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Un homme politique qui
n'insère pas ses actions au sein d'un cadre théorique cohérent aboutit par ses
actions à des effets pervers qui peuvent se chiffrer en pertes pour la Nation
en dizaines de milliards de dollars. Un théoricien qui élabore des schémas en
dehors de la réalité aboutit aux mêmes effets négatifs d'où l'importance de
synchroniser la théorie et la pratique.
C'est faute de comprendre l'essence du fonctionnement de la société comme le poids de la bureaucratie, de la sphère informelle, l'inflation et la cotation des monnaies, le faible taux de croissance, le chômage, le gel de projets tel que souligné récemment par le président de la République que l'on s'appesantit sur des mesures conjoncturelles. Ce qui explique qu'après plusieurs décennies d'indépendance politique nous avons toujours une économie rentière (97/98% des recettes en devises provenant des hydrocarbures avec les dérivés), influant sur le taux de croissance, de l'emploi, des réserves de change et de la cotation du dinar. C'est pourquoi il faut poser bien les problèmes qui renvoient à la nature de l'Etat et donc le futur rôle de l'Etat dans le développement économique et social, objet de cette présente contribution. 1.-Le patriotisme économique s'assimile-t-il au tout Etat ? Il ne peut y avoir de développement et mobilisation des citoyens sans projet de société. Il n'y a pas de citoyens sans projet social et il n'y a pas de projet économique durable qui ne soit pas lié à un projet social. Il s'agit de restaurer à l'Etat sa vocation naturelle, le soumettre au principe d'efficacité conçu selon une démarche démocratique, la puissance publique dépendant trop des corporations rentières ce qui conduit à un éparpillement et un accroissement des dépenses de l'Etat qui ne sont pas proportionnelles à leur efficacité. D'où l'urgence du renouveau du service public et l'optimisation de l'effet de la dépense publique en introduisant plus de rigueur budgétaire et renforcer les organismes de contrôle technique devant éviter le télescopage d'institutions éparses, fruit de compromis de forces politiques, devant dynamisera la Cour des comptes prévus dans la Constitution, alors que l'on installe d'autres institutions concurrentes. Mais le contrôle le plus efficace est le contrôle démocratique. Car le handicap majeur de toute société est l'intervention autoritaire, vision du passé, des pouvoirs publics, ce qui ne saurait signifier la fin du rôle de l'Etat stratégique en économie de marché en tant que régulateur et protecteur des plus démunis. Cette intervention, en cas de malaise social, cristallise le mécontentement populaire sur le pouvoir d'Etat et aboutit à un affrontement direct entre la puissance publique et l'opinion sans qu'intervienne la moindre médiation. En fait, l'objectif stratégique est de redonner confiance à la population algérienne en instaurant un Etat de droit, base du retour à la confiance passant par des actions concrètes de luttes contre la corruption, le favoritisme, le régionalisme, les relations de clientèles occultes qui ont remplacé les relations contractuelles transparentes, avec l'application de la règle de Peter qui fait que l'on gravite dans la hiérarchie en fonction de sa servitude et de son degré d'incompétence. Aussi, il s'agit de mettre en place des mécanismes nouveaux dans le domaine politique, économique et social afin de lier l'efficacité et la cohésion sociale, loin de tout populisme. Les réformes politiques, sociales et économiques indispensables pour s'adapter tant aux nouvelles mutations mondiales (les cyberattaques, les drones dans le domaine militaire) qu'aux mutations internes impliquent l'instauration de la démocratie économique qui est inséparable de la démocratie sociale et politique. Le cadre macro-économique relativement stabilisé est éphémère sans de profondes réformes. Ces réformes de structures par l'encouragement de tous les acteurs sociaux et économiques sans exclusive, devant intégrer la sphère informelle non par des mesures autoritaires bureaucratiques ne collant pas avec la réalité du terrain, mais par des mécanismes transparents afin de redonner confiance impliquent la refonte du système financier - douanier, fiscal - l'administration et une nouvelle régulation sociale au profit des plus démunis. Comme il y a lieu de ne pas confondre restructuration industrielle qui n'est qu'un élément, de la restructuration globale de l'économie objectif stratégique des réformes. Or le bilan de ces dernières années est mitigé croyant que c'est en changeant en promulguant des codes d'investissement avec ce perpétuel changement de cadres juridiques (dans les pays développés n'existent pas de codes, laissant jouer les relations entreprises/banques et que tout choix d'un projet est dicté par le marché local et international), ou encore changer d'organisations que l'on résout les problèmes fondamentaux du pays, illusion de la mentalité bureaucratique. Il faut tirer les leçons négatives du passé et s'inspirer des expériences internationales réussies. Pour cela la cohérence, la visibilité autour d'objectifs stratégiques précis datés dans le temps sous-tendu par une nouvelle organisation institutionnelle débureaucratisée et décentralisés (pôles et éco-pôles régionaux), devant éviter ce dialogue lassant gouvernement/ intellectuels organiques de services /organisations non représentatives rentières devant inclure les forces nouvelles acquises aux réformes. Ce sont les conditions pour mener à bien les réformes de fond, non des replâtrages conjoncturels, processus complexe, éminemment politique supposant un consensus de toutes les forces politiques, sociales et économiques, ce qui ne saurait signifier unanimisme, mais combien déterminant pour l'avenir du pays. L'expérience de bon nombre de pays en transition vers l'économie de marché peut fournir des enseignements utiles pour atténuer le pouvoir bureaucratique rentier dominant en Algérie. Car il est utile de signaler que les raisons du faible flux d'investissement étranger et du privé national hors hydrocarbures pourtant indispensable pour renouer avec la croissance et donc d'atténuer les tensions sociales me semble être essentiellement imputable non pas à l'aspect sécuritaire qui s'est nettement amélioré, mais au système bureaucratique sclérosant tant central que local, étouffant les énergies créatrices, ce qui explique les mauvais classements internationaux en terme d'attractivité pour l'Algérie malgré ses importantes potentialités. N'oublions jamais que dans la pratique des affaires n'existent pas de sentiments et que l'investisseur mû par la logique du profit n'investit pas durablement en Algérie mais dans des activités de court terme sachant qu'il sera payé grâce aux réserves de change. C'est que l'assainissement des entreprises publiques en Algérie a coûté au Trésor public selon le Premier ministère durant les trente dernières années environ 250 milliards de dollars et les réévaluations répétées durant la dernière décennie plus de 60 milliards de dollars. Cela montre que ce n'est pas dû essentiellement au capital-argent, étant entendu qu'en économie de marché concurrentielle le rôle de l'Etat régulateur est important largement influencé par l'internationalisation, devant tenir compte donc de cette dure réalité, malgré la crise mondiale, d'une économie de plus en plus globalisée. L'Etat doit favoriser la bonne gouvernance condition de l'efficacité économique pour une croissance durable reposant sur l'entreprise qu'elle soit publique ou privée dans une économie ouverte et son fondement le savoir tout en garantissant le principe d'équité. Aussi, je déplore en cette période d'incertitudes dues à la baisse du cours des hydrocarbures que l'on se focalise uniquement sur la rente alors que l'objectif essentiel est l'urgence d'une vision stratégique ainsi qu'un débat sérieux n'ait eu lieu sur le futur rôle de l'Etat en Algérie, débat indispensable pour éclairer la future politique économique et sociale. C'est une des explications fondamentales du changement périodique du cadre juridique des investissements, du manque de cohérence et de visibilité, du fait de la neutralisation des rapports de forces, la politique gouvernementale se trouvant ballottée entre deux forces sociales antagoniques, la logique rentière épaulée par les tenants de l'import et de la sphère informelle malheureusement dominante et la logique entrepreneuriale minoritaire. Cela explique également que l'Algérie est dans cette interminable transition depuis 1986, ni économie de marché, ni économie administrée, expliquant les difficultés de la régulation, l'avancée des réformes étant inversement proportionnelle au cours du pétrole et du cours du dollar, les réformes depuis 1986 étant bloquées ou timidement faites avec incohérence lorsque que le cours baisse. La question qui se pose est donc celle-là : pourquoi avec l'importance des entrées en devises plus de 1000 milliards de dollars entre 2000/2020 avec des sorties de devises de plus de 950 milliards de dollars, l'Algérie a été incapable d'asseoir une économie productive dans le cadre des valeurs internationales ? Qu'en est-il de la structure des projets bloqués: taux d'intégration, balance devises, impact sur les importations et exportations afin de ne pas renouveler les erreurs du passé, et dans ce cas l'épuisement des réserves de change est inévitable à court terme ? Aussi, le compromis des années 2022/2025 devra concilier l'impératif de productivité et la cohérence sociale, les principes d'une société ouverte et le devoir de solidarité, en un mot l'efficacité et l'équité. Il faut éviter toute ambiguïté. L'égalité n'est pas celle du modèle de l963-2021 mais recouvre la nécessité d'une transformation de l'Etat providence, de l'Etat gestionnaire à l'Etat régulateur, par la formulation d'un nouveau contrat social, renvoyant à la nécessaire refondation de l'Etat. 2.-Favoriser la croissance et la cohésion sociale au niveau d'une économie ouverte Une économie ouverte, la dure réalité, comme le montre l'actuelle crise mondiale ne signifie pas la fin du rôle de l'Etat régulateur car le marché a besoin d'être encadré. Aussi la nouvelle politique socio-économique algérienne devra reposer sur trois éléments fondamentaux complémentaires. Premièrement, elle doit tenir compte de l'adaptation aux mutations mondiales irréversibles dont la transition numérique et énergétique. L'insertion harmonieuse dans le cadre de la division internationale du travail par le respect des différentes conventions que l'Algérie a ratifiées, doit correspondre aux avantages comparatifs du pays. Je pense fermement que l'Algérie ne dispose pas d'autres alternatives que l'adaptation à la mondialisation dont les espaces euro-méditerranéens, africains constituent son espace naturel. Prétendre que la mondialisation aliène le développement du pays et les libertés c'est ignorer une évidence: sans insertion dans l'économie mondiale, l'Algérie serait bien davantage ballottée par les vents des marchés avec le risque d'une marginalisation croissante. C'est que la nouvelle politique économique doit être marquée par l'adaptation à l'universalisation de l'économie de marché, le commerce international n'étant pas un jeu à sommes nulles. L'ouverture peut être douloureuse à court terme car elle impose des changements mais elle est bénéfique à moyen et long terme. Deuxièmement, il y a lieu de garantir les grands équilibres macro-économiques par une monnaie stable, condition de l'attrait de tout investissement porteur à moyen terme et par la réduction des déficits publics. Ces deux conditions sont une condition nécessaire mais non suffisante, évitant la hausse des prix sur des structures de monopoles inchangées, l'économie de marché ne signifiant pas hausse des prix ce qui se passe actuellement, et donc aller vers les réformes institutionnelles et micro-économiques qui accusent un retard important au sein d'un monde de plus en plus interdépendant. Troisièmement, cela pose la problématique de l'Etat de droit par la réforme de l'Etat, de la justice, de l'école (la mère des réformes qui conditionne le tout), de l'économie (surtout le système financier figé, lieu de distribution de la rente) et favoriser un véritable marché du foncier. La compétition dans une économie globale fait que chacun a le monde pour marché et tous les consommateurs pour clients devant s'intégrer à une économie dominée par le consommateur mondial et arbitrée par les marchés financiers. La traduction d'un monde ordonné autour de la production est largement dépassée. Et l'introduction en lice de nombreux pays émergents et surtout de la Chine dans le commerce mondial représente une vraie révolution, caractéristique de l'unification des conditions de production dont la valeur ajoutée augmente mais dont les distances entre la production et la consommation diminuent avec là révolution dans le domaine du transport et des télécommunications. La libéralisation des mouvements de capitaux transgresse les frontières géographiques. Il y a lieu de revoir les concepts erronés de stratégie industrielle et d'imaginer une nouvelle politique de l'entreprise. Car à l'intérieur des entreprises se mettent en œuvre de nouveaux modes d'organisation éloignés du taylorisme, des grosses sociétés avec leurs lourdeurs bureaucratiques, fondés sur le raccourcissement des chaînes hiérarchiques, sur l'amélioration de la qualification, sur l'implication des personnes, sur la décentralisation interne et la gestion prévisionnelle des compétences. Quatrièmement, la mutation nécessaire des services publics marchands. La conception passée sur une superposition forte entre secteur public, entreprise publique, monopole, activité limitée du territoire national doit faire place à l'efficacité de gestion, à la concurrence des services collectifs. Si certaines infrastructures peuvent continuer à être gérées par des monopoles, les services de transport, eau, électricité, téléphone vocal doivent être libéralisés. Ainsi la plupart des pays émergents sans compter les pays développés ont des services collectifs caractérisés par de très nombreux acteurs privés et publics, puisque le commerce, l'agriculture et l'industrie sont presque totalement privatisés. Cependant, pour éviter les effets pervers du marché, l'action régulatrice de l'Etat est nécessaire pour assurer la cohésion sociale. Car, certes, la nouvelle politique socio-économique en Algérie devra être marquée en ce début du XXIème siècle par l'innovation, mais également éviter qu'une économie qui produit la richesse ne détruise les liens sociaux dans un univers où la plupart des structures d'encadrements (familles, religion, syndicats) sont faibles surtout en Algérie où bon nombre d'organisations sont des appendices bureaucratiques sans impacts de mobilisation mais monnayant leurs soutiens contre une fraction de la rente pétrolière et gazière. C'est que l'Algérie a vécu sur un modèle égalitaire simple, l'Etat propriétaire gestionnaire régentant l'ensemble de l'activité économique et sociale, réduction des inégalités, développement des prestations sociales pour tous, bien que certains contestent que ce modèle ait été équitable malgré d'importants transferts sociaux et subventions de 1970 à 2021 mais non ciblées. Avec la baisse du cours des hydrocarbures qui sera de longue durée avec les mutations énergétiques et la transition énergétique mondiale qui s'annoncent dont la prise en compte du réchauffement climatique (mix énergétique), déterminant à 70% la valeur de la monnaie et du pouvoir d'achat des Algériens, ce compromis est remis en cause. Ayant fait plus de l'assistanat généralisé sans cibler les plus démunis, pour une paix sociale éphémère, le paradoxe étant qu'en ce mois de décembre 2021, la majorité des Algériens veulent immédiatement leur part de rente, faute de confiance vis-à-vis de l'avenir de plus en plus incertain, de morale du sommet à la base, d'une communication déficiente et de vision stratégique, quitte à conduire le pays au suicide collectif. L'adaptation étant une exigence en ce monde turbulent et incertain où toute Nation qui n'avance pas recule forcément, l'évolution d'une société plus ouverte, plus individualiste exige des traitements plus personnalisés, avec comme toile de fond une croissance plus sélective et rendant urgent de mieux articuler les rôles respectifs et complémentaires de l'Etat et du marché. De ce fait cela remet en cause le traitement statistique global qui correspond de moins en moins à la réalité plus complexe, supposant d'ailleurs une structure indépendante du Gouvernement comme l'atteste actuellement l'effritement du système d'information. La société de marché incitant naturellement à plus d'efforts et de dynamisme et la solidarité dans la compétition implique de cesser d'exclure sous peine de devenir une société de décadence. Ainsi les problèmes doivent être absorbés différemment et cela passe par une réflexion collective sur la justice au sens sociétal. L'universalité de la justice n'existant pas, elle dépend du moment daté et du mouvement historique. Une société dynamique en forte croissance offre des espoirs individuels plus grands en tolérant certaines inégalités qu'une société dont l'économie en stagnation où l'avenir est incertain. Paradoxalement, en dynamique, certaines inégalités à court terme profitent aux plus défavorisés à moyen terme si l'on respecte les droits fondamentaux, bien qu'il faille éviter une domination excessive de l'argent sur la vie sociale. Dans un tel contexte, il faut identifier les inégalités qui doivent être combattues (inefficaces et injustes) et trouver le niveau acceptable d'inégalités nécessaires pour assurer le dynamisme de l'économie. Il ne sera plus question de la simple égalité d'accès à des prestations banalisées mais l'équité par la discrimination positive privilégiant le renforcement des relations professionnelles, la relance des négociations collectives branches par branches grâce à de nouvelles méthodes de travail fondées sur l'innovation continue. Il s'agira de favoriser de nouvelles structures sociales dynamiques pour impulser le changement et impulser celles traditionnelles par définition plus conservatrices. 3.-Une politique économique au service de l'emploi créateur de valeur ajoutée Ainsi s'impose une nouvelle politique axée sur trois facteurs devant les mettre en cohérence, une nouvelle politique de l'emploi et des salaires liés à l'éducation, une nouvelle politique de la protection sociale et enfin une nouvelle politique fiscale qui est au cœur de l'équité, sont nécessaires. Premièrement, en ce qui concerne l'emploi, la politique passée et actuelle est de préférer la distribution de revenus (salaires versés sans contreparties productives) à l'emploi, c'est-à-dire contribuant implicitement à favoriser le chômage. Aussi, il s'agit de modifier les pratiques collectives et réduire les à-coups sur l'emploi en accroissant la flexibilité des revenus et des temps de travail par une formation permanente pour permettre l'adaptation aux nouvelles techniques et organisations. Le rôle primordial pour l'emploi est d'introduire l'initiative économique de tout le monde et les capacités entrepreneuriales caractérisées par les prises de risques industriels et économiques. Devant éviter la vision matérielle du passé, et prendre en compte l'immatériel créateur de valeur ajoutée croissante, la solution la plus sûre est de s'appuyer sur la qualification, la professionnalité des salariés allant de pair avec la spécialisation de l'économie. L'avenir est dans les gisements importants d'emplois sur les activités de services, des emplois de proximité ce qui implique le développement important dans les années à venir des services marchands rendus nécessaires par l'élévation du niveau de qualification. Pour cela une place importante doit être donnée à la négociation collective où l'Etat se confinera à son rôle en matière de minima de salaires et de grilles de classifications professionnelles et d'introduire des incitations comme celui d'abaisser les cotisations sur les bas salaires afin de diminuer les coûts relatifs des emplois non qualifiés. Cependant, en allégeant les charges, il faudra mesurer le prix de cet effort de redistribution par les actions ciblées de solidarité nationale en évitant de décourager les activités économiques. D'une manière générale il y a urgence d'un système d'éducation évolutif s'adaptant à la nouvelle conjoncture internationale par des réformes depuis le primaire jusqu'au supérieur en passant par la formation professionnelle par une formation permanente afin d'éviter des diplômés chômeurs avec la baisse du niveau, et donc améliorer la qualité : c'est que la majorité des salariés ne bénéficie pas de la formation professionnelle. Dans le cadre de l'amélioration de la qualité qui s'est nettement détériorée, il est souhaitable une décentralisation de la gestion de l'éducation d'une manière globale afin de faire jouer la concurrence régionale et son adaptation aux besoins de la société, avec cinq à six grand pôles d'excellence et éviter ce mythe d'une université par wilaya. Le deuxième axe celui d'une nouvelle gestion de la sécurité sociale favorisant l'emploi et la cohésion sociale. Le financement de la protection sociale continue à être assis pour l'essentiel sur les cotisations sociales et absorber les gains de productivité au détriment de l'emploi et des salaires directs. Car force est de reconnaître qu'avec la baisse de la salarisation due à l'accroissement du chômage, cela pèse sur le compte de la sécurité sociale (environ 700 milliards de dinars fin 2021) et par la présence à la fois des dépenses de transfert et leur mode de financement, le déficit étant couvert par des prêts à moyen terme qui sont supportés par les générations futures. Aussi la pérennité du système risque d'être menacée à moyen terme et nécessite de profondes réformes structurelles. Le long retard dans le paiement des retraites les années passées et peut être futures, en cas de chute brutale des cours du pétrole et si la panne dans le développement persiste, doit nous faire réfléchir par des mesures pérennes et non conjoncturelles. D'une manière générale, la notion d'équité a changé et l'accès à l'emploi doit être une priorité car la protection sociale actuelle accroît le chômage. Donc ce n'est pas un changement d'assiette des prélèvements qui résoudra les problèmes mais dans la maîtrise de la dépense aussi bien la dépense globale que la dépense remboursée, car dans cette sphère spécifique, celui qui consomme n'est pas nécessairement celui qui finance, et cela n'est pas neutre pour l'activité productive. Aussi l'ensemble des dépenses de la sécurité sociale ne doit pas croître, en volume, plus vite que la croissance du produit intérieur brut (PIB). Cette rationalisation des dépenses ne saurait signifier une restriction aveugle afin de permettre de couvrir les besoins des plus démunis, supposant des enquêtes ciblées sur le terrain. Troisièmement, la réforme fiscale constitue un défi stratégique pour la nouvelle politique socio-économique, étant un enjeu énorme de pouvoir, car touchant de puissants intérêts de rente ainsi que la concurrence fiscale comme le montre les différentes modifications des lois sur les hydrocarbures et les différents codes d'investissement en Algérie pour attirer les investisseurs. Dans un monde caractérisé par la libéralisation des mouvements de capitaux (le défi d'une fiscalité écologique spécifique), les barrières commerciales qui disparaissent, il est utopique d'isoler la réforme du système fiscal, sujet ô combien sensible, de la gouvernance globale devant concilier la concertation, l'efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale. (Voir préface du professeur Abderrahmane Mebtoul à l'ouvrage de l'expert international Mustpaha Bensahli, ancien cadre supérieur au ministère des Finances, la réforme fiscale en Algérie ouvrage à paraître OPU). Le système d'impôt est au cœur même de l'équité, mais l'impôt pouvant tuer l'impôt car il modifie l'allocation des ressources réalisée notamment l'offre de capital et de travail ainsi que la demande de biens et services. Un système fiscal efficace doit trouver le moyen de prélever des recettes en perturbant le moins possible les mécanismes qui conduisent à l'optimum économique et s'articuler autour des prélèvements faiblement progressifs sur des assiettes larges, ce qui n'altère pas nécessairement leur caractère redistributif, le niveau de l'impôt direct dans une société mesurant le degré d'adhésion de la population. En conclusion, au XXIème siècle, les batailles économiques de l'Algérie se remportent grâce à la bonne gouvernance et la valorisation du savoir (Préambule du Rapport sous la direction du professeur Abderrahmane Mebtoul- transmis au Premier ministre, Face à la mondialisation, bilan et axes de développement 2015/2025 -15 janvier 2013 (8 volumes-980 pages). Le pouvoir bureaucratique sclérosant a ainsi trois conséquences comme frein à l'épanouissement des énergies créatrices. Première conséquence, une centralisation pour régenter la vie politique, sociale et économique du pays. Deuxième conséquence, l'élimination de tout pouvoir rival au nom du pouvoir bureaucratique. Troisième conséquence, la bureaucratie bâtit au nom de l'Etat des plans dont l'efficacité sinon l'imagination se révèle bien faible, déconnectés des réalités sociales. En résumé, l'entrave principale au développement et d'une bonne gouvernance en Algérie provient de l'entropie qui a atteint un niveau inacceptable menaçant la sécurité nationale. Le défi majeur est de réfléchir aux voies et moyens nécessaires pour contrôler et réduire cette entropie à un niveau acceptable grâce à une planification stratégique, à l'instar des multinationales qui sont les plus grands planificateurs du monde. L'Algérie doit éviter l'image du Titanic où les personnes sur le bateau dansaient pendant que le bateau coulait. L'Algérie peut avec ses moyens matériels et surtout humains retrouver une croissance forte en changeant de politique économique, loin de la mentalité rentière, s'adaptant aux nouvelles mutations et ce grâce à un discours de vérité et une nouvelle communication des responsables, seule condition d'une mobilisation de la société afin de faire avancer positivement la société. Et tout cela renvoie à l'urgence d'une gouvernance rénovée impliquant la refonte de l'Etat. Et sans cette refonte au sein d'objectifs précis datés, toute décision, malgré ses bienfaits, se perdra dans les méandres de la bureaucratie centrale et locale que l'on doit combattre par la démocratisation des décisions politiques et économiques loin des injonctions administratives de peu d'impacts. *Dr - Professeur des universités, expert international |
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