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Pour avoir une réponse
sensée, explicative et la plus objective possible des dangers à venir, il faut
procéder à une rétrospective la plus succincte possible pour arriver aux
conseils que l'auteur souhaite apporter aux économistes, et ce pour avoir
autant que possible une vision saine de la marche économique du monde.
Et cette analyse concourt à la compréhension, parce que souvent les économistes se perdent en statistiques, en équations, alors qu'il y a la main de l'humain qui sort le processus économique des avancées que normalement doit décrire rationnellement la science économique. Les avancées économiques déployées portent en elles des buts stratégiques qui ne sont pas visibles et pourtant ce sont ces buts qui concourent paradoxalement au développement économique «nécessaire» du monde. Aussi, ne perdons pas de temps, et entrons directement dans le vif du sujet. Il faut se rappeler la forte hausse du prix de pétrole lors de la quatrième guerre israélo-arabe en octobre 1973, décrétée par les pays arabes, ainsi qu'un embargo contre les États-Unis en réaction à leur soutien à Israël. Le prix du pétrole a été quadruplé. On peut se poser à juste raison pourquoi les pays arabes ont profité de la guerre contre Israël pour quadrupler le prix du pétrole. Par cette hausse brusque du prix du pétrole, le monde vivait pour la première fois un krach pétrolier, en 1973. En réalité, le processus qui a fait émerger le pétrole au centre des affaires du monde trouve son origine dans la situation qui a prévalu en 1945, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. En effet, en rappelant l'histoire passée, la reconstruction des économies européennes dévastées par la guerre, l'aide du plan Marshall américain ont permis aux pays d'Europe de remettre progressivement en état leurs économies. Reconstruits et reprenant des parts de marchés dans le commerce mondial, accumulant des stocks d'or conséquents, les grands pays d'Europe ont restauré, en 1958, la convertibilité de leurs monnaies en or. A l'époque, seul le dollar américain était convertible à 35 dollars l'once d'or, comme stipulé par les accords de Bretton Woods en 1944. Le franc français, la livre sterling et la Deutschemark devenaient de nouveau convertibles au même titre que le dollar en or. Ces quatre monnaies vont régir de fait le commerce international. La convertibilité du yen en or sera restaurée plus tard, le 1er avril 1964. La situation monétaire à la fin des années 1960 commence à se dégrader entre les États-Unis et l'Europe. Le problème qui s'est posé a été le financement des déficits commerciaux américain par des émissions monétaires non couvertes par l'or. En effet, lorsque les États-Unis étaient les seuls émetteurs de monnaie internationale, le dollar US, aucun pays ne pouvait les contrôler. Par conséquent, la Banque centrale américaine (Fed) avait toute latitude de créer des dollars. Mais avec des déficits commerciaux américains récurrents, ce qui se traduisait en excédents commerciaux pour les pays d'Europe, ces derniers ont demandé la conversion des dollars US qu'ils ont accumulés en or auprès des banques américaines. Or, le stock d'or américain ayant fortement baissé, et après bien de tractations entre les États-Unis et l'Europe, la situation ne trouvant un règlement juste, les États-Unis suspendent la convertibilité du dollar en or. Une suspension qui devient ensuite définitive. Cette décision unilatérale américaine ne régla pas la crise, bien au contraire, elle la rendit plus difficile, plus complexe. La méfiance s'établissant de part et d'autre de l'Atlantique, la réponse européenne ne s'est pas fait attendre. D'abord refus des dollars américains, puis les pays européens abandonnent le change fixe et passent aux «changes flottants». Désormais, ce sont les marchés monétaires qui tranchent dans la valeur des taux de change des monnaies internationales. Tout pays qui émet plus de liquidités monétaires pour son commerce extérieur se trouvera sanctionné par les marchés. Toute offre de liquidité en excès (loi de l'offre et la demande) entraînera la dépréciation de la monnaie du pays émetteur. Un pays qui augmente les émissions monétaires plus que nécessaire peut être favorisé par la dépréciation de sa monnaie, et donc plus compétitif dans le commerce mondial. Mais si ce pays enregistre des déficits commerciaux qui se répètent, et c'est le cas des États-Unis, et qui continuent à émettre des dollars ex nihilo, le dollar entre dans une spirale de dépréciation qui ne pourra plus lui assurer les importations de biens et services, de plus s'accompagne d'une spirale inflationniste interne. Une situation très négative pour l'économie américaine. Les États-Unis seront obligés de mettre fin à la création monétaire ex nihilo (adossée à rien) et donc diminuer les importations d'Europe et du reste du monde. Une telle situation impactera évidemment l'économie mondiale puisque la locomotive qui tire l'économie mondiale, c'est-à-dire les États-Unis, ne le pourra plus. Et le problème est qu'il n'y a pas de pays qui remplacerait les États-Unis. Mais alors quelle solution pour ce blocage qui aura des conséquences extrêmement graves pour l'ensemble des pays du monde ? Il existe un risque que la dépression économique des années 1930 revienne et remettra en cause la forte croissance des années 1950 et 1960. Précisément, lors de guerre contre Israël, en 1973, les pays arabes, en quadruplant le prix du pétrole, et le pétrole arabe étant facturé en dollars US, obligeront les pays importateurs de pétrole, c'est-à-dire les pays d'Europe, le Japon et le reste du monde, à acheter des dollars sur les marchés pour leur régler leurs exportations pétrolières. On comprend dès lors que c'est grâce à l'Arabie saoudite, allié des États-Unis qui sont leur protecteur, que la hausse du prix du pétrole a permis de résoudre les crises monétaires. D'autre part, les pays européens n'ont pas tellement perdu dans le choc pétrolier puisqu'il a été rapidement absorbé. En effet, étant émetteurs de monnaies internationales, ils ont fait comme les États-Unis, en usant aussi de la «planche à billets». Les déficits de leurs balances énergétiques ont été tout simplement «monétisés» par la création monétaire ex nihilo. C'est ainsi qu'il se produit un «effet balancier» tantôt ce sont les États-Unis qui émettent des liquidités tantôt ce sont les pays européens. Et il n'y a pas d'accords entre eux malgré le Serpent monétaire européen pour limiter les fluctuations erratiques des taux de change. Une condition cependant pour les pays arabes dans la nouvelle donne, les «pétrodollars». Dans le placement de leurs excédents commerciaux, les pays arabes doivent donner la prééminence aux États-Unis, et donc procéder à des achats massifs de bons de Trésor américains. Sans cette condition, le retour désordonné des pétrodollars dans les placements des excédents commerciaux entre les pays occidentaux et arabes annulerait inévitablement le «droit de seigneuriage» des États-Unis sur le monde. Une telle situation amènerait les États-Unis à perdre tout intérêt sur le «pétrodollar» et le Moyen-Orient n'aurait pas l'importance qu'il requiert dès lors qu'ils ne retirent rien des «pétrodollars». Sans les «pétrodollars», les États-Unis seraient certes une grande puissance mais astreinte à résorber ses déficits par ses propres moyens, par l'impôt ou par des restrictions dans les importations. Mais pour les pays arabes, le premier choc pétrolier a été d'un grand soutien pour leurs économies. Il leur a ouvert une formidable phase d'expansion économique. C'était le début du premier cycle économique post-1945 mondial. La hausse du prix du pétrole a impacté très favorablement l'économie mondiale. Un boom industriel sans précédent a suivi dans les pays hors-Occident qui était en pleine expansion, qui étaient sortis de la colonisation, ce qui a impacté favorablement tous les pays occidentaux, malgré l'inflation. Ceci étant, la situation ne va pas cependant être simple sur le plan monétaire durant la décennie 1970. En effet, un problème majeur va surgir avec les émissions monétaires récurrentes des pays occidentaux en lien avec leurs déficits extérieurs récurrents. Une spirale inflationniste s'est engendrée nécessitant toujours plus de hausse des cours pétroliers qui devraient servir de contreparties productives à la création monétaire ex nihilo américaine. Mais comme les pays d'Europe qui sont émetteurs de monnaies internationales «ripostent aussi par la création monétaire» pour financer leurs déficits commerciaux dus à la hausse du prix de pétrole, la situation sur le plan monétaire est devenue ingérable. Pour combattre l'inflation mondiale désormais à deux chiffres, en Occident, le seul remède était comme en 1973, d'augmenter le prix du pétrole pour absorber les dollars en excès sur les marchés monétaires et stabiliser le taux de change avec les autres monnaies internationales. Ce qui explique l'avènement du «deuxième choc pétrolier», en 1979. Mais la Réserve fédérale américaine (Fed), en plus du deuxième choc pétrolier, décida une mesure radicale contre l'inflation. L'augmentation brusque de son taux directeur à court terme, en 1979, le faisant passer de 10% à 20%. Au prix d'une récession aux États-Unis en 1982, l'inflation retomba de 13,29% en décembre 1979 à 3,83% en décembre 1982. C'est ainsi qu'avec le relèvement du taux d'intérêt américain, en 1979, la phase d'expansion se termine et commence la phase de contraction du 1er cycle économique mondial. De grands problèmes politiques et économiques commencent à poindre pour le monde. En effet, par l'épongement des dollars dans le monde qui viennent tous se placer aux États-Unis, attirés par la hausse du taux d'intérêt, l'endettement a touché une grande partie du monde. La situation du reste du monde, en particulier les pays d'Afrique, d'Amérique du Sud, une grande partie de l'Asie et les pays du bloc Est dont l'Union soviétique, est extrêmement difficile, par la crise économique mondiale qu'a suscité leur endettement. Tous ces pays ont vu leur endettement exploser dans les années 1980, pour certains leur endettement était tel qu'ils devenaient insolvables du jour au lendemain. Les conséquences étaient terribles sur le plan social, le niveau de vie avait fortement baissé, une paupérisation au grand jour : émeutes, guerres civiles, etc. Ces pays avaient emprunté à des taux d'intérêt très faibles du fait de l'excès de création monétaire en Occident, sans prendre en compte qu'en cas de fort relèvement du taux d'intérêt directeur par la Fed, ils se retrouveraient piégés par l'endettement. Les pays exportateurs de pétrole échappèrent à la crise de l'endettement tant que les cours pétroliers étaient élevés et le taux de change du dollar américain qui n'a cessé de s'apprécier jusqu'à arriver à 10 francs pour un dollar américain, en 1985, la même appréciation pour la Deutschemark, la livre sterling. Mais, en 1986, avec le contre-choc pétrolier, la situation se retourna pour les pays exportateurs de pétrole. Le cours du pétrole ayant chuté à moins de 10 dollars le baril. C'est ainsi qu'avec avec le contre-choc pétrolier, les pays arabes sont aussi «rattrapés» par la phase de contraction du 1er cycle économique mondial et de grands problèmes politiques et économiques commencent à se poser pour leurs économies. Comment s'en sortir ? De même pour les pays d'Afrique ? Il faut se rappeler l'Europe fermait ses frontières (espace Schengen) pour enrayer l'exode des pays arabes et d'Afrique, touchés par le chômage de masse, la mal-vie, l'absence de débouchés. Un avenir incertain. La phase de contraction du 1er cycle économique mondial va durer jusqu'en 1999, avec l'avènement de l'Union économique monétaire des Onze (UEM), et le lancement de la monnaie commune, l'euro, le 1er janvier en 1999, devenue ensuite la monnaie unique de la zone euro, le 1er janvier 2002. Précisément, et il faut dire aussi paradoxalement, l'avènement de l'UEM marquera le début de la première phase d'expansion du deuxième cycle économique mondial, après ce qu'on appelle les «Trente glorieuses», qui est la phase de reconstruction et de la ré-émergence des grandes puissances industrielles dans le commerce mondial, et donc «hors-cycle, une phase latente, préparatoire au retour des cycles économiques d'avant la guerre». Et, ce sont les puissances économiques européennes qui vont, dans «un premier temps», provoquer la première phase d'expansion du 1er cycle économique mondial. D'autre part, ce qu'on peut souligner aussi sur la phase de contraction du 1er cycle économique mondial 1979-1999, qu'une «reconfiguration mondiale a été opérée» puisque l'Union soviétique a cessé d'exister, l'ex-Yougoslavie a éclaté et les pays d'Europe centrale et orientale sont sortis du giron de l'Union soviétique. De même, les régimes autoritaires en Amérique du Sud, devant les crises économiques et sociales, incapables d'apporter des solutions, ont été obligés de «céder le pouvoir aux civils». C'est le début de la démocratisation des systèmes politiques sud-américains. En Asie, la Chine, dès les années 1980, passe au «socialisme de marché». Dans une autre analyse, nous verrons que de nouveaux phénomènes vont apparaître, qui trancheront totalement à ce qui a préfiguré lors du premier cycle économique. Le monde, dans le deuxième cycle économique post-1945, changera entièrement, c'est même le début d'un nouvel ordre mondial économique et de puissance. Ce qu'il faudrait mentionner dans l'analyse cyclique, c'est qu'elle nous permet de mieux appréhender les forces économiques et leurs implications dans les avancées économiques mais aussi dans les phases de crise économique «qui ne sont pas négatives» comme on le voit dans les «changements de l'ossature de la puissance mondiale». On constate bien que toute reconfiguration nouvelle qui survient n'obéit par elle-même que par le progrès inscrit en elle qui la féconde. Un peu comme «un accouchement dans la douleur mais néanmoins un accouchement d'un nouvel état du monde.» Un monde périmé qui disparaît pour laisser place à un monde neuf avec d'autres forces, et un nouvel avenir pour les peuples qui, eux aussi, ont changé dans le sens que les nouvelles générations ont une autre approche de la réalité du monde, une nouvelle vision du monde. Elles doivent «faire» avec ce monde qui a changé, peut-être plus riche mais plus dur dans cette richesse. *Auteur et chercheur spécialisé en économie mondiale, relations internationales et prospective |
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