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«Comme les Etats-Unis l'ont
démontré, le meilleur moyen d'innovation numérique dans l'agriculture est le
réseau entre agriculteurs, industriels et gouvernement. Il s'agit de faire
remonter les besoins et leur trouver les solutions les plus adaptées, en
évitant le piège de la réglementation». Jérôme Cipel
(chargé de la numérisation des données auprès de la chambre d'agriculture de la
Somme)
Promouvoir l'agriculture de précision à grande échelle pour les grandes cultures nécessite une volonté politique, des ressources (humaines, financières et technologiques) et une organisation fluide et flexible au niveau de l'administration agricole. Faire adhérer les acteurs agricoles au «tout précis» en lieu et place de l' «à peu près» n'est pas chose aisée. Un changement culturel aussi profond doit s'opérer avec tact et s'accompagner de promesses de profits alléchantes. Prendre option pour ce type d'agriculture c'est investir dans des technologies coûteuses. D'un point de vue purement économique il est donc recommandé de remembrer les exploitations avant de s'y risquer. Regrouper les superficies et mutualiser les moyens pour gagner en précision et en rentabilité, tels sont les défis que doivent relever nos producteurs agricoles. Si l'intention y est, encore faut-il la faire suivre d'actes décisifs pour rendre effectif le changement ! Accompagner les agriculteurs algériens dans leurs démarches fédératives en vue de fonder des entreprises coopératives agricoles ainsi que dans leur volonté de créer (structurer) des chaînes de valeur agricoles performantes me semble être un passage obligé. Hiérarchiser les problèmes en donnant la priorité à la résolution de ceux d'ordre organisationnel, culturel, interprofessionnel, juridique et réglementaire avant d'investir dans des technologies récentes relève du bon sens, car il faut savoir que si les organisations performantes intègrent bien les technologies de pointe, les technologies, aussi innovantes soient-elles, ne transforment jamais les organisations défaillantes en systèmes plus performants ! Systèmes de production Si comprendre que la «taille» procure des économies d'échelle est vraiment souhaitable, saisir la complexité des systèmes de production l'est tout aussi. Il est donc tout à fait opportun de proposer une caractérisation des pratiques agricoles et de leurs impacts sur la durabilité des systèmes mis en œuvre dans les exploitations céréalières (prises comme exemples en tant que grandes cultures). Deux principes clés guident la démarche de caractérisation : L'exploitation est vue comme un système de production, combinant productions et facteurs de production ; L'exploitant a des raisons de faire ce qu'il fait. Le fonctionnement de l'exploitation agricole peut être considéré comme un enchaînement de prise de décisions de l'agriculteur, dans un ensemble d'atouts et de contraintes en vue d'atteindre un ou plusieurs objectifs. Le système de culture, définit, au sein de l'exploitation, la cohérence avec laquelle l'agriculteur utilise ses moyens de production sur chaque parcelle pour atteindre des objectifs de production et gérer la fertilité du milieu. Le système de culture, sous-ensemble du système de production, se décompose en succession de cultures et itinéraires techniques. Il serait illusoire de penser que le système de culture parfait (impact social positif, impact nul sur l'environnement et marge nette élevée) existe. Seule l'adaptation au cas par cas est possible en hiérarchisant les priorités. C'est pourquoi l'accent sera mis sur la réalisation de fermes véritablement optimisées en veillant à une exploitation rationnelle et raisonnable de la terre et des ressources. Agriculture de précision L'agriculture de précision est un concept de gestion des parcelles agricoles, fondé sur le constat de l'existence de variabilités intra-parcellaires. Aujourd'hui, l'agriculture de précision s'applique à l'ensemble de la gestion de l'exploitation agricole dans le but d'optimiser le rendement des intrants tout en préservant les ressources. En utilisant d'une manière ciblée les surfaces agricoles, l'agriculture de précision s'appuie en fait sur : - Les systèmes de proxi-détection du sol et des plantes ; - La gestion et le traitement de données géo-spatiales ; - Le géo-référencement des échantillons de sol. Elle se focalise sur : - Le contrôle de la population de semences et des doses de produits ; - Le suivi du semis en temps réel ; - Le contrôle précis des sections ; - La mesure de la vigueur de la plante et l'estimation des besoins azotés grâce aux capteurs de biomasse ; - L'application à doses variables (en vue de l'apport au plus juste de produit en fonction du potentiel du sol). Elle vise : - A l'amélioration de l'efficacité globale des exploitations ; - A l'économie des semences ; - Au développement de cultures plus homogènes ; - A l'optimisation des travaux de semis, de pulvérisation, d'épandage et de travail du sol ; - A l'optimisation des intrants en apportant au bon moment et au bon endroit la juste dose d'azote pour assurer qualité et rendement ; - A l'accroissement de la productivité sur le terrain lors de la plantation, de la pulvérisation, de l'épandage ou de la récolte ; - A l'atteinte du degré de finition souhaité avec un minimum de passages et un maximum de précision ; - A l'augmentation de la rentabilité ; - A l'acquisition d'un avantage concurrentiel durable. Gestion des exploitations agricoles Solutions agricoles précises L'agriculture de précision propose plusieurs solutions (issues du mariage réussi entre le numérique et la robotique) qui révolutionnent déjà le quotidien des agriculteurs. Si le numérique s'est installé depuis un certain temps dans les champs pour mieux gérer les fermes, il a été suivi récemment par une large gamme de capteurs intelligents autonomes. Placés dans ces mêmes champs et embarqués sur des engins agricoles ou sur des drones, ils optimisent les traitements grâce à une meilleure connaissance des besoins du sol et des plantes. L'agriculteur est de ce fait à même de connaître au mieux les besoins en arrosage et les besoins spatiaux en engrais ou en produits phytosanitaires pour ne traiter que les parcelles nécessaires. Cette gestion précise des besoins au quotidien, du suivi de l'état des sols et des risques repose sur la puissance et l'efficacité du traitement des données recueillies. A suivre... *Consultant en management |