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C'est que
l'inflation qui a des incidences directes sur le pouvoir d'achat est de retour
en Algérie, risquant de remettre en cause les équilibres macro-économiques qui
ont nécessité d'importants sacrifices de la population algérienne depuis 1994
date du rééchelonnement, car ayant accusé un retard dans les réformes
micro-économiques et institutionnelles, et ce, bien que le niveau des réserves
de change de 144 milliards de dollars US, le stock de la dette tant intérieure
qu'extérieure, en nette baisse, non pour des raisons de gouvernance interne,
mais grâce à l'envolée du cours du pétrole. L'Algérie risque de revenir à la
case départ si l'on a cette vision du passé que le développement s'assimile aux
dépenses monétaires et aux réalisations physiques sans se préoccuper des
impacts et des coûts. Et, surtout, si l'on continue dans cette voie hasardeuse
de l'assainissement répété des entreprises publiques, plus de 40 milliards de
dollars US entre 1991/2008 et encore 5 milliards de dollars prévus dans la loi
de finances 2010, et l'inefficacité des dépenses publiques conséquence d'un
manque de cohérence et de visibilité dans la politique économique et sociale,
avec la corruption socialisée qui engendre une démobilisation générale se
répercutant sur la productivité globale.
Quel est le taux d'inflation en Algérie Pour le gouvernement, le taux d'inflation a été de 1,6% en 2005, 3% en 2006, à 3,5% en 2007, 4,5% en 2008 et supérieur à 5,7% pour les 10 premiers mois de 2009. La principale raison de cette hausse est l'augmentation de 8% des prix des biens alimentaires et de celle de 21,01% pour les produits agricoles frais, analyse l'ONS. Autre augmentation : celle des prix des produits manufacturés (+3,74%) et des services (+4,22%). En revanche, les prix des produits alimentaires industriels ont enregistré une légère baisse de 1,01%. Quant aux prix des produits manufacturés, ils ont connu une hausse de 3,74% et ceux des services 4,22%, détaille l'organisme de statistiques. A l'exception de la baisse des prix des huiles et graisses (-21,43%) et du lait, fromages et dérivés (0,88%), tous les autres produits du groupe alimentation s'étaient inscrits en hausse, dont notamment les oeufs (25,02%), la viande de mouton (26,93%), les légumes frais (22,92%) et les poissons frais avec 21,56%. Cette hausse a touché également la viande blanche (poulet) avec 19,43%, la viande de boeuf (17,42%), la pomme de terre (15,32%), et les fruits frais avec 6,55%, précise l'office. Les produits du «panier» de biens et services ont connu des hausses ; la plus importante, après celles des produits alimentaires, a été enregistrée par le groupe «éducation-culture et loisirs» avec 6,8%. La hausse a touché également les groupes «transport et communication» avec 4,2%, suivis par celui de «santé-hygiène corporelle» (3,4%), «logement-charges» (2,5%) et enfin «habillement-chaussure» avec une variation de 0,31%. Or, selon un document important relatif à une étude sur l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, du Centre de recherche américain, Casey Research, en date du 6 mars 2008, le taux d'inflation en Algérie serait 12% en 2007 et supérieur pour l'année 2008, selon cette étude, contre une moyenne de 7/8% au niveau de la région Mena, remettant d'ailleurs en cause les déclarations des experts en mission à Alger du FMI en mi-novembre 2009 disant que le taux d'inflation allait baisser. Dans ce cas, le taux d'intérêt ne pouvant être inférieur au taux d'inflation quel va être la politique monétaire future de la banque d'Algérie, si ce taux ce maintient à ce niveau officiel, risquant d'ailler vers des recapitalisations répétées au risque de mettre en faillite les banques primaires auxquels on impose un taux d'intérêt inférieur au taux d'inflation, posant le dilemme de l'investissement qui ne peut se réaliser qu'avec un taux d'intérêt relativement bas. Un Etat riche mais une population de plus en plus pauvre Invoquer des réserves de change supérieures à 144 milliards de dollars, une évolution positive du revenu global entre 2000/2008 d'environ 31% (cela est incontestable du point de vue du chiffre global) comme le fait le ministre du Travail, mais c'est ignorer cette évidence, la concentration du revenu au profit d'une minorité, car un chiffre global a peu de significations, données que remettent en cause les déclarations du ministre de la Solidarité qui annonçait lors du Ramadan passé, triomphalement, une distribution de plus en plus élevée des couffins du Ramadan, plus de 1,2 million de couffins distribués en 2009 avec une enveloppe financière consacrée à cette opération de plus de 3 milliards de dinars. C'est le reflet incontestable de l'extension de la détérioration du pouvoir de la majorité sans compter que selon le dernier rapport du PNUD 2007/2008, 2,3 millions d'Algériens vivent dans des habitats précaires avec un modèle de consommation loin des normes internationales, une personne sous nutritionnée se répercutant tant sur la productivité du travail qu'occasionnant des maladies fréquentes expliquant en partie l'envolée du poste importation de médicaments (plus de 1 milliard de dollars US 2007/2008). Or, comme le rappelait justement un des plus célèbre économiste du XXème siècle, conseiller financier du gouvernement britannique, et négociateur des Accords de Breeton Woods de 1945, John Maynard, KEYNES, je cite : «certains dirigeants confondent abusivement fonds publics avec leurs fonds personnels. S'ils veulent faire oeuvre véritablement de bonne charité, qu'ils le fassent sur leur propre compte bancaire». N'assiste-t-on pas à ce paradoxe des réserves de change importants, et la détérioration du pouvoir d'achat de la majorité ave une concentration excessive au profit d'une minorité rentière ; n'avons-nous pas un pays riche mais une population de plus en plus pauvre montant clairement que la véritable clef du développement réside en la ressource humaine et une bonne gouvernance d'autant plus que selon les données récentes d'août 2008 de l'AIE ou de l'ex-PDG de Sonatrach, Abdelmajid Attar, et de l'expert pétrolier Mourad Preure, l'Algérie sera importatrice de pétrole entre 16/18 ans et dans l'hypothèse la plus optimiste, selon Ahmed Ouyahia, Premier ministre, lui-même, entre 25/30 ans c'est-à-dire demain ? Bien poser le problème de la répartition du revenu national S'agissant d'un problème aussi complexe que celui de l'inflation, il me semble utile de préciser que ces phénomènes doivent tenir compte de la structure et des particularités de l'économie à laquelle ils sont appliqués, les aspects de structures de l'économie internationale, de l'économie interne résultant de l'option de la stratégie de développement économique, aux schémas de consommation générés en son sein pour des raisons historiques, d'influences socioculturelles et aux composantes des différentes forces sociales pour s'approprier une fraction du revenu national. L'urgence passe par des mécanismes de régulation car un contrôle des prix est de peu d'efficacité, sinon il faudrait une armée de contrôleurs avec des coûts faramineux. Car pour les petites bourses, le constat est amer, les prix des produits de large consommation connaissant, comme de coutume, des augmentations sans précédent, les organisations censées sensibiliser les commerçants ayant peu d'impacts, prêchant dans le désert. Ce processus inflationniste est amplifié par l'emprise de la sphère informelle, produit de la bureaucratie centrale et locale qui entretient des relations diffuses de corruption avec cette sphère (expliquant que les rapports internationaux des trois dernières années 2005/2008 classent l'Algérie à un niveau de corruption élevé), qu'il s'agisse d'intégrer intelligemment, loin des mesures bureaucratiques peu efficaces, contrôlant 40% de la masse monétaire en circulation avec une intermédiation financière informelle. Tout se traite en cash, alors que la base de l'économie moderne se fonde sur le crédit, et qu'au-delà de 100 dollars, la carte de crédit est souvent exigée. Cette sphère contrôle quatre segments-clés : celui des fruits et légumes, de la viande, celui du poisson pour les marchandises locales et pour l'importation, le textile-chaussures (posant le problème du contrôle de la douane). Le constat en Algérie est l'absence d'une véritable concurrence, avec une tendance à la substitution d'un monopole d'Etat, un monopole privé plus néfaste, faisant que les circuits entre le producteur et le consommateur (les grossistes informels) ont tendance à se rallonger, la marge commerciale pouvant représenter 2 à 3 fois le prix de production (surtout dans le domaine agricole), ce qui ne peut que décourager le producteur immédiat et l'orienter vers des activités spéculatives. La raison du processus inflationniste, liée profondément à la logique de l'accumulation, en Algérie, est structurelle liée à la panne de la réforme globale. Car depuis 1986, l'Algérie est dans une interminable transition n'étant ni une économie étatisée, ni une véritable économie de marché concurrentielle, expliquant le peu d'efficacité tant de la régulation politique, sociale et économique. Cela explique la faiblesse du pouvoir d'achat des Algériens. Lié à l'aspect précédent, doit être pris en compte l'analyse des couches moyennes productives pilier de tout développement en voie de disparition, entendu couches moyennes productives et non rentières gravitant au niveau des sphères du pouvoir en extension, destructrices de richesses. Et que la mensualité, d'une manière générale, d'un enseignant du primaire au supérieur supposé former les cadres de demain, en fin de carrière, est environ d'un tiers de celles de ses collègues marocain et tunisien, avec les nouvelles augmentations de 2008 (moins du un tiers par rapport au salaire d'un simple député ou sénateur pour un professeur d'université) et 80% de ce montant en retraite (donnant un écart de un quart du fait que la retraite des hauts cadres est de 100%) sans compter les conditions de travail bien meilleures et surtout la considération (statut de l'élite au niveau de la société en Algérie dévalorisé). Paradoxalement, la crise du logement (même marmite, même charges) et des distributions de revenus sans création de valeur au nom de la solidarité (bien que la destination des transferts sociaux, somme colossale 10% du PIB en 2007/2008, ne concerne pas toujours les plus défavorisées) permettent à une famille de disposer de plusieurs revenus reportant dans le temps provisoirement les tensions sociales dans la mesure où toute Nation ne distribue que ce qui a été préalablement produit. Aussi, pour toute politique salariale fiable qui favoriserait la création de valeurs durables, il y a urgence d'enquêtes précises analysant les liens dialectiques entre la concentration du revenu source d'injustice sociale au profit de couches spéculatives au détriment à la fois des producteurs de richesses et le processus d'accumulation du capital, enquêtes inexistantes en Algérie mais que les signes extérieurs de richesses d'une minorité (pas les entrepreneurs créateur de richesses) montent clairement. Impact sur le pouvoird'achat des Algériens et quel sera le niveau futur du SMIG ? On ne peut invoquer, pour expliquer l'inflation et par là la détérioration du pouvoir d'achat de la majorité des Algériens, uniquement les effets des augmentations au niveau de la Fonction publique en 2008, (le montant étant estimé à environ 170 milliards de dinars annuellement, soit environ 1,8 milliard d'euros, somme dérisoire), la baisse du cours du pétrole, pour preuve, le cours du pétrole a atteint un cours entre 110 /140 dollars, les salaires ayant stagnés et l'inflation relativement maîtrisée, ou l'extérieur car avec la crise mondiale, nous constatons une déflation, baisse de l'activité, chômage, baisse des prix, alors qu'en Algérie nous assistons à une stagflation (récession, chômage et hausse des prix). Dans les pays émergents, certes le taux d'inflation est relativement élevé comme en Chine, Inde, Brésil ou la Russie, mais le taux de croissance est supérieur à la moyenne mondiale. Se pose la question face à la déflation (baisse des prix au niveau mondial) pourquoi le consommateur algérien n'en bénéfice pas ? La raison essentielle de la non répercussion de cette baisse des prix au niveau mondial est que la Banque centrale d'Algérie a dévalué simultanément (et c'est un paradoxe puisque la cotation de ces monnaies n'évolue pas dans le même sens) le dinar par rapport à la fois au dollar - 15% et à l'euro plus de 20%, mais comme le montre les dernières statistiques douanières de novembre 2009, les mesures gouvernementales contenues dans la loi de finances complémentaire 2009 n'ayant pas eu d'impact évident sur la valeur des importations, car ce gonflement est dû essentiellement à la dépense publique. Bien plus ces dévaluations gonflent artificiellement la fiscalité pétrolière et le fonds de régulation en dinars non convertibles. Certes, le SNMG algérien a doublé en passant de 6.000 à 12 000 dinars ces dernières années, mais en dépit de cette augmentation, une interrogation s'impose : comment est-ce qu'un Algérien, qui vit au SNMG (120 euros par mois, soit 4 euros par jour alors que le kilo de viande est en août 2009 de 10 euros), fait face aux dépenses contraintes et incontournables (alimentation, transport, santé, éducation), dégradation du pouvoir d'achat renforcée par la dévaluation cyclique du dinar, et il est admis maintenant par tous qu'une famille avec 5 enfants à charge ne travaillant pas a besoin d'un revenu net minimum de 36.000 dinars... Sur la base du panier de la ménagère que maintient inchangé l'Office national des statistiques (ONS) depuis des années alors que le besoin est historiquement daté, l'inflation serait maîtrisée alors que vécu par contre renvoie à une toute autre réalité. L'écart entre l'inflation perçue par l'Algérien et celle calculée par l'ONS témoigne, outre la difficulté de vérifier la véracité d'une donnée officielle. Car, jamais en 2008/2009, la concentration du revenus au profit d'une minorité de couches rentières et la corruption n'ont été si importante expliquant que certaines mesures gouvernementales d'austérité même louables en ces moments de crise, n'ont pas d'impacts de mobilisation et au contraire un rejet général. Cependant, il ne faut pas être utopique, et être réaliste, le quadruplement du SMIG aurait pour conséquence un processus inflationniste incontrôlée qui pénaliserait les couches les plus vulnérables posant la problématique de l'inefficacité de la dépense globale source essentielle de l'inflation en Algérie. Aussi, devant cette situation, et lors de la prochaine réunion de la Tripartie, selon mes calculs, il est impossible d'aller vers une augmentation au-delà de 5.000 dinars devant procéder à des actions ciblées devant favoriser exceptionnellement deux segments comme le recommande la Banque mondiale à l'Algérie, l'éducation et la santé, qui créée de la valeur à terme, contrairement aux segments des autres fonctionnaires qui bénéficient d'un transfert de valeur et pour les entreprises lier toute augmentation à la productivité, mais malheureusement en Algérie cette productivité étant dépendante de la politique économique globale. Comment situer donc les responsabilités lorsque l'entreprise a une productivité faible fonction d'une mauvaise politique gouvernementale ? Aussi, l'objectif pour améliorer le pouvoir d'achat de la majorité passe à la fois l'amélioration la réforme globale, la levée des contraintes d'environnement qui freinent l'épanouissement de l'entreprise créatrice de la richesse durable, dont le terrorisme bureaucratique et de la gestion de la dépense publique et par-devant favoriser une croissance durable hors hydrocarbures. Or, actuellement, on assiste à un gaspillage des ressources financières. C'est que la dépense publique qui sera clôturée entre 2004/2009 à plus de 200 milliards de dollars US n'est pas du tout proportionnelle aux impacts économiques et sociaux, en soulignant que les infrastructures ne sont qu'un moyen accessoire du développement et les expériences négatives de l'Espagne et la semi-faillite récente de Dubaï doivent faire réfléchir le gouvernement algérien... Car, sans un taux de croissance de 6/7% par an sur plus de 5 années, il est impossible à toute Nation, c'est une loi économique universelle, de créer 3 millions d'emplois fiables, et par là d'augmenter à moyen terme les salaires donc le pouvoir d'achat des Algériens au risque d'une hyperinflation. Le pouvoir d'achat des Algériens pose toute la problématique des deux fondamentaux du développement du XXIème siècle à savoir une bonne gouvernance et la valorisation du savoir au sein d'un monde de plus en plus interdépendant. * Professeur d'Université, Expert International - Economiste |