|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
La justice marocaine a, encore une fois, montré ses limites. Sinon
qu'elle reste aux ordres du palais royal. Alors que les observateurs, et
particulièrement les diplomates, en poste à Rabat, s'attendaient à un procès
exemplaire avec une condamnation du jeune Marocain qui avait, le 1er Novembre
dernier, pénétré dans l'enceinte du Consulat algérien, à Casablanca, et arraché
l'emblème national sous les regards de la police et une foule surexcitée, a été
remis en liberté, jeudi, par le tribunal de première instance de Casablanca. Un
verdict qui étonne la communauté des diplomates à Rabat. Le procès de Hamid
Naanaa, émigré en Italie et membre de la jeunesse royale, a été ajourné au 28
novembre prochain. Laissé en liberté provisoire après son interpellation, bien
après les faits, Naanaa n'aura donc pas été inquiété. Le procès a,
immédiatement, été reporté au 28 novembre, juste après son ouverture, à la
demande de l'avocat, Salaheddine Benabdallah, qui a justifié ce report pour
«pouvoir prendre connaissance de toutes les pièces du dossier et préparer la
plaidoirie». Dehors, une cinquantaine de membres des «Jeunesses royalistes» ont
manifesté, devant le tribunal, au milieu de grands drapeaux marocains et de
photos de la famille royale. Le 1er novembre dernier, un des membres de la
«jeunesse royale», envoyés par le Makhzen, qui manifestaient devant le siège du
Consulat général d'Algérie à Casablanca, le dénommé Hamid Naanaa, a escaladé le
mur du consulat et enlevé le drapeau algérien. Une vidéo, qui avait filmé la
scène, montrait, notamment, des policiers «impassibles». Interpellé peu après
les faits et poursuivi pour «atteinte à une propriété privée», il avait,
toutefois, été remis en liberté provisoire. Cet «énième» épisode de
l'agressivité du Maroc envers l'Algérie, n'a pas été, pour le moment, relevé
par la presse marocaine, qui n'a pas, également, dénoncé l'acte grave de
Naanaa. Vendredi, la presse marocaine est restée, dans sa grande majorité,
muette sur ce procès, et notamment celle proche des partis conservateurs et du
palais royal. Quelques titres comme ?L'Economiste' se sont, juste, contentés de
donner l'information sur le second report de ce procès. Les sites électroniques
de ce pays, qui avaient provoqué un «buzz» sur la toile, en organisant un
véritable matraquage médiatique contre l'Algérie, se sont limités, quant à eux,
à reprendre des informations d'agences de presse sur le report du procès de
Naanaa.
Juste après l'agression du consulat d'Algérie de Casablanca, le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra avait marqué la colère de l'Algérie à l'égard des attaques du Maroc: «il y a des accords et des règles de conduite, qu'elles soient écrites ou implicites, qu'elles relèvent du droit ou de notre histoire commune qui ne doivent pas être transgressées». Il avait notamment, relevé, lors d'une conférence de presse que le Maroc a «commis deux forfaits avec le rappel de l'ambassadeur et la violation des franchises diplomatiques de notre consulat à Casablanca», estimant que Rabat a «aggravé son cas, en ayant choisi la date symbolique du 1er novembre, pour commettre l'attaque contre le drapeau national». Si l'Algérie «ne croit pas à l'acte isolé» dans la violation de son enceinte diplomatique, à Casablanca, tout le monde a été, ensuite, surpris que l'individu, qui a commis un tel forfait, ait été «élevé au rang de héros national « par les autorités marocaines. Pour le chef de la diplomatie algérienne, «c'est une insulte à tous les Maghrébins surtout dans une zone de souveraineté nationale». Dès lors, quelle suite attendre d'un simulacre de procès? Pour rappel, l'appel du Président Bouteflika, dans un discours lu lors d'une rencontre au Nigeria, au respect des droits de l'homme, au Sahara Occidental, avait suscité la colère du palais royal, un brusque refroidissement des relations entre les deux pays et des attaques en règle contre l'Algérie. Dont la profanation de l'emblème national et le rappel de l'ambassadeur marocain, en Algérie, pour consultation. |
|