Une revendication bien singulière fait des remous dans la grande mosquée
de Paris. Un collectif de musulmanes, qui se fait appeler «femmes dans la
mosquée», soulève avec grand bruit un acte de «hogra» contre la gent féminine
depuis la décision prise ces dernières semaines de les placer dans un endroit
situé au sous-sol, lieu qui devait leur servir de salle de prière séparée de la
salle des hommes. Une salle naguère commune aux deux sexes séparés seulement
par un rideau. Il n'en fallait pas plus pour faire monter sur leurs grands
chevaux ces femmes qui crient à «l'injustice» et à la «décision arbitraire».
Pis, leur tentative de rejoindre samedi dernier la salle commune où elles
avaient l'habitude d'accomplir leur prière, a provoqué une violente altercation
qui a fait des blessés parmi les antagonistes, notamment un accompagnateur des
femmes et un cadre de la mosquée. Il a fallu l'intervention de la police,
appelée en renfort, pour rétablir le calme dans ce haut lieu du culte musulman
en France. Triste dérapage. Et, selon toute vraisemblance, ces évènements
seront encore sous les feux des médias pour quelque temps encore. Car, le
collectif «femmes dans la mosquée», tout comme la grande mosquée, ont saisi
leurs avocats pour soumettre l'affaire aux tribunaux. «Mes clientes ont d'abord
écrit, fin novembre, une lettre au recteur de la grande mosquée pour qu'il leur
permette de prier à nouveau là où elles le faisaient depuis des années, raconte
Me Hosni Maati, avocat du collectif de femmes. Sans réponse, elles ont décidé,
samedi après-midi, de pénétrer dans cette salle où il n'y avait que deux
rangées d'hommes! Malgré cela, elles ont été violemment prises à partie. L'un
de leurs accompagnateurs a été blessé, ce qui lui a valu un jour d'incapacité
temporaire de travail. Je travaille donc sur une plainte pour injures, coups et
blessures, et éventuellement discrimination». À la grande mosquée, on évoque un
«groupuscule de six ou sept activistes féministes islamistes, inconnues des
fidèles réguliers». Elles n'ont pas été «battues», objecte-t-on, mais
«gentiment priées de sortir». Les «fidèles choqués», eux aussi comptent un
blessé dans leurs rangs, un cadre de la mosquée qui a eu «le nez presque
cassé». D'autre part, on dément avoir reçu le courrier des féministes. «Le
recteur a toujours sa porte ouverte pour dénouer les conflits, mais là, il y a
des limites?», indique-t-on sur un ton à la limite de l'indignation. Une
«réponse théologique» est toutefois en préparation. Aussi, faut-il le relever,
parallèlement à la bataille judiciaire qui prend forme, le débat de société
n'est pas près de connaître son épilogue avec la mise en circulation d'une
pétition appelant «les autorités musulmanes de France» à se positionner «sur la
place des femmes dans leur communauté». Veut-on réellement dénoncer une
injustice à travers ces accusations contre les hommes qui «se sont accordés
plus de droits» que les femmes dans les mosquées ou s'agit-il d'une action
sournoise qui vise à lever un voile sur le visage de l'islam qu'on veut
présenter ou montrer sous une image «maso» ? Dans tous les cas de figure, c'est
là un cadeau de fin d'année fort embarrassant entre les bras de Dalil Boubakeur.