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«L'euthanasie
sera un des instruments essentiels de nos sociétés futures dans tous les cas de
figure. Dans une société capitaliste, des machines à tuer, des prothèses qui
permettront d'éliminer la vie lorsqu'elle sera trop insupportable, ou
économiquement trop coûteuse, verront le jour et seront de pratique courante.»
Jacques Attali, 1981.
Quoique la mort constitue l'étape finale naturelle de notre vie, elle semble, grâce notamment aux progrès extraordinaires de la médecine, avoir disparu de notre univers mental et de notre perception visuelle. En particulier, dans les sociétés développées où l'espérance de vie ne cesse d'augmenter, où les guerres et les famines ont disparu de leur paysage social (du moins jusqu'à présent car, à la faveur de la récession économique actuelle, la famine comme la guerre risquent de perturber cet ordonnancement paisible existentiel). Ainsi, les limites de la mort ont été considérablement reculées, à tel point que la vie s'apprêterait à tutoyer l'immortalité, selon les vœux de nombreux bonzes amateurs de sciences fictions. En effet la tentation de prolonger indéfiniment la vie enflamme le cerveau de certains scientifiques extravagants, notamment des médecins stipendiés par les Big Pharma, adeptes de l'acharnement thérapeutique. Car, du point de vue des intérêts du « capital pharmaceutique », la mort priverait l'industrie de la santé, des médicaments et des vaccins de leurs lucratifs clients. De nos jours, la mort est vécue comme un échec de la médecine et de la société (une perte financière pour l'industrie pharmaceutique), qui n'ont pas su pérenniser la vie. La mort est devenue un affront à la dignité de l'homme moderne pétri d'orgueil scientifique. Presque un scandale, voire une anomalie. Pourtant, hier encore, la mort fauchait des êtres dans la fleur de l'âge : la mortalité infantile était très répandue, celle des femmes lors de l'accouchement également fréquente. La mort rythmait le cours de l'existence, elle partageait la vie de nos aïeux à la longévité très brève. Le deuil habitait leur maison dès le seuil de la vie souvent abrégée par la maladie ou la malnutrition. Les cimetières ceinturaient leur village ou étaient érigés comme des monuments au centre du village constamment endeuillé. Les enterrements cadencés la vie des villageois. La mort, l'enterrement et le deuil réglaient la vie ritualisée de nos prédécesseurs. Ces moments étaient solennisés. La mort côtoyait amicalement la vie. Toutes les deux cheminaient ensemble à un rythme accéléré, la mort triomphant de la vie rapidement essoufflée faute de nourriture et de médication. Depuis plusieurs décennies, tous ces rites funèbres avaient disparu du paysage social. La mort était occultée. Elle était devenue un sujet tabou. Dans les villes, la majorité des personnes mourraient incognito à l'hôpital, dans l'anonymat familier, souvent dans la solitude, après avoir été maintenues en survie à l'aide d'appareils médicaux déshumanisés, afin de prolonger médicalement leur vie pourtant morbide, pour le grand le bénéfice de l'industrie de la santé mercantile et des firmes pharmaceutiques. Fondamentalement, ces deux institutions ne doivent leur florissante existence économique et surtout leur bonne santé financière qu'à l'accroissement exponentielle du nombre de malades et à la multiplication de pathologies chroniques générées par le mode de vie urbain toxique et l'alimentation industrielle délétère - le surgissement incontrôlé du Covid-19 en Occident est l'expression du délabrement de son système de santé, et, surtout, de la dégradation de ses défenses immunitaires, engendrés par le vieillissement et la pathologisation de sa population nourrie aux produits toxiques et gavée de psychotropes, ces pilules du bonheur frelaté capitaliste. Il faut rappeler que de multiples pathologies chroniques tuent chaque année, depuis plusieurs décennies, des millions de personnes, maladies cardiovasculaires 18 millions, le cancer 9 millions, pour ne citer que les plus connues. Mais, aujourd'hui, les intérêts catégoriels de ces deux institutions (sanitaire et pharmaceutique) vont à l'encontre des besoins fondamentaux du capital mondial qui, confronté à une crise de valorisation, doit procéder à la destruction des infrastructures obsolètes et à l'anéantissement des surnuméraires, autrement dit à l'élimination des personnes inutiles et « substituables par les robots et les machines intelligentes », selon la formule de Klaus Schwab ? malades chroniques, personnes âgées, chômeurs ?, devenus financièrement onéreux, socialement encombrants, en conformité avec la conception malthusienne de la gestion de la surpopulation : l'extermination des pauvres par l'organisation de la mortalité des pauvres. Pour information, Thomas Malthus (1766-1834), économiste britannique, recommandait également, pour accélérer la dépopulation par la mort programmée, la suppression de toutes les thérapeutiques médicales afin d'empêcher la guérison des malades : «Mais par-dessus tout, nous devons réprouver des solutions spécifiques pour les maladies ravageuses; ainsi que ces hommes faussement bienveillants qui ont pensé qu'ils faisaient un service à l'humanité en projetant des programmes pour l'extirpation totale de troubles particuliers.» (Cela résonne avec l'agenda des gouvernants contemporains œuvrant au démantèlement du système de santé, à l'interdiction de toute thérapeutique médicale curative conventionnelle, favorisant indirectement l'euthanasie. À la faveur de l'épidémie grippale du coronavirus, avec les 5 millions de personnes mortes en quelques mois faute de soins ? de traitement médical, de lits de réanimation, de respirateurs ?, nous avons eu un aperçu des futures euthanasies en préparation. Aujourd'hui, c'est une banale grippe saisonnière qui aura provoqué la mort de 5 millions de personnes, décédées du fait de la gestion criminelle des gouvernants de l'épidémie. Bientôt, ce seront des pathologies chroniques autrement plus létales qui ne seront plus soignées par manque de moyens médicaux, équipements sanitaires et traitements médicamenteux.) Si les instances médicales œuvrent à la sauvegarde de la vie des malades, d'aucuns préfèrent échapper à leur acharnement thérapeutique. Pour abréger leurs souffrances, leur déchéance physique, certains revendiquent leur droit à mourir dans la dignité par le recours à l'euthanasie. Selon les partisans de l'euthanasie, certes, le médecin doit s'efforcer de soulager les souffrances de son malade, mais il ne doit pas s'obstiner déraisonnablement à se livrer à une persécution thérapeutique pour prolonger abusivement la vie. L'euthanasie désigne la volonté du malade de choisir de mourir dans la dignité, sans souffrance. Ce terme, à l'étymologie grecque, signifie «la bonne mort», la mort douce et sans souffrance. Dans la majorité des pays, l'euthanasie est considérée comme un crime de meurtre passible de réclusion. Depuis peu, à la faveur de la pandémie politiquement instrumentalisée, des États s'appliquent à dépénaliser l'euthanasie. Et pour cause. Probablement, pour officialiser la politique d'élimination médicale, et échapper à toute poursuite judiciaire. Au plan de l'éthique, selon les règles de déontologie, le corps médical n'a pas le droit de provoquer délibérément la mort d'un malade. Cependant, dans les faits, est pratiqué ce que l'on peut qualifier de « lente euthanasie ». On distingue deux formes d'euthanasie : l'euthanasie passive et l'euthanasie active. Dans la première forme passive, devant un malade en phase terminale, le corps médical cesse tout traitement devenu inopérant, et débranche éventuellement les appareils de survie. L'euthanasie dite passive est assimilée juridiquement à une abstention volontaire de porter assistance à une personne en péril. Aussi est-elle punissable d'une peine d'emprisonnement. Dans la seconde forme active, à la demande expresse du malade désireux d'abréger ses souffrances, un parent ou un médecin l'aide à mourir afin de le délivrer d'une vie devenue indigne d'être vécue. L'incurie dans la gestion de la crise sanitaire confine à l'euthanasie passive La question de l'euthanasie s'invite fréquemment dans le débat. Contre la dépénalisation de l'euthanasie, les détracteurs de l'euthanasie invoquent les risques de dérapages et d'abus. Si l'euthanasie est légalisée, la tentation de supprimer des personnes considérées comme inutiles, infirmes, vieillards vulnérables, est grande. C'est accorder au corps médical le droit de donner la mort. Si l'État condamne, à juste titre, l'euthanasie médicale, a-t-il le droit, lui, de se livrer à l'euthanasie « sociale » ? La question mérite d'être posée à la faveur de la pandémie de Covid-19. Car, par leur incurie dans la gestion de la crise sanitaire du coronavirus, les gouvernements de nombreux pays ont perpétré une véritable euthanasie passive, assimilée judiciairement à une abstention volontaire de porter assistance à des personnes en danger de mort, crime punissable d'emprisonnement. Au reste, en France, c'est sur ce fondement juridique que l'ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn a été mise en examen pour mise en danger de la vie d'autrui et d'autres chefs d'accusation, notamment « d'abstention volontaire de combattre un sinistre », dans le cadre de l'enquête sur la gestion de la pandémie de Covid-19. D'autres ministres et le Premier ministre Edouard Philippe sont également convoqués pour leur probable mise en examen, selon les informations. «La vieillesse est un naufrage» avait dit Chateaubriand. Mais est-ce une raison pour favoriser son chavirement létal, la précipiter dans l'Outre-tombe ? Or, avec la pandémie de Covid-19, les personnes âgées auront été les principales victimes du virus, décédées dans les hôpitaux sous-équipés ou dans les maisons de retraite transformées en mouroir. En tout état de cause, les autorités étatiques ne pouvaient ignorer la vulnérabilité des «vieillards » face au virus. Les séniors constituent une cible de choix du virus en raison de leur fragilité physique et de leur comorbidité. Aussi, les maisons de retraite, cibles privilégiées du virus, devaient-elles faire l'objet d'une sécurisation optimale, d'un confinement total pour protéger les résidents de toute contamination. Telle ne fut pas la politique sanitaire appliquée par les gouvernements de la majorité des pays, notamment de la France, l'Italie, l'Espagne, les États-Unis, le Canada (tous les pays atlantistes). Tout s'était passé comme si la mort de ces centaines de milliers de « vieux » (aujourd'hui le nombre de personnes sacrifiées est évalué à 5 millions, dont plus 70% sont décédées curieusement dans les pays atlantistes : l'Europe 1,4 millions, les États-Unis 770 000, le Brésil 615 000) avait été délibérément provoquée par l'incurie de la gestion sanitaire, matérialisée par l'absence de mesures de prévention efficaces destinées à protéger les maisons de retraite, et la défaillance de matériels médicaux dans les hôpitaux (manque de lits de réanimation, de respirateurs, d'appareils d'oxygénation). Autrement dit, par la faillite de l'État, illustrée par ses manquements condamnables, sa gabegie funeste. La responsabilité de l'État dans cette tragédie du Covid-19 est manifestement avérée, sa culpabilité établie. Certes, ce n'est pas la première «civilisation» à s'adonner au rite de l'élimination des «vieillards», même si ce n'est pas pratiqué de manière ritualisée, permanente, officielle, mais circonstancielle comme lors des deux Guerres mondiales où le grand capital international avait sacrifié plus de 80 millions d'individus (cette fois de tous âges et en bonne santé) afin de déterminer quelle puissance impérialiste aurait l'hégémonie sur l'économie mondiale. D'autres sociétés archaïques se livraient à ces sacrifices des aînés. En effet, dans certaines sociétés primitives, les « vieux » étaient abandonnés. Les Yakoutes, en Sibérie, expulsaient leurs aînés. Les Koriaks, les éliminaient. Les Esquimaux les laissaient périr dans la neige. Les Tchouktches les étranglaient après leur avoir réservé un ultime hommage offert sous forme d'une cérémonie festive. D'autres les bannissaient, livrés à eux-mêmes en pleine nature. La prescription du Rivotril a contribué à la Solution létale Néanmoins, aujourd'hui cette «euthanasie sociale » opérée au sein d'une société technologiquement avancée pose problème. Elle interpelle notre conscience. Indéniablement, elle révèle la faillite du système capitaliste. Elle corrobore la preuve de son inhumanité, de sa barbarie. Effectivement, comment interpréter cette incurie scandaleuse dans la gestion sanitaire du Covid-19, sinon comme une véritable opération d'«euthanasie sociale» orchestrée par les gouvernements, exécutée au nom de la rigueur budgétaire, responsable de l'impréparation logistique sanitaire et de la pénurie des équipements médicaux. Pour preuve, excepté la commercialisation forcée de nouveaux produits vaccinaux géniques en phase expérimentale, aux vertus moins efficaces sur les populations que sur la santé financière des industries pharmaceutiques, depuis l'apparition de la pandémie la majorité des États n'a aucunement renforcé son système de santé. Bien au contraire. Pour prendre le cas de la France, alors que le pays est censément en guerre contre le Covid-19, le gouvernement Macron a procédé à la fermeture de 20% de lits, au licenciement de plusieurs milliers d'agents hospitaliers. Pour un pays prétendument en guerre contre la pandémie, le pouvoir a torpillé délibérément le système défensif des établissements hospitaliers, pour aggraver son démantèlement, accélérer sa destruction. |