|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Il n'est pas dans la tradition du protocole algérien qu'un
ministre des Affaires étrangères en visite à Alger se voit aménager une
entrevue avec le président du Conseil constitutionnel. C'est pourtant ce qu'a
obtenu celui du Qatar Khaled Bin Mohamed El Attia, arrivé jeudi à Alger et dont
le pays n'est même pas doté d'une institution similaire à notre Conseil
constitutionnel. Sachant que l'actuel président du Conseil constitutionnel
n'est autre que Mourad Medelci qui précédemment en tant que ministre des
Affaires étrangères de notre pays avait lors d'un sommet arabe essuyé
d'arrogants et menaçants propos contre l'Algérie proférés par le prédécesseur
de Mohamed Bin El Attia, le fait que celui-ci lui rende visite ne s'explique
que par la volonté des nouvelles autorités qataries de faire amende honorable
pour une interpellation qui a choqué les Algériens et entaché lourdement les
relations diplomatiques entre Alger et Doha.
Plus généralement, il est apparu qu'avec le changement intervenu au plus haut sommet du minuscule émirat, ses nouvelles autorités tentent de faire oublier que leur pays a été à la pointe des menées déstabilisatrices qui se sont produites dans les pays du monde arabe et donné lieu à ce qui a été qualifié de « printemps ». Leur marche arrière est due au constat que l'activisme déstabilisateur du Qatar aux conséquences néfastes pour la région a fini par lui attirer l'hostilité des puissances mêmes qui l'ont initialement encouragé à agir de la sorte. Les crises qui secouent le Moyen-Orient et dont le petit émirat qatari a nourri l'ambition d'en déterminer les issues, mettent en jeu des intérêts géopolitiques et économiques si importants que les grandes puissances qu'ils concernent ont convenu d'en négocier leurs termes dans des arrangements qui ne vont pas dans le sens des desseins nourris par Doha. Du coup, d'acteur agissant et courtisé qu'il a été sur la scène régionale et internationale, le Qatar est devenu la cible d'une méfiance que lui vouent même ses alliés traditionnels. S'il a un moment pu faire la « pluie et le beau temps » au sein de la Ligue arabe et s'arroger de lui dicter ses positions sur les conflits et crises de la région, ce temps est passé avec les nouveaux rapports de force qui ont émergé dans celle-ci suite à un après « printemps arabe » qui n'a pas donné les fruits espérés par Doha. Le petit Qatar se découvre isolé dans le monde arabe et son ambition d'en être le leader rudement combattue y compris par des pouvoirs dont il a contribué à l'émergence. Face à l'hostilité que ses initiatives ont suscitée, il fait profil bas et tente de réchauffer ses relations avec les Etats dont il encouru l'irritation par son arrogance. C'est le principal but que s'est fixé à destination de l'Algérie Khaled Bin Mohamed El Attia en y venant en visite officielle sous couvert de relancer le partenariat économique entre les deux pays. Et quoi de plus symbolique comme geste dans cette intention que de solliciter une entrevue avec l'ex-ministre des Affaires étrangères de l'Algérie qui a eu à entendre les menaces qataries contre son pays quand le petit émirat était un têtard qui se croyait plus gros qu'un bœuf. |
|