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Elle a déjà atteint les 45 à 50 DA : La pomme de terre de plus en plus chère
par Moncef Wafi
S'achemine-t-on
vers un hiver où le prix de la pomme de terre va connaître une envolée pareille
à ce que les ménages ont dû subir en 2009 à leur corps défendant, où le kilo de
patate avait atteint 90 DA voire plus ? La réponse est oui, puisqu'en l'espace
de dix jours son prix est passé de 25 et 30 DA à 45 et 50 DA sur les marchés
locaux. Et ce n'est que le début si on se réfère aux déclarations de Bachir
Seraoui, le président du Conseil national interprofessionnel de la filière
pomme de terre (CNIFPT), faites à l'APS et qui prédisent d'une saison difficile
«qui affiche déjà un recul de 20 à 25%». La raison est à chercher du côté d'une
surproduction entamée depuis l'arrière-saison octobre/décembre 2012 jusqu'à
celle de 2013. La production de pomme de terre a atteint un niveau record de 5
millions de tonnes lors de la campagne agricole 2012/13 et a obligé les
agriculteurs à vendre leur production «à des prix très bas». M. Seraoui
indiquera que «90% de la récolte était écoulée à moins de 20 DA le kilogramme».
Conséquence directe de cette surabondance, des agriculteurs dans l'incapacité
de réinvestir, se sont retirés. Il y aurait même quelques uns qui vont
abandonner la filière, si l'on croit le président du CNIFPT, malgré le geste
«tardif» et «insuffisant» du gouvernement qui a accordé une prime de 5 DA/kg aux
producteurs qui ont essuyé des pertes cette année. «Le CNIFPT avait demandé une
aide de 10 DA en septembre pour permettre aux agriculteurs d'entamer à temps
leur campagne, mais la décision du ministère de l'Agriculture n'est venue qu'à
la fin novembre», expliquera-t-il. L'autre problème qui empoisonne la vie des
producteurs de pomme de terre est le manque criard de capacités de froid et de
conditionnement qui les a également contraints à vendre à un prix inférieur à
20 DA/kg, le prix minimum garanti par le système de régulation permettant de
protéger les revenus de l'agriculteur. Selon M. Seraoui, la pomme de terre ne
peut pas se stocker au-delà de trois mois pour libérer le peu d'entrepôts
existant et en stocker davantage. Il précisera que «la surproduction a été mal
orientée cette année-là à cause de la mauvaise gestion du conditionnement du
produit chez l'opérateur public PRODA (Société de gestion des participations
des productions animales) qui n'a stocké que 70.000 tonnes sur les 140.000
prévues, et le manque d'aires de stockage. Comme solutions, le CNIFPT propose
aux pouvoirs publics d'octroyer à l'agriculteur des crédits à long terme pour
développer ses propres unités de conditionnement et de stockage afin d'amortir
ses pertes. Cette arrière-saison se trouve ainsi compromise par les
conséquences de ce «bradage» du produit mais également par la canicule qui a
sévi durant la fin de l'été jusqu'à la moitié de l'automne. Une météo qui a
grandement affecté le processus de tubérisation, à en croire les professionnels
du secteur. Prenant en exemple la wilaya de Mostaganem «qui n'a pas planté son
extra primeur», M. Seraoui s'inquiète de «perdre des superficies» et annonce
que sur les 40.000 tonnes de semences importées, 20.000 ont été écoulées sur le
marché, alors que 10.000 tonnes seulement ont été vendues aux producteurs.
Evoquant le marché de la pomme de terre, le président du CNIFPT rappelle la
persistance du phénomène de la spéculation et «l'anarchie» qui y règne. Pour
lui, le consommateur reste toujours lésé puisqu'il ne bénéficie pas de la
baisse des prix, la pomme de terre fraîche se vendant toujours entre 30 et 45
DA le kilogramme, alors que l'agriculteur l'écoule à moins de 20 DA. Pour
«sortir de cette anarchie», il préconise un prix minimum pour que l'agriculteur
ne perde pas et un prix maximum pour ne pas affecter le consommateur.
Les producteurs
algériens de pomme de terre se sont tournés vers l'exportation en optant pour
les marchés espagnols ou français, mais la non-maîtrise des circuits et des
réseaux d'exportation a empêché l'initiative de prospérer. Pour rappel, la
filière de la pomme de terre procure des emplois à 75.000 travailleurs alors
que la valeur de sa production est estimée à 130 milliards de dinars par an.
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