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Après
un état des lieux approfondi de l'appareil diplomatique algérien, établi sans
complaisance par les services concernés de la présidence de la République et du
ministère des Affaires étrangères, le Président Abdelmadjid Tebboune
a pris des mesures et décisions urgentes visant à réanimer, réhabiliter et
redynamiser la diplomatie algérienne, souffrant d'un grand nombre de tares et
de carences structurelles (moyens humains, techniques et matériels confondus),
dans sa gestion, essentiellement caractérisée par une absence remarquée sur les
scènes régionale et internationale, particulièrement due au profil bas et au
repli sur soi suicidaire adoptés par le président Abdelaziz Bouteflika, depuis
avril 2013 notamment, à cause de l'AVC qui l'avait terrassé à cette époque.
Nouvelle politique étrangère Cette démarche a abouti à la mise en place d'une feuille de route contenant les objectifs suivants : 1° Assurer une présence diplomatique et économique significative de notre pays sur les cinq continents, à travers l'ouverture de nouveaux postes diplomatiques et consulaires et de représentations économiques, commerciales, financières et de services, avec une priorité pour l'Afrique, longtemps négligée par le défunt président Bouteflika. 2° Accorder un plus grand intérêt aux questions sous-régionales, régionales et internationales, qui auraient un impact direct et indirect sur notre pays et à la conclusion d'accords stratégiques avec des partenaires ayant les mêmes préoccupations géostratégiques et géoéconomiques. 3° Dénoncer et renégocier les accords conclus dans des conditions jugées contraignantes, à l'instar de l'accord d'association avec l'Union européenne, qui profite essentiellement aux pays membres de cette dernière, en raison des clauses léonines qu'il contient. Les résultats de cette nouvelle politique étrangère sont de plus en plus diversifiés et tangibles, sur de nombreux dossiers bilatéraux, ou au sein de foras régionaux et internationaux, où l'Algérie est une source de propositions constructives et positives, écoutée et respectée pour sa longue expérience et son savoir-faire, comme l'Union africaine, l'ONU et leurs diverses institutions spécialisées. Apport des compétences nationales à l'étranger Cette renaissance est aussi due aux efforts généreusement déployés par les diplomates algériens et les compétences nationales installées à l'étranger, réputées pour leur compétence avérée et qui sont sollicitées et utilisées de plus en plus rationnellement pour défendre les intérêts stratégiques de notre pays, longtemps négligés au profit de pays étrangers, pour des considérations subjectives. Cet éveil de la diplomatie algérienne est accompagné et renforcé par la gestion administrative, économique et commerciale saine et efficace d'un pays, qui a été longtemps victime d'une impéritie économique et sociale suicidaire, grosse de tous les risques pour sa cohésion, sa stabilité, sa sécurité et son unité. Ces initiatives courageuses commencent à insuffler une bonne dose de vigueur et de rigueur à notre pays exsangue, en général, et à notre diplomatie, en particulier, qui était atteinte de rachitisme et de désordres structurels. Elles lui ont également donné les couleurs et la hauteur d'esprit nécessaires à son épanouissement et qui lui manquaient cruellement lorsqu'il était pris dans le tourbillon d'événements internes, régionaux et internationaux, auxquels sa diplomatie se contentait de réagir passivement, mollement ou timidement, à cause d'une volonté stérile ou bridée par des calculs étroits, qui obèrent considérablement ses capacités opérationnelles, ainsi que son potentiel d'initiative et d'anticipation, qu'il retrouve aujourd'hui à plusieurs niveaux et plans. En raison de cette inertie, l'Algérie, dont 70% de la population est âgée de moins de 30 ans, était, il y a quelques années à peine, perçue comme la Veuve Bettencourt, l'héritière de l'empire de produits de beauté «l'Oréal», que nos collègues femmes connaissent bien. Ses voisins et partenaires, en crise, qui convoitaient ses bijoux, lui faisaient la cour et faisaient la queue pour venir la flatter, dans l'espoir de profiter d'une partie des sa fortune, essentiellement due à la manne pétrolière, dans le cas d'espèce, évaluée à des centaines de milliards de dollars et d'euros, qu'elle semait à tous vents. En tout état de cause, par notre action complaisante ou par notre silence intéressé et coupable sur les abus et lacunes des uns et des autres, nous étions tous responsables de l'état général peu reluisant de notre pays et de sa diplomatie. De garagouzes à derviches tourneurs C'est, je crois, le défunt M'hamed Yazid, ancien ministre de l'Information du GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne), brillant diplomate et grand communicateur, qui a dit, au début des années 1970, au sujet des pays arabes, qu'ils avaient «une diplomatie des garagouzs (marionnettes), qui brille par son silence et son inertie. Quand elle parle, elle bégaie et quand elle bouge elle titube». Cinquante ans après, la plupart des monarchies arabes ont adapté leur diplomatie nationale et sous-régionale aux nouvelles réalités, nécessités ou exigences des acteurs dominant la scène internationale, tandis que les «républiques» arabes continuent de ballotter entre principes désuets et intérêts antagoniques. Les uns et les autres se bousculent aujourd'hui au portillon de Tel-Aviv pour normaliser, dans la précipitation, leurs relations avec Israël, sous la bénédiction de l'Oncle Sam, dans le cadre des accords Abraham... Je comprends parfaitement la tristesse et la colère de la majorité de nos compatriotes qui relèvent, impuissants, que malgré les ressources importantes dont ses dirigeants disposaient, au cours du long et désastreux règne du président Bouteflika, notre diplomatie restait timorée et se portait pâle au sein des principaux foras régionaux et internationaux et face au Maroc, concernant le Sahara Occidental notamment. *Diplomate à la retraite et écrivain |