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Venue plaider la
solidarité européenne pour ses interventions militaires en Afrique, la France
se retrouve bien seule. Quant à l'Union bancaire, hormis un engagement de
principe, il faut attendre 2015 pour voir plus clair.
Réunis à Bruxelles depuis jeudi après-midi, les 28 chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE se sont séparés, vendredi dans la journée, sans trouver de consensus sur les principaux points inscrits à de l'ordre du jour : Union bancaire et défense commune. Rien, dans les communiqués finaux, rédigés dans un style incantatoire, ne traduit un engagement commun ferme tant sur les questions bancaires que sur celles d'une politique de défense commune. Toutes ces questions stratégiques ont été renvoyées «à l'étude» pour plus tard, en 2015 ou 2020. Reprenons : sur le projet d'une «Union bancaire», il a bien été convenu de mettre en place un mécanisme de surveillance des principales banques (150 banques environ), mais sans préciser par qui et comment. L'idée soutenue par la France, la Belgique et l'Espagne de pousser les banques à créer «leur propre fonds de secours commun» d'un montant de 55 milliards d'euros afin d'éviter, en cas de crise, le recours à l'aide publique de l'Etat a été poussée à l'an 2020. Pour l'heure, le Mécanisme de stabilité européen (MSE), créé au lendemain de la crise financière de 2008, reste en vigueur. De même, l'idée discutée depuis 2008 de séparer les avoirs des banques d'affaires des banques de dépôts pour éviter la contagion en cas de krach boursier a été totalement éludée. Le poids des questions financières a été ressenti dans l'autre sujet examiné par le Sommet : la défense européenne commune. Encore une fois, c'est la France qui a insisté, dans le cadre de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC), sur la mise en place rapide d'une force militaire d'intervention commune. Et comme à l'accoutumée, des pays comme la Grande-Bretagne et l'Allemagne ont émis des réserves fermes, prétextant l'existence déjà d'un «partenariat stratégique» avec l'Otan et le souci de la «dépense», crise financière oblige. «Les budgets consacrés à la défense en Europe sont limités, ce qui a pour effet de restreindre la capacité à développer, déployer et maintenir des capacités militaires», peut-on lire dans le communiqué sur la défense européenne. D'aucuns verront une réponse «directe» à la demande de la France d'impliquer l'Europe dans ses opérations en Afrique. D'ailleurs, la chancelière allemande, Angela Merkel, n'a pas pris de gants pour déclarer, lors d'un point de presse, que «seules les opérations militaires décidées en commun peuvent être considérées comme européennes. Pas celles décidées de façon unilatérale». De plus, le président Hollande a demandé l'implication de l'Europe en Centrafrique (opération Sangaris), tout en voulant garder le commandement pour la seule France. François Hollande est bien seul en Afrique. Les promesses de la Pologne et de la Belgique d'appuyer la France se résument à une aide logistique de deux avions et une vingtaine de techniciens et pilotes. Pour le reste, il a été rappelé que l'Europe déploie actuellement plus de 7.000 hommes à travers le monde pour 12 missions civiles et 4 opérations militaires. En revanche, les dirigeants européens ont encouragé le développement de l'industrie de l'armement qui emploie près d'un million et demi de personnes. Ainsi, des projets de fabrication d'une nouvelle génération de drone (système d'aéronefs téléportés - RPAS) pour 2020-25; la défense cybernétique, etc., ont été souhaités et inscrits dans les conclusions du Sommet. Au final, le Sommet de jeudi et vendredi s'est conclu sans décision concrète, sans solidarité avec la France dans ses opérations en Afrique et avec les communiqués d'usage sur les crises actuelles en Syrie, Ukraine, Centrafrique, etc., communiqués qui appellent à la fin des conflits, la défense des principes démocratiques, l'aide à la coopération? Si ce n'est de l'incantation ? |
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