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Tlemcen fournit l'exemple du
grand patriote nationaliste, membre fondateur du Croissant Rouge Algérien, en
exil à Tanger en 1957, maître Boukli Hacène Omar (1892 - 1972) qui en 1930 accompagna en pleine
période militante l'émir Khaled porteur de revendications en France. Très proche de Messali Hadj et de Ferhat Abbès, fidèle ami de Bachir al-Ibrahimi,
fidèle à l'habitude des gens de bien donnant l'exemple d'un geste tout en hauteur,
manifestant ses sentiments d'amour et de bienveillance pour son pays, il cède,
avant sa mort, sa maison de maître avec un jardin de près d'un hectare dans le
but noble: celui d'en faire un lieu destiné par testament à servir d'orphelinat
ou en tant que lieu de culture attaché à la vocation du village historique
connu, déjà, au IXe siècle, sous le nom de « Ribat el-Eubbad
». Un legs en l'honneur de son légataire mais qui, voilà plus de
quarante années, attend d'exister en tant que fondation soumise aux lois
régissant les associations d'utilité publique.
Certes, les personnalités les plus dévouées à la culture n'ont pas réussi jusque-là à provoquer l'attention des autorités sur la destination de ce waqf composé d'une maison de maître dotée d'une riche d'une bibliothèque de manuscrits et des œuvres d'art, à son inventaire. A l'évènement de « Tlemcen capitale islamique », en 2011, l'idée vint de l'ouvrir pour en faire une résidence d'hôte devenant ensuite siège d'un des services de la direction de wilaya des Affaires religieuses. En dédiant son waqf à la Culture, le vœu de ce grand mécène, parfait connaisseur en matière d'histoire, était d'offrir en tant que lieu de culture un espace voué à l'esprit, à la connaissance et à la recherche d'autant que son legs ad mortem d'amour et de bonnes œuvres se situe à un endroit trait d'union entre l'acropole abritant le mausolée du célèbre savant soufi Abou Madyan Chouaïb (1126 - 1197) et le site historique à la dénomination caractéristique celui de ?'el-Eubbad'' qui, au moyen âge, avait vocation d'être une sorte d'ermitage réservé aux étudiants, savants, hommes de foi, d'où son nom et qui à l'époque avait fait l'objet de propositions d'aménagement et de mise en valeur de ses restes et vestiges par les services des antiquités et des monuments historiques. Historiquement, ce Ribât, tout au long de ses trois siècles d'existence, réputé d'inviolabilité, accueillait les étudiants et pèlerins pris en charge par la charité publique des ?'waqfs''. Ce village autrefois ceinturé d'une muraille avec deux portes était sillonné il y a peu de temps encore de traces laissant voir des fondations au rang desquels le minaret d'une de ses cinq anciennes mosquées fixant l'ère almoravide dont aussi l'emplacement des trois autres, à savoir : Sidi Abou Ishak, la mosquée où fut enterré le célèbre théologien du XVe siècle, Cheikh Benyoussef Sanoussi ( XVe Siècle), enfin la mosquée à Aïn Ouazouta connue un temps par sa ?'Rawda'' de tombes de princesses zianides et de familles de savants dont celles des Okbani, Maqqari, Madjaci dit el-Baka'a, Abi Amer Tamimi, Bensalem Tidjani... dont le musée accueillit une quarantaine de stèles épigraphiques. Sur le site de ce village médiéval oublié qui a besoin d'être, pour ce qui reste encore de ses vestiges, à la fois protégé et mis en valeur, fut construit le lycée Yaghmoracen, choix qui, à l'époque, a fait réagir plus d'un, sacrifiant en plusieurs couches, les vestiges précieux dont quelques inscriptions furent déposées au musée. Ribât al-Eubbad, autrefois entouré d'une enceinte percée de deux portes, fut le village où Abdelmoumen Ben Ali Ben Aloua al-Koumi (1106 - 1163), originaire de Tadjra, fit ses études. C'est de là qu'il fut choisi d'aller à Bedjaia ancienne capitale des Hammadites à la rencontre d'al-Mahdi Ibn Toumert (m. 1130), futur fondateur de la dynastie des Almohades, et de l'y inviter à Tlemcen. Une fois calife, Abdelmoumen ben Ali, dont le règne débuta en 1147 unifiant le Maghreb ordonna la destruction du Ribat al-Eubbad dont les savants étaient, entre schisme et hérésie, opposés au réformisme de la doctrine des Unitaires - Almohades. C'est, plus haut, le cimetière d'el-Eubbad où sera plus tard enterré le saint savant mystique Sidi Abou Madyan (1126 - 1197) qui redeviendra le nouveau village d'el-Eubbad. Maître Boukli Hacène Omar était certes un homme passionné de culture, fidèle à l'ancrage traditionnel des gens du bien ?'Ahl al-khir''. Son legs de piété et de générosité en tant que lieu de culture rattaché au village de Sidi Abou Madyan ne vaut-il pas exemple aujourd'hui ? Alors pourquoi une telle situation d'abandon ? Qu'attend l'autorité pour assurer existence à un tel vœu pieux ? Son donataire nationaliste de la première heure, fondateur du Croissant Rouge Algérien ne mérite-t-il pas un témoignage respectueux pour son geste? Pour ses bonnes intentions n'avons-nous pas, aujourd'hui, pour devoir d'honorer sa mémoire ? Dans un article, je rappelais aussi le moment d'une débaptisation d'un lieu historique connu comme avoir été un lieu de pouvoir sous l'émir Abdelkader rattaché à la mémoire de Khalifa Bouhmidi (1803 - 1847), un grand homme mort pour la patrie et dont le nom est lié aux souvenirs de combats qu'il a menés aux côtés du chef national au cours de batailles historiques Tafna, Sidi Yacoub... mort empoisonné à Fès (Maroc). Ce lieu marquait en effet à la fois son lieu d'habitation et le siège de son khalifa occupé immédiatement à la prise définitive de la ville, en 1842. Les pouvoirs publics n'ont-ils pas ainsi pour mission de veiller et promouvoir les contributions d'aide et de progrès envers la culture, un secteur qui souffre d'un manque flagrant de professionnalisme permettant enfin une action culturelle coordonnée et efficace indispensable dans la vie de la cité et en dépit des structures qui existent maison et palais de la culture, centre d'études andalouses en tant que lieux d'impulsion à la recherche scientifique en matière de patrimoine, deux musées dont le chantier de l'un d'eux est à l'arrêt depuis plus de dix années, des services de protection vivifiant la bonne garde des monuments classés dont certains sont à l'abandon, voir Hammam Sebbanine (XIIe s.) ce qui reste de la vieille cité. Une bureaucratie qui ne sert à rien pour recueillir, dynamiser et de provoquer au moyen des structures existantes pour un déclic malheureusement mal fructifiées à défaut d'orientation et d'une politique culturelle de pragmatisme. Le secteur des arts, de la pensée et de la création a, certes, besoin d'une politique de formation envisageant la création partout de conservatoires, d'ateliers d'arts dramatique, plastique... L'existence de liens (journaux, revues ...) encourageant le mouvement associatif souvent à la marge. |
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