|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Il
y a le culte de Novembre, accoucheur de la libération ; d'Octobre, mois de la
seconde tentative de décolonisation et puis Janvier. Désormais mois auguste des
troubles digestifs du monde arabe et de la crise des avenirs : il y a deux ans,
le printemps «arabe». Aujourd'hui piétiné par la peur, réduit au chaos,
criminalisé comme un enfant qui revient défait à la maison de l'obéissance. Le
printemps arabe est-il un crime ? On s'empresse aujourd'hui, chez les sceptiques,
les fatalistes et les rusés et les régimes, de dire que oui : voyez ce qu'il a
amené ! Entre théories du complot, les paranoïaques de la théorie du «juif
suprême» qui n'a pour but que de manipuler les Arabes, les soupçonneux et les
peureux et les violents et les imbéciles. Et pourtant c'est un grand moment de
l'histoire : plus grand que certains «Arabes». Les revendications des peuples
étaient et resteront légitimes : liberté, justice, fin des Moukhabarates, droit
de regard sur l'argent de tous, fin des dynasties familiales, des
«disparitions», de la corruption et des pays du «bras». Cela est légitime et le
sera toujours n'en déplaise aux ricaneurs.
Le problème est qu'à chaque fois il y a un criminel qui nous vole le rêve : les régimes, le fils du régime, le journal clandestin du régime, le frère ou le rejeton illégitime du régime : cet islamiste qui réduira le cri au kamis et le courage à des fatwas. A la fin, il suffit de laisser faire les barbus puis de se présenter en sauveur. Et le tout piégera encore pour un siècle les «Arabes» : faut-il sauver la démocratie par la dictature ou lutter contre la dictature au nom de la démocratie qui profitera à des gens qui ne sont pas démocrates ? Sans issues, la mer est derrière nous et l'ennemi est en nous. Janvier est aussi le mois des troubles : des émeutes, des augmentations des prix, des transitions douteuses au sein des régimes. Etrange coïncidence avec sa signification originelle : sur Wikipédia : «Le nom de janvier provient du nom latin du mois, ianuarius ou januarius, lui-même nommé en l'honneur de Janus, dieu romain des portes, des ouvertures et des choix». Janus est le Dieu qui a une tête et deux visages (comme notre régime), il est dit «gardien des passages et des croisements, divinité du changement, de la transition». C'est notre cas. Janvier de l'huile, du sucre, des présidentiables, des émeutes, du doute, de l'inflation, des augmentations. Janus a une tête et deux visages, il est assis à un croisement de routes, il regarde à la fois dans deux directions et ne sait pas quoi choisir. Et février ? Selon la légende, le nom vient du mot purifier». Décanter. On l'espère. |
|