|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Je voudrais commencer cet article par cet écrit qui
est très profond et nous incite à penser de nous-mêmes. «Qu'as-tu pensé quand
tu as compris que l'océan immense allait se refermer sur toi, quand tu as
compris que c'était fini ? Juste encore un peu de temps ?
J'ai toujours autant de mal avec ma propre finitude. Et j'en ai encore un peu plus avec le concept même de ma propre existence, le fait même que je vois, ou encore que je respire. Il m'arrive d'écouter les coups sourds de mon cœur alors que je repose sur le flanc. Alors, voilà, c'est tout ? Tu cognes, tu cognes, tu cognes? tu cognes depuis que je suis là, inlassablement, et le jour où tu cesseras de cogner, je ne serai plus là, tout simplement. Parfois, je me demande à quoi ça sert, la conscience. Le fait que nous sachions que nous existons. Ou que nous croyons exister?c'est un peu la même chose. Est-ce qu'un syndic d'immeuble est conscient par lui-même ? Au-delà de ceux qui le composent ? Pourtant, il existe, par la nécessité même de l'existence de l'immeuble. J'ai souvent du mal à me concevoir comme un amas multicellulaire. Comment est-il possible que cette association insensée d'organismes vivants finisse par dire : Je ? Je? quoi, après tout ? Où commence le je et où finit la multitude du monde ? Je est composé de plus de bactéries étrangères que de cellules propres. Dans mon seul bide naissent, vivent et meurent plus de créatures qu'il n'a existé de gens sur Terre, plus de bestioles qu'il n'y a d'étoiles dans le ciel ou de sable sur cette plage qui t'a vue partir? Je suis un vaisseau-univers qui fait la gueule en poussant un caddy au supermarché.» (1) Lorsque qu'elle a compris que l'océan allait se refermer sur «toi», elle a compris aussi qu'en s'opposant à l'Océan, cette femme frêle mais forte dans son néant et luttant contre ce néant, elle a néanmoins «néantisé» cet Océan qui voulait détruire deux vies, deux jeunes vies. Elle a sauvé deux vies. Elle a accepté de donner sa vie pour deux vies. «La philosophe Anne Dufourmantelle qui est morte noyée en secourant des enfants, le vendredi 20 juillet 2017, dans le Var (France)»(2), en réalité n'est pas morte, elle est vivante pour l'éternité. Par cet acte, elle est bien un vrai vaisseau-univers. En effet, l'auteure de cet article a bien spécifié «plus de bactéries étrangères que de cellules propres», «d'étoiles dans le ciel ou de sable sur cette plage». En effet, si on se réfère au deuxième lien, il est dit : «Combien y a-t-il d'étoiles dans l'Univers ? La réponse à cette question est très simple : on n'en sait rien ! On ne connaît pas la taille de l'Univers, peut-être même est-il infini ! En revanche on peut se demander combien il y a d'étoiles dans l'Univers observable. Pour cela on va calculer ça très simplement en se demandant : combien y a-t-il de galaxies dans l'Univers observable ? combien une galaxie contient-elle d'étoiles (en moyenne) ? La deuxième question est assez simple, on sait par exemple que notre galaxie, la Voie Lactée, contient entre 200 et 400 milliards d'étoiles. Ça fait déjà beaucoup ! Si les Terriens décident de se partager la Voie Lactée, cela veut dire que chacun d'entre nous recevra une quarantaine d'étoiles pour lui tout seul, soit probablement quelques centaines de planètes ! La question du nombre de galaxies dans l'Univers observable est plus compliquée. Mais heureusement il y a Hubble ! Entre 2003 et 2004, les astronomes se sont amusés à pointer Hubble dans un coin extrêmement sombre du ciel, et à essayer de faire la photo la plus précise possible de ce qu'ils voyaient. [...] Combien de grains de sable sur la Terre ?» Et si on résumait l'écrit sur les étoiles : «On peut dénombrer environ 100 milliards de grains de sable par mètre cube. Et la longueur totale des côtes du monde estimée à 1 million de km, avec un volume de sable total sur Terre de 1000 milliards de m3. «Finissez le calcul tout seul : soit 10^23 grains de sable sur terre. Le même ordre de grandeur que le nombre total dans l'Univers.»(3) «Et comme il y a plus de planètes que d'étoiles dans notre galaxie. Selon les calculs statistiques d'une équipe de l'Institut d'astrophysique de Paris, il y a en moyenne 1,6 planète par étoile.»(4) Rien ne nous dit que la philosophe Anne Dufourmantelle qui est morte en sauvant des enfants. Elle est peut-être à nous regarder, à regarder la Terre, à regarder ces petits enfants qu'elle a sauvés. Et que probablement, elle est heureuse là où elle est. Et sur le plan terrestre, ce nous vivant que nous sommes, si elle est morte c'est qu'elle est morte. Cependant notre pensée peut penser qu'elle n'est pas morte. Morte pour nous, cela est certain. Mais pour l'univers infini que nous ne connaissons pas, sinon des bribes, rien ne nous dit qu'elle est peut être vivante, qu'elle est toujours vivante. Son corps terrestre certes est mort, mais son âme n'est pas morte. Elle est retournée vers son Essence, i.e. Dieu Il faut se dire qu'au départ, elle n'était pas avant d'exister, puis elle est venue au monde et a appris à «néantiser» son néant en elle, ce qu'appelle Jean-Paul Sartre l'en-soi, une chose de l'éternité, un être de l'éternité. Mais elle a existé selon son en-soi et son pour-soi qui n'étaient pas comme les autres. Elle s'est «néantisée» par son pour-soi qui n'était pas comme les autres. En clair, par sa néantisation de son être, i.e. en prenant ce qu'il y a de meilleur de l'extériorité, en comprenant aussi les malfaisances qui y existent, elle a rempli son en-soi, transformé son néant intérieur en en-soi existant. Et son existant lui a donné sens dans sa relation avec l'humain. Etant profondément humaine, elle a été profondément humaine avec cet être-autrui, son extériorité qui a fait son pour-soi. Et qui va à son en-soi. Ce qui l'a conduit à cette fin d'être, à la fin de sa vie, à ce qu'elle est, ce qu'elle a été, ce qu'elle est toujours, et elle est sûrement dans une des lointaines galaxies qui nous regarde encore et toujours. Parce que là où elle est, il n'y a pas de temps ni d'espace. «Il n'y a que la félicité pour la félicité.» Et il est impossible que cela soit autrement. A toute chose il y a quelque chose. Rien n'est injustifié dans notre univers infini, tout a un sens. Et on peut dire même si nous ne le savons pas d'une manière certaine, et à quoi bon le savoir ? Précisément il ne faut pas le savoir, sinon tout le monde vont se disputer au portillon pour entrer dans cette félicité, parce que l'acte que ce tout le monde commettra ne sera pas naturel, spontané, mais intéressé. L'être ne regarde que lui-même, il ne prend du pour-soi pour son en-soi que ce qu'au fond son en-soi désire d'une certaine façon. Aussi peut-on dire que c'est parce que la félicité était dans son en-soi et pour-soi qu'elle devait faire partie de la félicité du monde. Monde au sein duquel nous sommes un néant dans l'infini et un tout dans cet infini, comme le dit Blaise Pascal. Mais saurons-nous être un roseau réellement pensant ? *Auteur et chercheur spécialisé en économie mondiale, relations internationales et prospective. Notes : 1. «Un peu de soi et rien du tout», par Monolecte. Le 11 août 2017 https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/un-peu-de-soi-et-rien-du-tout-195791 2. « La philosophe Anne Dufourmantelle meurt noyée en secourant des enfants», par Axelle Boissay. Le 24 juillet 2017 https://www.planet.fr/societe-la-philosophe-anne-dufourmantelle-meurt-noyee-en-secourant-des-enfants.1392251.29336.html 3. «Y-a-t-il autant d'étoiles dans l'Univers que de grains de sable sur Terre ?», par David. Le 23 juillet 2012 https://sciencetonnante.wordpress.com/2012/07/23/y-a-t-il-plus-detoiles-dans-lunivers-que-de-grains-de-sable-sur-terre/ 4. «Il y a plus de planètes que d'étoiles dans notre galaxie», Le Monde. Le 11 01 2012 https://www.lemonde.fr/planete/article/2012/01/11/il-y-a-plus-de-planetes-que-d-etoiles-dans-notre-galaxie_1628495_3244.html |
|