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Plaidoyer contre la réouverture de la pêche au corail

par M. Aziza

Le comité des marins-pêcheurs algériens affilié à l'Union générale des Commerçants et Artisans algériens (UGCAA) a exprimé, hier, son refus quant à la réouverture de la pêche au corail. Une activité qui a été suspendue depuis 2001 par le ministère de la Pêche et les Ressources halieutiques en raison de son exploitation anarchique et dont la reprise est prévue pour le mois d'Avril prochain.

Le président du Comité national des marins-pêcheurs algériens, Bellout Hocine, a affirmé lors d'une conférence de presse que les autorités se sont précipitées pour la reprise de cette activité alors que le corail n'a pas atteint la taille requise pour son exploitation. «Le corail algérien a été victime d'une destruction massive en raison de son exploitation anarchique par des réseaux mafieux, nationaux et étrangers. Aujourd'hui, il a besoin d'un peu plus de temps pour lui permettre de se régénérer», a-t-il affirmé.

Et de préciser «le corail est aujourd'hui à 28 mm seulement alors que la taille admise pour son exploitation doit atteindre les 10 à 15 cm».

Le conférencier propose, au nom du comité, d'ajourner la reprise de la pêche pour 5 ans.

L'autre point qui ne semble guère arranger le comité des pêcheurs est le partenariat avec des étrangers pour la pêche du corail. «On ne veut plus de partenariat. Afin d'éviter les scénarios précédents, les autorités doivent aider les pêcheurs algériens à s'équiper, car ils ont déjà un savoir-faire».

Il poursuit « des entreprises étrangères qui se sont vite reconverties à une activité frauduleuse après une année d'exercice légal;elles ont même formé des pécheurs locaux pour le trafic du corail».

Le conférencier a précisé que malgré la suspension de la pêche au corail, celle-ci s'est toujours poursuivie en l'absence de contrôle et, «qui dit exploitation anarchique dit trafic». Et d'argumenter «9 kg de corail noir ont été saisis le mois dernier à Jijel, sans parler du corail qui sort illégalement du territoire algérien».

Hocine Bellout réclame plus de contrôle et de suivi pour préserver le corail, sachant qu'aujourd'hui, les trafiquants sont dotés de moyens très sophistiqués. «Des Tunisiens utilisent des GPS pour localiser le corail et des Algériens formés par des Italiens procèdent à son extraction pour le vendre, avec l'aide toujours des Italiens, en Europe». Il dira même que le corail algérien brut arrive jusqu'au Etats-Unis, frauduleusement.

LE ROLE DES EGPP EST REMIS EN CAUSE

M. Bellout Hocine a affirmé d'autre part que le secteur de la pêche affiche des performances très faibles, notamment dans les ports. «Anarchie, spéculation, désordre et trafic de tous genres et ce, en l'absence des entreprises de gestion des ports (EGPP)». Le conférencier a énuméré pas mal de problèmes, l'état catastrophique des ports, l'utilisation des filets de pêche qui ne répondent pas aux normes, une pollution marine qui prend de l'ampleur et la pêche de la petite sardine, pourtant interdite.