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Un programme? peu d'actions

par El Yazid Dib

Il n'est pas de la dimension du président de la République. Ce « projet de plan d'actions » manque énormément de plan et d'actions à même de «s'assigner l'importance des attentes de nos concitoyens» paroles? paroles?

Sans vouloir aucunement amoindrir la hargne qui se laisse apparaitre chez un gouvernement en prise avec d'innombrables soucis citoyens ; notre propos n'est que cette allocation éventuellement à verser dans le débat. Nonobstant un cœur rempli d'avoir compris beaucoup de choses, l'ardeur est à la mesure à renvoyer à une autre échéance où la fioriture tombera au premier soleil populaire dégelant la fuite en avant. Bref.

Un programme est loin d'être un bref ou interminable discours. Il n'a pas encore à être dans un apparat de haute phraséologie où la substance reste diluée dans le concept usé, réchauffé et mal agencé. Sans chiffres, sans échéancier précis, sans pragmatisme, il ne sera qu'un amas de feuilles volantes éditées dans un papier bristol de haute qualité. Même Karl Marx, Ricardo ou Keynes ne peuvent en ces temps convaincre un affamé que l'épargne des ménages, le circuit économique ou l'incitation à la consommation sont en phase de mettre à sa portée un litre de lait en sachet. La bonne source d'inspiration d'un bon programme est celle que l'on observe dans les visages inquiets des passants ou dans les cœurs meurtris de ceux qui ne savent plus compter la morosité des jours. Le meilleur programme est donc à tirer entre les lignes que dessinent la rue avec ses nids de poules, ses pas nonchalants et ses trottoirs irréguliers. Le citoyen lambda, l'écolier innocent sur qui s'abat la déperdition scolaire, le candidat bachelier de Ghardaïa qui n'a pas su et pu réviser à temps ses cours, les autres victimes d'une scolarité inachevée, le policier du carrefour qui regarde ailleurs, le poissonnier qui voit ses cageots enflammés, l'enfant échoué et égaré des cités malfamées et plusieurs segments sociaux insignifiants ne savent lire un programme que par la beauté recherchée de leur environnement.

Leur vie est la seule preuve qu'elle y soit ou non insérée quelque part dans les interstices d'un document qu'ils ne verront point devant les yeux. Les foyers des inégalités se creusent davantage quand l'honnêteté fuit la vertu d'antan.

Pour lui ou un autre, la feuille de route est toute tracée. Elle date depuis des lustres. Amender des textes par ci, faire du travail par là et le tout est pris pour un engagement consubstantiel. L'essentiel dans toute cette batterie de mesures sera éternellement la récupération de ce bien-être perdu et ce bonheur avachi le long des promesses. Donner de l'ambition au citoyen, le faire rêver fait aussi partie du management stratégique avec seule frontière que la mystification ne doit pas être prise pour une approche de gestion quant elle n'est que propos de campagne. Ou simple remplissage d'éphéméride. Le programme gagnera en efficacité s'il se déroule aussi sur le plan local. Le pays n'est pas un centre unique, il est une somme de multiples centres. Les problèmes ne sont pas identiques d'une contrée à une autre nonobstant que toutes les régions se valent. Si une ville manque crument d'eau, l'autre souffre d'une mauvaise connexion au net. Si l'habitat rural est un besoin vital pour la fixation d'une population, ailleurs il est un signe des temps de villégiature et de résidence secondaire. Un programme doit être la prescription thérapeutique, après diagnostic d'une pathologie détectée suite à un bilan détaillé. Si un corps endure les maux d'une rage dentaire ; le traitement ne doit toucher que la cause d'où jaillit la douleur. Inutile de faire prendre un paracétamol à toutes les affections.

Le premier ministre semble continuer à approfondir son assise pour se permettre d'avoir un éclairage complet sur tous les secteurs qu'il à déjà supervisés. Sellal ne va pas faire exception à la règle. Commun des premiers ministres il est au front comme un factionnaire veillant à tout mouvement destiné à faire apprendre au temps et aux citoyens cette patience tant usée et délassée. Bien d'autres, avant lui n'avaient que cette posture d'attentisme. Les instances à ce niveau ne sont que des affaires qui naissent un jour pour mourir un autre. Deux années, depuis septembre 2012 première nomination, la même rengaine du même programme refait surface pour ne s'actualiser qu'aux termes de ce que l'on croit comme nouveau défis. Avant qu'il ne s'installe dans une durée aux contours malaisés eu égard aux humeurs changeantes d'un pouvoir farci, toujours insatisfait ; la conjoncture du quatrième mandat le sommait à s'assumer et partant prendre sur soi tous les engagements d'autrui.     Sellal n'est pas une unique entité, il est plusieurs, une multitude d'adhésion et de compromission. Limité dans l'exercice du pouvoir, il ne représente quelque part qu'un très grand commis de l'Etat. Une personnalité de haut rang liée à la rumeur des hypothétiques bornes de commandement. Sans autonomie dans l'action politique, il administre au lieu de diriger. L'ombre d'Ouyahia, invétéré dans ces cénacles a de l'effet sur le futur gouvernement qui aurait lieu après la phase révisionnelle. Autant que le chantier de la constitution vient de s'ouvrir, sans invitation aucune au premier ministre qui apparait comme un intérimaire en attendant l'aboutissement de l'œuvre solennelle que l'on accomplit aussi en son nom. La correction constitutionnelle déjà en état en marche ne fait-elle pas partie intégrante du programme du gouvernement ? L'on constate amèrement que l'union gouvernementale autour de la mouture n'est pas chose acquise. C'est l'un des premiers couacs dans sa cohésion. Certains de ses ministres partisans sont pour, d'autres contre ce pour.

Que va donc faire Sellal ? À son bonheur l'homme dont l'humour s'érige chez lui comme une propriété analgésique pourrait faire défaillir l'égarement social qui départage toutes les classes. Tant en son sein qu'à ses alentours. Mignone frimousse, Sellal saura donner au moins le sourire à ceux qui l'entendent sans qu'il les persuade. Apres le rire, la mine grincheuse vous attrape. Apres la blague, la réalité vous gifle.

Les enjeux sont importants face aussi à ce qu'avait laissé supposer l'absence d'un pouvoir, comme coté dérisoire dans la gestion du pays, lors d'un empêchement que l'on dit non prévu par la constitution. Celle-ci en effet manque rudement de dispositions traitant de situations naturelles. A l'exemple de la désignation d'un chef de gouvernement parmi la majorité parlementaire auquel ne cesse de gueuler un Saidani aux antipodes du mode de gouvernance. Puisque cette rare espèce d'un genre politique appartenant au règne humain se targue d'avoir la majorité d'où de bon droit la chefferie et son gouvernement lui doivent d'être acquis, qui donc l'empêche d'ordonner à cette " majorité " de bloquer le programme de Sellal ? Que non, il s'agit là, du programme du président et non de Sellal ingurgite-t-il péniblement. Quand bien même ceci serait valable ; le blocage ou la mention de censure ne va en aucun cas faire destituer le président, plus qu'à appeler à la limite une seconde lecture. Se limiter à dire que " l'insistance quant à la dissolution de l'APN est un agissement politique indécent " est la pire indécence des déclarations politiques. Le monsieur feint que l'assemblée nationale multitude ou minorité est dédiée à son rôle façadier de passage procédurier obligatoire. Avec des angoisses intestinales, une illégitimité criée par ceux là même qui font et défont les SG ; le parti que le pouvoir rend fort se voit relégué à une portion piteuse (3 ministres) dans l'exercice de ce même pouvoir malgré sa présence numérique au sein de l'hémicycle. L'évasion du gouvernement des mains du FLN n'est-il pas ainsi une scintillante réponse présidentielle non pas vers un parti mais vers une personne ?

Inscrivant son action dans la continuité de la mise en œuvre du programme du président de la République ; Sellal s'est attelé dit-il à mobiliser et engager toutes les compétences et les potentialités à l'effet d'atteindre les objectifs assignés. Un cri d'alarme qui s'éloigne cette-fois ci du discours habituellement rassurant est martelé en face de ces députés tourmentés par leur probable disparition : " D'ici 2030, nos réserves couvriront nos besoins internes seulement. Comment peut-on subvenir alors aux besoins de nos enfants et de nos petits enfants ? ". Arrêtez sine-die la politique basée sur la dépense publique ya si Sellal ! Tout est chez nous pris en charge par ce chapitre. Des prêts bancaires aux subventions diverses et variées aux partis, associations, jeunes?d'énormes sommes non productives sont allouées le long des règlements financiers et de la générosité frivole d'un Etat qui ne semble pas bien compter ses sous. Quelle est la part de la fiscalité ordinaire dans le budget général de l'Etat ? Rien, sinon dérisoire. Moins de 4/. A voir ce qui se passe comme flux commercial et industriel, la fiscalité gagnerait davantage à dénicher encore et encore les sources de l'enrichissement illégal. Les camions de gros tonnage, les engins, les harbin qui bousillent les routes ne payent rien comme fisc dédié aux routes tant que le budget est la pour les suppléer. Au lieu d'encourager l'investissement que l'on a d'ailleurs toujours mal fait et ce depuis les années dites d'ouverture en 1990 ; encourager en parallèle son imposition est une option vitale. Moraliser le contribuable à la participation aux frais de la cité et au prorata des gains et profits réside essentiellement dans une égalité fiscale qui malheureusement n'existe pas. " Réconcilier l'impôt avec le contribuable " est une urgence. Le citoyen perd toute confiance en ses services. Nécessité y est de procéder à la refondation du système fiscal que le programme du gouvernement n'en a fait nulle allusion. " Ce système est avant tout un fait moral et politique " affirmait dans sa thèse de doctorat Abdou Bouderbala ancien patron des impôts. Le monsieur connait bien les arcanes et la brousse de toutes les théories et pratiques fiscales. Il en dit en substance que " l'impôt n'est pas une spoliation mais un emploi économique " pourquoi n'est-il pas l'argentier du pays ? Pourtant dans sa grosse thèse, l'auteur " propose pour remédier aux défaillances ; des adaptations possibles dans le cadre des perspectives futures du développement du système fiscal algérien "

Ce projet de plan d'actions, document de 56 832 octets formant à peine 7 pages éditées en police calibri 12, 5, dénué d'annexes et d'addendas déroule une série de mesures à prendre. Quelques lexèmes lapidaires pour long un quinquennat. Toutes rédigées en littérature stylique employant à outrance et comme une certitude inconditionnelle le mode futur, avec pléonasmes et redondance elles n'ont pas, ces feuilles l'outrecuidance de vouloir aller aux profondeurs des choses. Pourtant il y est dit " Le projet de Plan d'action qui vous est soumis, détaille les actions en matière de modernisation des activités financières, de renforcement de la lutte contre la corruption et le blanchiment d'argent, d'amélioration du climat des affaires de refonte de l'investissement et de mobilisation du foncier industriel " aucun détail n'apparait, si ce n'est pour d'autres secteurs des chiffres et des œuvres entreprises ou à entreprendre déjà connus y sont annoncés, identifiés et évalués. Il s'agit entre autres de quelques aspects agricoles, d'énergie, d'hôtellerie, de réseaux de transport et télécommunications, de logement? le projet fait abstraction entière du créneau des activités tertiaires. Les services. Nous sommes dans un monde où l'intelligence se paye à fort prix. L'engineering, le management et autres produits intellectuels sont devenus de véritables industries qu'il faudrait privilégier et mettre en avant à toute action financière ou matérielle. L'école nationale peut-elle être sauvée par l'apport de cette intelligence externalisée ? Promouvoir l'étude nationale, la conforter, la mettre en confiance et l'intégrer dans le dispositif du développement global n'est qu'une garantie d'autonomie et un enclenchement vers l'algérianisation des potentialités scientifiques.

Le projet ainsi soumis, prend parfois un grand écart de ce qui lui est essentiellement assigné. Il chevauche bien sur des pistes qui le dépassent. L'exemple en est le suivant : " La concertation régulière avec la société civile et les assemblées élues à leur tête le Parlement sera érigée en règle. Aucun effort ne sera ménagé pour asseoir la séparation des pouvoirs, le confortement du rôle des deux chambres et l'affirmation de la place et des droits de l'opposition dans la vie politique et parlementaire " ceci est une action extra-gouvernementale, étant prise en charge par la présidence de la république, la révision constitutionnelle, du moins la gérance des propositions est dévolue à Ouyahia. C'est un pas de trop perçu dans la perception des différences des choses politiques et exécutives. Et si le consensus constitutionnel en cours arriverait à faire disparaitre le sénat ou modifier carrément l'équilibre des pouvoirs qu'en sera-t-il de cette assurance excessive du premier ministre ? Le premier ministre dans son allocution par-devant " l'auguste " assemblée n'est pas venu demander une approbation, mais juste, confiant et rassuré donner une information. Il espère toutefois un débat constructif et fécond sur les réalités du terrain( ?). Un programme digne de ce nom, de surcroit émanant d'un pays aussi grand que l'Algérie, avait-il besoin par exemple d'affirmer dans un tel document au titre solennel qu'" Il sera veillé, à l'amélioration des conditions de prise en charge de nos pèlerins dans les lieux saints de l'Islam " ou encore " Des nouvelles mesures seront introduites en matière de soutien public aux clubs professionnels et amateurs?" ?

Tous les mécanismes qualifiés comme tels, recrutés en vue de booster l'investissement ou l'économie nationale voire " dynamiser la sphère économique " sont basés sans exclusive sur " la commande publique " le " soutien public " et l'aide de l'Etat. L'initiative créatrice ou l'autofinancement sont les éléments pauvres dans cette dynamisation. Comme signalé ci-haut, la solidarité par l'effet fiscal n'est pas mise en relief quand elle est totalement absente du projet. Sans la capitalisation des recettes hydrocarbures qui doivent échapper à aller se fondre dans le goudron des routes ou au profit de jeunes inféconds ou encore dans la poche improductive des stars auto-expatriés ; la banqueroute gangrénera pour longtemps un avenir toujours incertain. Préserver la terre et ses richesses, cesser d'excaver encore ses entrailles est un cri que lance ce généreux sol algérien surexploité et fortement exténué. Barakat !