l'accès au SILA aux maisons d'édition égyptiennes, Mr. Ameziane est-il conscient que son projet réactive le " contentieux " tout en étant improductif et, qu'on le veuille ou pas, l'Egypte est un grand pays de littérature, de culture, de production d'idées et de Prix Nobel ( Naguib Mahfoud). Hier nous invitions et encensions Youssef Chahine ainsi que Alaa El Assouani, au-jourd'hui nous leur fermons les portes. Devra-t-on " dialoguer avec nos cannes ", seulement. Et refuser l'Egypte au Salon du livre, c'est comme inter-dire Hollywood au Salon du cinéma. Nous devons comprendre qu'on doit prendre en compte les valeurs domi-nantes de notre peuple. Nous devons éviter toute forme de provocation et de nous abstenir de prêter flanc aux choses navrantes, certes, pour nous consa-crer aux grands desseins. Croire à la coexistence pacifique, au dialogue, à la coopération et à la construction de ponts entre les différents peuples pour notre bien et pour le bien de l'humanité. La liberté d'expression, la liberté de pensée et des idée véhiculées par le livre comme valeurs fondamentales ne devraient subir ni contrainte ni censure ni interdiction. Comme le disait Ferhat Abbas, rapporté par Mme Leila Benammar Benmansour " Le verbe, c'est l'étincelle d'où jaillissent la lumière et la vérité. La parole porte en elle des forces insondables. Sans liberté de paroles, un peuple ne vit pas. " Ferhat Abbas in 'L'indépendance confisquée'. De grâce n'éteignait pas la lumière et ôtez votre doigt du bouchon noyé dans l'eau. La vérité sortira toujours. *Urbaniste-écrivain |