Finalement, l'enquête déclenchée par le ministère du Commerce pour déterminer les raisons véritables et les causes de la tension actuelle sur le lait n'a fait que rappeler des explications déjà données par plusieurs acteurs de la filière. Hier samedi, le directeur général de la régulation et de l'organisation des activités au ministère du Commerce, Aït Abderrahmane Abdelaziz, n'a pas donné plus d'explications que celle qui veut que la crise du lait qui a touché une dizaine de wilayas du centre et de l'ouest du pays n'a été que le résultat de la ?'migration'' des consommateurs habituels de lait en carton (emballage tetrapack) vers le lait en sachet de 25 dinars. «Il y a eu une grande pression sur l'offre de lait en sachet du fait d'une grande demande, dit le même responsable, les consommateurs habitués du lait en pack se sont rabattus sur le lait en sachet après une hausse soudaine des prix du lait en tetrapack. Les conclusions de l'enquête du ministère du Commerce sur les raisons de la crise qui perdure dans plusieurs wilayas ont été en fait déjà soulignées par plusieurs opérateurs privés. Il s'agirait d'une surchauffe des prix de la matière première sur le marché mondial conséquemment à une mauvaise production en Nouvelle-Zélande, premier producteur mondial, et une à la forte demande du marché chinois, soit 1,2 million de tonnes en 2013 contre 500.000 tonnes en 2012. Résultat: les producteurs de lait en carton ont évidemment procédé à une légère révision à la hausse de leurs prix, ce qui a provoqué un rush sur le sachet de lait, produit par les laiteries. Ce mouvement de panique des consommateurs a ainsi provoqué une tension sur le lait et sur le rythme de production des laiteries, notamment celles du centre du pays et, par ricochet, les autres régions. Selon le ministère, des producteurs de lait en tetrapack, soit 24 unités sur les 133 qui ont fait l'objet de l'enquête, ont augmenté leur prix de vente de 1 dinar à 30 dinars, ce qui a provoqué le rush vers le lait en sachet, subventionné. Pour autant, les enquêteurs ont exclu que le bras de fer entre le syndicat et la direction de l'unité Colaital de Birkhadem soit à l'origine de cette tension. Le ministère du Commerce avait, la semaine dernière, annoncé qu'il prendrait plusieurs mesures pour consolider le marché national du lait, mais qu'il a conditionné avec les résultats de cette enquête, rappelle-t-on. Par ailleurs, M. Ait Abderrahmane, accompagné de M. Abdelhamid Boukahnoune, du directeur de la répression de la fraude au même ministère, a annoncé que le Premier ministre a pris des mesures pour augmenter les capacités nationales de production de lait en sachet pour répondre à la forte demande nationale sur ce produit de large consommation.

«Le Premier ministre a donné des instructions pour l'augmentation de la production de lait en sachet en augmentant les quantités de poudre de lait aux producteurs pour compenser la demande complémentaire sur ce produit», a t-il indiqué au cours de la même conférence de presse. M. Sellal a également demandé «à ce que les capacités nationales de production de lait pasteurisé soient améliorées, avec la constitution par l'ONIL d'un stock pour répondre à la demande complémentaire», a encore ajouté M. Aït Abderrahmane selon lequel l'Etat a mobilisé 30 milliards de dinars en 2013 pour la subvention du lait en sachet, une hausse de 15,38% par rapport à 2012, soit 26 milliards de dinars. Cette crise du lait en sachet subventionné touche plusieurs wilayas du pays. «Le lait en sachet est disponible, donc on ne peut pas parler de pénurie. C'est une sorte de pression sur l'offre due, entre autres, à une forte demande», avait indiqué dans un communiqué la semaine dernière le ministère du Commerce. Pour le représentant des distributeurs de lait à l'Union générale des Commerçants et Artisans algériens (UGCAA), Farid Aoulmi, cette crise est causée à Alger par les 5 à 20% manquants de ses quotas alloués par la laiterie de Birkhadem et qui sont affectés aux wilayas de Blida et de Tipasa.