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MAGHNIA: L'immigration clandestine pose problème
par Cheikh Guetbi
Maghnia n'est
désormais plus une simple étape de passage dans le périple des Subsahariens
candidats à l'exil. Elle est devenue plutôt, pour les nouveaux arrivants, la
principale escale pour l'organisation du grand voyage (recueil auprès des plus
anciens des conseils relatifs au meilleur itinéraire pour traverser la partie
marocaine et atteindre l'Espagne, contact des passeurs?), et une arrière base
pour ceux qui n'ont pas eu de chance de forcer le destin. Maghnia est donc
synonyme de base de repli pour les immigrés clandestins subsahariens et même
d'autres qui ont échoué à maintes tentatives et où ils trouvent possibilités et
moyens de se refaire une santé financière afin de recommencer ou, pour une
minorité, rentrer chez soi. Les plus honnêtes, qui représentent environ la
moitié de la communauté subsaharienne, ont trouvé un travail au noir, un moyen
digne pour sortir du besoin et planifier un nouveau départ. Cette frange est
une aubaine pour les agriculteurs frontaliers lesquels les embauchent pour les
cueillettes et les travaux des champs. «Ils comblent un important déficit en
main-d'œuvre. Nous n'arrivons plus à trouver de la main-d'œuvre locale. N'était
les Subsahariens, la pomme de terre pourrirait sous terre», dira cet
agriculteur lequel avouera que les clandestins s'acquittent convenablement de
leur tâche et que la qualité de leur travail est bien plus rentable que celle
des nationaux. Le bâtiment est un autre domaine qui souffre du manque de
main-d'œuvre et fait, lui aussi, appel aux clandestins. Actuellement, la
présence des clandestins dans les chantiers de construction ou dans les champs
est devenue par la force des choses banale. Ils ne se font plus discrets comme
auparavant, désormais ils s'affichent sans crainte dans les lieux publics, ils
se fondent dans la foule, dans les cafés ou ils suivent à longueur de journée
les émissions TV dans les cybercafés? Une bonne partie des quelque 500
clandestins qui campent dans les rives de l'oued Jorgy ou qui squattent les
logements en construction fait dans la mendicité. Une minorité fait dans
l'interdit, l'arnaque, l'escroquerie, le vol voire la contrefaçon de billets de
banque. Ces délits et crimes sont une préoccupation supplémentaire pour les
services de sécurité lesquels consentent des efforts supplémentaires pour
lutter contre cette tare qui vient s'ajouter aux divers fléaux favorisés par la
situation géographique de la région. Lorsqu'on sait que les autorités
marocaines refoulent illégalement les clandestins vers la région de Maghnia, la
situation ne fait nécessairement que se compliquer. Mis à part l'assistance
ponctuelle, à titre humanitaire des services sanitaires, pour les cas extrêmes
telle la prise en charge des femmes pour l'accouchement ou autres atteints du
sida, de l'hépatite ou des blessées graves, rien de plus palpable n'a été fait
pour venir à l'aide à cette communauté en difficulté. Ainsi, aucune action
louable pour soutenir ces clandestins que la guerre et la faim ont contraints à
l'exil, n'a été entreprise. Depuis l'apparition de ce phénomène dans les débuts
des années 90, les associations et les organisations se sont toujours montrées
passives par rapport à cette communauté en difficulté. A quand donc
l'organisation d'un camp pour encadrer et organiser ces clandestins afin de
leur garantir au moins le gîte et le couvert et de les préserver des maladies
et par là même préserver la population locale et ce, dans l'attente d'une
éventuelle solution de la part des pouvoirs publics ?
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