|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Un gouvernement démissionnaire dans un Etat failli, des milices en tout
genre et pas seulement islamistes et un ancien général, Khalifa Haftar, revenu
des Etats-Unis, qui a déjà tenté un coup d'Etat - et qui n'a pas renoncé -, se
pose en homme d'ordre.
A Benghazi, dans l'est de la Libye où les milices islamistes font contrepoids aux velléités séparatistes prononcées des miliciens d'Ibrahim Jodhrane qui tiennent les bases pétrolières, se joue, une fois de plus, une de ces batailles confuses qui se déroulent dans la Libye post-Kadhafi. Sans en référer au gouvernement mais avec l'appui d'unités de l'aviation libyenne, le général Haftar, qui n'exerce pas de fonction officielle, a décidé d'en découdre avec les milices islamistes à Benghazi. L'opération, lancée vendredi, a déjà des bilans d'un jour de guerre avec 43 personnes tuées et près de 150 blessés. Des avions et des hélicoptères ont été engagés dans ces combats lancés par le général Khalifa Haftar qui semble avoir obtenu le ralliement de certaines unités de l'armée libyenne. Les autorités de Tripoli qui voient dans le général Haftar un putschiste ont qualifié l'action qu'il mène comme un «coup d'Etat». Le gouvernement libyen a décidé de fermer l'aéroport de Benghazi. Son directeur a indiqué que l'aéroport ne sera rouvert qu'en fonction de l'évolution de la situation sécuritaire. Les troupes de Haftar ont encerclé les bases de la milice islamiste du «17 Février». Un porte-parole de Haftar a affirmé que des unités de l'armée ont rejoint le général dans l'opération «dignité de la Libye». UN NOUVEAU PUTSCH ? L'attaque lancée à Benghazi contre les islamistes pourrait être une nouvelle tentative de coup d'Etat du général. Les ralliements des unités régulières inquiètent en tout cas les autorités de Tripoli qui ont dénoncé, à l'image du Premier ministre intérimaire, Abdullah al-Thinni, «un coup d'Etat contre la révolution». Le Premier ministre libyen a indiqué que le gouvernement n'avait pas ordonné une attaque contre les milices islamistes de Benghazi. Il a indiqué que l'ordre a été donné d'intercepter les unités qui essaient d'y entrer. Il a souligné que les unités de l'aviation qui ont attaqué des cibles à Benghazi l'ont fait «illégalement », « sans aucun ordre » du gouvernement. Ce qui accrédite l'hypothèse d'un coup d'Etat en marche est le fait que le général Haftar se présente comme le chef de « l'armée nationale ». En février dernier, il avait déjà tenté un coup d'Etat en se posant comme celui qui entend rétablir l'ordre dans un pays livré aux milices. A l'époque, l'ambassadrice des Etats-Unis s'était empressée de qualifier de « sans substance » l'annonce du coup d'Etat par le général Haftar. Une mise au point en forme de désaveu qui n'a pas pour autant remis en cause la conviction générale en Libye qu'il est « l'homme des Américains ». Le général Khalifa Haftar qui était le chef du corps expéditionnaire libyen au Tchad est entré en dissidence contre le colonel Kadhafi. Il s'est établi aux Etats-Unis en 1987 avant de rentrer en 2011 pour participer aux opérations contre le régime de Kadhafi. Vingt longues années aux Etats-Unis créent autour du général une forte suspicion d'être un « agent » des Américains qui mènent une guerre souterraine aux islamistes en Libye, notamment après l'attaque du consulat de Benghazi. La suspicion est d'autant plus forte que le général n'a subi aucune conséquence de sa tentative de putsch de févier dernier. Il était intervenu au nom de «l'armée nationale libyenne » pour demander la suspension du Congrès général national (CGN) et la constitution d'un gouvernement provisoire. |
|