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Dans l'après-midi
de jeudi dernier, le théâtre régional de Sidi Bel-Abbès a abrité la générale de
«Sawaid» (montées), une pièce représentant la première expérience de
réalisation du jeune Abdelkader Djriou que le grand public a découvert l'an
dernier à travers «Journal El Gosto». L'expérience est méritoire à plus d'un
titre.
Le texte est écrit par Haroun El Kilani, un jeune écrivain de Laghouat dont le nom commence à s'imposer sur le plan de la production dramaturgique. Il est en langue arabe classique et presque ésotérique. La pièce est produite par le théâtre de Mascara mais, comme cette ville ne dispose pas d'édifice, le montage, les répétitions et la générale ont eu lieu au théâtre de Sidi Bel-Abbès. Le réalisateur est de Sidi Bel-Abbès, mais il a été assisté par une chorégraphe d'Alger. Les comédiens, au nombre de six, dont deux femmes, sont de divers horizons. Celle à qui est revenu le rôle principal est d'Annaba : Amina Belabed. La pièce réhabilite un ancien opus de la défunte cheikha Djennia «kayen rabbi kayen rabbi» (Dieu existe, Dieu existe). Salah Samîi de Batna qui s'est occupé du volet musical de la pièce a recomposé la chanson en mode rock notamment. Le chanteur, de Sidi Bel-Abbès, Abdellah Djellab, s'est chargé de l'exécution des trouvailles de Samîi. Bref, une pièce de théâtre qui dure une heure exactement et traite d'un sujet grave, puisque se rapportant à la condition de la femme, a réuni autant de monde venus des quatre coins de l'Algérie. Le pari de ce côté là est merveilleusement bien réussi. Des comédiens, la pièce réclame une débauche d'énergie, notamment de la femme sollicitée à tour de rôle par un prétendant ou un amant. «Casser des tabous» est l'un des objectifs fixés à cette œuvre, selon les propos d'Abdelkader Djriou. Donc, la femme a trois amants et dans chaque relation de couple un statut. Avec l'un, elle est dominatrice, dans une seconde elle est presque écrasée et subit le joug de son partenaire. Il faut dire que le texte en arabe classique, très châtié, en plus de la diction rapide des comédiens, ne facilitent pas la compréhension de la pièce. Ce qui réclame un effort de la part du spectateur et du public. En tout cas, la mise en scène, la musique, la lumière, plonge le spectateur dans une ambiance très intimiste au point de l'inciter à se ramasser pour se retrouver dans sa propre bulle pour bien suivre les péripéties de la pièce. Disons le tout de suite : réalisée par un jeune, préparant de surcroit une thèse de doctorat sur le théâtre, «sawaid» n'offre pas de tableaux plaisants : on n'y rigole pas. Au contraire, le ton y est grave. On est invité à la réflexion, à la cogitation? C'est un sérieux risque que Djriou a couru en optant pour ce texte. Elle est destinée aux personnes portées sur le questionnement et non sur la détente. |
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