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La Coupe du monde n'emballe pas outre mesure : En attendant l'équipe nationale

par Ziad Salah



Avant l'entrée en lice de l'équipe nationale, la Coupe du monde ne passionne pas les Oranais outre mesure. Jusqu'ici, ce rendez-vous mondial du sport roi est vécu comme un passe-temps. En tout cas pas de messe collective entraînant la grande liesse ou la désolation. On ne peut pas comparer les réactions des matchs joués jusqu'ici à ceux du championnat espagnol ou le classico espagnol. Dans le dernier cas, le spectacle se déroule en présence de deux galeries, l'une supportant un club et l'autre son adversaire. Et les supporters parlent de leur club en s'identifiant à lui. Ce n'est pas le cas concernant cette Coupe du monde. On regarde les matchs avec détachement, peut-être juste pour enrichir sa culture footballistique et pouvoir participer aux discussions sur les terrasses des cafés. D'ailleurs, jusqu'ici, nombre de ces établissements, habitués à proposer des formules pour les grands matchs de foot, n'ont pris aucune disposition particulière. Parce qu'une partie de la clientèle suit les matchs et une autre préfère l'air frais des terrasses et n'accorde aucun intérêt à ce qui est transmis.

C'est ce que nous avons relevé avant-hier durant le match France-Honduras dans un café à Bir El Djir. Même ceux qui avaient les yeux rivés sur le petit écran ne manifestaient aucune réaction. Nombreux ceux qui nous assuré que jusqu'ici ils n'ont vu aucun match. Chez ceux qui assurent la mise à jour des appareils de réception on ne se bouscule pas. Certes, sur les lieux de rencontres, telles que les épiceries de quartier, on s'échange les informations sur les chaînes qui transmettent les matchs de ce rendez-vous mondial. Dans ce sens, on saura qu'une télévision sénégalaise qu'on peut capter sur le satellite Nilesat assure la transmission des rencontres. La langue de Goethe s'est glissée dans énormément de boutiques de téléphonie, de tabacs et beaucoup de foyers grâce à la télévision ZDF qui transmet elle aussi les rencontres du Mondial. De ce point de vue, certains sont heureux des brèches dans le monopole dans le bouquet Bein appartenant à Al Djazeera.

Mais la Coupe du monde ne semble pas une entreprise mondiale à Oran. Les magasins qui exhibent les emblèmes des pays participant se comptent sur les doigts de la même main. Nous avons relevé un au quartier Saint Pierre et un autre au quartier Al Akid Lotfi. Aussi, rares ceux qui endossent le maillot d'un tel ou tel pays. Même les Subsahariens vivant à Oran se montrent réservés et n'exhibent pas les couleurs de leurs pays d'origine. Que dire sur ce qui s'est passé et se passe autour de ce rendez-vous mondial comme manifestations et comme répression. Personne n'évoque le sujet.

Cependant, certains commerçants, informels pour la plupart, tentent de ressusciter la ferveur nationaliste pour pouvoir écouler leurs marchandises. C'est le cas notamment de ceux installés sous les arcades, dans la rue Larbi Ben M'hidi. Ils ont accroché un immense drapeau comme accroche de la clientèle. Ils passent à longueur de journée des chansons se rapportant à l'exploit des Verts. Mais il semble difficile de rééditer le sursaut de la fierté nationale vécu au lendemain d'Oum Dorman. Mais la foule par définition est imprévisible. Une explosion de liesse collective n'est pas à écarter en cas de succès face aux Belges, aujourd'hui. En tout cas, les enfants, surtout ceux déjà en vacances, ne sont pas encore bariolés de vert, rouge et blanc. Les maillots au nom de Bouguerra et ses coéquipiers sont toujours remisés au placard. Possible qu'on les endosse à quelques heures du premier test pour l'équipe nationale ? Il y a déjà une campagne sur Facebook qui demande aux Algériens de prendre l'emblème comme photo du profil. On ignore pour le moment combien de personnes ont répondu favorablement à cet appel. Comme on ignore qui est derrière cette campagne. Pour des raisons qui restent à élucider, nous sommes loin de la dernière édition de 2010. Est-ce que les Algériens ont changé entre-temps ? Ou est-ce que l'époque qui n'incite pas à la joie collective ? Allez savoir...