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Le pays doit-il avancer? en arrière ?
par El-Houari Dilmi
Le pays doit-il reculer? pour mieux avancer, où doit-il tout
simplement avancer? en arrière ? Sans aucune autre forme de profession de foi
non déclarée, le pays a changé de «religion» passant sans mouiller le...
drapeau de la main sur le (gros) cœur à la main calleuse dans les deux poches,
ouvertes aux quatre vents. Résultat «truqué» des courses: un BNB (bonheur
national brut) en chute libre et des pelotons d'algéro-sceptiques de plus en
plus «râlants». Mais, selon un crypto-think tank qui jure ne pas nous conter
fleurette, il paraît que le parachute le plus doré au monde se trouverait bel
et bien sous nos cieux désemparés. Il est même offert en papier-cadeau à chaque
Algérien, de jour comme de nuit, du landau jusqu'au tombeau, de dimanche à
jeudi, le week-end (à nous) inclus ! En franco-arabo-vernaculaire dans le
texte, cela veut dire que parmi tous les peuples de notre (dé) veine,
l'Algérien est celui qui ressemble le plus à son pays, l'Etat-mamelle tombant
carrément dans les bras ouverts du peuple-gamelle. L'autre preuve par nos
propres yeux que le pays a le coeur... trop à gauche est ce record imbattable
du montant à dix chiffres, consacré chaque année aux transferts dits «sociaux»,
selon le langage vachement abscons des «exégètes» de la chose économique.
Ces «lâchers d'argent» vus par les œillères de nos gabegies
sont l'oseille «chipée» dans la poche de ceux qui triment la tête dans le
cambouis, pour la déposer encore en suée dans la main manucurée de tous ceux
qui se prélassent sous l'imperméable de nos incuries grandeur nature. Parce que
si l'Algérien du juste milieu paye moins de quarante dinars par jour (vécu) de
loyer plus que modéré, l'Etat est malus et le bled est bonus. On se noierait
même dans une eau dessalée puisée de la mer de nos gaucheries que c'est encore
l'Etat qui trinque et le bled qui boit la tasse. Se chauffer au dinar
symbolique et s'éclairer (sans aucune lanterne) contre moins qu'un kopeck,
c'est toujours l'Etat qui se brûle les doigts et le bled qui se dore sous le
soleil le plus généreux de toutes les lumières. Aller à l'école publique sur le
dos bosselé du beylik pour apprendre que lire et écrire n'est pas mieux qu'une
bonne «affaire» de sous, c'est l'Etat qui refait ses classes et le bled qui
fait dans la sublimation percutante. Rouler carrosse avec un carburant deux
fois bon marché que de la flotte embouteillée, l'Etat fait toujours du
patinage... artistique, au moment où le bled roupille en costard-pyjama sur un
hamac en peau de mammouth. Travailler (ou aller simplement au travail) pour
quatorze foutues minutes par jour seulement (!), c'est l'Etat qui va toujours
chercher (à la nage !) le blé au grand large et le bled qui remercie
l'immanence de manger par louchées entières du pain bénit. Une histoire qui
rappelle ce cauchemar «éveillé» vieux comme nos lassitudes éternelles, celle de
ce chef-matelot, pour éviter à sa felouque de sombrer dans les fonds de
l'océan, est obligé de jeter du lest jusqu'à ne laisser que le chef-cuistot à
bord. Mais lequel d'entre le maître à bord et le dernier des cuistots a le
droit «naturel» de marcher sur le macchabée encore chaud de l'autre? cadavre
mi-mort, mi-vivant? La réponse revient, surtout, à savoir lequel de l'Etat
perdant-perdant ou du bled gagnant-gagnant doit monter sur le dos de l'autre
pour aller scier la branche vermoulue sur laquelle est assis celui qui est le
plus haut juché...
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