|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Il y a à peine
quelques jours, nombreux ont été ceux qui ont qualifié le foulard de «criminel»
pour avoir été «à l'origine de la mort de Naïma», foulard qui «a été pris dans
l'engrenage d'un escalier mécanique à Montréal». La thèse vient de prendre une
autre tournure.
Selon le rapport préliminaire du coroner, «la mort de Naïma est la conséquence d'un traumatisme crânien». Naïma aurait donc, peut-être, chuté en empruntant l'escalier mécanique dans une station de métro à Montréal. «Chuté après avoir été bousculée», disent certains alors que d'autres persistent et signent que c'est «le foulard» qui serait à l'origine du drame... Et comme cela coïncide avec le houleux débat sur la Charte des valeurs québécoises, il n'y a qu'un pas que l'on n'ose pas trop franchir, en attribuant la cause de la mort de Naïma au «voile islamique». En tout cas, les spéculations font rage et le débat des plus intenses non seulement pour savoir comment et pourquoi Naïma est décédée mais surtout, et encore une fois, sur le port ou l'interdiction du voile, de la burqa, du nikab, du shador, du kirpan, de la kippa et j'en passe sur les autres «signes religieux ostentatoires» au Québec. La polémique s'intensifie au fil des jours à tous les niveaux: commission parlementaire, débats télévisés, chroniques, éditoriaux et plus encore. «Ils nous prennent pour des valises, pour des caves... », disent les uns, «des vessies ou des lanternes?», soulignent d'autres. Il en est même ceux qui tiennent à souligner «qu'au Québec, certains font de la discrimination en tolérant le foulard et en interdisant dans la même foulée le shador. Et à une professionnelle de la santé qui pratique dans une institution gouvernementale d'en rajouter que «ses patients sont très satisfaits des soins qu'elle pratique, des patients toutes religions confondues». Les avis divergents fusent de partout. Après, il y a quelques semaines à peine, le rejet par le barreau de cette histoire de signes religieux ostentatoires, voici maintenant, les professionnels de la santé avec tout ce que cela inclut comme certains grands hôpitaux, qui montent au créneau pour dire que «la charte de la laïcité ne devrait pas s'appliquer aux médecins ni aux autres professionnels de la santé, selon la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec». La même fédération «soutient que le fait de porter un tel signe ne diminue en rien la qualité des soins offerts par les médecins». Au même moment de ce grand débat, voici que le Fédéral, depuis Ottawa, lève le «voile» sur l'interdiction du vote à visage couvert. «Le gouvernement Harper a remis aux calendes grecques sa promesse d'interdire le vote à visage couvert dans des élections fédérales, dans la foulée de son désaccord avec le gouvernement Marois sur la Charte des valeurs québécoises». Mais bien des remous ont failli diviser un peu tout le monde. Car, tout semble tourner autour d'une question fondamentale : faut-il avoir une tête bien faite ou une tête bien pleine ? Le débat se prolonge. Mais le directeur général des élections du Canada refuse de céder aux pressions des politiciens fédéraux et autorise le vote à visage caché lors d'élections partielles dans trois circonscriptions du Québec. Octobre 2007: «Nous renforcerons l'intégrité de notre système électoral fédéral par des mesures qui confirmeront l'identification visuelle des électeurs», promet le gouvernement Harper dans son discours du Trône. Et ce n'est certainement pas le «voile» qui a étouffé Naïma. Le rapport du coroner est clair : mort suite à un traumatisme crânien. A moins que? |
|