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«Ne saute jamais
avant d'être arrivé au bord du fossé !» Proverbe finlandais
Selon le forum économique mondial, le système éducatif finlandais est classé 2ème au niveau mondial et 1er dans l'enseignement primaire. Comment l'école finlandaise a pu grimper les échelons et devenir la vitrine mondiale pour tout pays cherchant la performance ? Et que faire pour réveiller l'école algérienne de cette longue hibernation ? LA REFORME : Durant les années 1960, le système éducatif finlandais était encore basé sur la sélection des élèves dès l'âge de 11 ans. Les redoublements, l'échec scolaire et les voies de garage étaient le lot de beaucoup de familles rurales ou ouvrières, tandis que l'élite assurait sa reproduction en envoyant ses enfants dans les écoles secondaires, majoritairement privées. En 1966, un Front populaire finlandais réunissant les centristes et agrariens et toute la gauche arrive au pouvoir avec trois grands projets de réforme : La santé, les retraites et l'éducation. La grande loi sur l'école est votée en 1968. Elle prévoit l'unification de la scolarité obligatoire dans le service public et une formation beaucoup plus approfondie pour les enseignants. L'ORGANISATION DE L'ECOLE FINLANDAISE : Le financement des écoles est du ressort des municipalités, ainsi tout est pris en charge, le soutien scolaire, le transport (Bus et Taxi pour les écoliers éloignés) la cantine, les dépenses de santé et toutes les fournitures scolaires durant l'école fondamentale qui dure de 07 ans jusqu'à l'âge de 16 ans. Les classes sont équipées de TV, lecteur DVD, ordinateur, rétroprojecteur (utilisé aussi par les élèves pour valoriser leur travail). Il existe aussi des salles conçues spécialement pour accueillir les élèves et leurs parents. A l'école, les élèves laissent leur mentaux et chaussures dans des casiers et rentrent en chaussettes en classe. Chaque séance dure 45 minutes et est suivie de 15 minutes de récréation pour tous, élèves et professeurs. Les élèves du primaire sont libérés vers 13 heures, ceux du collège vers 14 heures et ceux du lycée à 15 heures la plupart du temps. Ce qui distingue encore plus les écoles finlandaises c'est qu'elles n'ont pas d'inspecteurs, pas de concurrence entre les écoles, pas de redoublements et pas d'examens durant les premières années. L'ENSEIGNANT, LA CLE DE LA REUSSITE : Ils ont découvert un modèle basé sur une grande valorisation des professeurs, sélectionnés pour leurs qualités pédagogiques, lors d'un concours très strict, et laissés libres, une fois devant leur classe, de développer leurs propres méthodes éducatives. Les Finlandais, fiers de leur système scolaire, remarquent d'ailleurs qu'il est aussi difficile pour un candidat d'être admis en maîtrise de pédagogie que de devenir médecin. Seul un candidat à l'enseignement sur dix parvient à son but. Le métier d'enseignant requiert cinq (05) années d'études universitaires, dont une bonne partie (minimum un an) est consacrée à la pédagogie. Les salaires sont dans la moyenne occidentale, nettement plus élevés que les salaires français. Avec 20 élèves par enseignant, l'école finlandaise a l'un des meilleurs encadrements en Europe. On attend beaucoup de l'enseignant, « chaque élève compte », il est là à les aider, les écouter et les motiver dans un environnement presque familial, certains enseignants leurs confient leur numéro de téléphone ou leur adresse électronique. Tout un dynamisme se crée à l'école, un comité du « bien être des élèves », se réunit chaque semaine, regroupant, enseignants, psychologue, assistante sociale, infirmière et principal, ils étudient ensemble la réponse adaptée à chaque situation. « Tout le monde doit réussir » l'enseignant finlandais n'est pas le maitre autoritaire qui donne un savoir magistral mais un éducateur professionnel qui est en communication profonde avec chaque élève, conçoit ses propres cours, utilise des méthodes personnelles en avantageant l'apprentissage oral et interactif et apprend les choses de la vie aux élèves et les aident à s'épanouir et apprendre en même temps. QU'EN EST-IL DE L'ALGERIE ? Sur les 144 pays étudiés par le forum économique mondial, le système éducatif algérien est classé dans la 131ème place (Mali 118ème), on conserve la même place, dans la qualité du management des écoles (France 8ème, Maroc 47ème), dans l'enseignement primaire, l'Algérie est classée 129ème (Maroc 108ème) et dans l'accès à internet en 132ème place (Ethiopie 119ème ) dans le taux scolarisation au cycle primaire, l'Algérie est à la 49ème place, quant à la formation du personnel on est à la 142ème place (Mauritanie 141ème). QUE FAUT-IL FAIRE ? On a tendance à faire l'évaluation du niveau de notre école par des critères subjectifs et limités : taux de passage, moyennes?Or que dans les pays développés on se réfère à des critères fait par des experts internationaux en la matière travaillant sur des indices de performance scientifiquement établis, à l'image du PISA « Programme international pour le suivi des acquis des élèves » crée par l'OCDE, la Tunisie en fait partie et d'ailleurs elle obtient de bonnes notes et pourrait nous inspirer dans nos futures orientations. Le changement commence par l'acceptation de l'état de notre école illustré par des données chiffrées et aussi par la prise de conscience de l'importance du secteur de l'éducation qui encadre 23% de la population algérienne (presque un algérien sur quatre est sur les bancs de l'école). Sur cela on devrait créer une « Académie de recherches pédagogiques » elle sera chargée de : - Faire des études sur le terrain des différentes écoles de référence à travers le monde et discuter la transférabilitié de ces modèles. - Faire des études sur les facteurs de réussite des élèves et des établissements, les causes de l'échec scolaire, les motivations des élèves et des enseignants, l'influence des revenus familiaux sur le parcours des élèves, des études psychopédagogiques sur le comportement des élèves envers les différents programmes et méthodes d'enseignements, la place des langues, la relation élève-enseignant-parent, la concordance école-université? - Préparer des séminaires sur la réforme de l'école ou on doit associer responsables de l'éducation, les syndicats des enseignants, les associations de parents d'élèves, sociologues et psychologues ayant travaillé sur le thème. - Concevoir une vision stratégique de l'école algérienne à horizon de 2025 - Préparer un riche programme de formation pour tout le personnel et introduire les techniques de management, les sciences de développement personnel - Travailler avec les normes de performances internationales et évaluer chaque année notre école selon ces normes et publier les résultats. * Master en Marketing et Management Bibliographie: (1) En Finlande, la quête d'une école égalitaire, Le monde diplomatique N° 706. 01/2013 p 22-23 Sitographie : (2) A la découverte de l'école en Finlande, Rémy JOST www.mlfmonde.org (3) L'éducation en Finlande, les secrets d'une étonnante réussite, Paul ROBERT www.meirieu.com (4) Education et formation des enseignants en Finlande, Florence SAINT-LUC www.aplv-languesmodernes.org (4) The Global competitiveness Report 2012-2013, www.weforum.org |