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L'inflation qui a des incidences directes sur le pouvoir d'achat est de
retour en Algérie, risquant de remettre en cause les équilibres
macro-économiques qui ont nécessité d'importants sacrifices de la population
algérienne depuis 1994 date du rééchelonnement, car ayant accusé un retard dans
les réformes micro-économiques et institutionnelles.
L'Algérie risque de revenir à la case départ si l'on a cette vision du passé que le développement s'assimile aux dépenses monétaires et aux réalisations physiques sans se préoccuper des impacts et des coûts. Bien poser les problèmes, loin des discours euphoriques et du juridisme , c'est l'objet de cette modeste contribution à l'approche du mois sacré du ramadhan. 1.- Quele est l'origine de l'inflation ? S'agissant d'un problème aussi complexe que celui de l'inflation, il me semble utile de préciser que ces phénomènes doivent tenir compte de la structure et des particularités de l'économie à laquelle ils sont appliqués, les aspects de structures de l'économie internationale, de l'économie interne résultant de l'option de la stratégie de développement économique, aux schémas de consommation générés en son sein pour des raisons historiques, d'influences socioculturelles et aux composantes des différentes forces sociales pour s'approprier une fraction du revenu national. L'urgence passe par des mécanismes de régulation car un contrôle des prix est de peu d'efficacité, sinon il faudrait une armée de contrôleurs avec des coûts faramineux. Car pour les petites bourses, le constat est amer, les prix des produits de large consommation connaissant, depuis fin 2006 des augmentations sans précédent, les organisations censés sensibiliser les commerçants ayant peu d'impacts, prêchant dans le désert. Ce processus inflationniste est amplifié par l'emprise de la sphère informelle, produit de la bureaucratie centrale et locale qui entretient des relations diffuses de corruption avec cette sphère, (expliquant que les rapports internationaux des trois dernières années 2005/2009 classent l'Algérie à un niveau de corruption élevé), qu'il s'agit d'intégrer intelligemment, loin des mesures bureaucratiques peu efficaces, contrôlant 40 % de la masse monétaire en circulation avec une intermédiation financière informelle. Tout se traite en cash, alors que la base de l'économie moderne se fonde sur le crédit, et qu'au-delà de 100 dollars, la carte de crédit est souvent exigée. Mais on n'impose pas le crédit par des mesures administratives (lois) de peu d ?efficacité mais par des mécanismes de régulations globaux transparents et se pose de l'efficacité de cette dernière mesure d'imposer le chèque pour un montant supérieur à 500.000 dinars sans ?attaquer à l'origine de cette anomalie qui est le manque de confiance. Cette sphère contrôle quatre segments-clefs : celui des fruits et légumes, de la viande, celui du poisson pour les marchandises locales et pour l'importation, le textile ? chaussures (posant le problème du contrôle de la douane). Le constat en Algérie est l'absence d'une véritable concurrence, avec une tendance à la substitution d'un monopole d'Etat un monopole privé plus néfaste, faisant que les circuits entre le producteur et le consommateur (les grossistes informels) ont tendance à se rallonger, la marge commerciale pouvant représenter 2 à 3 fois le prix de production (surtout dans le domaine agricole), ce qui ne peut que décourager le producteur immédiat et l'orienter vers des activités spéculatives. La raison du processus inflationniste, liée profondément à la logique de l'accumulation en Algérie, est structurelle liée à la panne de la réforme globale. Car depuis 1986, l'Algérie est dans une interminable transition n'étant ni une économie étatisée, ni une véritable économie de marché concurrentielle, expliquant le peu d'efficacité tant de la régulation politique, sociale et économique. Aussi, pour toute politique salariale fiable qui favoriserait la création de valeurs durables, il y a urgence d'enquêtes précises analysant les liens dialectiques entre la concentration du revenu source d'injustice sociale au profit de couches spéculatives au détriment à la fois des producteurs de richesses et le processus d'accumulation du capital, enquêtes inexistantes en Algérie mais que les signes extérieurs de richesses d'une minorité( pas les entrepreneurs créateur de richesses) montent clairement. Lié à l'aspect précédent, doit être pris en compte l'analyse des couches moyennes productives pilier de tout développement en voie de disparition, entendu couches moyennes productives et non rentières gravitant au niveau des sphères du pouvoir en extension, destructrices de richesses. Pour le gouvernement, le taux d'inflation a été de 1,6 % en 2005, 3% en 2006, à 3,5 % en 2007, 4,5% en 2008, 5,7% en 2009 et 5,4% pour les 6 premiers mois de 2010. Or, selon un document important relatif à une étude sur l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, du centre de recherche américain, Casey Research en date du 6 mars 2008, le taux d'inflation en Algérie serait 12 % pour l'année 2008 selon cette étude, contre une moyenne de 7/8% au niveau de la région Mena, remettant d'ailleurs en cause les déclarations des experts en mission à Alger du FMI la mi novembre 2009 qui affirmaient que le taux d'inflation aller baisser, la tendance en 2010/2011 ne devant pas fondamentalement changer. Dans ce cas le taux d'intérêt ne pouvant être inférieur au taux d'inflation quelle va être la politique monétaire future de la banque d'Algérie, si ce taux se maintient à ce niveau, risquant d'aller vers des recapitalisations répétées au risque de mettre en faillite les banques primaires auxquels on impose un taux d'intérêt inférieur au taux d'inflation, posant le dilemme de l'investissement qui ne peut se réaliser qu'avec un taux d'intérêt relativement bas. Invoquer des réserves e change supérieures à 150 milliards de dollars, une évolution positive du revenu global entre 2000/2010 d'environ 31% (cela est incontestable du point de vue du chiffre global) mais un chiffre global a peu de significations, données que remet en cause les déclarations du Ministre de la solidarité en 2009 qui annonçait lors du ramadhan passé triomphalement une distribution de plus en plus élevé des couffins du ramadhan. , plus de 1,2 millions de couffins avec une enveloppe financière consacrée à cette opération de plus de 3 milliards de dinars. C'est le reflet incontestable de l'extension de la détérioration du pouvoir de la majorité sans compter que selon les derniers rapports du PNUD 2007/2009, 2,3 millions d'algériens vivent dans des habitats précaires avec un modèle de consommation loin des normes internationales, une personne sous nutritionnée se répercutant tant sur la productivité du travail avec des maladies fréquentes , expliquant, en partie, l'envolée du poste importation de médicaments (plus de 1 milliard de dollars US entre 2007/2009). Or, comme le rappelait justement un des plus célèbres économistes du XXème siècle, conseiller financier du gouvernement britannique, et négociateur des Accords de Breeton Woods de 1945, John Maynard, KEYNES « certains dirigeants confondent abusivement fonds public avec leurs revenus. S'ils veulent faire oeuvre véritablement de bonne charité, qu'ils le fassent sur leur propre compte bancaire ». N'assiste t-on pas à ce paradoxe des réserves de change importants , et la détérioration du pouvoir d'achat de la majorité ave une concentration excessive au profit d'une minorité rentière ; n?avons-nous pas un pays riche mais une population de plus en plus pauvre avec une incertitude pour l'avenir dans la mesure où dans 16/20 ans les exportations algériennes tant du pétrole que du gaz iront à l'épuisement selon les normes de rentabilité financière car on peut découvrir des milliers de gisements mais non rentables, , c'est-à-dire demain avec une population en 2010 de 36 millions et qui approchera les 50 millions d'habilitants en 2030 d'où cette problématique stratégique comment passer d?une économie de rente à une économie hors hydrocarbures tenant compte des nouveaux bouleversements mondiaux ? 2.-Quel est le pouvoir d'achat des Algériens face à la concentration du revenu national ? Certes, le SNMG algérien a doublé en passant de 6.000 à 15 000 dinars ces dernières années, mais en dépit de cette augmentation, une interrogation s'impose : comment est-ce qu'un Algérien, qui vit au SNMG,( 140 euros par mois , soit 4 euros par jour alors que le kilo de viande est en août 2010 de 10 euros) fait face aux dépenses contraintes et incontournables (alimentation, transport, santé, éducation). Cette dégradation du pouvoir d'achat est renforcée par la dévaluation cyclique du dinar et il est admis maintenant qu'une famille avec 5 enfants à charge ne travaillant pas a besoin d'un revenu net minimum de 36.000 dinars. Sur la base du panier de la ménagère que maintient inchangé l'Office national des statistiques (ONS) depuis des années alors que le besoin est historiquement daté, l'inflation serait maîtrisée alors que le vécu renvoie à une toute autre réalité. L'écart entre l'inflation perçue par l'Algérien et celle calculée par l'ONS témoigne, outre la difficulté de vérifier la véracité d'une donnée officielle. Jamais entre 2007/2010, la concentration des revenus au profit d'une minorité de couches rentières et la corruption n'ont été si importante expliquant que certaines mesures gouvernementales d'austérité même louables en ces moments de crise, n'ont pas d'impacts de mobilisation et au contraire un rejet général. Ce d'autant plus qu'avec l'inflation selon nos enquêtes, la majorité de la population ayant un revenu net inférieur à 20.000 dinars consacre plus de 80% de son revenu aux biens de première nécessité alors que selon l'enquête du CNEAP de septembre 2007, le taux était déjà de 70% Cependant il ne faut pas être utopique, et être réaliste, le quadruplement du SMIG aurait pour conséquence un processus inflationniste incontrôlée qui pénaliserait les couches les plus vulnérables posant la problématique de l'inefficacité de la dépense globale source essentielle de l'inflation en Algérie, devant procéder à des actions ciblées devant favoriser exceptionnellement deux segments comme le recommande la banque mondiale à l'Algérie , l'éducation et la santé , qui créée de la valeur à terme, contrairement aux segments des autres fonctionnaires qui bénéficient d'un transfert de valeur et pour les entreprises lier toute augmentation à la productivité mais malheureusement en Algérie cette productivité étant dépendante de la politique économique globale. Comment situer donc les responsabilités lorsque l'entreprise a une productivité faible fonction d'une mauvaise politique gouvernementale ? Or, la mensualité d'une manière générale d'un enseignant du primaire au supérieur supposé former les cadres de demain, en fin de carrière, est environ d'un tiers de celles de ses collègues marocain et tunisien, avec les nouvelles augmentations ( moins du un tiers par rapport au salaire d'un simple député ou sénateur pour un professeur d'université ) et 80% de ce montant en retraite,( donnant un écart un quart du fait que la retraite des hauts cadres est de 100%) sans compter les conditions de travail bien plus meilleures et surtout la considération : statut de l'élite au niveau de la société en Algérie dévalorisé ce qui contredit les discours . Paradoxalement, la crise du logement (même marmite, même charges) et des distributions de revenus sans création de valeur au nom de la solidarité (bien que la destination des transferts sociaux, somme colossale 10% du PIB entre 2007/2009, ne concerne pas toujours les plus défavorisées) permettent à une famille de disposer de plusieurs revenus reportant dans le temps provisoirement les tensions sociales dans la mesure où toute Nation ne distribue que ce qui a été préalablement produit. On ne peut pourtant invoquer, pour expliquer l'inflation et par là la détérioration du pouvoir d'achat de la majorité des algériens , uniquement les effets des dernières augmentations de salaires notamment au niveau de la Fonction publique en (le montant étant estimé à environ 170 milliards de dinars annuellement, soit environ 1,8 milliard d'euros, somme dérisoire ) , la baisse du cours du pétrole , pour preuve, le cours du pétrole a atteint un cours entre 110 /140 dollars , les salaires ayant stagnés et l'inflation relativement maîtrisée, ou l'extérieur car avec la crise mondiale nous constatons une déflation ,baisse de l'activité, chômage, baisse des prix, alors qu' en Algérie nous assistons à une stagflation (récession , chômage et hausse des prix). Dans les pays émergents, certes le taux d'inflation est relativement élevé comme en Chine, Inde, Brésil ou la Russie, mais le taux de croissance est supérieur à la moyenne mondiale. Se pose la question face à la déflation (baisse des prix au niveau mondial,) pourquoi le consommateur algérien n'en bénéfice pas ? La raison essentielle de la non répercussion de cette baisse des prix au niveau mondial est que la banque centrale d'Algérie a dévalué simultanément (et c'est un paradoxe puisque la cotation de ces monnaies n'évolue pas dans le même sens) le dinar par rapport à la fois au dollar, 15% et à l'euro plus de 20%, mais comme le montre les dernières statistiques douanières de novembre 2009. Bien plus ces dévaluations ne gonflent artificiellement la fiscalité pétrolière et le fonds de régulation en dinars non convertibles, voilant l'importance du déficit budgétaire. Les mesures gouvernementales contenues dans les loi de finances complémentaire 2009/2010 n'ont pas eu et n'auront pas d'impacts significatifs sur la valeur des importations, du point de vue de la valeur globale, touchant certains segments mais gonflant d'autres, car ce gonflement est du essentiellement à la dépense publique, assistant toujours à une valeur monétaire allant vers 40 milliards de dollars tant pour 2009 que pour 2010 si l'on maintient le rythme actuel de la dépense publique. Car les réévaluations permanentes des projets allant de 20 à 25% en moyenne, plus pour d'autres, les assainissements répétées des entreprises publiques , des dizaines de milliards de dollars entre 1991/2010 avec des résultats mitigés plus de 70% de ces entreprises étant revenues à la case de départ , les banques publiques contrôlant environ 90% du crédit global à l'économie en 2009 étant malades de leurs clients les entreprises publiques d'où les recapitalisations répétées, sans compter les créances douteuses de certaines entreprises privées, traduit à la fois l'inefficacité de la dépense publique et la faiblesse de la productivité globale, ( blocage systémique) , source de l'inflation. C'est faute d'une analyse objective et sereine que l'on impute l'inflation uniquement aux salaires alors que l'on oublie qu'ils régressent en Algérie au sein du produit intérieur brut étant inférieur à 20% en 2009 contre plus de 50% dans les pays développés et émergents , traduisant une désalarisation dangereuse de l'économie algérienne au profit des rentes destructeurs de richesses, oubliant que le salaire certes est un cout mais que le couple travail/intelligence combiné avec une bonne gouvernance sont les vecteurs fondamentaux de la création de la valeur et de la compétitivité en ce XXIème siècle. 3.-Lutte contre l'inflation : une politique socio-économique plus visible et plus cohérente L'objectif pour améliorer le pouvoir d'achat de la majorité passe à la fois par l'amélioration la réforme globale , la levée des contraintes d'environnement qui freinent l'épanouissement de l'entreprise créatrice de la richesse durable , dont le terrorisme bureaucratique, le système financier sclérosé, un système socio-éducatif inadapté et l'épineux problème du foncier non résolu à ce jour, et la gestion de la dépense publique afin de favoriser une croissance durable hors hydrocarbures, les infrastructures n'étant qu'un moyen. Or actuellement on assiste à un gaspillage des ressources financières. C'est que la dépense publique entre 2004/2009 (et certainement s'il n'ya pas une nouvelle gouvernance entre 2010/2014) n'est pas du tout proportionnelle aux impacts économiques et sociaux, en soulignant que les infrastructures ne sont qu'un moyen accessoire du développement et les expériences négatives récentes de l'Espagne et la semi faillite récente de Dubai en sont les exemples frappants. Car, sans un taux de croissance de 6/7% par an sur plus de 5 années, l'actuel taux de croissance hors hydrocarbures étant fictif car la majorité de ces segments sont irrigués par la dépense publique via les hydrocarbures il est impossible, c'est une loi économique universelle, de créer 3 millions d'emplois fiables, et par là d'augmenter à moyen terme les salaires donc le pouvoir d'achat des algériens au risque d'une hyperinflation en cas de cuite du cours des hydrocarbures car n'existe pas une véritable politique salariale mais des redistributions de rentes. |