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Me Mustapha Bouchachi, député FFS et ancien président de la LADDH, a animé
une conférence dans l'après-midi du samedi à la salle El Feth, intitulée « Les
droits du Monde entre universalisme et contingence ». Bien évidemment, le
conférencier, en homme politique, ne pouvait pas se permettre de faire
l'économie sur la situation des droits de l'homme en Algérie. Du coup, il a
confirmé la position de son parti qui tourne le dos aux débats se rapportant
aux prochaines échéances électorales pour rester focalisé sur des constantes,
notamment la question des droits de l'homme. Donc, avant d'entamer sa
conférence, Me Bouchachi a lancé : « Est-ce que nous nous sommes libérés en
fait ou tout simplement nous avons juste libéré notre territoire ? »
« Au lendemain de la seconde guerre mondiale et en raison des crimes commis lors de ce conflit, la communauté internationale a décidé que les droits de l'homme ne seraient plus du ressort exclusif des responsables locaux » ; voilà comment le conférencier a introduit la notion d'universalité des droits de l'homme. Cependant, il précisera que la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 est une déclaration et « non une convention ». Il rappellera qu'uniquement trois pays de la région MENA (Moyen-Orient et Nord Afrique) ont participé aux travaux ayant amené à la Déclaration universelle : l'Arabie Saoudite, le Liban et l'Egypte. Pour des raisons soi-disant liées au dogme religieux, l'Arabie Saoudite a refusé dès le départ d'adhérer à cette Déclaration universelle. Ainsi, sera introduit le débat sur la spécificité culturelle et la nécessité de la prendre en charge. Il évoquera, par ailleurs, le Congrès de Vienne de 1993 qui évoquera la spécificité, appréhendée comme démarche « enrichissant l'universalité de la question des droits de l'homme ». Parlant du TPI (Tribunal pénal international), instauré en juillet 2002, il dira ce ne sont que les dirigeants africains et serbes qui ont défilé devant cette juridiction. Concernant l'Algérie, le député du plus vieux parti de l'opposition lancera « les droits de l'homme ont accusé un grand recul en Algérie » ces vingt dernières années. Il expliquera que la Constitution de 1990 a constitué un bond en avant concernant cette question, puisque des articles 29 jusqu'au 59 se rapportaient aux droits et libertés des citoyens. Dans sa tentative d'expliquer ce recul, il dira : « Les institutions de l'Etat refusent d'appliquer les dispositions des lois ». Auparavant, il remarquera, pour démontrer l'absence d'implication citoyenne dans la lutte pour leurs droits, en disant « je ne connais pas de cas de poursuite judiciaire d'une institution par un citoyen et qui a pour cause le refus de l'application d'une loi ». Il rappellera que l'article 138 de la Constitution stipule que « le pouvoir judiciaire est le garant des droits et libertés ». Or, signalera-t-il, « la justice est loin d'être indépendante ». S'agissant du pouvoir législatif, il reconnaîtra : « Le Parlement dont je fais parti n'est qu'une simple façade. » «Un bureau d'ordre», ajoutera-t-il. Les textes de loi adoptés sont ceux émanant de l'exécutif et non ceux proposés par les « représentants du peuple » censés légiférer. Avant le début de la conférence, une minute de silence a été observée en hommage à Nelson Mandela. |
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