Précision ou
rétropédalage, la déclaration du ministre des Transports, Amar Ghoul, a au
moins le mérite d'être claire au-delà de la lecture qu'on peut en faire. Ce
jeudi à Djelfa, et en marge de la visite d'inspection et de travail du Premier
ministre, Amar Ghoul a démenti la suspension de l'opération de substitution du
permis de conduire à points au permis «classique» en vigueur. Début décembre,
des informations rapportées par la presse faisaient justement référence à cette
suspension. Décision annoncée par le ministre des Transports lui-même à
l'occasion des assises nationales sur le transport après qu'un million de
permis à points eurent été distribués à ce jour. Mauvaise compréhension ou communication
maladroite, le fait est que même le président de la Fédération nationale des
auto-écoles, Ahmed Zinedine Aoudia, a soutenu la décision ministérielle.
«L'absence d'un fichier national des permis de conduire rend l'application du
permis à points difficile, voire même impossible», avait déclaré ce dernier,
fustigeant au passage Amar Tou, l'ancien ministre de tutelle accusé d'avoir
«bâclé» le permis à points. Pour Amar Ghoul, il ne s'agit nullement de
suspension mais d'un report provisoire en vue d'améliorer le document et lui
conférer une «dimension régionale et internationale». Il précisera qu'il faut
quatre ans au maximum pour mettre au point un «document officiel infalsifiable
et crédible» en partenariat avec les services de la Gendarmerie et la Sûreté
nationales et sur la base des recommandations des dernières assises nationales
des transports, et qui sera même reconnu dans les pays européens. Revenant sur
le permis à points, le ministre expliquera qu'il s'inscrit dans le cadre de
l'accord de partenariat conclu avec l'Union européenne dans le cadre du Groupe
des 5+5. L'opération de renouvellement du permis de conduire dans sa nouvelle
version s'effectuera progressivement comme c'est le cas avec le passeport
biométrique. Pour les professionnels de la route, ce nouveau permis permettra
notamment la diminution des accidents de la circulation, de mettre fin aux
interventions pour récupérer les permis retirés par les services de l'ordre,
mais aussi augmenter les recettes à travers les amendes. Pour rappel, ce
nouveau document offre à son titulaire un total de 24 points et en cas
d'infraction, des points seront déduits du compte du titulaire du permis. Cette
sanction sera assortie d'une amende forfaitaire ou la suspension du permis.
Quant aux chronotachygraphes, ces mouchards qui devaient être installés
«prochainement» sur les bus et les camions, le ministre a annoncé que les
véhicules poids lourds en seront dotés début 2014 après la publication du
décret y afférent au Journal officiel. Pourtant le texte de loi existe et
stipule que «tout véhicule de transport de marchandises dont le poids total
autorisé en charge est supérieur à 3,5 tonnes et de transport de personnes de
plus de 15 places doit être équipé d'un dispositif de contrôle et
d'enregistrement de la vitesse». Alors pourquoi ne les a-t-on pas placés ?
Pourquoi le gouvernement a-t-il attendu, depuis le temps, et les trois mois
demandés par les transporteurs, pour exiger l'installation de ces mouchards et
essayer de diminuer au moins le nombre des morts sur la route. Les statistiques
le montrent bien, les poids lourds et les bus sont de plus en plus impliqués
dans de très graves accidents. Rappelons que l'Algérie a été classée, en 2011,
à la 13e place dans le classement des routes les plus meurtrières selon le
nombre d'habitants dans le monde arabe d'après l'Organisation de prévention
routière internationale. Elle est à la 15e place dans le classement des routes
les plus meurtrières du monde arabe selon le nombre de tués et à la 29e place
du classement international de l'OMS, selon le nombre d'habitants et se tient à
la 93e place du même classement international des routes les plus meurtrières.