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4. Les jeunes ruraux dans les
changements agraires
En dépit des problèmes auxquels ils sont livrés, les jeunes ruraux restent souvent des précurseurs du développement du développement local à travers leur implication dans les changements agraires. Leur position dans la dynamique de transformation sociale est très variable, mais, elle est souvent perceptible en zones rurales. Cette transformation ne peut se définir, selon Jean P. Chauveau, que « par rapport à un champ de forces composite que l'on pourrait singulariser par la notion de « complexe socio-agraire» local qui structuré par les relations familiales, les conditions d'accès des jeunes aux ressources, les conditions de valorisation de leur travail et les effets liés à leur mobilité à la recherche de conditions plus prometteuses ». Dans ce cadre, il semble que ces facteurs constituent un système et fondent un complexe socio-agraire spécifique qui forge un sentier de dépendance dans la dynamique du changement agraire et détermine les marges de manœuvre des jeunes ruraux par rapport à leur investissement dans l'agriculture familiale et dans les activités agricoles, en général. Il est cependant à noter qu'en matière de concept de « jeunes ruraux », on ne pourrait que proposer une définition a minima, car, ce sont des jeunes personnes, hommes ou femmes, qui résident de manière permanente ou temporaire en milieu rural et qui sont impliqués dans des activités agricoles de manière plus ou moins durable, totalement ou partiellement et que cela corresponde ou non à leurs propres projets de vie. Il existe ainsi une très forte hétérogénéité au sein de cette catégorie sociale. 5. Les besoins et attentes des jeunes ruraux Dans la pratique de tous les jours, chaque problème a nécessairement une solution, mais chaque solution engendre en elle-même un problème. C'est la nature des choses. En zones rurales, on sait pertinemment que c'est l'agriculture qui y constitue la principale activité. Pour les jeunes ruraux, il s'agit surtout de leur expliquer comment intensifier leur participation à la production, à la création de revenus et de richesses, à la promotion de l'agriculture familiale et au développement et comment les aider à donner un sens à la vie et à se préparer à jouer dans le pays, un rôle constructif. En voilà alors une problématique aussi épineuse à résoudre, mais la réponse pourrait être axée autour du concept de reconnaissance, de l'éducation qu'on leur dispense et des possibilités de promotion qu'on leur offre. Les efforts visant à améliorer la vie et la productivité des jeunes notamment les jeunes ruraux passent nécessairement par la reconnaissance de certaines réalités: d'abord, les jeunes constituent une ressource inestimable et ont un rôle primordial à jouer dans le processus de développement national, ils doivent cependant surmonter de nombreux obstacles. Ils ont besoin à cet effet, d'être encouragés, soutenus, accompagnés et surtout orientés. Les programmes de développement ne peuvent ignorer ces catégories de garçons et de filles qu'ils soient petits agriculteurs, petits éleveurs, pêcheurs, chômeurs ou autres que la déontologie veuille leur suggérer réponse à leurs besoins et attente et les mettre en état de contribuer activement aux efforts de développement à travers des initiatives locales résolument soutenues pour ne plus se permettre de prendre le risque de gâcher une telle ressource aussi précieuse qu'inépuisable. Les jeunes peuvent représenter une force positive majeure de promotion lorsqu'ils disposent des connaissances, de possibilités et des opportunités dont ils ont besoin pour s'épanouir. Ils doivent pour cela pouvoir acquérir une éducation et des compétences indispensables qui leur ouvrent la voie d'accéder au marché du travail et contribuer à la société. Au niveau mondial, il y a quelques années déjà, les Nations Unies ont proposé un programme d'action mondial pour la jeunesse couvrant 15 domaines prioritaires accompagnés d'une série de mesures concrètes pour chacun d'eux. Adopté en 1995, ce programme offre un cadre de politiques et de directives pratiques pour la mise en œuvre d'une action nationale et d'un soutien international concerté afin d'améliorer la situation des jeunes dans le monde. A ce titre, l'action préconisée était, d'une manière globale : ? De veiller à ce que l'éducation et la formation soient pertinentes pour l'emploi et utiles pour aider les jeunes à réaliser la transition vers l'âge adulte leur permettant une vie de citoyen actif et un emploi productif et rémunérateur ; ? de fournir les capitaux de démarrage pour soutenir l'entreprise et offrir des programmes d'emploi aux jeunes et appuyer des programmes de coopération et des banques de développement pour les jeunes, ? d'affecter des ressources à des programmes en faveur des jeunes qui ont des difficultés particulières et les associer à l'élaboration et à la mise en œuvre des programmes de services bénévoles en faveur de la communauté juvénile. Sur un autre plan, dans les zones rurales, aussi bien les adultes que les jeunes sont à la fois moyens et fin. Ils sont les artisans de toute promotion du cadre local. Leur participation aux activités de la communauté constitue un atout indéniable pour l'essor global du pays. Les jeunes ruraux s'efforcent « vaille que vaille » de devenir des individus productifs qui prennent en main leur propre avenir. Cependant, leurs capacités à devenir productifs dépend de nombreux facteurs : - D'abord, le lieu où ils vivent est extrêmement important, car plusieurs données sociales et économiques peuvent favoriser ou entraver leur évolution, tandis que leur productivité dépend de leurs aptitudes cognitives et non cognitives à réaliser leurs objectifs ; - Les pouvoirs publics doivent œuvrer à ce que les structures aident la jeunesse rurale à progresser. Cela est particulièrement important pour les jeunes femmes rurales qui sont souvent en marge du processus de développement. Ils doivent également veiller à ce que le système éducatif permette aux jeunes d'acquérir les connaissances et les compétences dont ils ont besoin pour devenir plus productifs et plus rentables. Aussi, l'amélioration du sens de communication, le partage des connaissances et de l'information conjuguées aux diverses formes d'orientation permettent aux jeunes ruraux de devenir plus enclins au progrès, plus productifs et plus conscients d'être utiles et constructifs dans la société. Lorsque les zones rurales disposent de meilleures opportunités, des sources de prospérité et de motivation, de meilleurs moyens de transport et de locomotion, d'infrastructures rurales adéquates, les possibilités d'évolution augmentent pour toute la population y compris pour les jeunes. Une plus grande implication et participation aux affaires de la communauté offre également à ces jeunes ruraux le moyen de construire et de renforcer leur capital social et humain, de développer leurs compétences et d'accroître leur confiance en soi. Ainsi, leur sentiment de maîtrise de leur destin se consolide et leur productivité augmente. Dans ce développement conceptuel, il est important d'accorder une attention particulière au milieu dans lequel vit la jeunesse rurale. Des programmes et des projets de développement y compris agricoles, aussi réduits soient-ils, serviront surement de réceptacles pour toute activité promotrice. Cependant, pour être efficace, un programme de développement en faveur des jeunes ruraux doit tenir compte de trois facteurs principaux qui s'articulent autour de : a) la productivité ; b), la connectivité et c), la maîtrise de son destin qui se renforcent mutuellement. Il doit recenser les difficultés particulières auxquelles buttent les jeunes ruraux, puis élaborer des politiques et des programmes pour les aider et les soutenir. Il ne va pas sans dire que bien que l'agriculture offre toutes les possibilités de promotion de la jeunesse rurale, il reste que l'inclusion, l'implication et plus important encore la rétention des jeunes dans le secteur agricole demeurent encore des sujets d'actualité partout dans le monde. La communauté internationale en fait d'ailleurs une préoccupation et les gouvernements nationaux ne sont pas restés muets sur la question. Les jeunes d'aujourd'hui estiment que les emplois du secteur agricole sont pénibles, peu gratifiants et exigeant beaucoup de patience. Si l'affirmation est vraie dans un certain sens, il n'en demeure pas moins que cette perception est seulement une vue de l'esprit, car l'agriculture est un domaine de passion. C'est une culture. Plusieurs initiatives agricoles destinées aux jeunes ont été créées pour corriger cette lacune, mais un bon nombre n'a pas pu atteindre outre mesure, les résultats escomptés. Ce qui amène à s'interroger sur la manière d'attirer, impliquer et retenir les jeunes dans le secteur de l'agriculture. La recherche économique comportementale est essentielle pour la conception et la mise en œuvre de solutions visant à améliorer les services et les opportunités d'emploi en faveur de ces catégories de la population. Dans ce labyrinthe d'acceptions formulées à propos des critères d'approches et de cadres d'intervention pour la promotion et l'épanouissement des jeunes et des jeunes ruraux essentiellement, il important d'évoquer au passage, l'expérience algérienne en matière de développement de nombre de zones déshéritées dites zones d'ombre dont la plus part se trouvent en régions rurales. Ces zones sont d'ailleurs et souvent caractérisées par la prédominance de l'emploi agricole ou para agricole, mais avec des contraintes inhérent parfois au manque d'infrastructures et de moyens matériels et aux conditions du milieu. Ce qui conduit à une exploitation non durable des ressources naturelles et la tendance à la faiblesse des revenus faibles des ménages faibles, induisant des poches de pauvreté où à l'exode rurale. La démarche basée sur le développement socioéconomique de ces contrées devra constituer aussi une aubaine et un environnement favorable pour la promotion des jeunes ruraux, nonobstant les divers autres programmes de développement rural engagés. Les jeunes représentent une proportion importante de la population mondiale. Dans les pays où ils constituent la majorité de la population, ils sont un atout précieux et un important réservoir potentiel de main-d'œuvre. En agriculture, les jeunes, hommes et femmes, sont les entrepreneurs de demain pour parvenir à la sécurité alimentaire. 6. L'approche par développement des «zones d'ombre» Disons de prime abord, s'il y'est une approche louable de toute concision, c'est celle liée au programme de développement des « zones d'ombre » que le Gouvernement a lancé en 2020, sur la base des orientations de monsieur le Président de la République. Pour rappel, ce programme vise, en somme, à réduire les disparités territoriales à travers la formulation de projets intégrés à dimensions sociale, culturelle et économique en concertation avec les populations de ces zones. La démarche proposée a pour objectifs, selon ses concepteurs : i), l'élimination de l'isolement des populations vivants dans les zones éparses et enclavées ; ii), l'alimentation des populations en eau potable, électricité et gaz ; iii), l'amélioration des conditions de scolarités des élèves et fournir des services liés à la santé et à l'épanouissement des jeunes et iv), la diversification des capacités économiques des zones isolées pour offrir de l'emploi et des opportunités de travail. Ce sont là autant d'éléments de soubassement pour permettre aux populations de ces zones, de vivre dans des conditions favorables leur offrant l'opportunité d'exprimer leur volonté et leur motivation de participer et de contribuer pleinement au développement national. Les jeunes sauront certainement saisir l'amélioration de l'environnement pour s'impliquer davantage dans les processus de progrès et réaliser leur rêve et concrétiser leurs espoirs. 7. Les jeunes et l'agriculture en Algérie L'agriculture branche économique par excellence, c'est reconnu, offre aux jeunes de pleines opportunités pour se développer et créer des richesses partant de l'idée qu'il est enfin, possible de créer une nouvelle génération d'agriculteurs, plus modernes et plus productifs en lui donnant le goût de l'innovation et du risque calculé et qu'il existe dans toutes les zones rurales des personnes ayant des caractéristiques voulues pour promouvoir cette évolution. Dans ces zones, il est de pleine mesure de procéder par différenciation dans la mise en œuvre d'approches pour leur promotion étant donné l'existence de nombreuses catégories. Il s'agit surtout de jeunes sans instruction aucune, de ceux et celles ayant des formations qualifiantes ou professionnelles et autres franges ayant des formations supérieures. Chacune de ces catégories a ses propres attentes et préoccupations. En agriculture, toutes ces catégories ne sont pas toutes impliquées dans le secteur de l'agriculture. Certaines d'entre elles sont caractérisées par leur mobilité. Ainsi donc, beaucoup de jeunes, hommes et femmes, parmi lesquels beaucoup sont universitaires et postuniversitaires dotés de réelles compétences, de connaissances et de savoir peuvent être de réels précurseurs du développement et de la promotion sociale dans les zones rurales, lorsqu'ils optent de rester dans ces zones. Ils demeurent, avec les autres catégories bien sur des atouts pour le développement local, en participant pleinement aux affaires de la communauté. Le milieu rural a été historiquement, ici et partout dans le monde, la base de toute évolution. Nombre de jeunes, même ceux et celles issu (e)s des milieux urbains seront attirés par la vie dans ce milieu, si les conditions favorables leurs seront fournies. Dès lors, cette tendance pourrait, dans certaines mesures, inverser l'exode, des villes vers les campagnes, ce qui constituera, un autre facteur permettant d'asseoir une dynamique réelle dans ces zones et un élément essentiel pour la répartition territoriale de la population. L'objectif visé de la démarche est de faire disparaître certains handicaps économiques et montrer à la jeunesse que l'agriculture est un moyen important pour gagner sa vie. Il s'agit également d'amener les jeunes à adopter une attitude positive à l'égard du développement et de la conservation des ressources naturelles. En poursuivant de tels objectifs, il est espéré de réduire les disparités et d'améliorer l'image de marque de l'agriculture et l'agriculteur à faire preuve d'initiative et à résoudre ses problèmes, de favoriser l'apparition d'une agriculture plus méthodique et plus scientifique dans l'optique de l'adoption d'une agriculture intelligente à l'avenir et d'aider la population à accroître ses connaissances pratiques et à mieux gérer ses affaires. En Algérie, comme on le sait, l'agriculture est le premier secteur de l'atteinte de la sécurité alimentaire du pays et source principale de revenus et d'emplois pour une large catégorie de la population rurale qui fut estimée en 2008 (RPGH) à 11.608.851 personnes réparties sur 778 communes rurales. Le secteur emploie, en 2022, 2,7 millions de personnes estiment les statistiques fournies par le département ministériel de l'agriculture. Dans la revue de la littérature consultée au sujet de la jeunesse en Algérie, le Conseil national économique, social et environnemental (CNESE) affirme que cette dernière constitue «un enjeu de premier ordre de par son poids démographique -Les jeunes de 15 à 24 ans représentent 23,3% de la population en 2018, soit 9,9 millions- et par son ambition de mettre en place un développement inclusif centré sur le citoyen». A suivre *Agronome post - Universitaire. |
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