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L'Indice de
perception de la corruption est-il suffisant pour mesurer l'étendue de la
corruption ? A l'occasion de la parution du classement annuel de l'ONG
Transparence internationale, paru le 17 novembre 2009 dans son rapport annuel
de 2009, les médias se sont comme chaque année, à cette occasion donnée à cœur
joie, faisant écho du classement de l'Algérie, sans cependant prendre le recul
indispensable, et observer les précautions d'usage afin d'éviter les amalgames
et les confusions préjudiciables à la bonne compréhension du sujet.
Le plus curieux, c'est le commentaire fait par le professeur Mebtoul, qui, dans une «contribution» parue dans un blog le 18/11/2009, intitulée «pour une moralisation des institutions en Algérie», s'est laissé aller à des conclusions superficielles, sans la profondeur requise pour un sujet aussi important. En effet, on reste pantois devant l'approche légère et approximative, peu documentée et quelque peu confuse, qualifiant l'index de perception de la corruption (IPC) de T I, comme «une estimation par pays assez fidele de l'étendue du phénomène de la corruption».Qu'est-ce que l'IPC ? Pour les spécialistes avertis, l'index de perception de la corruption de T I est un agrégat de sondages ; il suffit de se référer à la documentation de l'ONG concernée qui accompagne chaque année son rapport annuel pour relever les caractéristiques de cet index, ainsi que la méthodologie adoptée pour le mettre en œuvre et le confectionner. Pour bien s'imprégner des différents composants de cet index, on peut aussi lire le fascicule du professeur Johann Graf Lambsdorff de T I et de l'Université de Passau, paru en 2005 intitulé «L'Index de Perception de la Corruption». Il résulte de cette documentation que l'IPC ne mesure pas l'étendue de la corruption dans un pays donné, mais la perception de certains opérateurs qui sont consultés par le procédé du sondage d'opinion sur le climat éthique des affaires dans ce pays; c'est donc un baromètre qui mesure la représentation que se fait une partie de l'opinion publique (à savoir le milieu d'affaires, car depuis belle lurette, T I considère que ces opérateurs sont plus fiables que l'opinion publique en général) sur le phénomène; du reste les experts de T I prennent le soin de le préciser par souci méthodologique à chaque parution de leur rapport annuel, mais comme à chaque fois, ce sondage se transforme (ce qui parait bizarre) par les médias en mesure de l'étendue de la corruption. En ce qui concerne cet index, notre curiosité reste entière s'agissant du classement de l'Algérie puisque depuis 2005, T I a cessé de donner le détail de la population ciblée par le sondage d'opinion ; en effet, on ne sait plus depuis, quel est le nombre d'opérateurs consultés pour le sondage? qui sont les opérateurs sondés ? ont-ils soumissionné aux marchés publics en Algérie ? ont-ils obtenu des marchés ? sont-ils tous des soumissionnaires malheureux-qui n'ont pas réussi à obtenir de marchés? Connaissent-ils bien les rouages de l'administration pour apporter un point de vue expert ? A défaut d'IPC, existe-t-il des instruments de mesure de la corruption ? Tous les experts et responsables qui travaillent dans la lutte contre la corruption sont unanimes pour constater «la difficulté de mesurer l'ampleur de la corruption» (dixit le Président de l'Instance de lutte contre la corruption du Maroc). Si on considère qu'à travers «instruments de mesure fiables »on entend les outils qui doivent répondre à un modèle opératoire conçu suivant des normes et paramètres précis, qui tient compte d'une méthodologie scientifique et dont les résultats doivent être validés, le point de vue de ce praticien est largement partagé par les spécialistes; car ces types d'instruments vont au-delà des sondages d'opinions, et restent à construire; les résultats des sondages d'opinions, tels que l'IPC de T I peuvent constituer un des indicateurs de l'état de la question, mais pris isolément et en soi ils restent insuffisants pour se faire une idée précise du phénomène. D'autres facteurs, tels que les statistiques des enquêtes des services de sécurité et des organes de contrôle- l'évolutions des affaires portées devant les services judiciaires-les affaires traitées par les services judiciaires?? s'ajoutent généralement à ces indices pour constituer un faisceau d'informations qui, après des analyses pourront être indicatifs d'une évolution du phénomène. Ce n'est pas parce que ce travail ne se fait pas encore en Algérie, en raison de l'inexistence d'un Organe spécialisé dans la lutte contre la corruption, qu'on doit se contenter des résultats de sondages d'opinions en guise de mesure de l'étendue de la corruption. |
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