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Genèse de l'Etat d'Israël : Par-delà le Bien et le Mal

par Medjdoub Hamed *

Après 22 jours de conflit à Gaza, le bilan dépasse les 1200 morts côté palestinien, 53 soldats et 3 civils israéliens ont également été tués. Michèle Sibony, vice-présidente de l'Union Juive Française pour la Paix (UJFP) est au micro d'Arnaud Pontus, ce mercredi 30 juillet 2014.

Elle s'écrie : " Il est scandaleux qu'on n'arrête pas Israël ! "La communauté internationale ne joue pas son rôle : " ce qui me paraît particulièrement ignoble, vu les chiffres que vous énoncez. On a la sensation d'Etats de l'Union européenne et des Etats-Unis qui regardent les bras croisés, qui comptent les morts, qui de temps en temps arrivent à négocier, ou à faire négocier des trêves dites humanitaires. C'est comme si le politique avait décidé de se croiser les bras et de regarder le massacre se produire. " (...) " Il est scandaleux qu'on n'arrête pas Israël ! Comme si les Etats-Unis ou l'Union Européenne n'avaient pas les moyens de le faire. " (...) " La perversité ça consiste à faire croire qu'on n'a pas les moyens d'agir. Israël n'a que les pouvoirs qu'on lui prête... " (...) Israël seul responsable ? " Une femme violée qui se débat à coups de pieds, on ne lui reproche pas d'envoyer des coups de pieds. " (Julien Salingue) " La Palestine entière est violée ! C'est comme si on se réveillait un bon matin en découvrant qu'une population entière se révolte. Ça fait des mois, et des années maintenant, que toute la Cisjordanie, que Gaza, que les Palestiniens, même en Israël, sont persécutés. Et je crois qu'aujourd'hui on est dans une situation où on peut le dire en pesant ses mots. Ça fait des mois qu'il y a des morts tous les jours en Cisjordanie, que Gaza est bombardée - comme si c'était nouveau que Gaza est bombardée ! - qu'il y a des blessés, qu'il y a des gens... Il y a 10 000 prisonniers aujourd'hui ! Dont une grande partie sans procès, sans accès aux dossiers défenses... On le sait tout ça ! "

" Empêcher à tout prix l'unité nationale qui était en train de se former entre le Hamas et le Fatah. (...) La stratégie israélienne, pour folle qu'elle soit, consiste à tout faire pour empêcher une quelconque unité nationale et tout ce qui peut participer, par exemple de la création d'un Etat. (...) Les négociations par exemple : faire durer les négociations, qui sont un camouflage : quand elles échouent et que tout le monde le dit, c'est la faute des israéliens qui ne veulent pas en réalité arriver à un quelconque accord...et quand l'unité tente de se reformer du côté palestinien, alors il y a cette attaque. " (...)" (en Israël) On a une opinion qui est extrêmement travaillée par une propagande qui dure pratiquement depuis la naissance de l'Etat, qui fait toujours vivre les gens en situation de peur et d'insécurité. (...) Faire vivre les gens en situation de menace existentielle, ce qui permet de leur faire croire que cette guerre peut utiliser tous les moyens contre des populations civiles et que tout est permis, ça c'est une autre affaire. "

Importation du conflit en France ?

" Il y a un mode de gestion des sociétés qui se fait par la peur et par le sécuritaire. Importer le conflit c'est aussi importer des assignations qui sont les mêmes qu'en Israël. C'est-à-dire : " tout ce qui est Arabe est dangereux, est terroriste et menaçant ", " tout ce qui est juif doit être privilégié et mis à part ". (...) La seule chose qui peut protéger les Juifs dans le monde, c'est de faire d'eux des gens comme tout le monde ; c'est-à-dire soumis à la loi. "

Ce texte est tiré d'un article sur www.agoravox.fr, sous le titre " Michèle Sibony : " Il est scandaleux qu'on n'arrête pas Israël ", publié le 30 juillet 2014. Les mots utilisés par la vice-présidente de l'Union Juive Française sont lourds de sens. Gaza n'est pas seulement bombardé par Israël, mais elle l'est avec l'approbation tacite de l'Europe et des États-Unis.

Aussi des questions se posent sur une situation anachronique qui dure depuis la création de l'Etat d'Israël, depuis la Nakba, il y a 66 ans. Comment Israël peut violer impunément les lois internationales ? Pourquoi l'Occident accorde un soutien total d'Israël? Et cela concerne l'Europe comme les États-Unis. Il y a un peu comme un non-sens dans l'avènement d'Israël, non pas que l'Etat d'Israël surprend, mais son comportement en tant que groupement humain national étonne, en tant que collectivité nationale révulse ses propres membres, qui sont pourtant des Juifs. Cette vice-présidente Michèle Sibony n'en appelle pas à la communauté internationale pour arrêter la politique suicidaire d'Israël, c'est parce qu'en tant que juive, et aussi en tant que simple être humain, elle n'est pas d'accord, ne peut être d'accord avec les actes politiques iniques, révoltants de ses coreligionnaires.

Quant aux Européens et aux Américains, on sent en eux une certaine " obséquiosité dans leurs relations avec l'Etat d'Israël ". Là aussi, on ne comprend pas. Est-ce parce que le peuple juif a fait l'objet de la " solution finale " en Allemagne, au cours de la Seconde Guerre mondiale ? Ou est-ce un sentiment culpabilité de l'Europe, eu égard aux souffrances que le peuple juif a vécu dans les déportations en Allemagne nazie et leurs exécutions dans les camps de la mort (four crématoire, chambre à gaz) ? " Ou simplement un sentiment d'infériorité envers le peuple juif, vu que 2000 ans de dispersion, d'exil à travers le monde n'ont pas eu raison de lui ? " Plus encore, " un peuple élu ??? " où l'excellence que les savants Juifs - il y en a une multitude, on ne peut en disconvenir - ont apporté aux sciences est un cas unique dans l'Histoire. Ou encore parce qu'ils se trouvent un peu partout en Occident, et dans les commandes de la finance mondiale ? C'est à toutes ces questions que cette analyse va tenter de donner une réponse. Et la manière avec laquelle elle y répondra n'est pas de suivre les voies classiques, mais des voies herméneutiques qui peuvent expliquer la phénoménologie d'avant la création de l'Etat d'Israël et d'après la création de l'Etat d'Israël dans son impact sur l'évolution du monde. Aussi, pour conclure ce questionnaire, nous nous limiterons à ce " Comment cet Etat, par son histoire, est venu à se constituer ? "

L'HISTOIRE UTILISE L'IMPERIALISME JUIF ET OCCIDENTAL POUR FAIRE AVANCER LE MONDE

On ne peut s'arrêter sur le fait que l'Etat d'Israël a été crée par un coup de force. Aidé par les puissances, il a pu coloniser un territoire, par le fer et le sang.

En rejetant un peuple, en n'en continuant pas moins de semer la mort parmi les peuples autochtones, c'est-à-dire les Palestiniens, en continuant à marquer la région par sa politique impérialiste, par sa politique, il faut le dire, " suicidaire et inconsciente ".

Evidemment rien ne vient de rien, rien n'est fortuit, tout événement a une cause. La Terre, qui est mue de quatorze mouvements, nous emporte dans l'espace à une vitesse phénoménale de 107 000 kms à l'heure. Elle tourne autour d'elle-même et autour du soleil avec une précision phénoménale. Le jour et la nuit alternent inexorablement " précis " comme les saisons, ils nous rappellent les temps cycliques de nos existences. Et pourtant les êtres humains ne sentent rien de ces phénomènes sinon qu'ils sont routiniers alors qu'ils ont un sens, que le développement humain aussi a un sens.

Le Monde, l'Univers, " une Immensité sans bornes ", nous y sommes pourtant, dans cet " infiniment petit pensant que nous sommes et cet infiniment grand et petit qui nous prend totalement, de l'infime bactérie ou du nucléon du nucléon de l'atome à la galaxie, et au-dessus de la galaxie dont on ne sait rien". L'extrapolation nous fait dire que l'Etat d'Israël n'est pas venu ex nihilo, combien même il mène une politique complètement paranoïaque, un Etat qui se croit assiégé alors que c'est lui qui assiège les peuples. Son Histoire a été tracée par l'Histoire même du monde. Son Histoire a été écrite par l'Histoire.     

C'est parce que le comportement d'Israël est commandé par les " Forces internes er externes dans cette région-centre du monde qui influe sur toutes les régions du monde " qu'il est Israël. Non pas que ces forces peuvent l'absoudre de ses actes, mais que ses actes même répréhensibles participent au devenir du monde. En d'autres termes, le Mal travaille pour le Bien, et le Bien travaille contre le Mal. Et c'est là le sens de l'existence, " le Bien est toujours en lutte contre le Mal ". La relation n'est pas réciproque, mais inversée. Nietzsche écrit, en avant-propos dans " La Généalogie de la Morale ", parue en 1887 : " Nous ne nous connaissons pas, nous qui cherchons la connaissance, nous nous ignorons nous-mêmes : et il y a une bonne raison pour cela. Nous ne nous sommes jamais cherchés, - comment donc se pourrait-il que nous nous découvrions un jour ? [?] Mieux encore. " Qui donc sommes-nous en dernière analyse ? " Et au point 8 dans la " Première dissertation ", Nietzsche enchaîne : " L'amour est sorti de cette haine, s'épanouissant comme sa couronne, une couronne triomphante qui s'élargit sous les chauds rayons d'une pure plénitude solaire, mais qui, dans ce domaine nouveau, sous le règne de la lumière et du sublime, poursuit toujours encore les mêmes buts que la haine : la victoire, la conquête, la séduction, tandis que les racines de la haine pénétraient, avides et opiniâtres, dans le domaine souterrain des ténèbres et de la méchanceté. " Ceci donne une idée pourquoi " Israël n'obtempère pas et ne recherche pas la paix et à œuvrer pour la création d'un Etat palestinien pour précisément mettre fin à un conflit qui dure depuis 66 ans.        Un conflit, non seulement avec le peuple de Palestine, mais aussi avec le monde arabe et les pays du reste du monde qui condamnent ? "

Mais pourquoi Israël est-il mû par cette formidable " Force de négation " ? Il est clair que ce sont les siècles de sa ghettoïsation en Europe. Une conscience juive pétrie par la haine de l'autre, envers l'Europe, envers les Arabes, ce rejet qui a marqué son Histoire reste encore présent dans sa conscience. Il est évident qu'il ne peut s'effacer tant la cicatrice de l'Histoire sur l'Histoire juive est profonde.

De plus, on ne peut penser que seules ces haines accumulées, ces frustrations deux fois millénaires, qui ont culminé dans l'holocauste hitlérien et trouvent aujourd'hui un exécutoire dans la sauvagerie sans parallèle avec laquelle sont traités les Arabes de Palestine.

De même, de quelle cruelle ironie du destin veut que les Arabes dans les pays desquels les Juifs trouvaient un havre et un refuge loin des horreurs indicibles de l'Europe subissent une persécution implacable ?

Il y a des buts de l'Histoire, et on ne peut en douter, sinon l'Histoire de l'humanité serait sans sens. Ce serait comme si la Terre tournait sans but. Or, si elle tourne et qu'elle nous porte, c'est que le Terre ne tourne pas sans énergie, sans force, la Terre, sa rotation vise un but et, à l'instar l'humanité vise aussi un but sauf que le but n'est pas visible mais néanmoins intégré dans le développement du monde.

Ce but ou ces buts reviennent à l'Esprit qui gouverne le monde, auquel les hommes n'y peuvent rien sinon d'assumer leur destinée.

Cependant, on ne peut parler de fatalisme, car si cela eut été, qu'Israël n'a été qu'un instrument pour mener la guerre et que l'impérialisme occidental a fait bon le choix en la choisissant, le monde n'a pas attendu, n'a pas été ce pourquoi l'impérialisme a joué, a visé. Au contraire, " le monde a avancé ".

Le monde arabe de 1948 n'est plus le monde arabe de 2014. L'URSS a disparu, la Chine a beaucoup avancé. La Chine d'hier n'est pas la Chine d'aujourd'hui.

L'impérialisme juif et occidental n'est plus à son apogée, il a beaucoup perdu de son intensité. Pire, il est aux abois, et probablement " dans ses derniers retranchements ". Pourtant il n'obtempère pas, il reste toujours agressif, mais d'une agressivité mesurée contre l'agressivité adverse qui a beaucoup évolué. Aussi peut-on énoncer que la " raison humaine ne l'a pas emporté ", et " qu'il n'y a pas non plus une résignation juive et occidentale à ce cours défavorable de l'Histoire ". Précisément parce qu'il n'y a pas de fatalisme, parce que la " Raison humaine n'est pas la Raison universelle ", la raison humaine n'est pas cette attitude par laquelle on pense que ce qui arrive devait y arriver et qu'on ne peut rien faire pour s'y opposer. Si cela eut été, la raison humaine serait sans sens.

Le monde n'est pas fatal, il y a tout juste cette vérité : " La raison humaine est intégrée dans la Raison universelle ". On peut dès lors pressentir le sens d'Israël et de l'impérialisme occidental dans l'Histoire.

LES JUIFS ENTRE «UN MAL NECESSAIRE ET UN PROJET NATIONALISTE " ? UN TOURNANT DE L'HISTOIRE

Nietzsche, dans " Par-delà le bien et le mal " (1886), écrit dans le point 251: " Il faut s'en accommoder, quand un peuple qui souffre et veut souffrir de fièvre nationale et les ambitions politiques voit passer sur son esprit des nuages et des troubles divers, en un mot de petits accès d'abêtissement : par exemple, chez les Allemands d'aujourd'hui, tantôt la bêtise française, tantôt la bêtise antijuive ou antipolonaise, tantôt la bêtise chrétienne-romantique, tantôt la bêtise wagnérienne, tantôt la bêtise teutonne ou prussienne. [?] Qu'on me pardonne si, moi aussi, en faisant une halte courte et audacieuse sur un domaine très infecté, je n'ai pas été entièrement épargné par la maladie et si, comme tout le monde, je me suis livré sur des choses qui ne me regardent pas : premier symptômes de l'infection politique. Par exemple, en ce qui concerne les Juifs : écoutez plutôt. - Je n'ai pas rencontré d'Allemands qui veuille du bien aux juifs ; les sages et les politiques ont beau condamner tous sans réserve l'antisémitisme, ce que réprouvent leur sagesse et leur politique, c'est, ne vous y trompez pas, non pas le sentiment lui-même, mais uniquement ses redoutables déchaînements et les malséantes et honteuses manifestations que provoque ce sentiment une fois déchaîné. On dit tout net que l'Allemagne a largement son compte de juifs, que l'estomac et le sang allemands devront peiner longtemps encore avant d'avoir assimilé cette dose de " juif ", que nous n'avons pas la digestion aussi active que les Italiens, les Français, les Anglais. [?] " Pas un juif de plus ! Fermons-leur nos portes, surtout du côté de l'Est (Y compris l'Autriche) ! " "

Ce bref passage est révélateur de l'esprit dans lequel les Juifs étaient naguère enveloppés en Allemagne. On comprend dès lors le déchaînement de l'Histoire qui a commencé à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle avec l'avènement de l'Allemagne bismarckienne. L'Allemagne née le 18 janvier 1871. Une unité proclamée dans la galerie de glaces du château de Versailles, la France est défaite militairement (les Prussiens entrent dans Paris).

Otto Von Bismarck évincé du pouvoir, le nouvel empereur, Guillaume II nourrit d'autres ambitions, et entend développer une Realpolitik, une politique mondiale. Son credo d'avoir " sa place au soleil " aux côtés des puissances coloniales : France et Angleterre, va plonger l'Europe dans un bain de sang, dès le début du XXe siècle.

L'unité allemande était dans l'air du temps. Et cet air touchait les autres monarchies. L'Italie était aussi morcelée en petites monarchies absolutistes. Les patriotes italiens aspiraient à se grouper en un seul Etat. Après des guerres, révoltes et intrigues entre les souverains d'Europe, comme le fut l'Allemagne, Ce qui s'est réalisé en Allemagne allait aussi s'opérer en Italie. L'occupation de la ville pontificale, Rome, le 20 septembre 1870, signa l'unité italienne.

L'Italie monarchiste était née. C'est précisément dans cette effervescence nationaliste que vécut l'Europe qu'est née l'idée nationale dans les pays occupés européens occupés (Pologne, Irlande, les Balkans), qui fit tâche d'huile dans l'inconscient collectif des peuples. " Les Juifs, ghettoïsés, sans Etat, ne pouvaient que s'engouffrer dans cette nouvelle brèche, cette nouvelle configuration du monde. "

Comme aujourd'hui, c'est le contraire qui se produit, l'Etat-nation est en train de se fondre dans des groupes régionaux - la " Régionalisation ", voire la " Continentalisation ". La décentralisation politique, administrative et économique y compris monétaire, à l'échelle de région, de continent s'opère, englobant de plus en plus de pays. Evidemment, " un processus qui reste limité aux pays avancés ". " Un nouvel air du temps."

C'est ainsi que le sionisme émergeait au grand jour, dans le sillage de ces deux unités nationales, allemande et italienne. Cet antisémitisme a donc été vécu par les Juifs comme un " mal nécessaire " auquel ils n'y pouvaient rien puisqu'il relevait de leur Histoire. C'est le développement du nationalisme en Europe qui va donner le cadre au projet sioniste juif, qui est surtout d'obtenir un Etat, but fondamental de tout nationalisme.

Cependant pour les sionistes juifs, il se présente un dilemme. Les facteurs bibliques et antisémitiques n'ont pas été les causes principales dans l'avènement du sionisme à la fin du XIXe siècle. La discrimination, la ghettoïsation et l'hostilité manifestée par les pays hôtes (pogroms) n'ont jamais présenté une opportunité historique pour la création d'un Etat, sinon les Juifs auraient constitué un Etat, ou fondé un Etat associé avec une autre ethnie, il y a longtemps.

DES EXEMPLES DE FORCES HISTORIQUES DE CE QUI DEVIENDRA UN ETAT D'ISRAËL

Mais ce dilemme va être dépassé par l'" essence même qui a constitué la domination des puissances européennes sur le monde ", avant même l'avènement du sionisme à la fin du XIXème siècle. C'est comme si des forces historiques se sont ligués pour aboutir au premier Congrès de Bâle, en 1897, sous la direction de Théodore Herzl. Et ces forces historiques s'appellent, par exemple, Meyer Amschel Bauer né en 1744 dans le ghetto juif de Francfort qui devint un banquier d'Allemagne. Il changea son nom en Rothschild (traduit par bouclier ou écusson rouge, symbole de la maison familiale puis devenu celui de sa banque et du commerce de prêt sur gages). La fortune de Mayer de Rothschild démarra avec Guillaume 1er, prince-électeur allemand. Les enfants de Meyer sont envoyés dans les grandes capitales européennes, à Londres, à Paris, à Naples, et même aux États-Unis où ils créent de puissantes institutions financières, instaurant la " dynastie financière des Rothschild ". Meyer Amschel est anobli à titre posthume en 1817 par l'empereur François 1er d'Autriche - créant une lignée de barons et de baronnes. Cette famille juive Rothschild aux nationalités multiples (allemande, française, britannique, etc.) va fonder surtout une lignée de branches financières en Europe. Les branches allemandes dites de Francfort, autrichienne dite de Vienne, italienne dite de Naples, britannique dite de Londres, française dite de Paris. Il s'est formé une " véritable toile d'araignée financière sur l'Europe ". Et cette toile a fortement contribué à la puissance européenne. On ne peut oublier que l'argent est " plus que le nerf de la guerre ", il est l'"essence même de l'économie ", il est " le carburant au sens propre du mot de l'économie, de toute économie ". Sans argent, le phénomène qui lie les intérêts de tous les hommes, le phénomène qui distribue les richesses, le phénomène qui régule l'économie, sans lui, sans le phénomène-argent, il n'y a pas création de richesses. L'humanité n'avancerait pas. Le deuxième exemple des forces historiques, nous n'en donnons que le succinct, ce sont les hommes politiques d'origine juive qui seront aux commandes de la politique étrangère du Royaume-Uni. Le baron Lionel-Nathan de Rothschild, banquier britannique, non converti, est député de la cité de Londres pendant plus d'un quart de siècle, de 1847 à 1874.

Mais c'est surtout, Benjamin Disraeli, d'origine juive et converti, qui a joué un rôle central dans la politique expansionniste britannique. Nommé deux fois Premier ministre, il permettra au Royaume-Uni d'être un actionnaire principal du canal de Suez. Inauguré en 1869, et grâce aux fonds avancés par le banquier britannique Lionel de Rothschild, la prise de parts de participation dans le canal de Suez amène Disraeli à dire à la Reine Victoria : " C'est réglé, vous l'avez Madame ! ".

Des archives occidentales rapportent que la tactique utilisée pour emporter l'opinion des grands, notamment de la reine Victoria qui lui a été au début défavorable, se résume à ceci : " Tout le monde aime la flatterie et, quand il s'agit de princes, il faut l'étendre avec une truelle " Donc obséquiosité et flatterie alterne, avec bien entendu des buts très réalistes. Il contribua aussi à amender le serment d'allégeance pour permettre aux Juifs d'entrer à la chambre des communes (le Parlement). C'est dire la place stratégique des Juifs d'Europe qui ont pris leur envol en Europe centrale. A propos de l'amendement du serment d'allégeance, Disraeli avança que " le christianisme était le judaïsme achevé " et demanda à la chambre des Communes : " Où est votre chrétienté si vous ne croyez pas en leur judaïsme ? ". Ce qui du reste est parfaitement vrai.

On peut même rétorquer à la chambre des Communes : " Où est votre judaïsme et votre chrétienté si vous ne croyez pas à l'Islam ? "

LA SEULE REPONSE EST L' «ESSENCE QUI FAIT LE MONDE»

Mais, évidemment il y a un verset dans le Coran qui est très explicite." ? Si Dieu l'avait voulu, Il aurait fait de vous une seule communauté. Il ne l'a pas fait, afin de vous éclairer par le don qu'Il vous a fait. Concurrencez-vous dans les bonnes œuvres, vers Dieu est votre retour à tous, alors il vous éclairera sur vos divergences. " (Sourate 5, verset 48).

Et cette sourate à elle seule explique les divergences entre les hommes et les peuples, y compris leur ascension. Il est évident que " si tous les peuples étaient chrétiens, quel sens aurait l'existence du monde ? "

S'il n'y avait qu'une seule race, tous blancs ou tous noirs, que serait le sens de la couleur de la race, et des relations entre les peuples d'une même couleur ? Qu'elle soit pour tous, blanche, noire, jaune, bleue?Elle sera tout simplement une " non-couleur ". Ce sont en fait des dons que ces couleurs nous ont été attribuées, qu'elles nous différencient, que nous voyons notre soi dans l'autre, et qui donne sens à notre existence. Et peu importe la réaction amour ou haine. Et pas seulement la couleur, l'" être en soi que nous sommes " chrétiens, juifs, musulmans, bouddhiste?

Quant à l'ascension de magnats de la finance juive, tant dans les systèmes bancaires que dans la politique étrangère européenne, elle s'inscrivait comme un début de maturation du monde humain, l'Histoire de l'humanité opérait un virage. Un processus était engagé à l'échelle planétaire. Et si l'expansion de l'Europe sur le reste du monde a été couronnée de succès, c'est qu'elle a été permise par l'" Essence ". Les guerres que les pays européens livrèrent pour dominer les continents africain, asiatique, australien et américain ou les guerres qui les ont opposé précisément pour se disputer la mainmise sur les peuples du reste du monde, nous font sentir le " bien-fondé de la pensée qui se trouve dans ces deux versets coraniques ". La sourate V, 18, " Les Juifs et les Chrétiens ont dit : " Nous sommes les fils de Dieu et ses préférés ". Dis : Pourquoi, alors, vous punit-il pour vos péchés ? Non !? Vous êtes des mortels, comptés pour ses créatures.

Il pardonne à qui il veut ;

Il punit qui il veut. "

Et dans la sourate V, 14 : " Parmi ceux qui disent : " Nous sommes chrétiens, nous avons accepté l'alliance ", certains ont oublié une partie de ce qui leur a été rappelé. Nous avons suscité entre eux l'hostilité et la haine, jusqu'au Jour de la Résurrection.

- Dieu montrera bientôt ce qu'ils ont fait " - Précisément comme il est écrit dans le Coran, toutes les guerres ne sont que suscitées par les forces du mal. Les hommes sont mortels, et ils ne se savent pas qui ils sont dans cette immensité infinie. Dans cette Terre qui tourne à une vitesse de 107 000 kms à l'heure, qui est l'objet de 14 mouvements différents et qui nous emporte dans une spire toujours ouverte, savons-nous qui nous sommes ? Allons-nous ressusciter pour payer nos péchés ? Il est évident " qu'il y a un Avant, un Etant et un Après, sinon la vie humaine serait sans sens".

Comment et Pourquoi un juif issu d'un ghetto allemand a pu élever une dynastie financière qui s'est ramifiée dans toute l'Europe ? Une autre question tout aussi importante. Comment le peuple juif a survécu à 2000 ans d'errance ? Il n'a pas fondu dans les autres peuples. Jacques Attali, dans une question posée par El Watan, l'attribue à la religion juive, la " Torah ". Il est certain que la Torah juive y a contribué, mais seule ne peut expliquer la survie du peuple et son attachement à la foi hébraïque. Combien étaient les juifs les siècles passés s'ils comptent seulement environ 20 millions de juifs par rapport aux milliards de chrétiens, de musulmans, de bouddhistes, d'hindouistes? ? La seule réponse est l'" Essence qui fait le monde ". Et la Torah comme toutes religions viennent de l'" Essence".

D'autre part, comment l'infâme guerre de 1914-1918 a supprimé dans la fleur de l'âge quinze millions d'hommes ayant tous droit à la vie ? Et les guerres et leurs millions de victimes pour dominer des peuples d'Afrique, d'Asie et d'Amérique. Le Deuxième Conflit mondiale a fait trois fois plus de victimes que le Premier Conflit mondial ? Là aussi, il y a une émanation de l'" Essence ". Comme il est dit dans le Coran, et tout le sens qui en ressort : " Il a suscité entre eux l'hostilité et la haine ".

La Genèse de l'Etat d'Israël revêt aussi tout son sens dans le devenir du monde, dans le devenir du monde arabo-musulman. Son empreinte dans le berceau des religions monothéistes a changé l'Histoire de l'humanité. L'aphorisme " Par-delà le Bien et le Mal " a tout son sens. " Il y a une idée de puissance, et la puissance engendre la puissance. " Et la phénoménologie n'est toujours pas comprise même de ceux qui l'ont enfanté, les puissances européennes, américaine et soviétique. Le plus incroyable, il faut plutôt dire le plus étrange, c'est " cette alliance des chrétiens et des juifs " annoncées dans le Coran, il y a quatorze siècles, qui a tout son sens aujourd'hui, au XXe et au XXIème siècle.

«PAR-DELA LE BIEN ET LE MAL »

Une vérité qui saute aux yeux, l'Histoire de l'Humanité est entièrement à revoir si on veut comprendre où nous allons. Si nous restons dans les clichés passés, nous ne verrons que des clichés, que des stéréotypes ressassés stériles, qui nous boucheront l'horizon et ne nous mèneront nulle part. Bien, au contraire, ils nous mèneront à des souffrances, des souffrances qui peuvent être terribles. A voir ce qui se passe à Gaza, en Syrie, en Lybie, au Yémen, en Irak? Hier, je vaquais, et je voyais une jeune syrienne aux grands yeux verts, avec son enfant, qui mendiait. Je me suis dit " Bon Dieu, Est-ce que c'est possible ? " Un pays que j'ai visité, et, à l'occasion d'un événement, un soir, au début des années 1990, des Syriens sont venus m'entourer, m'embrasser " presque m'acclamer pour ce que j'ai représenté ". Un peuple fier hier, un peuple brisé aujourd'hui. Je me suis vu moi-même transporté dans ce conflit fratricide. Car c'est un conflit fratricide qui est allé au-delà des sensibilités religieuses et ethniques. Et si moi aussi, si mon pays venait à s'entredéchirer ? Nous le fûmes déjà dans la décennie 1990. Et je ne dois mon existence, ma vie qu'au hasard de mon destin. Et si je me retrouverais à mendier, ou sinon moi, ma famille, ou à combattre comme le font les Syriens, dans leur pays ravagé et divisé. C'est un peu comme la mort s'est abattu sur un peuple!

Ou si la France revivra ce qu'elle a vécu dans les années 1914-1918, ou 1939-1940, lorsque les Français fuyaient les Allemands vers le Sud de la France. L'Angleterre sous les bombes. Et sûrement en pire. Un holocauste nucléaire, où Français, Anglais, Allemands se retrouveraient jeté sur les routes. Et tout peut arriver. Il ne faut pas croire que l'Occident ou les autres puissances nucléaires sont immunisées de la guerre parce qu'ils détiennent l'arme nucléaire. Au contraire, c'est la pire menace qui pèse sur leurs têtes. Sauf qu'ils n'en sont pas conscients.

Ni l'homme, ni les peuples ne commandent leurs destins. Prenons que les tremblements de Terre, les tsunamis, et leurs lots de morts? qui sont les " faits de l'Essence ".Où l'homme n'y peut rien. Alors que les guerres sont les " Faits des Hommes et surtout? de l'ESSENCE, QU'IL NE FAUT JAMAIS L'OUBLIER ". " La guerre ne se décrète pas sans l'ESSENCE. Une Crise économique ne se décrète pas sans l'ESSENCE. "

Précisément, Nous serons toujours aveugles, nous resterons toujours incapables de voir les choses dans leur réalité, dans leur " essence ". Nous refuserons de voir les forces qui nous animent, et qui nous minent. C'est cet effort que cette analyse vise pour chercher à comprendre ce qui est au-delà de l'hostilité et des haines qui divisent les hommes. " Par-delà le bien et le mal ".

* Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale, Relations internationales et Prospective.